CHINAHOY

2-September-2016

La « sagesse chinoise » au G20

 

Des robots dansants présentés lors de la Semaine internationale de la création d'entreprise des élites à Suzhou, le 10 juillet 2016.

 

 HU ANGANG*

 

Avec son émergence rapide, la Chine a des relations de plus en plus étroites avec les autres pays du monde et produit une influence croissante sur le développement du monde. Dans le même temps, les défis majeurs que connaît le monde dans la politique, l'économie, l'écologie et la sécurité ont également un impact de plus en plus profond sur la Chine. Ainsi l'avenir et le destin de la Chine sont liés comme jamais à ceux du monde. On peut dire que les défis auxquels le développement chinois fait face sont également les défis de développement du monde, et vice versa. Par conséquent, la Chine participera plus activement à la gouvernance économique mondiale pour jouer un rôle constructif dans la communauté internationale, assumer des responsabilités internationales de plus en plus nombreuses en particulier pendant la période cruciale de la crise financière internationale, faire connaître le « rôle de la Chine », émettre la « voix de la Chine » et proposer le « programme de la Chine ».

 

Le contexte du Sommet présent : l'émergence commune de la Chine et des pays du Sud

 

Depuis le début du XXIe siècle, l'échiquier de l'économie mondiale a changé pour un nouveau mode de gouvernance partagée du G20 par les pays du Sud et ceux du Nord.

 

Les pays du Sud et du Nord, qui étaient très différents pendant les deux siècles derniers, ont vu leur écart se réduire depuis une dizaine d'années. La part de leur puissance économique (le PIB et le volume du commerce des importations et exportations) dans l'agrégat mondial est passée de 1 pour 2,14 en 2000 à 1 pour 1,05 en 2014.

 

La Chine passe d'un grand pays économique mondial à une puissance économique mondiale. En fonction du PIB calculé au taux de change, la Chine qui était au 6e rang mondial en 2000 est passée au 2e en 2014 ; du 2e au 1er rang concernant la parité de pouvoir d'achat ; de la 8e à la 1re place au niveau du volume du commerce d'import-export des marchandises ; de 4,95 % à 13,07 % pour la proportion de la puissance économique dans le total du monde, soit du 3e au 1er rang mondial.

 

Cela montre que l'ascension de la Chine a entraîné le développement des pays du Sud, et ces derniers ont également promu l'émergence de la Chine. L'échiquier dans lequel l'économie du monde était dominée uniquement par les pays du Nord a été grandement bouleversé, et un nouveau tableau s'est formé, marqué par un équilibre relatif entre les pays du Sud et du Nord et dominé conjointement par eux.

 

La voix de la Chine au Sommet du G20

 

Il faut dire que la crise financière internationale qui a éclaté en 2008 a offert des opportunités pour la Chine de participation active à la gouvernance économique mondiale. Dès 2008, le président chinois a participé à chacune des dix éditions du Sommet du G20 et y a prononcé des discours importants, dont les mots clés sont « réagir ensemble », « coopération internationale », « bénéfice mutuel et gagnant-gagnant », « développement axé sur l'innovation » et « développement partagé ». D'une part, la Chine a pris l'initiative de mettre en œuvre les mesures prévues dans les communiqués du Sommet du G20, et d'autre part, elle a présenté près de cent propositions concrètes pour la coopération internationale.

 

De 2013 jusqu'à présent, le président Xi Jinping a par exemple participé au Sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, à Brisbane et à Antalya, et fait trois interventions ayant pour thème respectivement « promouvoir l'ouverture de l'économie mondiale », « faire face ensemble à l'épidémie Ebola », et « l'approfondissement général des réformes et l'édification d'une économie ouverte ».

 

Lors du Sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, la Chine a souligné que tous les pays devaient regarder les choses sur le long terme, œuvrer pour façonner une économie mondiale marquée par l'innovation du développement, les synergies de la croissance et la convergence des intérêts, sauvegarder fermement et développer l'économie mondiale ouverte, construire un partenariat économique plus étroit, et assumer les responsabilités comme il se doit.

 

Au Sommet à Brisbane, la Chine a donné une proposition en trois points : « innover dans le mode de développement », « construire une économie mondiale ouverte » et « améliorer la gouvernance économique mondiale ».

 

Au Sommet d'Antalya, la Chine a expliqué méthodiquement et en profondeur sa vision et ses propositions sur la situation économique mondiale, tout en présentant ses mesures politiques sur l'approfondissement global des réformes et le développement d'un nouveau système d'économie ouverte.

 

Les idées et programmes chinois expliqués dans les réunions ci-dessus diffusent non seulement la construction du nouveau système de l'économie ouverte de la Chine, contribuent à la protection et à la promotion des intérêts de la Chine à l'échelle mondiale, mais aussi à la construction et à l'entretien de la communauté de destin du G20. Ils constituent une « recette » chinoise de la solidarité et du gagnant-gagnant pour l'économie mondiale, la sécurité et le développement. Ces voix reflètent le sens de mission et le sens de responsabilité qu'a la Chine en tant que grand pays, mais également l'attitude et la détermination de la Chine qui veut se développer conjointement et partager heurs et malheurs avec les autres pays du monde.

 

Cela montre que les relations entre la Chine et le reste du monde ont fondamentalement changé. Lorsque la Chine est devenue la plus grande entité commerciale, en particulier la principale partenaire commerciale de plus de 200 pays et régions du monde, le pays s'est lié avec le reste du monde pour le meilleur et pour le pire. La Chine a la volonté, mais aussi la capacité d'assumer les responsabilités internationales, pour jouer non seulement un rôle actif dans le G20, mais aussi un rôle plus grand dans d'autres mécanismes de gouvernance mondiale internationale.

 

S'attaquer à ses manifestations comme à ses origines

 

Actuellement, le G20 se trouve dans un tournant important caractérisé par la faible croissance économique mondiale, le ralentissement de la croissance de la capacité de production, l'augmentation de la volatilité du marché financier international, l'oscillation du commerce et des investissements mondiaux à un faible niveau, le taux de chômage élevé et les inégalités et déséquilibres auxquels sont confrontés des grands pays. Pour résoudre ces problèmes et difficultés, il faudra avoir des idées de développement novatrices et de nouvelles pistes de réflexion sur la gouvernance de l'économie mondiale. La Chine y apportera sa contribution.

 

Le 1er décembre 2015, le jour où la Chine a pris la relève de la présidence du G20, le président Xi Jinping a spécifiquement pris la parole pour expliquer dans leur ensemble les réflexions à aborder lors de ce sommet : « construire une économie mondiale innovante, dynamique, interactive et inclusive » sert de thème du Sommet, dans le but de, conformément à la situation de l'économie mondiale, répondre aux besoins de développement de tous les pays, s'attaquer aux manifestations des problèmes pour maintenir la croissance actuelle stable et à leurs sources pour donner des moteurs au développement à long terme.

 

À cet effet, quatre sujets de discussion pour le Sommet de Hangzhou 2016 ont été élaborés : « innovation du mode de croissance », « gouvernance économique et financière mondiale plus efficace », « commerce et investissements internationaux vigoureux » et « développement inclusif et interactif ».

 

En ce qui concerne l'innovation, il s'agit de préconiser le développement basé sur la création, ce qui comprend l'innovation scientifique et technologique, celle des idées de développement, des mécanismes institutionnels et des modes de commerce, ainsi que la réforme structurelle, afin de créer de nouvelles sources motrices de l'économie mondiale. Tout d'abord, augmenter les investissements dans les activités de la R&D. Parmi les pays du G20, la part des investissements des pays du Nord dans le total mondial a chuté de 5 % de 2010 à 2014, tandis que celle des pays du Sud a augmenté de 3 %, et celle de la Chine de 3,7 %. À l'avenir, les pays du Nord devront continuer à augmenter les investissements sur le long terme dans la R&D, qui sont novateurs et productifs, et réduire davantage les subventions sur les activités de bien-être, étant dans le court terme et non productives. Quant aux pays du Sud, en augmentant les investissements dans la R&D et en créant leurs centres d'innovation nationaux, ils devront en améliorer la rentabilité et l'efficacité, afin que leurs propres peuples en bénéficient davantage.

 

La Chine est devenue l'un des centres d'innovation technologique du monde. En 2010, le nombre de demandes de brevets d'invention déposées représentait 19,58 % du nombre total du monde, devant le Japon (17,25 %) et derrière les États-Unis (24,54 %), et ce chiffre s'est élevé à 46,09 %, soit 1,37 fois plus élevé que le total des États-Unis (21,59 %) et du Japon (12,16 %). L'innovation technologique de la Chine stimulera effectivement celle du monde.

 

Sur le « dynamisme », face à la croissance économique faible, on doit trouver de nouvelles voies, explorer de nouveaux moteurs et donner une nouvelle impulsion. Le tourisme est devenu un nouveau pôle de croissance. Prenons l'exemple de la Chine. Le nombre de voyages touristiques que les Chinois ont faits sur leur sol a atteint 4 milliards, et en 2020, il devrait parvenir à 6,5 voire 7 milliards ; les dépenses du tourisme intérieur étaient de 3 420 milliards de yuans en 2015, et devraient au moins doubler en 2020.

 

Selon le Rapport 2015 du tourisme mondial de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), le nombre de voyages faits par les Chinois à l'étranger était de 120 millions et les destinations visitées se sont élevées à 151 pays et régions, ce qui fait de la Chine une source importante de touristes potentiels ; les dépenses faites par les touristes chinois à l'étranger ont atteint 104,5 milliards de yuans, restant au premier rang mondial. Selon les prévisions du Tourism towards 2030 de l'OMT, le nombre de touristes dans le monde atteindra 1,8 milliard en 2030 et la part de marché des économies émergentes représentera 57 %. On estime que la Chine représentera plus de 10 % du total mondial. Par conséquent, on devra promouvoir activement la facilitation du commerce de services dans les pays du G20, en particulier celle du commerce de services touristiques, comme par exemple les visas à entrées multiples pour dix ans adoptés par la Chine et les États-Unis. Vers 2030, le nombre de touristes à l'échelle mondiale dépassera certainement les prévisions de l'OMT. Promouvoir le tourisme sera une grande mesure gagnant-gagnant tant pour les pays du Sud que les pays du Nord. De plus, l'« Industrie 4.0 », la fabrication intelligente, les robots, les mégadonnées, Internet+, l'informatique en nuage sont de nouvelles activités économiques et de nouveaux moteurs de l'économie mondiale pour le futur.

 

Pour ce qui est de l'interaction, elle vise à établir la conscience de la communauté d'intérêts et de la communauté de destin, à renforcer, main dans la main, la coopération économique internationale, à partager les opportunités dans l'interconnexion, et former une force résultante dans une interaction mutuellement avantageuse. Actuellement, les infrastructures des pays du Nord vieillissent et ont besoin de renouvellement, tandis qu'elles manquent gravement dans les pays du Sud. D'un point de vue positif, le monde va entrer dans une période d'or de développement de la construction des infrastructures, qui deviendront aussi un pôle de croissance de l'économie mondiale. À cet effet, la Banque mondiale a lancé le Fonds d'infrastructure mondiale (GIF), qui vise, par l'intégration des informations et des ressources des marchés émergents et des économies en développement dans le domaine de la construction d'infrastructures, à fournir une plate-forme de coopération internationale pour les secteurs public et privé. La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, que la Chine a proposée de mettre en place, vise à accélérer la mise en œuvre de l'interconnexion des infrastructures des pays le long des Nouvelles Routes de la Soie et à aider à stimuler leur essor économique. Par exemple, le Pakistan ayant une population de 200 millions de personnes, le taux de croissance économique a atteint 4 %. Grâce au couloir économique Chine-Pakistan, notamment aux accords d'investissement bilatéraux signés pour une valeur de 46 milliards de dollars, les transports au Pakistan, les réseaux des ressources d'énergie, de l'électricité, ainsi que d'installation des câbles à fibre optique seront grandement améliorés, ce qui stimulera le décollage économique du pays, dont le taux de croissance annuelle devrait atteindre 6 à 7 %.

 

Concernant le principe d'« inclusion », il s'agit de combler le fossé de développement entre tous les pays, se concentrer sur les pays du Sud et toutes les populations, de sorte que les dividendes de la croissance économique mondiale soient partagés par tous les peuples du monde. Par exemple, les diverses activités du groupe Huawei s'étendent sur plus de 170 pays et régions, servant plus d'un tiers de la population mondiale, dont les peuples des pays du Sud sont les plus grands bénéficiaires. Le Sommet de l'ONU sur le développement durable, tenu en septembre 2015, a adopté le programme 2030 de développement durable (SED), qui est sérieusement mis en application par le gouvernement chinois. Le XIIIe Plan quinquennal chinois stipule :  « Augmenter l'aide à l'étranger et améliorer les méthodes d'assistance, de manière à fournir aux pays en développement plus de consultations et de formations gratuites en matière de ressources personnelles, de planification de développement et de politique économique ; augmenter la coopération internationale dans les domaines de l'éducation scientifique et technologique, de la santé, de la lutte contre les catastrophes, de la gouvernance environnementale, de la protection de la faune et de la flore sauvages, ainsi que de la réduction de la pauvreté ; intensifier l'aide humanitaire. » En 2015, le nombre d'étudiants étrangers en Chine était de près de 400 000, et devrait avoir doublé dans dix ans. À cette fin, le gouvernement chinois augmentera davantage les bourses des étudiants étrangers, qui seront adressées principalement aux pays du Sud pour aider à former toutes les catégories de personnels.

 

Pour la Chine, une meilleure organisation du Sommet du G20 en 2016 signifie : « innover en initiatives, orienter activement l'ordre du jour de l'économie mondiale, fournir des produits publics agréables à la vue et pratiques au monde, de sorte que la croissance de l'économie mondiale sorte de la récession et entre dans la nouvelle voie marquée par le développement basé sur l'innovation, durable et partagé. »

 

*HU ANGANG : directeur de l'Institut de recherche des réalités du pays de l'université Tsinghua, professeur à l'École de politiques et de gestion publiques de l'université et directeur de thèse. Li Meng, aspirant-chercheur en doctorat de l'École de politiques et de gestion publiques, a aussi contribué à cet article.

 

 

La Chine au présent

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