CHINAHOY

29-June-2010

Taiyuan dans tous ses états

LIU YUAN et WANG JIZU

En Chine, la région du plateau de lœss est l’une de celles où le patrimoine historique est le plus riche, et Taiyuan est un lieu incontournable de la découverte de cette région. Coup d’œil sur ce que peuvent offrir cette ville et ses environs.

CHEF-LIEU de la province du Shanxi, Taiyuan se situe dans l’est du plateau de lœss et sur les rives du cours moyen de la rivière Fenhe, affluent du fleuve Jaune. Sa région est imprégnée de 5 000 ans de civilisation agricole et de 2 500 ans de civilisation urbaine.

Le pavillon Manshan du mont Tianlong fait partie d’une zone pittoresque renommée pour ses grottes bouddhiques.

Une plaque tournante du pouvoir

Dès la fondation de l’ancienne cité de Jinyang, il y a 2 500 ans, cette contrée a été un véritable carrefour et un lieu d’importance stratégique sur le plan militaire. Elle a été convoitée par une succession de vassaux des empereurs, de puissances politiques et de commandants militaires suprêmes.

À l’époque des Printemps et Automnes (770–476 av. J.-C.), le clan Zhao a établi un État à l’emplacement de l’actuelle Taiyuan, après avoir partagé l’État de Jin avec deux autres clans, les Han et les Wei. Ces trois États ont ensuite fait partie des « sept grandes puissances de l’époque des Royaumes combattants» (475–221 av. J.-C.). La culture de Jin exerce encore une forte influence sur ce territoire. Par exemple, « Jin » reste l’appellation en abrégé du Shanxi. Au début de la dynastie des Han (206 av. J.-C.–220 apr. J.-C.), le prince Liu Heng (203–157 av. J.-C.) a vécu à Jinyang avant de devenir l’empereur Wendi dont le règne a été l’une des grandes périodes de l’histoire chinoise. Sous les Dynasties du Nord (386-581), Jinyang est devenue la capitale de l’État de Qi du Nord (550-577), établi par le clan Gao. Dans cette même ville, sous les Sui (581-618), la famille aristocratique Li s’est insurgée contre la cour impériale corrompue et a finalement réussi à établir la dynastie des Tang (618-907) dont le règne a été l’une des périodes les plus influentes de l’histoire chinoise; par exemple, l’héritage qu’elle a laissé peut encore aujourd’hui être ressenti dans des expressions comme le « costume des Tang » (vêtement traditionnel) et le « peuple des Tang ». Étant donné que Taiyuan a été la capitale de l’État ou de la dynastie sous de nombreux rois ou empereurs, cette ville est encore surnommée la « Ville du dragon ».

 

Le Musée des commerçants du Shanxi, à Taiyuan

Le patrimoine religieux

Taiyuan est le berceau de la culture de Jin, et c’est le temple Jinci qui incarne le mieux cette réalité. Ce temple constitue le plus ancien jardin impérial en bon état de conservation au pays. Construit à l’époque des Printemps et Automnes, à la mémoire de Shuyu, fondateur de l’État de Jin, il se classe parmi les premiers sites touristiques nationaux de catégorie AAAA et premiers patrimoines sous protection de l’État. Le charme du temple Jinci tient à son environnement d’eau et de montagnes, à ses vieux arbres qui s’élancent vers le ciel, à sa concentration de bâtiments anciens, ainsi qu’à l’harmonie entre l’homme et la nature qu’on y ressent. Trois de ses sites sont particulièrement célèbres : la source perpétuelle Nanlao, évoquée par Li Bai (701-762), un poète des Tang; le cyprès de 3 000 ans qui, à ce qu’on dit, aurait été planté sous la dynastie des Zhou (environ XIe siècle–256 av. J.-C.); et les statues de servantes, d’un réalisme saisissant et datant des Song (960-1279), qui se dressent toujours dans le palais dédié à la mère de Shuyu et du roi Cheng des Zhou.

Les doubles pagodes du temple du même nom  GAO YUFENG

Le temple des Doubles Pagodes, bâti sous le règne de l’empereur Wanli (1573-1620) des Ming (1368-1644), est l’un des lieux emblématiques de Taiyuan. Il est aussi l’endroit idéal pour admirer les pivoines en fleurs (plantées sous les Ming), escalader les pagodes et apprécier les inscriptions sur stèle. Taiyuan abrite également des temples des ancêtres et d’autres temples religieux qui racontent la culture traditionnelle chinoise et célèbrent les louanges de la civilisation du fleuve Jaune.

Le site pittoresque du mont Tianlong est réputé pour son art des grottes bouddhiques. Creusées dans les falaises est et ouest du mont, à partir des Wei orientaux des Dynasties du Nord jusqu’à la fin des Tang, ces grottes sont classées parmi les dix grandes du pays.

Les grottes du mont Longshan, situées tout juste au sommet de ce mont, sont les plus grandes grottes taoïstes en Chine; leur construction remonte au début des Yuan (1271-1368).

Bouddha géant du mont Mengshan

Le Bouddha géant du mont Meng-shan a été sculpté dans la totalité d’une falaise rocheuse. Avec ses 63 m de haut, il fait environ 10 m de moins que le Bouddha géant du mont Leshan (Sichuan), mais il a 162 ans de plus que ce dernier; sa construction a en effet commencé en 551, 2e année du règne Tianbao des Qi du Nord.

De grands noms

Au cours de l’histoire, Taiyuan a vu défiler un grand nombre de personnages célèbres. Parmi ceux qui sont inscrits dans les annales, on trouve les suivants : Yao, roi légendaire de la Chine antique; Yu, premier souverain de la dynastie des Xia (2070 – 1600 av. J.-C.); Wu Zetian (624-705) des Tang, unique impératrice de l’histoire chinoise; Di Renjie (630-700), magistrat éminent sous le règne de Wu Zetian; Bai Juyi (772-846), fameux poète des Tang; Yang Jiye (932-986 environ), héros national des Song; Yuan Haowen (1190-1257), écrivain et historien émérite des Yuan; Luo Guanzhong (1330-1400 environ), écrivain et dramaturge de la fin des Yuan; et Fu Shan (1607-1684), illustre savant sous les Qing. Tous ont exercé une influence profonde sur la culture chinoise.

À l’époque moderne, Taiyuan a été une pionnière de la révolution chinoise. Durant sa halte dans cette ville, Sun Yat-sen, grand précurseur de cette révolution, a hautement apprécié l’insurrection de Taiyuan contre la cour impériale décadente des Qing, en 1911; d’ailleurs, la première cellule du Parti communiste chinois au Shanxi a vu le jour dans cette ville. Dans le Musée commémoratif de la Libération de Taiyuan et d’autres endroits d’intérêt historique de la ville, les visiteurs peuvent découvrir d’autres activités révolutionnaires de Taiyuan.

Le temple Jinci incarne l’âme du Shanxi.  LIU JIANPING

Un riche folklore

Les montagnes de Taiyuan, l’eau de la rivière Fenhe et le vaste bassin de Taiyuan ont engendré des coutumes originales. Les habitants locaux sont hospitaliers et ils excellent à exprimer leurs sentiments par la chanson et la danse.

Par ailleurs, les aliments du Shanxi sont très typiques. La localisation et le climat de cette province favorisent la croissance du blé, de sorte que les habitants locaux ont l’habitude de manger des aliments à base de farine. Bien que la cuisine Jin ne figure pas parmi les grandes cuisines chinoises, ses mets à base de farine lui ont valu une réputation mondiale. Ils sont tellement variés qu’on peut en manger pendant des mois sans que ce ne soit le même mets.

En Chine, le vinaigre vieilli de Taiyuan a une réputation inégalée. La raison? Un parfum se dégage de l’acide, le goût sucré est porté par ce parfum et un arrière-goût acide se cache dans le sucré. L’atelier Meiheju, où flottent de bonnes odeurs de vinaigre vieilli, est un musée vivant où le vinaigre est toujours fabriqué comme il y a 500 ans. Avec son processus soigné, on peut comprendre pourquoi ce vinaigre aide à la digestion et possède des effets désinfectants, en plus d’aider à contrôler le poids et à préserver la santé. La technique de production du vinaigre vieilli de Meiheju a été inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel du pays, tout comme la préparation particulière de la viande cuite dans la sauce de soja de l’entreprise Liuweizhai, une enseigne centenaire.

Le parc Yingze

Facilités de transport et d’hébergement

Les facilités de transport et d’hébergement, ainsi que les autres riches ressources de Taiyuan en ont fait un véritable pôle touristique. En plus d’être un centre touristique provincial, la ville dispose également d’un accès facile vers l’imposante chute d’eau Hukou du fleuve Jaune et vers plusieurs sites du patrimoine culturel mondial, notamment les grottes de Yungang, la cité antique de Pingyao et les monts Wutai, lieu sacré du bouddhisme chinois.

Taiyuan possède plus de 200 agences touristiques où il est possible de réserver des vols sur des lignes intérieures et internationales. La qualité de leur service est parmi les meilleures du pays. Pour satisfaire pleinement la demande du marché touristique, la ville a aussi développé six excellents itinéraires particuliers. Ceux-ci mettent respectivement l’accent sur la culture de Jinyang avec des sites religieux, des bourgs anciens et des villages célèbres, l’industrie locale typique, l’écotourisme et des sites révolutionnaires.

Pour ce qui est de l’hébergement, Taiyuan dispose d’une centaine d’hôtels avec étoiles, bon marché comme de luxe. Par ailleurs, si vous souhaitez faire l’expérience de la vie champêtre sur le plateau de lœss, des maisons rurales vous ouvrent leurs portes.

Avec le développement rapide du transport moderne, Taiyuan joue un rôle de plus en plus grand comme carrefour de l’industrie touristique. L’autoroute Datong-Yuncheng traverse plus de 80 sites touristiques relevant de huit villes de la province. Taiyuan est également reliée aux différents endroits du pays par des autoroutes et par le chemin de fer. Finalement, l’aéroport international de Taiyuan offre une cinquantaine de lignes intérieures et internationales.

Ville aux multiples facettes, à la fois ancienne et moderne, typiquement chinoise et occidentalisée, rustique et commerciale, Taiyuan mérite vraiment une visite.

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