De
l'obscurité à
la clarté
-Le
cinquantenaire de la libération pacifique du Tibet

Depuis
la dynastie des Yuan, il y a plus de 700 ans, le gouvernement central
de la Chine exerce un pouvoir souverain sur le Tibet. Au XIXe siècle,
la Chine a subi l'agression des puissances impérialistes.
Ces pays ont fait des incursions dans l'intérieur de la Chine,
mais ils ont aussi pénétré au Tibet. Ils ont
monté cette région contre sa patrie. A la veille de
l'avènement de la Chine nouvelle en 1949, comme les activités
sécessionnistes de ces pays s'étaient aggravées,
peu de temps après la fondation de la République populaire
de Chine, le Comité central du Parti communiste de Chine
et Mao
Zedong
ont donné l'ordre de libérer pacifiquement le Tibet.
La libération pacifique a débuté à Qamdo.
A travers le développement de ce petit bourg de l'est du
Tibet, on peut découvrir le parcours des derniers 50 ans.
L'évocation de Li Guozhu, une combattante de l'APL qui a
participé à la libération de Qamdo, permet
de connaître les efforts déployés par les Han
et les Tibétains et l'abnégation dont ils ont fait
preuve.
Cinquante
ans ne sont pas une longue période dans l'histoire de l'humanité.
C'est justement pour cela que la transformation du Tibet est si
précieuse et si réjouissante. Raidi, président
du Comité permanent de l'APN de la région autonome
du Tibet, nous présente cette métamorphose. C'est
une occasion de bien connaître le nouveau Tibet.
-NDLR
Le
Tibet, de plus en plus
proche de nous
Entretien avec Raidi,
président du Comité permanent de l'APN du Tibet
"
Les 50 ans qui ont suivi la libération pacifique constituent
une marche de l'obscurité vers la clarté, du retard
vers le progrès, de l'ignorance vers la civilisation, de
la pauvreté vers la richesse, de la fermeture vers l'ouverture.
" C'est en ces termes que Raidi a évalué la situation.
On compare souvent l'ancien Tibet à la société
européenne du Moyen Age. Le gouvernement et les nobles monopolisaient
le pouvoir politique et les moyens de production, même l'occupation
des serfs. Les propriétaires décidaient à leur
gré de la vie et de la mort des serfs, et ceux-ci n'avaient
aucun droit. Ils travaillaient inlassablement, mais vivaient dans
le dénuement le plus complet. Le fruit de leur travail allait
aux propriétaires. En 1951, la libération pacifique
du Tibet a fait franchir à cette région le premier
pas vers la civilisation et le progrès. Quelques années
plus tard, en 1959, la réforme démocratique a éradiqué
complètement le système de l'exploitation cruelle,
et elle a édifié une nouvelle région où
l'égalité et la liberté ont fourni des conditions
favorables au développement et à la vie du peuple
tibétain.
Aujourd'hui,
autour du Potala, une ville moderne se dresse. Les voitures roulent
dans des grandes avenues plutôt que dans des chemins bourbeux.
Dans les vallées désertiques où déambulaient
des caravanes de yacks, sont construites des routes qui serpentent
dans les montagnes. Maintenant, aéroport, écoles,
tours de TV, industries modernes, sont partie composante du Tibet,
tout comme les anciens temples.
C'est la population du Tibet qui a vécu le plus grand changement.
Le "Toit du monde " n'est plus isolé du monde extérieur.
Comme la population d'ailleurs, celle du Tibet lit le journal, utilise
les appareils de télécoms modernes, s'instruit et
va travailler tous les jours aux usines ou dans les magasins, et
même prend les informations dans Internet.
Les Tibétains peuvent annoncer fièrement que, en 50
ans, il ont créé un nouveau Tibet.
Dans
ce contexte, le président a pris plaisir à parler
avec notre journaliste du développement économique,
de la construction des infrastructures, de l'amélioration
du niveau d'éducation, etc.
Notre entretien a commencé par la construction du chemin
de fer Qinghai-Tibet, approuvée récemment. C'est un
chemin de fer long de 1 100 km qui sera construit en six ans et
qui reliera Lhasa, la capitale de la région autonome du Tibet,
à Golmud, ville de la province du Qinghai. La construction
de cette ligne est du jamais vu dans le monde.
"
Ne minimisons pas les difficultés de cette ligne de 1 100
km; une moitié va traverser des terrains glacés en
permanence et l'autre moitié passera dans des hautes montagnes
dont l'altitude se situe à 5 000 m. Pour cette raison, la
construction de cette ligne remporte deux records mondiaux : celui
du chemin de fer le plus long sur le haut plateau et celui du plus
long sur un terrain glacé en permanence. " Il dit avec
fierté : " Ce chemin de fer doit surmonter les risques
de glissement de terrain, les coulées boueuses, l'érosion
des roches, traverser une zone de séisme et les deux réserves
de protection de la nature sur le haut plateau Qinghai-Tibet. La
construction doit tenir compte de la protection des animaux sauvages,
de l'environnement de vie, de l'environnement botanique de la zone
de la source du Yangtsé et de celle du fleuve Jaune, ainsi
que de la santé, des heures de travail, de l'alimentation
en oxygène et du mal des montagnes après la mise en
chantier dans cette zone à haute altitude. "
Ce genre de difficultés a empêché à deux
reprises le démarrage de la construction de cette ligne.
La première fois c'était dans les années 50
et, la deuxième fois, la construction a commencé en
1979, mais on a dû l'arrêter à l'entrée
du Tibet.
"
Le Tibet a besoin de cette ligne ferroviaire ", affirme le
président Raidi.
Au cours des six dernières années, le PNB du Tibet
a augmenté annuellement de plus de 10 %, et le taux moyen
annuel de croissance a atteint 12,9 %, ce qui permet à la
région de se classer au premier rang au pays. Cependant,
sur le continent chinois, le Tibet est la seule région à
ne pas être reliée par le chemin de fer. Le transport
aérien est relativement limité; quant au transport
routier, il est toujours influencé par le climat rigoureux
de cette région et il est interrompu de temps en temps.
Les produits de l'agriculture et de l'élevage sont abondants,
mais les difficultés d'accès entravent leur exportation
et même leur circulation à l'intérieur du Tibet.
Les secteurs industriels établis récemment comme la
pharmacie, les minerais, l'alimentation verte et le secteur touristique
ont besoin d'une ligne de transport stable pour importer des matières
premières et amener les touristes.
Pour dissiper les préoccupations liées à la
mise en service de la ligne ferroviaire, le président Raidi
affirme : " Ce chemin de fer ne devrait pas causer de dégâts
à l'environnement. "
Après
l'arrêt de la construction du chemin de fer en 1979, des scientifiques
et des techniciens venus de tous les coins du pays n'ont jamais
cessé leur prospection et les tests sur place. Ils ont présenté
un projet plus global sur la construction de cette ligne, y compris
la protection de l'environnement, afin de réduire au maximum
les dégâts qu'elle pourrait causer par cette ligne.
Dans les zones des sources des fleuves Yangtsé, Jaune et
Mékong où passera le train, avant l'installation des
rails, on verra à relocaliser les herbes et les arbres.
Le
train ne passera qu'en bordure de la réserve de protection
de la nature Hoh Xil et ne devrait pas empêcher les animaux
sauvages d'y vivre. Malgré tout, le ministère du Chemin
de fer demande de construire un passage spécial permettant
aux animaux de traverser le chemin de fer librement.
L'investissement
total de ce chemin de fer dépasse 13 milliards de yuans,
l'équivalent de la valeur globale de la production annuelle
du Tibet. C'est un moteur puissant qui peut propulser le développement
économique du Tibet. Et Raidi de poursuivre : " Le chemin
de fer Qinghai-Tibet aura une influence sans précédent
sur le Tibet, accélérera son développement
économique et poussera en avant le progrès social
et le développement des secteurs divers comme le tourisme,
l'exploitation des ressources, le commerce, etc. "
Cette ligne raccourcira la distance entre le Tibet et les autres
régions du pays et le monde, non seulement au plan géographique,
mais aussi dans les domaines de l'économie, de l'éducation,
de la culture et des autres dans lesquels les Tibétains déployent
maintenant tous leurs efforts.
Le
président Raidi a aussi parlé de l'éducation.
Selon ses dires, le taux de fréquentation scolaire atteint
85,8 %, les taux de couverture de la radiodiffusion et de la télédiffusion
sont de 77,8 % et de 76,2 %. Dans dix ans, à Lhasa, pour
la zone urbaine, la qualité de l'éducation aura atteint
le niveau moyen de l'intérieur du pays et, dans 15 ans, la
modernisation du système d'éducation sera accomplie.
Pour faire correspondre l'éducation aux caractères
du Tibet -vaste étendue peu peuplée- un réseau
de télé-enseignement sera formé au cours des
cinq prochaines années, ce qui bénéficiera
avant tout aux enfants d'âge scolaire de la zone pastorale
et agricole autour de Lhasa et aux enfants des villes qui enrichiront
leurs connaissances par Internet.
Quant
à la maîtrise de l'informatique, les Tibétains
ne tirent pas de l'arrière. Le développement d'Internet
est en plein essor au Tibet. Les cafés Internet qui sont
apparus dans des rues de Lhasa et de Xigazê sont des nouveaux
endroits fréquentés par les jeunes. Des unités
administratives et des entreprises du Tibet commencent à
utiliser Internet pour le recrutement. L'organisme du gouvernement
veut utiliser Internet pour présenter le Tibet. Par conséquent,
le Centre national de l'informatique du Tibet a été
établi. C'est un site Web qui présente le plus grand
nombre d'informations sur le Tibet. Maintenant, ses lecteurs de
partout dans le monde peuvent lire ses deux éditions en chinois
et en anglais.
Le Potala, ancien palais, commence à utiliser l'ordinateur
pour gérer le grand nombre de ses objets anciens.
Pour répondre au développement rapide de son économie,
le Tibet a un besoin pressant d'introduire des personnes qualifiées
de l'intérieur du pays. Lhasa a adopté récemment
des mesures de recrutement. Le personnel nécessaire couvre
tous les secteurs, y compris la gestion d'entreprise, l'exploitation
des ressources touristiques, la technologie, l'informatique, l'urbanisme,
la médecine et la santé publique, l'éducation,
etc. Le gouvernement offre des crédits au personnel scientifique
pour effectuer de la recherche.
Raidi a indiqué : " Il nous faut bien réaliser
que la base de développement du Tibet est faible, le Tibet
manque surtout de personnel qualifié. "
En 2001, la Chine débute le travail du Xe Plan quinquennal
et le Tibet fait face à une nouvelle étape de développement.
Raidi est plein de confiance pour l'économie tibétaine.
Il déclare : " Nous faisons des efforts pour maintenir
une croissance économique annuelle de plus de 12 %. En 2005,
la moyenne du PNB par habitant du Tibet se classera au premier rang
dans l'Ouest de la Chine. "
Pour atteindre cet objectif, le Tibet a élaboré un
nouveau plan qui mettra l'accent sur ses quatre secteurs qui abondent
en ressources: tourisme, agriculture écologique du haut plateau,
pharmacologie tibétaine et minerais, et qui permettra à
tous ses secteurs industriels piliers de s'ouvrir vers l'extérieur.
Aujourd'hui, Lhasa est une ville prospère où se rassemblent
les hommes d'affaires et les touristes de tous les coins du pays
et même du monde. Une femme de l'intérieur du pays
a affirmé que, un jour à Lhasa, elle avait rencontré
plus d'étrangers qu'elle en avait rencontrés à
l'intérieur du pays.
L'aspect urbain et les temples millénaires composent une
image merveilleuse, ce qui illustre précisément l'histoire
du développement du Tibet. S'il n'y avait pas eu cette grande
transformation, il y a 50 ans, quel aspect présenteraient
maintenant Lhasa et le Tibet ? Et comment évalue-t-on l'histoire
des cinq décennies passées ?
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