CHINAHOY

3-January-2018

Schneider Electric le précurseur

 

 

 

JULIEN BUFFET, membre de la rédaction

 

 

Fleuron de l'industrie française depuis 1836,le spécialiste de la gestion de l'énergie et des automatismes Schneider Electric accélère aujourd'hui les investissements et l'innovation en Chine.

 

 

Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric

 

Les plus grandes entreprises françaises travaillent depuis plus de 40 ans avec leurs partenaires chinois dans de nombreux secteurs. En Chine, elles représentent un chiffre d'affaire de 100 milliards d'euros et comptent 250 000 employés. Ces chiffres sont le résultat de la diplomatie économique menée par le Comité France Chine (CFC), créé en 1979, qui rassemble les grands patrons industriels et les décideurs politiques des deux pays.

 

Coup de projecteur sur le patron du numéro un européen dans la gestion de l'énergie et des automatismes, secteur clé de l'Industrie 4.0 qui se développe rapidement en Chine.

 

 

Le stand de Schneider Electric à l'Exposition internationale
sur l'énergie éolienne de Beijing en 2016
 
 
 

Le PDG de Schneider Electric : une vieille amitié franco-chinoise

 

Dans le respect de l'héritage laissé par le premier président du CFC Paul Berliet et à l'image de Schneider Electric qui développe ses activités depuis 1979 en Chine, Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric et co-président du CFC, pense global avec ce pays, où il a travaillé pendant cinq ans. Il faut dire que la personnalité du leader européen de l'équipement et de la gestion électrique ne s'est pas forgée dans les salons feutrés parisiens mais sur la rugosité du terrain, d'où un style direct très tôt appliqué au continent asiatique.

 

Installé à Hong Kong depuis 2011, fin connaisseur de la culture chinoise, parlant couramment le mandarin, Jean-Pascal Tricoire a fait de son entreprise Schneider Electric l'un des maillons forts de la coopération sino-européenne. Le mouvement d'urbanisation sans précédent que connaît la Chine actuellement, notamment la création de villes nouvelles écologiques à la périphérie de Beijing ou le modèle d'écoquartier de la ville de Chongqing, a en effet multiplié les opportunités de l'entreprise sur le marché chinois. Comme un emblème, le savoir-faire de l'entreprise a été illustré au G20 de Hangzhou en 2016, quand elle a été choisie pour assurer l'alimentation électrique. Une façon de mieux pénétrer le marché chinois et de s'imposer face aux autres concurrents étrangers, eux aussi très actifs pour remporter des parts de marché en s'alliant avec des entreprises chinoises.

 

La stratégie asiatique et chinoise

 

Cette réussite franco-chinoise est avant tout le résultat d'une compréhension mutuelle et stable sur le long terme. Ainsi, Jean-Pascal Tricoire analyse le ralentissement de l'économie chinoise comme le signe que la croissance du pays est en train de se restructurer pour monter en gamme sa production manufacturière. Cette « nouvelle normalité » de l'économie chinoise a incité Schneider Electric à repositionner ses activités en Chine.

 

Elie Belbel, ancien vice-président senior des solutions machine chez Schneider Electric, expliquait ainsi : « Notre offre de produits était intéressante, nous étions appréciés pour notre technologie et nos pièces. Mais vers 2006-2007, nous avons pris la décision, pour l'entreprise dans son ensemble, de passer des produits seuls aux produits avec solutions. Or, qui dit solutions dit services. » De fait, après avoir déployé une stratégie d'acquisition variée, triplant son chiffre d'affaire à près de 25 milliards d'euros en 2016, Jean-Pascal Tricoire a décidé de vendre les filiales les moins stratégiques, comme le transport, tandis que les secteurs des logiciels et de l'automatisation sont devenus la priorité avec l'acquisition de l'éditeur britannique de logiciel Aveva en septembre 2017.

 

La parution du chiffre d'affaire du troisième trimestre est d'ailleurs l'occasion saisie par le PDG pour expliquer cette stratégie : « Nous restons concentrés sur la croissance des produits et le développement de services et logiciels. […]. Au travers du nouveau groupe Aveva, nous créons un portefeuille complet inégalé dans la gestion digitale des actifs pour les procédés industriels continus et hybrides de nos clients, sur l'intégralité de leur cycle de vie, de la conception à l'exploitation. » L'acquisition s'inscrit donc dans une stratégie de long terme ancrée en Asie. L'exemple le plus édifiant reste l'investissement de 65 millions d'euros sur quatre ans dans la création d'un centre de solutions logicielles pour l'industrie et d'une plate-forme régionale pour les softwares à Singapour.

 

Ainsi Schneider Electric enregistrait-t-il en Chine une croissance à deux chiffres au troisième trimestre de 2017. L'Asie et la Chine sont, plus que jamais, une stratégie gagnante pour l'entreprise qui prévoie une croissance de 20 à 50 points de base par an pour les trois années à venir.

 

Schneider Electric et Siasun dans l'Industrie 4.0

 

Aujourd'hui la Chine est entrée de plain-pied dans l'Industrie 4.0, dont l'interconnexion et la synchronisation de l'ensemble des systèmes de production de l'industrie manufacturière, ouvrant la porte à des économies d'énergies et des bénéfices substantiels.

 

Le mouvement est global. La France comme la Chine se sont dotée d'une stratégie de reconquête industrielle : « La nouvelle France industrielle » en 2013 complétée par l'« Alliance de l'Industrie du Futur » en 2015 d'un côté, le programme « Made in China 2025 » de l'autre. Cette ouverture de la France et de la Chine est parfaitement illustrée par la signature en 2016 d'un accord de coopération entre Schneider Electric et le géant chinois de la robotique Siasun sur la construction conjointe d'un système écologique et d'une plate-forme de services en matière de fabrication intelligente. Cet accord vise à offrir des services destinés à la transformation et à la montée en gamme rapides d'une centaine d'entreprises dans l'ancien parc industriel du Liaoning, et seront ensuite orientés vers des entreprises d'autres régions. Le partage des compétences, du savoir-faire et des marchés chinois et internationaux dans le domaine de la robotique montre en pratique les bénéfices de la formule du « gagnant-gagnant » que les deux entreprises ont bien comprise. Schneider Electric partage son réseau international avec Siasun pour l'aider à se développer dans le monde, tandis que Siasun lui fait bénéficier de son réseau de distribution en Chine et de sa connaissance des tendances industrielles du pays.

 

Une véritable opportunité pour cette entreprise française quand on sait que, selon la Fédération internationale de la robotique (IFR), la Chine est le leader sur le marché des robots industriels avec 25 % des ventes mondiales. Mais il s'agit aussi d'un bond en avant qualitatif pour Siasun. Certes l'entreprise avait présenté en novembre 2015 le premier robot industriel 100 % chinois à 7 axes capable de rivaliser en précision avec les robots occidentaux, mais en même temps l'académicien d'ingénierie Wang Tianran avait pointé un problème qui limitait l'usage d'un robot aussi complexe. L'importation de l'étranger des réducteurs de vitesse et des servomoteurs, mélange d'électronique, de mécanique et d'automatique, augmentait considérablement le coût de fabrication et tout l'enjeu consistait à se concentrer sur la production de ces pièces.

 

La coopération de Schneider Electric apparaissait donc comme une évidence pour construire des usines axées sur la robotique mobile et collaborative.

 

Cet esprit d'innovation et d'échanges sincères entre la France et la Chine sont mis à l'honneur depuis quatre ans par le Comité France Chine. Lors des éditions de la remise des Prix de l'Innovation des Équipes franco-chinoises, dont la dernière a eu lieu le 12 décembre 2017, les plus grandes entreprises françaises comme Dassault System, Suez et bien sûr Schneider Electric ainsi que leurs partenaires chinois respectifs sont régulièrement distingués. Un mouvement que la visite d'Emmanuel Macron en Chine en 2018 devrait amplifier et qui rappelle la justesse de la maxime de Schneider Electric pour résumer la réussite des activités sur le continent asiatique « La vie s'illumine ».

 

 

 

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