Les Tu
La nationalité tu regroupe
une population de 192 000 personnes qui habitent dans la partie
nord-ouest de la Chine, soit à l'est du lac Qinghai, au sud
des monts Qilian et le long des berges des rivières Huangshui
et Datong. Les Tu sont surtout concentrés dans le district
autonome huzhou tu, mais certains autres habitent dans la province
du Gansu.
Les Tu parlent une langue qui appartient à la branche mongole
des langues altaïques. Son vocabulaire de base ressemble à
celui de la langue mongole, mais il est plus semblable au vocabulaire
des Dongxiang et des Bonan. Bon nombre de termes religieux sont
empruntés au tibétain, alors que les mots usuels sont
issus du chinois courant. Les Tu n'ont pas de langage écrit;
ils utilisent les caractères chinois.
Les
costumes et les parures des Tu sont uniques. Les hommes et les femmes
aiment porter des chemisiers avec des cols portant des broderies
délicates aux couleurs vives. Les hommes portent souvent
des tuniques, des chapeaux de feutre ornés de garnitures
de brocard. Les femmes portent un type de jaquette ouverte en diagonale
à l'avant dont les manches sont confectionnées avec
cinq différents types de tissus. Parfois elles portent un
vêtement sans manche noir, ce qui indique une tenue plus officielle.
Depuis toujours les femmes tu se soucient particulièrement
de leur coiffure et on en dénombrait sept ou huit variétés.
Aujourd'hui, elles adoptent une coiffure plus simple rehaussée
d'une feutrine ornée de brocard, ce qui est très en
vogue parmi les femmes tu.
Les Tu sont renommés pour leurs talents en chants et en danses.
Leur répertoire est riche en ballades et en littérature
orale aux intrigues enlevantes. Chaque année, dans le district
autonome, on tient une fête des ballades traditionnelles et
pour cette occasion, des milliers de chanteurs et de jeunes de cette
ethnie se rassemblent pour célébrer.
Origines
historiques
Le fait que les Tu se disent Mongguer (Mongols) ou Chahan Mongguer
(Mongols blancs) démontrent bien les relations étroites
qui ont existé entre les premiers Tu et les Mongols. Selon
des légendes populaires, les ancêtres des Tu du district
autonome Huzhu seraient des soldats d'un des généraux
de Genghis Khan, du nom de Gerilite. Ces ancêtres se seraient
mêlés aux Houer dans la région actuellement
occupée par ce district. Des registres chinois relatent également
que des troupes mongoles sous le commandement de Genghis Khan auraient
fait leur apparition à Xining (capitale actuelle de la province
du Qinghai) qui exerçait une juridiction sur le district
de Huzhu durant la dynastie des Yuan (1279-1368). Il y a longtemps,
Huoer était un nom tibétain attribués aux pasteurs
nomades qui vivaient dans le nord du Tibet. Aujourd'hui, ce terme
fait référence aux Tu.
Autrefois, les Tu étaient essentiellement des éleveurs
de chèvres et de moutons, étant donné l'abondance
d'eau et de pâturages dans la région fertile où
ils habitaient. On dit qu'ils auraient fait de l'élevage
dès la dynastie des Ming (1368-1644). Au fil des ans, ils
ont été soumis à la férule de chefs
héréditaires dont les titres et les territoires avaient
été octroyés par les empereurs Ming. Ce régime
a pris fin dans les années 30 du siècle dernier. Jusqu'à
la Libération, les Tu ont été ensuite soumis
au régime des seigneurs de guerre de la fa mille Ma. Le district
autonome fut établi en 1954.
La secte Jaune du bouddhisme tibétain a depuis toujours été
très présente dans la région des Tu.
Aujourd'hui, une structure industrielle existe dans la région
des Tu : machinerie agricole, fertilisants, vin, minerai et charbon.
Les
Salar
Les
Salar comptent quelque 87 000 personnes dont la majorité
vivent dans le district autonome salar Xunhua de la province du
Qinghai. Les autres vivent au Gansu et au Xinjiang.
Diverses théories circulent sur l'origine des Salar. Selon
la théorie prédominante, les ancêtres des Salar
seraient originaires de la région de Samarkand en Asie centrale
et ils se seraient installés dans la région durant
la dynastie des Yuan (1271-1368).
Durant la dynastie des Yuan, un chef salar dont le nom de famille
était Han fut déclaré chef héréditaire
de cette ethnie. Il se soumit par la suite à la dynastie
des Ming et continua à détenir sa position. Une bureaucratie
élémentaire qui s'occupait des affaires militaires,
des châtiments, des revenus et des provisions relevait de
lui. Suite au développement de l'économie et à
l'expansion de la population, durant les Qing (1644-1911), la région
habitée par les Salar fut divisée en deux régions
administratives : les huit gong intérieurs de Xunhua et les
cinq gong extérieurs de Hualong. Un gong se composait d'un
certain nombre de villages. Comme les Salar sont des musulmans dévots,
les villages étaient dominés par des mosquées
et le clergé, et les terres étaient aux mains des
élites : le chef, les chefs de communautés et l'imam.
La Libération de 1949 a changé cette économie
seigneuriale et a mis un terme aux luttes des Salar contre l'exploitation
abusive.
Les Salar sont surtout des paysans qui cultivent du blé,
de l'orge tibétain, du sarrasin et des pommes de terre. Comme
occupation connexe, ils s'adonnent à la production du sel,
au tissage de la laine, à la coupe du bois et à l'élevage.
La région de Xunhua est réputée, entre autres,
pour les piments et les noix, et certains types d'herbes médécinales.
Culture, us
et coutumes
Le langage des Salar qui appartient à la branche turque de
la famille des langues altaïques ressemble beaucoup au langage
des Ouïgours et des ouzbeks. Il contient aussi un certain nombre
de mots empruntés au chinois et au tibétain, résultat
de longues années de contacts fréquents. Aujourd'hui,
les jeunes Salar savent parler le chinois dont ils ont aussi adopté
le l'écriture.
Le folklore des Salar est riche et coloré. De nombreuses
légendes, histoires et contes font l'éloge du courage
et de la sagesse des travailleurs et déplorent la vie difficile
des femmes salar dans le passé, tout comme leurs luttes contre
l'oppression féodale. L'air folklorique typique est le Hua'er,
une sorte de chanson folklorique exécutée de façon
libre et grandiloquente. On y retrouve une influence des chants
tibétains. Les chanteurs peuvent improviser selon leurs sentiments.
Les Salar possèdent de nombreuses troupes de théâtre
et d'ensembles de chants et danses.
Fortement influencés par l'islam, les Salar partagent les
mêmes coutumes que les gens de l'ethnie hui qui vit tout près.
Les femmes aiment porter un couvre-chef et une jaquette noir sans
manche par dessus des vêtements rouge vif. Elles excellent
en broderie et cousent souvent des fleurs en cinq différentes
couleurs sur les taies d'oreillers, les chaussures et les chaussettes.
Les hommes portent un chapeau sans rebord, blanc ou noir. En hiver,
ils portent une veste de peau de mouton, sans doublure, ou des lainages.
Les coutumes des Salar ont changé beaucoup. Par exemple,
autrefois, la polygamie et le mariage précoce étaient
monnaie courante et on abattait fréquemment de nombreux animaux
pour les mariages, les funérailles et les fêtes. Autrefois
également, les femmes salar ont beaucoup souffert sous une
morale religieuse rigoureuse. Les célibataires n'avaient
pas le droit de se montrer en public, alors que les femmes mariées
devaient cacher leur visage devant les étrangers. Elles ne
devaient pas regarder la personne en face lorsqu'elles répondaient
à une question et devaient faire un détour si elle
rencontrait un étranger. Aujourd'hui, les femmes prennent
une part active dans la vie de l'ethnie salar.
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