Sommaire de novembre 2001
 
La vogue Flash en Chine

 

LES animations réalisées avec Flash sont un nouvel art populaire qui est en vogue en Chine. Flash est un logiciel d'animation conçu par Macromedia, une compagnie de logiciels des États-Unis. Au départ, ce logiciel devait être un outil à l'usage des professionnels de l'ordinateur, mais sa sphère les a de loin dépassés. La vulgarisation de l'ordinateur et d'Internet est sans aucun doute la cause de ce phénomène. À l'heure actuelle, la Chine compte plus de dix millions d'ordinateurs et quelque 20 millions d'internautes, ce qui forme un contingent considérable d'amateurs et de producteurs d'animation.

" La scène Internet "

Lao Jiang est un des producteurs d'animation Flash les plus connus en Chine. En juin 2000, Rock sur la nouvelle Longue Marche, une MTV qu'il a conçue avec Flash, a été téléchargée pas moins de quelques milliers de fois pendant des jours. Maintenant, il y a au moins 300 000 personnes qui l'ont vue.
En réalité, Lao Jiang n'est pas âgé, bien qu'en chinois, lao signifie " vieux ". Il n'a qu'une vingtaine d'années. Il en est de même pour des autres noms bizarres comme " Pi San ", " Bai Ding " et " Xiao Xiao ", qui sont les surnoms des utilisateurs de Flash et aussi les signatures de leurs ouvrages. Personne n'a fait remarquer qu'ils devraient adopter des surnoms plus élégants. Sur Internet, les sobriquets ont un air de liberté et sont acceptés plus facilement.
C'est grâce à ces jeunes qui aiment vivre sans se poser de questions que les animations Flash se sont répandues en Chine. Celles-ci témoignent surtout du désir des jeunes de s'exprimer et de leur état d'esprit personnel. Jusqu'à maintenant, elles n'ont pas de touche commerciale.
La vogue d'Internet, commencée en 1998, a fait apparaître des dizaines de milliers de sites en Chine et a permis au nombre de jeunes qui s'étaient lancés dans l'informatique de connaître une augmentation fulgurante. Dans les universités, l'ordinateur et Internet ont suscité un intérêt croissant.
Au début, l'utilisation de Flash ne se limitait qu'au travail. Mais ces jeunes ont très vite remarqué, qu'à part les tâches imposées par leurs patrons, ils pouvaient réaliser leurs propres créations avec Flash. Pendant un certain temps, faire des petites animations avec Flash est devenu une mode.
En 1999, lorsque Lao Jiang a commencé à vouloir maîtriser l'animation Flash, il ne pouvait pas trouver de livre de référence. Par un bulletin électronique, il a alors procédé à des échanges et à des essais avec d'autres amateurs. Son autre moyen : chercher des documents sur les sites étrangers.
C'est aussi à ce temps-là que Pi San a découvert Flash. Après seulement une semaine, il s'était déjà essayé à la " création ". Pour lui qui apprend la peinture à l'huile, il était difficile d'imaginer qu'il pourrait accomplir des œuvres artistiques avec Flash, mais celles-ci l'ont rempli de satisfaction.
Si Flash peut devenir un véritable art populaire, c'est qu'il est un phénomène du peuple. D'abord, c'est facile à maîtriser. Tant pour les spécialistes de l'ordinateur que pour les néophytes, ce logiciel n'est pas très difficile à maîtriser.
Ensuite, comme Flash combine de multiples moyens d'expression, telles l'écriture, le son, l'image et l'interactivité, l'auteur peut déployer pleinement sa créativité.
Le facteur le plus important est que Flash est le seul " art " qui permet à n'importe qui de réaliser un coup de maître. Pour ces gens, tourner un film serait certainement un rêve impossible à réaliser, mais faire une animation avec Flash n'est pas une chose difficile et peut aussi leur permettre de s'exprimer.
À travers Internet, ces amateurs échangent des points de vue en profitant de Flash. Personne ne prête attention à ce que la facture de ces œuvres de " classe amateur " soit belle ou pas ; bien sûr, les " grands maîtres " comme Lao Jiang et Pi San sont bien appréciés.
Sur la " scène Internet ", chacun est susceptible de devenir auteur. " Tout le monde peut être un utilisateur de Flash " est le slogan publicitaire d'un site chinois qui publie les œuvres réalisées avec Flash.

Le caractère populaire et la commercialisation

Dans la deuxième moitié de 1999, la Chine a vu apparaître les premiers sites basés sur la publication des œuvres Flash, dont Flash Empire. À cette époque-là, sur la liste du classement hebdomadaire établie par ce site, on ne trouvait que cinq œuvres, et le champion d'alors n'avait reçu que 20 ou 30 votes.
Cependant, deux ans plus tard, chaque semaine, des centaines de milliers d'œuvres sont transmises à Flash Empire, et c'est aussi chose courante qu'un bon ouvrage remporte mille votes. En outre, la fréquentation des sites est passée à plus de 30 par jour.
Plusieurs sites similaires sont bien accueillis. Certains grands sites d'intérêt général ont eux aussi ouvert une rubrique spéciale consacrée à Flash. Ces sites ont offert un forum aux auteurs et aux amateurs de Flash en Chine. Même aujourd'hui, réaliser et exposer des animations Flash constituent une expérience personnelle et sont teintés d'une forte couleur populaire.
Les œuvres exécutées avec Flash sont principalement des MTV, des courts métrages et des jeux. Elles présentent des styles de toutes sortes, l'humour, la plaisanterie et la satire étant les plus à la mode. D'autres parlent d'amour et d'amitié. Pourtant, la plupart ont un style difficile à décrire, car elles expriment un instant de la vie de l'auteur. Il y a aussi des œuvres érotiques et morbides, pas trop poussées, puisque la plupart des gens ne l'apprécieraient pas et qu'elles ne seraient donc pas bien vues.
Tout comme les pirates informatiques, les " flashers " se considèrent aussi comme des amis aux intérêts communs dans leurs contacts sur Internet, cet espace virtuel. Ils cherchent à créer des œuvres plus remarquables que celles des autres, bien que presque personne croie que ces créations personnelles ont une quelconque valeur commerciale.
En 2001, la Chine a organisé le premier concours national des œuvres Flash. Pendant des mois, l'organisateur a reçu plus de 4 000 œuvres, dont 12 ont été primées après vote. À la fin d'août, la cérémonie de remise des prix a eu lieu dans le plus beau théâtre de Beijing, ce qui démontre que Flash est passé du peuple au " palais ".
Ce qui a attiré le plus d'attention n'est pas la magnificence de la cérémonie, bien que plus d'un millier d'amateurs de Flash de tous les coins du pays y aient participé, mais le patronage commercial qu'elle a reçu.
Le support de Macromedia n'est pas surprenant, mais celui d'Intel, le plus grand fabricant de circuits intégrés au monde, est significatif. Comme le dit l'un de ses hauts officiers, la vogue Flash a donné une impulsion à la demande de renouveau des équipements informatiques sur le marché. En même temps, cela signifie aussi que Flash peut déjà générer une valeur commerciale en Chine.
Parmi ceux qui ont pris part à la cérémonie, on trouvait aussi la Société de disques Gunshi, très influente dans les milieux de la musique. La production de MTV est considérée comme le premier domaine Flash pouvant être commercialisé. En Chine, les œuvres Flash de cette catégorie sont aussi les plus appréciées.
Puisque c'est une création impulsive, il est impossible aux " flashers " de respecter le droit d'auteur des œuvres d'autrui dans leur création, et ce, même pour la plus remarquable MTV Flash de Chine : Rock sur la nouvelle Longue Marche. Si remarquable soit-elle au plan de la production et quel que soit l'accueil favorable qu'elle ait reçu, cette œuvre ne pourrait être commercialisée.
Cette situation est en train de changer. Quelques excellents producteurs d'œuvres Flash ont déjà été invités à réaliser des pièces commerciales. Certains s'en inquiètent. Pour eux, la commercialisation changerait l'essence même du Flash, de telle sorte que celui-ci perdrait son mode d'expression populaire, libre et individuel. C'est pourtant là que réside l'esprit Flash, ce qui lui permet de se différencier du cinéma, des dessins animés et des autres formes artistiques. La commercialisation n'évitera pas l'écueil de produire des œuvres Flash empesées et routinières.
Pourtant, il est fort peu probable que cette inquiétude se concrétise. Internet offre aux créateurs un espace très libre, en Chine aussi. Si cet espace existe, les " flashers " peuvent publier leurs ouvrages. Par conséquent, le plus préoccupant n'est pas la commercialisation, mais que, dans le contexte difficile des secteurs liés à Internet, il y ait des gens qui continuent à offrir aux " flashers " l'occasion de publier gratuitement leurs œuvres. De toute façon, faire payer l'auteur ou le lecteur ne serait pas réaliste.
Si cette situation préjudiciable se produit, ce sera très regrettable, puisque les internautes chinois se sont habitués à admirer cet " art populaire " libre.

ZHAO JI


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