Sommaire du Mai 2001
 

L'école privée:

plus d'occasions d'éducation

FENG JUN est en train de faire sa maîtrise dans une université des Etats-Unis. Si l'Institut de formation des interprètes de Xi'an ne lui avait pas donné une occasion d'étudier alors qu' elle avait échoué à l'examen d'admission à l'université, elle aurait été une personne inactive.

L'éducation chinoise vit une transformation en fonction du développement économique connu depuis une vingtaine d'années. La réforme du concept et des méthodes d'éducation est peut-être progressive et imperceptible, mais le changement du mode d'établissement des écoles ou de leur propriété est évident. L'université est déjà passée d'un mode uniforme à un mode multiforme: école étatique, école privée, école cogérée par l'Etat et un individu, certains établissements d'enseignement étrangers ayant même l'intention d'occuper une place dans le domaine de l'éducation chinoise.

Le contexte chinois de l'éducation

L'éducation est la base des opportunités. D'après des études effectuées aux Etats-Unis, le niveau d'études, la capacité de revenu, le degré de participation sociale et les succès politiques sont directement proportionnels à de nombreux points forts personnels. Mais en Chine, les systèmes traditionnels d'éducation et du personnel ont toujours été à sens unique. Un élève diplômé de l'école secondaire du 2e cycle qui ne réussissait pas l'examen d'admission universitaire n'avait pas beaucoup d'occasions d'être réadmis dans le système scolaire et de trouver un emploi convenable. La plupart de ceux qui avaient échoué à cet examen étaient obligés d'hériter du statut et du rôle social de leurs parents et de passer leur vie comme membre des plus bas-fonds de la société: paysan, ouvrier et petit marchand, etc. Voilà pourquoi les parents chinois cherchent par tous les moyens à faire entrer leur enfant à l'université. Comme le dit un dicton chinois: " Tout le monde passe sur le même pont ", cela reflète la vérité cruelle et aléatoire de l'examen d'admission à l'université en Chine.

C'est dans ce contexte que l'université privée est apparue. Au début, elle n'était qu'un complément de l'université d'Etat ou plutôt une occasion accordée à ceux qui n'avaient pas réussi l'examen. D'ailleurs, les conditions de ces écoles ne sont pas bonnes, le nombre de leurs enseignants n'est pas suffisant, leur expérience de gestion est faible, ces écoles sont difficilement acceptées à cause de leur manque de prestige, la recherche d'emploi de leurs étudiants diplômés est encore un problème difficile. Malgré tout, l'enseignement privé a créé pour ces jeunes une occasion de recevoir l'éducation supérieure et trouvé pour lui-même une voie d'existence. L'université privée s'approche doucement du territoire occupé depuis toujours par l'établissement d'enseignement supérieur d'Etat.

Enseignement privé: encore un pis-aller?

Ces dernières années, le gouvernement et le peuple chinois se rendent tous les deux compte du rôle important joué par l'enseignement supérieur dans le développement économique de l'Etat et dans la vie de la population. En même temps que les parents réduisent leurs dépenses pour faire entrer leur enfant par la " grande porte " de l'université, ils leur donnent réellement un avenir prometteur. La consommation considérable consacrée à l'éducation apporte une contribution inestimable à la prospérité du marché intérieur. C'est " une vache grasse " dont le gouvernement et les écoles étatiques peuvent retirer un gain. Ces écoles ont changé d'attitude par rapport à celle qu'elles avaient adoptée autrefois, utilisé leurs avantages de contingent d'enseignants et d'équipements pour ouvrir toutes sortes de disciplines et attirer ceux qui avaient échoué à l'examen d'admission universitaire. Dans ce contexte, l'université privée, complément de l'université d'Etat, est devenu une rivale.

C'est avec les chiffres suivants qu'on peut réaliser les belles perspectives de ce type d'institution d'enseignement: dans la ville de Xi'an, chef-lieu de la province du Shaanxi, au moment de l'admission des étudiants à la session d'automne 2000, quatre universités privées ont admis 30 000 étudiants, dont l'Institut de formation des interprètes de Xi'an en a admis le plus grand nombre. Dans cette ville moyenne, on compte six universités privées ayant 10 000 étudiants chacune. Le nombre total des étudiants dans les universités privées de la ville atteint 120 000, alors que celui des étudiants dans les écoles pour adultes est de 110 000. En plus, 200 000 jeunes font leurs études dans 40 établissements d'enseignement supérieur d'Etat.

Actuellement en Chine, il y a 50 universités privées autorisées par le ministère de l'Education et certaines ne détiennent pas encore cette qualification. Parmi celles-ci, une centaine d'écoles remarquables sont devenues, après autorisation du ministère de l'Education, des unités pilotes jouissant du droit d'offrir les examens du tiers des cours et de délivrer le diplôme d'études supérieures.
Ces chiffres ne sont peut-être pas impressionnants, mais on peut dire que c'est un bon début pour l'enseignement privé. Ce qui est intéressant, c'est qu'à proximité du quartier où se rassemblent les universités étatiques des grandes et moyennes villes chinoises, des écoles privées existent toujours, à Beijing, à Shanghai et dans les villes côtières par exemple. Même à Xi'an, une ville de l'intérieur de la Chine, on trouve aussi cette tendance. Bien qu'il en soit ainsi, l'université privée se trouve dans une situation défavorisée vu l'influence des conceptions et du système traditionnels. Le gouvernement est très exigeant pour reconnaître la qualification de ces institutions d'enseignement. Aux yeux de ceux qui s'occupent des écoles privées, un système et des règles de concurrence équitables font encore défaut. Le département concerné de la localité où se trouve l'école privée la considère souvent comme une source de revenus et non pas comme une cause éducative favorable à l'élévation de la qualité de la population. D'ailleurs, pour les écoles de ce genre, on a aussi érigé des obstacles au plan de la fiscalité. Quant aux candidats aux examens, leur premier choix est encore l'université d'Etat, et l'école privée reste un pis-aller en cas d'échec à l'examen. Ils sont presque considérés comme des citoyens de seconde classe, dénués de fierté. Cette situation a empêché le développement de l'université privée.

Un secteur en formation

Pour les entrepreneurs prévoyants de l'enseignement privé, développer l'université privée pour qu'elle puisse posséder une capacité concurrentielle comparable à celle de l'université étatique dans tous les domaines signifie non seulement plus de choix et d'occasions pour l'éducation et les étudiants, mais plus important encore, dans un cadre pluridisciplinaire de concurrence, une réforme profonde et radicale de l'enseignement supérieur chinois en ce qui concerne sa conception, son mode d'enseignement et sa capacité de répondre au besoin de développement des temps modernes, etc. En se basant sur cette réflexion, les directeurs de certaines universités privées ont pris des mesures à long terme. L'Institut de formation des interprètes de Xi'an en constitue encore un exemple éloquent. M. Ding Zuyi, directeur de l'Institut, a jugé bon que l'université privée devait abandonner son ancienne image qui datait de plus de 10 ans, caractérisée par une simple classe louée, un professeur invité et quelques craies. Pour lui, l'université privée doit beaucoup investir dans les travaux d'infrastructures, l'équipement, le contingent des professeurs et la gestion, etc. Son institut s'étend sur une superficie de 1 000 mu (1/15 hectare), possède des bâtiments d'une superficie de 300 000 m2, plus de 20 laboratoires de langues, d'ordinateurs, etc. plus de 4 000 chambres pour étudiants. L'Institut est aussi équipé de toutes sortes d'appareils modernes. Suivant les caractéristiques de l'enseignement des langues étrangères, l'institut pratique une mode de gestion dit " fermé ", les étudiants pouvant étudier, l'esprit concentré, dans un environnement spécial.

Un vieil adage chinois dit: " Il faut bien préparer les outils avant de commencer le travail ". L'Institut de formation des interprètes de Xi'an répond bien à ce critère. Il n'a demandé aucun sou à l'Etat et il a un avoir de trois cent millions de yuans. Depuis sa fondation il y a 14 ans, environ 10 000 étudiants y ont diplômé. Les entreprises à capitaux mixtes ou exclusivement étrangers se disputent ces diplômés. 98 % de ceux-ci ont trouvé du travail. Parmi eux, 20 % sont allés approfondir leurs connaissances à l'étranger. En 1998, 1999 et 2000, l'institut a respectivement admis 6 800, 7 000 et 9 700 nouveaux élèves. Ce qui est fort significatif, c'est que 80 % d'entre eux ont obtenu une note d'examen supérieure à la note de base fixée par la province du Shaanxi pour l'entrée à l'université d'Etat. Cela prouve que cet institut n'est plus le " refuge " de ceux qui avaient échoué à l'examen d'admission à l'université d'Etat. Au contraire, il est devenu un objectif à réaliser pour les prétendants qualifiés à l'enseignement supérieur.

Dans les années 50, Milton Friedman, un célèbre économiste américain, a avancé l'idée de choisir les universités. Son but était d'introduire dans l'éducation la concurrence du marché, de laisser aux parents des élèves plus de possibilités de choisir les universités pour leurs enfants et, enfin, de permettre aux enfants de différentes races et de différents classes sociales d'avoir plus de choix pour recevoir une éducation. Dans le cas de l'éducation chinoise, l'université privée fait référence à cette conception. La mobilisation de différentes forces sociales pour gérer l'éducation peut d'une part, soulager la lourde charge du gouvernement et, d'autre part, créer plus d'occasions pour l'éducation. Comme a dit M. Ding, l'université privée joue et jouera encore un important rôle dans l'approfondissement de la réforme éducative, le renforcement et le développement de l'économie de marché, le soulagement de la contradiction caractérisée par " moins d'universités et plus d'étudiants ", l'augmentation de la qualité des habitants et la formation de personnes qualifiées. L'université privée possède un bel avenir.

HAO LIDONG

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