CHINAHOY

7-December-2009

« Celui qui a subi le froid de l’hiver apprécie la chaleur du rayon de soleil »

Qiangba Puncog, président de la Région autonome du Tibet

UN demi-siècle a passé. Le Tibet, soutenu par les autres membres de la grande famille chinoise, s’est développé graduellement sur les ruines du système féodal de servage. Aujourd’hui, un système relativement complet d’économie s’y est établi, caractérisé par des industries modernes aux couleurs tibétaines.

À l’heure du 60e anniversaire de la République populaire et du 50e anniversaire de la réforme démocratique du Tibet, Qiangba Puncog, actuel président de la Région autonome du Tibet, nous accorde une interview exclusive sur les changements et développements intervenus ces cinquante dernières années dans la vie des Tibétains.

« Cinquante années ne sont qu’une petite vague dans le long fleuve de l’histoire de l’humanité. Mais pour le Tibet et les habitants des différentes ethnies vivant sur cette terre, les 50 années passées égalent des milliers d’années: le système féodal de servage a été aboli, et le système socialiste, supérieur, a pris sa place. »

Le Potala

Tout ce que Qiangba Puncog a vu et entendu au Tibet constitue un témoignage éloquent du passage d’un état peu développé au progrès, de la dictature à la démocratie, de la pauvreté à la richesse, de la fermeture à l’ouverture du Tibet sous la direction du Parti communiste chinois.

En mai 1947, Qiangba Puncog naît dans une famille tibétaine très pauvre du district de Qamdo. Toute la famille vit de la culture maraîchère. La vie est bien dure. Il a 3 ans lorsqu’éclate la bataille de Qamdo en 1950. C’est un important tournant dans l’histoire de Qamdo, voire du Tibet. On a vu naître cette année-là un pouvoir du peuple.

Lorsque la grande réforme au Tibet commence en 1959, le petit Qiangba Puncog vient d’entrer à l’école primaire. « C’était tout à fait inimaginable dans l’ancien Tibet », nous dit-il.

L’école a changé son destin, mais aussi celui de beaucoup d’autres enfants. En 1970, diplômé, il entre à l’usine. Il travaille d’abord comme technicien, puis directeur d’atelier, directeur d’usine, secrétaire général du comité du Parti du district, de la préfecture et de la ville, pour finalement devenir en 2003 le président de la Région autonome du Tibet. Il a pu constater de ses propres yeux les grands changements du Tibet.

Avant la réforme démocratique, les techniques arriérées de production entravaient gravement le développement de la productivité sociale du Tibet. La réforme démocratique a fait naître un nouveau Tibet de l’égalité entre les différentes ethnies, de l’union totale, de l’entraide et de la prospérité commune. Selon les archives, par rapport à 1959, année du commencement de la réforme démocratique, la valeur ajoutée industrielle et la valeur totale de la production du Tibet d’aujourd’hui ont respectivement augmenté 170 et 59 fois. En quelques dizaines d’années, le Tibet a réalisé un essor économique rapide sans précédent dans l’histoire.

Champs dorés d’orge du Tibet

Selon les statistiques de l’ancien gouvernement local du Tibet, en 1950, environ 90 % des habitants n’avaient pas leur propre logement. Aujourd’hui, chaque pasteur et chaque paysan dispose en moyenne de 22, 83 m2 de surface habitable, à peu près le niveau moyen de Chine.

L’ancien Tibet n’avait aucune route digne de ce nom. En 2008, presque tous les districts sont desservis par des routes goudronnées, totalisant une longueur de 51 300 km. Un réseau de transport routier, ferroviaire et aérien y est déjà formé.

Dans l’ancien Tibet, l’écrasante majorité des habitants n’avait pas les moyens de se faire soigner. Actuellement, tous les pasteurs et paysans de la région sont couverts par une assurance médicale basée sur les soins gratuits. L’espérance de vie des habitants du Tibet est passée de 35,5 ans avant 1959 à 67 ans aujourd’hui.

Qiangba Puncog, président de la Région autonome du Tibet, visite le pasteur tibétain.Qiangba Puncog,

Avant la réforme, il n’y avait aucune école au sens moderne. Le taux de scolarité des enfants était de moins de 2 % et le taux d’analphabétisme des jeunes et des adultes atteignait 95 %. Aujourd’hui, dans toute la région autonome du Tibet, les frais de nourriture, de logement et d’études des enfants de paysans et de pasteurs sont totalement pris en charge par l’État pour la phase d’enseignement obligatoire. On a pratiquement réussi à y généraliser l’enseignement obligatoire de 9 ans et à y accomplir l’alphabétisation des jeunes et des adultes.

« Du gouvernement central au gouvernement local, nous entendons souvent une voix :“ Nous réalisons un développement pour le peuple, qui a besoin du peuple et dont les fruits doivent être partagés par le peuple.” Cinquante ans après la réforme démocratique, les conditions de production et de vie des paysans et des pasteurs tibétains ont bien évolué par rapport à celles d’autrefois; pourtant, comparé aux régions côtières, le Tibet est encore la région la moins développée en Chine. La vie d’une minorité de personnes est encore relativement difficile. Le développement économique et social a encore une certaine distance à parcourir pour atteindre l’objectif de la construction d’une société harmonieuse. Je suis toujours très attentif dans mon travail car je sais bien que chaque action du gouvernement que je dirige est directement liée aux intérêts du peuple, à la stabilité et au développement du Tibet. Je dois donner le meilleur de moi-même pour le plus grand bonheur du peuple du Tibet », explique Qiangba Puncog.

En 2006, dans son Rapport sur l’activité du gouvernement, lors de l’Assemblée populaire de la région autonome du Tibet, Qiangba Puncog a fait les trois promesses solennelles suivantes. Fin 2010, plus de 80 % de la population rurale de toute la région disposera d’un logement sécurisé et convenable; chaque village administratif sera pourvu de l’eau courante, de l’électricité, de routes, des télécommunications, de la radiodiffusion et de la télévision; tous les comités du Parti et les comités de villageois seront dotés de salles d’activités polyvalentes. Jusqu’à présent, 870 000 paysans et pasteurs, soit 172 000 foyers, ont déjà trouvé des logements décents. La population nomade est presque sédentarisée. Au Tibet, tous les districts sont dotés du câble à fibre optique et tous les cantons ont le téléphone et le fax. Dans les environs de Lhasa, tous les bourgs sont connectés à Internet. Pendant les trois premières années de la période du XIe Plan quinquennal (2001-2005), le nombre de nouveaux usagers de l’électricité était de 558 500 et 810 000 personnes avaient accès à l’eau potable. L’aspect de la région agricole et pastorale a profondément changé.

Ces dernières années, avec la mise en service du chemin de fer Qinghai-Tibet et l’aéroport de Nyingchi, ainsi que l’application du projet de logement décent et de celui de la prospérité de la région frontalière et de l’enrichissement de la population, le Tibet a enregistré des progrès dans les domaines économique et social. Mais Qiangba Puncog trouve que sa mission est de plus en plus vaste.

« Grâce aux soins spéciaux du gouvernement central, dans certains domaines, le Tibet devance un peu les autres régions de l’intérieur du pays. Il y a 25 ans, le Tibet était le premier à abolir la taxe sur l’agriculture. En 1985, c’est l’État qui a commencé à prendre en charge les frais de nourriture, de logement et d’études des élèves des écoles primaires et secondaires dans la région agricole et pastorale. Avant d’autres régions de la Chine, le Tibet a mis en place en ville l’enseignement obligatoire gratuit et l’assurance médicale, et dans la région agricole et pastorale le système de soins médicaux et le minimum vital. » Aux yeux de Qiangba Puncog, le gouvernement doit fermement faire tout ce qui est favorable à la stabilité, au développement du Tibet et à l’amélioration de la vie de la population.

L’élévation du revenu des paysans et des pasteurs, l’amélioration des conditions de production et de vie sont les plus grandes préoccupations de Qiangba Puncog. Il considère toujours ce travail comme sa première tâche. Rien qu’en 2008, les subventions destinées aux paysans ont atteint 395 millions $US, soit une augmentation de 28,6 % par rapport à celles de l’année précédente. La récolte des céréales a été abondante. La production totale de l’agriculture a atteint 950 000 tonnes et la rentabilité de l’élevage s’est élevée de manière stable. Selon les statistiques, le revenu annuel moyen des paysans et des pasteurs a atteint 464 $US, soit un accroissement de 13,7 % par rapport à celui de l’année précédente.

« Celui qui a subi le froid de l’hiver apprécie la chaleur du soleil. Nous, les gens qui avons connu l’ancien Tibet, pouvons bien nous en rendre compte. Le grand changement du Tibet a dégagé une vérité : seuls la direction du Parti communiste chinois, le système socialiste et le système de l’autonomie régionale des ethnies minoritaires peuvent sauver le Tibet, le développer et le faire prospérer; toutes les ethnies peuvent mener une vie heureuse », conclut Qiangba Puncog avec émotion.

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