CHINAHOY

11-March-2016

Le taux d’intérêt et le taux de change du yuan

 

HU YUE, membre de la rédaction

 

Le 6 mars dans l'après-midi, cinq membres du cercle économique de la CCPPC ont répondu aux questions des journalistes sur la réforme structurelle de l'offre et le développement économique pendant le XIIIe Plan quinquennal (2016-2020). Parmi ceux-ci, Yi Gang, vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, a détaillé son point de vue sur le taux d'intérêt et le taux de change du yuan, ainsi que sur les tendances de la croissance chinoise.

 

Dévaluation continuelle ou non

 

À la suite de la réforme du taux de change le 11 août 2015, le yuan a subi une dévaluation d'à peu près 5 % sur un mois, soit la plus forte baisse depuis une vingtaine d'années. Que ce soit en matière d'investissement ou de voyage à l'étranger, la dépréciation considérable du yuan a eu une forte influence sur la vie des Chinois et le commerce international.

 

Le yuan continuera-t-il de se dévaloriser ? À cette question, Yi Gang répond : « La Chine maintiendra le taux de change du yuan à un niveau stable, approprié et équilibré, et cette stabilité se reflètera par le panier de devises. »

 

Il a détaillé ses explication dans trois domaines : « Tout d'abord, l'économie chinoise connaît une croissance à grande et moyenne vitesse. La situation n'a pas changé.La productivité du travail et la productivité totale des facteurs économiques s'élèvent à une vitesse régulière. Deuxièmement, le compte courant de la Chine, notamment le commerce de marchandises, jouit toujours d'un excédent considérable, tandis que les investissements directs à l'étranger (IDE) et les investissements directs étrangers (IDE) ont tous une croissance soutenue. Troisièmement, la Chine possède une abondante réserve de devises. À long et moyen terme, le taux de change du yuan devrait retourner aux fondamentaux et conserver une certaine stabilité.

 

Quatre propositions pour le taux d'intérêt

 

Selon Yi Gang, le point clé de la marchéisation du taux d'intérêt de la Chine réside dans l'amélioration de l'efficacité de la régulation de la Banque populaire de Chine (banque centrale). Il a lancé quatre propositions dans ce domaine.

 

La première : perfectionner le mécanisme du taux d'intérêt lié aux différentes politiques et renforcer l'orientation du taux d'intérêt du marché. Pour le moment, la Banque populaire de Chine oriente le taux d'intérêt du marché à court terme à travers les opérations d'open-market et la facilité de dépôt et de crédit, en déployant des efforts pour construire un « corridor de taux d'intérêt ». En clair, la Banque populaire de Chine offre une facilité de dépôt et de crédit aux banques commerciales, en fixant un intervalle du taux d'intérêt, par lequel elle contrôle et oriente le taux d'intérêt. Un tel mécanisme est appelé le « corridor de taux d'intérêt ». « Cependant, le "corridor de taux d'intérêt" ne peut exister véritablement en Chine. En effet, les mécanismes chinois actuels doivent s'occuper à la fois de l'objectif de quantité de la monnaie et de l'objectif de prix, mais le taux d'intérêt ne représente que l'objectif de prix, démontre Yi Gang. En tant que moyen de réglementation des prix, le taux d'intérêt joue un rôle de plus en plus important. »

 

La deuxième : mener à bien le mécanisme par lequel la Banque populaire de Chine fait le taux d'intérêt à court terme se transmettre vers celui à long et moyen terme. Cela nécessite non seulement l'élaboration du marché mais également la capacité des institutions financières en matière d'établissement des prix. Par ailleurs, la Banque populaire de Chine peut aussi orienter la formation du taux d'intérêt à long et moyen terme par le taux de refinancement et la facilité du prêt à moyen terme. Le taux d'intérêt à long et moyen terme reflète les fondamentaux économiques et l'esprit de la politique monétaire, pour mieux soutenir l'économie réelle.

 

La troisième : l'amélioration du mécanisme de tarification des risques sur le marché du taux d'intérêt. Sur la courbe du rendement de la dette nationale, une courbe du rendement sans risque, on doit mener à bien la tarification des risques de divers dettes de crédit, pour perfectionner le système de courbe du rendement du taux d'intérêt de la Chine et pour refléter amplement la prime des différents risques.

 

Enfin, dans la nouvelle étape de la marchéisation du taux d'intérêt, il faut encourager et restreindre les prix du marché, par un macro-mécanisme d'évaluation. Au cours de la transition, la Chine devra attacher une importance à la mise en place d'un mécanisme de coordination destiné à la régulation de la quantité et des prix de la monnaie.

 

Les devises détenues par le peuple

 

La réserve de devises de la Chine est passée de 3 990 milliards de dollars en 2014 à 3 300 milliards de dollars en 2015, une réduction qui a suscité l'attention de beaucoup. Les médias, et en particulier des médias étrangers, estiment que la Banque populaire de Chine utilisent un grand nombre de devises pour stabiliser le taux de change du yuan.

 

À cette question, Yi Gang répond : « La Chine dispose de la plus importante réserve de devises au monde. Le Japon, deuxième, possède un peu plus de 1 000 milliards de dollars de devises étrangères. En 2002, la réserve de devises chinoise n'atteignait pas 300 milliards de dollars. En juin 2014, elle a atteint son sommet : 3 990 milliards de dollars. Face à une augmentation si rapide sur 12 ans, l'entrée d'une part des capitaux supplémentaires n'est pas exclue. Si ces capitaux sont retirés, la tendance à la baisse de la réserve de devises de la Chine est naturellement dans les attentes. »

 

Selon Yi Gang, cette réduction peut s'expliquer par « la possession des devises par le peuple » : la Banque populaire de Chine a peu à peu transmis la réserve de devises qu'elle détient aux particuliers et entreprises. Au cours de l'année dernière, les dépôts des entreprises et des particuliers dans les banques en Chine ont connu une croissance de plusieurs dizaines de milliards de dollars, tandis que la position en devises des banques a une augmentation de 100 milliards de dollars. Dans le même temps, des entreprises se sont acquitté d'une part de leurs dettes étrangères. En 2015, les paiements nets transfrontaliers en devises étrangères par les entreprises et les individus chinois ont dépassé 240 milliards de dollars. Le nombre des Chinois qui voyagent et étudient à l'étranger est également considérable.

 

« Une autre raison qui peut expliquer la réduction de la réserve de devises de la Chine résulte du changement de la valeur du dollar, qui a connu une réévaluation de 9 % au cours de l'année dernière », ajoute-il.

 

 « La réserve de devises étrangères de la Chine restera à un niveau approprié et modéré, du fait que la régulation des actifs et passifs des entreprises et des individus a une limite. La réserve qui est constituée en dollar, euro, yen, livre sterling et des actifs de nombreux pays en développement, est disposée de manière décentralisée selon une proportion optimisée, et est contrôlée conformément au principe de fluidité, de sécurité et de rentabilité », conclut Yi Gang.

 

 

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