CHINAHOY

7-March-2016

Jia Kang répond aux questions brûlantes sur l’économie chinoise

 

CHEN JUN, membre de la rédaction

 

Actuellement, la Chine affronte un environnement international complexe et rude, ainsi qu'une tendance de plus en plus forte à la baisse de l'activité intérieure. Dans ce contexte, comment traiter les sujets brûlants sur l'économie chinoise ? Écoutons Jia Kang, économiste réputé, membre du Comité national de la CCPPC, ancien directeur de l'Institut de recherches sur les sciences fiscales relevant du ministère des Finances et président de l'Académie sur la nouvelle économie de l'offre de Chine.

 

Comment traite-on la réforme du côté de l'offre en Chine ?

 

Selon M. Jia, cette réforme ne signifie pas la négation du côté de la demande ni une transposition mécanique de l'école américaine de l'offre qui se base sur la baisse des impôts. Il s'agit de s'inspirer de l'expérience tant chinoise qu'étrangère en matière de gestion de l'offre, et de mettre l'accent sur la construction systématique et durable d'un système de l'offre.

 

« La réduction des impôts ne résout pas tous les problèmes. Compter entièrement sur elle pour réaliser la réforme du côté de l'offre nous amènerait dans une zone d'erreur. En tant qu'une des options à choisir, l'abaissement de la pression fiscale doit jouer son rôle positif, tout en agissant de concert avec d'autres mesures », nous a confié Jia Kang.

 

M. Jia a souligné aussi que la réforme du côté de l'offre n'équivaut pas non plus à une nouvelle économie planifiée. Pour réaliser cette réforme, il nous faudra faire jouer le rôle décisif du marché dans la répartition des ressources, en combinant le rôle d'un gouvernement au pouvoir limité et capable d'accomplir des réalisations grandioses. Malgré les difficultés, il n'y a pas d'autre choix que de mettre en œuvre cette réforme qui permettra d'améliorer la qualité ainsi que l'efficacité du développement économique chinois.

 

La réduction des surcapacités de production est une des missions importantes de l'année 2016, comment venir à bout de cette tâche ?

 

Jia Kang estime que l'élimination des surcapacités de production dépend principalement du rôle du marché. Le gouvernement doit maintenir un environnement du marché favorable à la concurrence loyale. C'est le marché qui élimine les capacités de production vétustes. Si le marché jouait pleinement son rôle et que le gouvernement n'allait pas porter son secours aux « entreprises zombies », la situation serait différente au bout d'un ou deux ans.

 

M. Jia attache une importance toute particulière au rôle du gouvernement : « Il doit prendre les mesures nécessaires et réajuster sa fonction pour maintenir la concurrence sur le marché. Des mesures de réforme complémentaires sont également nécessaires pour toucher des intérêts acquis et affronter de multiples difficultés et défis. Non seulement la lutte contre la surcapacité de production, mais aussi l'ensemble de la réforme du côté de l'offre demandent à notre gouvernement d'abolir les intérêts intouchables et de prendre la ferme résolution de surmonter nombre d'épreuves et d'obstacles. »

 

Comment réaliser la réinsertion des chômeurs victimes de la réforme du côté de l'offre ?

 

La lutte contre la surcapacité de production est la priorité de la réforme du côté de l'offre pour 2016. Au cours de ce processus, il est essentiel de réorienter les personnes qui perdront leur emploi. Sur ce sujet, Jia Kang a signalé : « En général, au moment du démantèlement de capacités de production excédentaires, le gouvernement encourage en premier lieu la reprise et la réorganisation des entreprises afin de réduire le nombre d'emplois perdus. Par ailleurs, cette réorganisation des entreprises doit respecter le rôle du marché. »

 

Et d'ajouter : « Un des plus grands problèmes lors de la réforme du côté d'offre sera la reconversion professionnelle. Le gouvernement chinois a déjà établi et améliore progressivement son système de protection sociale. Tout d'abord, le gouvernement doit perfectionner son travail afin d'assurer le bon fonctionnement du système de protection sociale. Ensuite, il faut établir des plans à long terme pour réaliser la reconversion des employés des entreprises mises en faillite, comme par exemple des stages visant à la réinsertion professionnelle. Enfin, le gouvernement doit faire davantage le bilan des expériences acquises, recourir à la consultation et à la gouvernance, afin de résoudre les contradictions avant le conflit. »

 

Pourquoi doit-on assurer une croissance annuelle moyenne de plus de 6,5 % pendant le XIIIe Plan quinquennal ?

 

Jia Kang a expliqué que la croissance de plus de 6,5 % était la ligne rouge pour la période du XIIIe Plan quinquennal, étape décisive de la construction de la société de moyenne aisance générale. Pour atteindre cet objectif ambitieux d'ici 2020, une croissance annuelle supérieure à 6,52 % est nécessaire, ainsi que des politiques complémentaires.

 

« L'espace pouvant supporter la tendance à la baisse de l'activité est limité. En 2015, la croissance économique est passée sous la barre des 7 %. Si elle enregistrait encore une baisse au premier trimestre de 2016, elle pourrait se rapprocher de 6,5 %. Dans cette circonstance, il faut maintenir une croissance régulière comprise entre 6,5 % et 7 %. Cela nous demande d'optimiser la structure et d'accroître la qualité de la croissance. Il ne s'agit plus simplement d'une expansion de la production, mais aussi une réduction des surcapacités de production dans certains secteurs, qui influencera la croissance économique.

 

Comment voyez-vous la note de la dette souveraine chinoise annoncée par l'agence de notation Moody's ?

 

Le 2 mars, l'agence de notation Moody's a ramené de « stable » à « négative » la perspective de la note qu'elle accorde à la dette chinoise. Jia Kang a indiqué que c'était une interprétation excessive des difficultés économiques que connaît le pays. M. Jia a rappelé qu'il faut juger l'économie chinoise avec sang-froid et éviter des idées pessimistes.

 

M. Jia a continué : « On a vu plusieurs fois les principales agences de notation internationales abaisser la perspective de la note accordée à la Chine, sans compter des reportages tentant de faire croire à l'effondrement de l'économie chinoise rédigés par des auteurs occidentaux. Bien que l'agence Moody's exprime sa préoccupation sur les problèmes économiques chinois, elle ne peut pas estimer quel'économie chinoise s'effondre, c'est un jugement excessif. » Cependant, Jia Kang préfère considérer ce réajustement de la note comme une alerte : « À l'heure actuelle, l'économie chinoise passe par une période difficile. Les mesures prises pour assurer une croissance régulière doivent viser les problèmes actuels. Il faut transformer la pression en force motrice afin de résoudre les problèmes. En outre, le réajustement structurel chinois a déjà obtenu de bons résultats, notamment en matière d'emploi. »

 

Selon Jia Kang, il est important pour le gouvernement chinois de « faire ce qu'il doit faire, en annonçant en temps opportun des informations et rassemblant les opinions constructives de tout le monde, cela permettra de montrer notre image d'un grand pays responsable au sein de la communauté internationale.

 

Comment résoudre la bipolarisation du marché immobilier ?

 

Jia Kang a souligné qu'il faut régler ce problème au cas par cas. Dans les principales métropoles, on peut accroître l'offre, accélérer l'institutionnalisation et procéder à des expériences pilotes, comme par exemple la perception d'un impôt sur la propriété immobilière. Dans les villes de troisième ou quatrième plan, le déstockage a besoin de politiques sociales complémentaires visant à accompagner les travailleurs migrants d'origine paysanne, plutôt que de compter simplement sur eux pour acheter des appartements en ville. Transformer les constructions excédentaires en logements locatifs publics, en habitations à droit de propriété partagé ou en logements commercialisés pourrait également constituer une solution.

 

 

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