Sommaire de novembre 2001
 
Ethnies de Chine


Les Bonan

La nationalité bonan est l'une de celles qui comptent le moins de personnes, soit quelque 11 700. Son langage appartient à la branche mongole et est proche de celui des Tu et des Dongxiang. Les nombreux contacts des Bonan avec les Han et les Hui ont résulté en de nombreux emprunts au chinois commun. Les Bonan utilisent les caractères chinois dans leur écriture.

Si l'on en juge par les caractéristiques de leur langage et de leurs coutumes dont beaucoup sont identiques à celles des Mongols, la nationalité bonan semble avoir pris forme après plusieurs années d'échanges, durant les dynasties des Yuan et des Ming (1271-1644), entre les Mongols islamistes qui s'étaient établis en garnison dans le district de Tongren de la province du Qinghai, les Hui, les Han, les Tibétains et les Tu. Les Bonan vivaient pour la plupart dans trois villages importants de la région de Baoan situés le long des rives de la rivière Longwu, district de Tongren. Durant les premières années du règne de Tongzhi des Qing (1862-1874), ils ont fui l'oppression des seigneurs féodaux du monastère Longwu. Après être demeurés quelques années à Xunhua, ils se sont déplacés dans la province du Gansu et se sont établis finalement aux pieds du mont Jishi, district de Linxia. Ils se sont de nouveau regroupés en trois villages -Dadun, Ganmei et Gaoli- auxquels les Bonan donnent le nom de " trois villages tripartites de Baoan ", en souvenir de leurs racines. Les Bonan se concentrent surtout à Dahejia, dans la partie ouest du district de Linxia, à l'est du mont Jishi et au sud du fleuve Jaune. La région est très boisée et bénéficie d'un climat tempéré; l'eau et le gazon y sont abondants, ce qui en fait un endroit propice pour l'élevage et la culture.
Les Bonan sont surtout musulmans mais se divisent en deux différentes sectes : l'ancienne et la nouvelle. Au cours de l'histoire, les chefs religieux ont exercé un contrôle répressif sur les Bonan et ont parfois extorqué jusqu'à 30 % du revenu des paysans. Dans ce contexte d'exploitation brutale, la production agricole est longtemps restée arriérée. Le rendement céréalier n'a jamais dépassé 750 kg l'hectare. Pour subvenir à leurs besoins, les paysans devaient mendier, faire du charbon, vendre des herbes médicinales ou conduire des radeaux sur le fleuve Jaune pendant la basse saison. Une occupation qui a fait la réputation des Bonan est la fabrication des couteaux. Ceux-ci sont réputés dans toute la Chine pour leur robustesse et leur beauté.
En 1951, le district autonome Jishishan, Bonan, Dongxiang et Salar fut établi dans la province du Gansu, ce qui a permis aux Bonan de s'émanciper. En 1958, ils ont réussi à abolir les privilèges féodaux du clergé islamique et le système d'oppression. Depuis des générations, les Bonan rêvaient de construire des canaux pour irriguer leurs terres et ils ont concrétisé ce rêve sur les versants de montagne et les terres de la région de Dahejia. Ces dernières années, les Bonan ont pris des mesures pour développer leurs habiletés traditionnelles : fabrication de couteaux, réparation d'instruments aratoires, et ils ont fondé bon nombre de petites entreprises de traitement de produits agricoles. Il faut mentionner plus particulièrement l'émancipation qu'ont connue les femmes bonan. Elles ont acquis le droit de prendre part à la politique, aux activités sociales, culturelles et récréatives sur un pied d'égalité avec les hommes.

La culture des Bonan est profondément influencée par l'islam qui dicte les formes du mariage, des funérailles et des autres cérémonies, tout comme la vie familiale et les coutumes. Ces dernières ressemblent à celles des Dongxiang et des Salar, tout comme leur parure. Les Bonan ont également conservé certaines coutumes typiques des tribus nomades et identiques à celles des Mongols. Par exemple, les Bonan adorent la lutte, l'équitation et le tir. Les Bonan aiment chanter et danser. Ils excellent à jouer des instruments à cordes et à vent et, comme les Dongxiang et les Salar, leurs ballades sont appelées Hua'er. Les chants impromptus durant les fêtes sont une forme typique de divertissements.


Les Yugour

Près de 90 % des quelque 12 300 Yugour vivent dans le district autonome yugour de Sunan, et les autres dans la région de Huangnibao, près de la ville de Jiuquan, dans l'ouest de la province du Gansu. Pour des raisons historiques, cette nationalité utilise trois langages : une branche turque (Raohul) employée surtout dans la partie occidentale du district autonome; une branche mongole (Engle) employée par ceux qui vivent dans la partie est du district, et le chinois par ceux de Huangnibao. Le chinois est la langue de communication entre les différents Yugour.

Histoire
La nationalité yugour remonterait aux anciens nomades ouïgours de la vallée de la rivière Erhun, durant la dynastie des Tang (618-907). Au milieu du IXe siècle, les anciens ouïgours fuyant les tempêtes de neige, l'oppression des groupes dirigeants et les attaques des Kirghizes, se sont déplacés vers l'ouest en groupes distincts. Un de ces groupes a émigré vers Guazhou (l'actuelle région de Dunhuang), Ganzhou (l'actuelle Zhangye) et Liangzhou (l'actuelle Wuwei) dans le corridor Hexi, la région la plus fertile de la province du Gansu, et ils se placèrent sous le régime de Tufan, un royaume tibétain. Ils furent donc appelés les Ouïgours de Hexi. Plus tard, ils capturèrent la ville de Ganzhou et y établirent un khanat, d'où le nom de Ouïgours de Ganzhou.
Les Ouïgours du Hexi ont maintenu des liens très étroits avec l'empire central. Durant la dynastie des Song du Nord (960-1126), le khan des Ouïgours de Ganzhou a souvent demandé à des envoyés de se rendre dans la capitale impériale pour présenter un tribut à l'empereur, et, en retour, la cour des Song a donné des produits spéciaux de la Chine centrale. Les envoyés offraient surtout des chameaux, des chevaux, des coraux et de l'ambre en tribut.
Au milieu du XIe siècle, le royaume des Xia de l'Ouest a conquis Ganzhou et renversé le régime ouïgour. Les Ouïgours de Hexi devinrent donc dépendants des Xia et se déplacèrent dans les régions pastorales à l'extérieur de la passe Jiayu. En 1227, les Mongols conquirent le royaume des Xia de l'Ouest et soumirent les Ouïgours du Hexi. Une partie des Ouïgours du Hexi furent assimilés aux groupes ethniques avoisinants, et ils développèrent une communauté qui formera les actuels Yugour. Ils vivent autour de Dunhuang et dans la région de Hami au Xinjiang.. Les Yugour de la région de Huangnibao apprirent au fil des siècles la culture et l'élevage, alors que ceux de la région de Sunan s'adonnèrent à l'élevage et à la chasse. La dynastie des Qing (1644-1911) divisa les Yugour en sept tribus et nomma un chef héréditaire pour chacune, lequel était appelé An et supervisé par le surintendant Huangfan des sept tribus. Chaque année, en vertu de la loi, les Yugour devaient offrir 113 chevaux en échange du thé. Ils offraient également des fourrures, du musc et des bois de cerfs.
L'organisation de ces tribus appartenait au système féodal. Les chefs de tribus s'occupaient des affaires courantes et l'argent et les propriétés des tribus devaient être partagés avec le chef. Les surintendants des échelons inférieurs étaient désignés par le chef après consultations avec les dirigeants des monastères lamaïstes. Chaque tribu tenait plusieurs réunions par année pour le prélèvement des taxes. En apparence, ces réunions semblaient démocratiques puisque chaque ménage y participait, mais tout était en fait décidé par le chef.. Il existait aussi un poste influent de Qian Hu et des anciens que l'on respectait. Le titre de Qian Hu était conféré par le monastère Taer du Qinghai et ce titre jouissait d'une grande influence dans le règlement des affaires de la tribu. Les pâturages étaient la propriété de la tribu en tant qu'unité, mais la majorité des pâturages et des troupeaux étaient aux mains des chefs tribaux, des lamas puissants et des grands éleveurs. La religion a été un autre pilier de ce régime tribal.
Avant leur migration vers l'est, les Yugour croyaient dans le lamaïsme et avaient aussi gardé leur ancienne religion : le Han Dian Gel ( la vénération du Khan céleste). C'était en fait un héritage de chamanisme primitif et la liturgie s'effectuait dans une langue appelée Raohul, encore parlée par certains Yugour. Le lamaïsme a été particulièrement important durant les dynasties des Ming et des Qing. Chaque tribu avait son propre monastère et les lamas travaillaient main dans la main avec les chefs dans le règlement des questions tribales. Ce régime fut particulièrement oppressif, les dons au clergé, les corvées gratuites et l'enrôlement forcé des enfants à la vie religieuse étaient chose courante. Peu avant 1950, la population des Yugour atteignait à peine 3 000 personnes. En 1954, le district autonome yugour de Sunan et la commune autonome yugour Jiuquan Huangnibao ont été établis et dans les années qui suivirent, une série de réformes furent menées, dont la propriété des pâturages. On mis en place diverses coopératives. Les coutumes changèrent également : l'époque des mercenaires des mariages arrangés et des enfants achetés pour devenir des serviteurs de riches propriétaires se termina. Aujourd'hui, les Yugour travaillent surtout dans la culture, les industries liées à l'élevage et à la machinerie agricole, les industries de tapis, de fourrure et de transformation alimentaire.

Culture
Les Yugour ont une riche tradition littéraire qui s'est transmise oralement : légendes, contes, proverbes et ballades. Les chants folkloriques présentent des airs gracieux et vivants. Les Yugour sont habiles dans les arts plastiques, le tissage sur sac, tapis et attelage. Ils décorent également les cols, les manches et les bottes de motifs de fleurs, d'insectes ou d'oiseaux. On utilise des coquillages, des éclats de pierre, des fils de soie pour décorer les cheveux. Les Yugour ont une façon typique de se vêtir. Un homme bien habille porte un chapeau de feutre, un longue tunique à collet haut boutonnée à gauche, une ceinture rouge ou bleue et des bottes hautes. Une fille en âge de se marier coiffe ses cheveux de plusieurs petites queues de cheval qui sont ensuite nouées en trois plus grosses : deux sont portées sur la poitrine et une dans le dos après le mariage. Les femmes portent habituellement un chapeau de feutre blanc en forme de trompette avec deux lisières noires au devant.

 

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