Sonorité
à la chinoise : le erhu et le guqin
Depuis
des millénaires, la musique a toujours tenu une place importante
dans la culture chinoise et a acquis une touche bien personnelle.
C'est ainsi que les mélomanes du monde entier peuvent associer
facilement à cette culture le son bien particulier de deux
instruments de musique traditionnels, sans même, bien souvent,
connaître leur nom. Ces deux instruments sont le erhu et le
guqin.
Le erhu
C'est
une sorte de violon à deux cordes, appelé aussi huqin.
On dit que son ancêtre remonterait à la dynastie des
Tang (618-907) et l'instrument, le xiqin, à une tribu mongole
appelée Xi. A l'époque de la dynastie des Song (960-1279),
la deuxième génération du huqin était
un instrument solo joué lors des banquets impériaux.
La distinction d'avec le huqin est apparu sous les Ming (1368-1644)
et les Qing (1644-1911), au moment de l'âge d'or des opéras
locaux. Le erhu s'est alors développé en une "
école " différente. Après la fondation
de la Chine nouvelle, la fabrication du erhu, l'art de son exécution
et l'éducation musicale de cet instrument se sont rapidement
développés. Deux artistes célèbres Hua
Yanjun (1893-1950) et Liu Tianhua (1895-1932) ont apporté
une contribution exceptionnelle à l'amélioration du
erhu et ils l'ont fait passer du statut d'instrument d'accompagnement
dans un opéra à celui d'instrument solo.
Le tambour du erhu est la caisse de résonance
de l'instrument et est habituellement fabriqué de bois de
santal ou d'ébène. Il a une forme hexagonale et mesure
environ 13 cm de long. L'orifice avant est recouvert de peau de
python et celui de l'arrière est laissé ouvert ou
rempli de " fenêtres sonores " de différentes
formes. Les fonctions de cette caisse de résonance sont d'amplifier
les vibrations des cordes. Le cou du erhu mesure 81 cm de long et
est fabriqué des mêmes matériaux que le tambour.
A l'extrémité de la tige, la tête est recourbée
et on y trouve les chevilles de réglage. Le musicien fait
émettre des sons en touchant les cordes en différents
points le long du cou de l'instrument. L'archet possède habituellement
des cordes en soie ou en nylon. Il a 76 cm de long et est fabriqué
de roseau que l'on courbe lors de la cuisson. La posture que le
musicien doit adopter pour jouer du erhu est la même que celle
adoptée pour les autres sortes de huqin, la main gauche tenant
le violon et la droite, l'archet.
Le erhu joue souvent un rôle capital dans
les orchestres nationaux. Dans les orchestres plus petits, on a
habituellement 2 à 6 erhu, dans les plus grands, 10 à
12. En fait, le erhu joue le même rôle que le violon
dans les orchestres occidentaux. On l'appelle le prince des instruments
de musique nationaux. La tonalité du erhu est douce, incomparable,
raffinée et polyvalente.
Le guqin
Cet
instrument, dont l'histoire remonte à plus de 2000 ans, a
été introduit du Japon et de la Corée durant
la dynastie des Tang (618-907). Sa musique s'est particulièrement
développée à partir du folklore et de la littérature.
Durant la dynastie des Qing (1644-1911), la plupart des guqin avaient
14 cordes et deux groupes d'octaves. Au fil des ans, le nombre de
cordes a changé, passant de cinq à 49 cordes. Actuellement,
le guqin à 21 cordes est le plus courant.
Le corps du guqin est fabriqué de bois
d'ébène, de bois de corail ou de bois de rose, alors
que la surface et la plaque de base sont fait d'abrasin. La tête
du guqin est appelée yueshan et le sillet est fait de petites
pièces d'os. Les cordes sont tenues ensemble par une épine
de supports. L'épine peut être fabriquée de
bois, de bambou, d'os de chameau ou d'ivoire et avoir différentes
formes, parfois en pyramide, en épée, etc. Une poutre
en croix inclinée, située dans la boîte de résonance,
règle le ton. Chaque corde possède un ton, de sorte
que lorsqu'on accorde le guqin, la corde la plus basse est réglé
au Sol ou au Do. Le musicien doit s'asseoir pour jouer de cet instrument
et laisser un bon espace entre lui et le guqin. Règle générale,
la partie supérieure de son corps, surtout la tête
et les épaules, battent la mesure de la mélodie. Des
médiators sont collés au doigts pour améliorer
le son des cordes lorsque le muscien les touche. Le guqin est particulièrement
approprié pour évoquer les images d'eau, d'arbres
et de firmament.
Différentes écoles sont apparues
au fil de l'histoire. L'Ecole du Zhejiang est renommée pour
sa complexité, celle du Shandong, pour sa sonorité
et sa simplicité, celle de Chaozhou pour sa douceur, alors
que celle du Henan est vivante et osée.
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