CHINAHOY

7-March-2016

Avec sa nouvelle usine, Airbus tente de sécuriser sa place sur le marché chinois

 

 

Dans sa lutte acharnée avec Boeing pour obtenir des parts du marché chinois, Airbus - le plus grand avionneur d'Europe - a lancé la construction mercredi d'une nouvelle structure pour fournir des gros-porteurs à la Chine.

Lors de cette cérémonie dans un port au nord de Tianjin, le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier, et des responsables politiques chinois ont officiellement lancé le début des travaux pour un Centre de finition et de livraison, qui devrait produire deux A330 par mois.

Celui-ci constituera une extension de l'usine déjà existante d'assemblage final pour son monocouloir, l'A320.

Ce projet survient, alors que la croissance économique de la Chine est à son plus faible niveau depuis un quart de siècle et que les incertitudes sur ses perspectives font frémir les bourses du monde entier.

Mais selon Fabrice Brégier : « Cela n'est pas vrai pour notre marché ». Pour lui, la hausse des revenus des classes moyennes et l'assouplissement des règles pour les visas annoncent une explosion du trafic aérien chinois.

Avec une classe moyenne en augmentation et prenant de plus en plus l'avion, la Chine constitue d'ores et déjà le plus grand acheteur d'appareils en Asie. Par ailleurs, les estimations prévoient 1,7 milliard de passagers aériens d'ici 2034 et le pays est destiné à devenir le plus grand marché mondial pour l'aviation civile dans les deux prochaines décennies.

Ce nouveau centre à 150 millions de dollars (137 millions d'euros) est la première structure pour les gros-porteurs à être établie en dehors de l'Europe pour Airbus. Selon Fabrice Brégier, il marque une « nouvelle étape pour l'empreinte d'Airbus à l'international ».

Des appareils aptes à voler mais non-finis y seront envoyés depuis l'usine principale de Toulouse, afin que les cabines, les accessoires et la peinture soient ajoutés avant leur livraison aux clients.

Boeing aussi a annoncé l'année dernière, qu'il prévoyait l'ouverture d'un centre de finition en Chine. En 2015, lors de la visite du président chinois, Xi Jinping, aux Etats-Unis, l'entreprise avait ainsi signé un accord sur la vente de 300 appareils pour une valeur de 38 milliards de dollars.

Airbus et Boeing continuent de se livrer une compétition acharnée pour remporter des parts de marché en Chine, où Airbus annonce être passé de 27 % en 2004 (avant l'ouverture de sa ligne d'assemblage final de Tianjin) à environ 50 % aujourd'hui.

La Chine constitue désormais son plus grand marché et comptait en 2015 pour près d'un quart de ses livraisons.

Quelques jours avant la cérémonie d'inauguration, Air China a notamment annoncé une commande de 12 gros-porteurs, pour un montant de 2,9 milliards de dollars.

A Tianjin, le PDG d'Airbus a annoncé : « Je comprends que notre concurrent essaie de copier la stratégie d'Airbus en ouvrant une nouvelle structure, mais celle-ci n'est pas vraiment du dernier cri. »

Un porte-parole de Boeing a rétorqué : « Il faut plus à un partenariat que quelques bâtiments », appelant ses relations avec la Chine « inégalées » dans le soutien au développement de l'aviation chinoise.

« Donnant-donnant »

La Chine considère l'industrie aérospatiale comme une composante cruciale d'une économie avancée et elle a fait de son développement une priorité stratégique.

L'investissement dans de nouvelles usines en Chine n'est pas seulement un moyen d'augmenter la production, mais également une façon d'obtenir l'approbation du gouvernement, qui contrôle le secteur aéronautique.

« Notre coopération industrielle sert un objectif général, qui est de faciliter nos ventes en Chine », indiquait Andreas Ockel, directeur général de l'usine de montage de Tianjin : « C'est du donnant-donnant. »

L'usine d'assemblage de l'A320 est une joint-venture, détenue à 49 % par des actionnaires chinois. Airbus possède également des opérations conjointes avec d'autres partenaires à travers la Chine, qui produisent certains éléments pour les appareils de la famille de l'A320, comme les portes et les ailes.

« En Chine, les ventes ne sont pas limitées uniquement à leur dimension commerciale », affirme Eric Chen, le président d'Airbus Chine. « Il est également nécessaire d'explorer la coopération industrielle pour renforcer la relation. »

De son côté, Boeing possède des joint-ventures avec Boeing Tianjin Composites et Boeing Shanghai Aviation Services, ainsi qu'un centre d'innovation pour la production.

Le gouvernement chinois encourage les partenariats avec les entreprises étrangères, mais il investit également en masse dans ses champions nationaux, comme la Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC).

Le PDG d'Airbus reconnait la menace d'une future concurrence chinoise, mais ajoute que la coopération s'arrêterait là.

« Nous essayerons de leur rendre la vie aussi difficile que possible. Par principe, je refuse de soutenir le développement d'un concurrent. »

 

Source: french.china.org.cn

 

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