CHINAHOY

31-March-2017

L’économie chinoise 2017 vue à travers le Rapport d’activité du gouvernement

 

Le 5 mars, les représentants à l'APN et les membres du Comité national de la CCPPC écoutent le Rapport d'activité du gouvernement.

 

Analyse du Rapport d'activité du gouvernement présenté début mars, qui, sur la base des résultats obtenus par l'économie chinoise ces dernières années, définit les grands axes à suivre et les objectifs chiffrés à atteindre pour 2017.

 

ZHANG DEYONG*

 

À l'heure où l'économie mondiale reste empêtrée dans le marasme et où les vecteurs d'instabilité et d'incertitude se multiplient, quelles sont les caractéristiques de l'économie chinoise en ce début 2017 ? La réponse à cette question est livrée dans le Rapport d'activité du gouvernement présenté le 5 mars dernier par le premier ministre Li Keqiang, à l'occasion de la 5e session de la XIIe Assemblée populaire nationale (APN), inaugurée ce même jour à Beijing.

 

Orientation générale : « progresser à pas assurés »

 

Pour 2017, sur le plan économique, le gouvernement chinois s'est fixé comme orientation générale de « progresser à pas assurés », la « stabilité » s'imposant comme le maître-mot de cette stratégie. Se fondant sur cette idée, M. Li a proposé dans son rapport de viser une croissance proche de 6,5 %. Il s'agit d'une décision raisonnable, compte tenu des facteurs intérieurs et extérieurs complexes. Conforme aux lois économiques et à la réalité chinoise, cet objectif s'accorde également avec l'exigence du pays de « construire une société modérément prospère ». Le gouvernement a précisé que ces 6,5 % représentent une base seulement et qu'il faut s'efforcer d'atteindre un meilleur résultat en matière de croissance économique, comme l'illustre l'expression « progresser ». On peut en conclure que le taux d'environ 6,5 % constitue un impératif, mais que le gouvernement est confiant dans la réalisation d'un score supérieur. Citant le rapport, Li a aussi indiqué d'autres prévisions pour 2017 : une hausse de l'indice des prix à la consommation d'environ 3 %, la création de 11 millions d'emplois en milieu urbain et le maintien du taux de chômage sous la barre de 4,5 % dans les agglomérations. Au vu de ces trois indices, la croissance ciblée de 6,5 % s'apparente à une vitesse moyennement élevée à laquelle la rame économique chinoise pourra rouler sereinement. Ce rythme s'inscrit en fait dans une fourchette définie par une limite minimale (relative à la protection de l'emploi) et une limite maximale (relative au contrôle des prix).

 

Axe principal : la réforme structurelle du côté de l'offre

 

La réforme structurelle du côté de l'offre a été choisie comme axe principal. Bien que lancée l'année dernière seulement, elle a déjà généré des résultats prometteurs. En 2017, le gouvernement compte donc approfondir cette réforme, en vue de minimiser l'offre non effective et d'accroître l'offre effective.

 

De gros efforts seront déployés pour « réduire les surcapacités de production, abaisser les stocks immobiliers, diminuer le ratio de levier, réduire les coûts de production et combler les failles de l'économie ». Pour accomplir ces cinq tâches, des mesures réformatrices seront prises, notamment la simplification des formalités administratives, des dégrèvements d'impôts, une plus grande souplesse quant à l'accès au marché, l'encouragement de l'innovation et des incitations pour soutenir les microentreprises. Ces politiques macroéconomiques, industrielles, microéconomiques et sociales ont pour enjeu de laisser le marché jouer un rôle déterminant dans la répartition des ressources et d'accorder au gouvernement le simple rôle de guide. Ce concept vise à faire entrer l'économie dans une dynamique endogène.

 

L'approfondissement de la réforme du côté de l'offre aura lieu également dans le secteur agricole. L'idée consiste à réduire l'offre non effective et bas de gamme en la remplaçant par une offre effective moyen et haut de gamme, à optimiser les stocks et à augmenter la création de valeur, afin d'assurer le développement stable de l'agriculture et la hausse des revenus des paysans. Ainsi, la réforme structurelle du côté de l'offre touchera aussi bien les villes que les campagnes, d'où son statut d'axe principal. Le développement stable et soutenu de l'économie chinoise ne pourra être assuré que si cet axe est fermement suivi.

 

En outre, le gouvernement va renforcer non seulement la protection et la gestion raisonnée de l'environnement et des écosystèmes, mais aussi poursuivre l'édification sociale axée sur la garantie et l'amélioration du bien-être de la population, qui passe par l'accès à l'éducation, aux soins médicaux, au logement ainsi que la prise en charge des personnes âgées. Ces domaines constituent des failles de la société chinoise qui pourront être comblées grâce à la réforme structurelle du côté de l'offre, qui, en plus, aura pour effet de susciter une nouvelle demande de consommation et d'investissement. En bref, elle fera d'une pierre, deux coups.

 

La Chine développe son économie par la restructuration des industries traditionnelles et la mise en œuvre de nouvelles industries.

 

Force motrice : l'innovation

 

L'innovation est la première force motrice entraînant le développement. Au moment où la Chine réajuste son rythme économique, l'optimisation structurelle et la transformation des moteurs de croissance ne peuvent se faire sans l'innovation. Le rapport a appelé la société à recourir à l'innovation pour permettre à l'économie réelle de se convertir à un nouveau modèle et de monter en gamme. En d'autres termes, cette stratégie de développement par l'innovation, politique nationale fondamentale, a pour cible numéro un de favoriser le développement de l'économie réelle. Ces dernières années, dans le contexte économique mondial peu réjouissant, d'un côté, de nombreux fonds d'investissement ont été aspirés par l'économie virtuelle ; de l'autre, certaines entreprises concourant dans l'économie réelle sont restées peu compétitives à cause d'une gestion de type extensif et d'un manque d'investissements dans l'innovation technologique. Au regard de ces éléments, Li Keqiang a annoncé dans son rapport que le gouvernement entend combiner innovation et redressement de l'économie réelle. L'objectif est de consolider l'économie réelle, qui constitue le socle du développement chinois à construire.

 

La revitalisation de l'économie réelle par l'innovation comprend deux volets : l'optimisation des stocks et l'augmentation de la création de valeur. Pour le premier, le rapport précise qu'il faut consacrer maints d'efforts à la modernisation des industries traditionnelles ; pour le second, il convient plutôt de miser sur la formation et la prolifération des industries émergentes. Un certain nombre de mesures sont favorables à ces deux objectifs, à savoir renforcer les capacités d'innovation scientifique et technologique, encourager sans cesse l'esprit d'entreprise et l'innovation dans toute la société, ainsi qu'augmenter globalement la qualité et le niveau de l'innovation. Sans aucun doute, de telles mesures, à court terme, relanceront l'économie réelle, ce qui constitue un passage obligé pour la réforme structurelle du côté de l'offre ; à long terme, elles deviendront la seule voie pour garantir la puissance de l'économie chinoise.

 

Demande : vers l'augmentation et l'ouverture

 

La réforme structurelle du côté de l'offre a pour finalité de mieux satisfaire la demande en faisant correspondre efficacement l'offre et la demande. Pour permettre l'approfondissement de cette réforme, il est urgent d'agir parallèlement en vue d'augmenter la demande globale de la société, en exploitant pleinement les marchés intérieur et extérieur. C'est ainsi que l'orientation générale consistant à « progresser à pas assurés » pourra être observée.

 

Côté demande intérieure, il faut la pousser à libérer davantage son potentiel. La consommation étant devenue aujourd'hui une force dominante dans la croissance économique, assurer l'augmentation constante de la consommation est un objectif majeur au programme pour 2017. De même, comme l'investissement représente toujours une force stabilisatrice de la croissance économique chinoise, en 2017, le gouvernement va orienter davantage de fonds vers les domaines destinés à « combler les failles », à porter le réajustement structurel, à promouvoir l'innovation et à améliorer le bien-être social, afin d'accroître les investissements efficaces. En outre, l'optimisation du schéma de développement régional et le soutien d'une urbanisation nouvelle joueront un rôle positif en faveur d'une croissance accrue de la consommation et d'une croissance modérée de l'investissement.

 

Côté demande extérieure, il faut prendre l'initiative d'élargir l'ouverture. Actuellement, le concept de l'antimondialisation et la vague de protectionnisme commercial prennent de l'ampleur, aggravant les incertitudes liées à la demande extérieure. En 2016, l'exportation chinoise a chuté de 1,9 %, provoquant une baisse de 9,1 % de l'excédent commercial. Pour inverser cette tendance, le gouvernement chinois a déjà avancé l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, mis en œuvre et peaufiné un certain nombre de politiques relatives à l'import-export, optimisé l'environnement d'investissement pour attirer les fonds étrangers, et encore encouragé la libéralisation et la facilitation du commerce international et des investissements étrangers.

 

Rôle du gouvernement : plus limité, mais plus efficace

 

En 2016, la Chine a enregistré une croissance économique de 6,7 %, un taux parmi les plus élevés sur la planète, le pays contribuant ainsi à la croissance de l'économie mondiale à hauteur de 30 %. Selon le rapport, le gouvernement chinois continuera en 2017 d'appliquer une politique budgétaire proactive et une politique monétaire prudente en guise d'instruments de contrôle macroéconomique. Par exemple, le déficit budgétaire devrait s'établir aux alentours de 2 380 milliards de yuans, soit une hausse de 200 milliards de yuans par rapport à 2016, un chiffre représentant 3 % du PIB national. L'objectif est de rendre la politique budgétaire plus active et plus efficace. La politique monétaire restera prudente et neutre, pour que davantage de ressources financières viennent alimenter l'économie réelle. Il est à noter que si la politique monétaire chinoise de ces dernières années a été prudente, mais avec une inclination accommodante, celle de 2017 conservera son caractère prudent, mais maintiendra une position neutre, en vue de préserver la stabilité des liquidités et de prévenir les risques financiers.

 

Par ailleurs, le gouvernement poursuivra l'approfondissement de la réforme dans des secteurs importants et des maillons clés. Ces démarches convergent vers un seul but : minimiser l'intervention excessive des autorités publiques. Le gouvernement doit utiliser sa main « visible » à bon escient pour laisser la main « invisible » du marché jouer son rôle. Ces réformes et innovations des mécanismes institutionnels devraient permettre de définir le périmètre du pouvoir gouvernemental, d'optimiser l'environnement de marché et de renforcer encore la vitalité du marché, des garanties fiables pour l'économie chinoise qui envisage en 2017 de « progresser à pas assurés ».

 

*ZHANG DEYONG est chercheur à l'Institut de recherche sur les stratégies financières et économiques de l'Académie des sciences sociales de Chine.

 

 

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