CHINAHOY

29-June-2017

Faire connaître l’art du thangka dans le monde

 

L'art du thangka

 

ZHANG XIAO, membre de la rédaction

 

L'amour profond de Wang Rui pour l'art du thangka et la culture tibétaine trouve son origine dans une aventure familiale. Dans son enfance, cet homme de l'ethnie han, né dans la prairie Wulate à l'ouest de la Mongolie intérieure, fréquentait des temples remplis de thangkas, de sutras et de statues du bouddhisme tibétain. Il a ensuite étudié cet art auprès des maîtres anciens. Aujourd'hui, son plus grand souhait est de promouvoir l'art du thangka dans le monde.

 

Un thangka digne d'être qualifié de « trésor ancestral »

 

Tout a commencé avec un thangka ancestral de sa famille, représentant quatre animaux de bon augure.

 

Wang Rui raconte l'origine de ce tableau en commençant par l'histoire de son grand-père et d'un pasteur : « Mon grand-père transportait des plantes médicinales du Hebei jusqu'en Mongolie intérieure. Un jour, une tempête de neige a bloqué sa route, la voiture à cheval s'est trouvée enlisée dans la neige et ne pouvait plus bouger. La nuit allait tomber. Il est très dangereux de passer la nuit dans une prairie déserte. Dans cette situation critique, mon grand-père est monté sur le seul cheval du groupe pour aller chercher du secours auprès des pasteurs. Heureusement, un pasteur se trouvait à proximité. En apprenant la situation, le pasteur a refusé l'argent proposé par mon grand-père et a conduit ses chevaux vers les coéquipiers pour les sauver. »

 

Wang Rui

 

À partir de ce moment, une amitié profonde s'est établie entre le grand-père et le pasteur. Le « trésor ancestral » de chez Wang Rui, le thangka représentant quatre animaux de bon augure, était un cadeau du pasteur.

 

Selon Wang Rui, la légende des quatre animaux de bon augure est souvent entendue en Mongolie intérieure et au Tibet. On dit qu'un petit oiseau tenait une graine dans son bec, et un lapin le vit, creusa un trou où il l'enterra. Peu de temps après, une jeune pousse apparut. Quand un singe qui s'amusait dans les montagnes le vit, il l'entoura de branches pour la protéger et retira les mauvaises herbes autour. Cette scène fut vue par un éléphant, qui décida de venir l'arroser chaque jour avec sa trompe qui puisait de l'eau de source. Grâce aux soins attentifs des quatre animaux, la plante se développa et devint un grand arbre qui porta des fruits abondants. L'arbre était tellement haut qu'il était difficile de cueillir ses fruits. L'éléphant laissa le singe adroit grimper sur son dos, ce dernier dit au lapin léger de monter sur son épaule, et celui-ci porta l'oiseau. Ce dernier cueillit avec son bec les fruits l'un après l'autre, et tous les animaux sous l'arbre ont pu les déguster. Les quatre animaux de bon augure partagèrent les fruits avec toutes les bêtes de la forêt. Leurs efforts conjugués apportèrent la paix et l'abondance au lieu. Ce tableau montre la volonté du peuple tibétain pour l'unité, l'entente et la paix.

 

C'est le sens de ce thangka qui a inspiré l'amour de Wang Rui. « Vivre en bons termes et s'entraider » est devenu sa règle de vie.

 

Un thangka représentant quatre animaux de bon augure

 

La transmission et le développement de l'art

 

Pour développer et transmettre l'art du thangka, Wang Rui est allé souvent enquêter sur les thangkas dans plusieurs régions de Chine, au Qinghai et au Tibet notamment, ainsi qu'au Népal. Alors qu'il voulait photographier les thangkas anciens abrités dans des temples au cœur des régions tibétaines, il a été attaqué par des loups et des yack sauvages. Pour extraire des pigments minéraux naturels, il a marché plusieurs jours et souffert de la faim. Pour trouver l'origine d'une école ancienne, il a parcouru tout un plateau à 5 600 m d'altitude.

 

Wang Rui n'est pas d'accord avec ceux qui disent que « les thangkas se ressemblent et sont reproduits d'innombrables fois, ils ne sont pas des œuvres d'art ». En s'adonnant à la conservation, il a commencé à nourrir des sentiments spéciaux pour l'art du thangka. « Le style des thangkas a des caractéristiques régionales et des critères esthétiques particuliers, qui décident de différentes exigences envers la composition et les couleurs, ainsi que la morphologie des bouddhas et les vêtements », explique M. Wang.

 

Il souligne que la production de thangka, un procédé complexe, nécessite des techniques d'une grande complexité. La durée de création des thangkas est relativement courte. Il faut une dizaine d'années à un apprenti pour devenir un peintre, et rares sont ceux encore actifs après la cinquantaine. Durant leur vie, les maîtres ne peuvent produire que quelques œuvres de qualité, et celles-ci sont d'une valeur artistique évidente.

 

Wang Rui étudie des documents nationaux et étrangers pour mieux transmettre et développer cet ancien art pictural. Après avoir constaté que beaucoup de pigments avaient disparu en Chine, il a parcouru les pays voisins pour en trouver en Inde, au Népal et en Mongolie. Il a fait une mise au point et une classification systématiques de la quarantaine de pigments minéraux utilisés dans les thangkas. En 2013, il a commencé à étudier l'évaluation des thangkas à travers des instruments avancés, tout en créant une banque de données d'analyse sur le thangka et la fresque. Les pigments minéraux ont été pour la première fois évalués avec une précision de 100 % en quelques secondes seulement.

 

Wang Rui a également ouvert un centre de thangka à Beijing, qui a pour mission principale de chercher et développer les pigments minéraux menacés de disparition. Grâce à des efforts incessants, plus de 18 pigments ont été récupérés. En découvrant la technique de broyage de ces pigments, le public a mieux compris cet art magique.

 

Wang Rui a l'intention d'utiliser ces pigments précieux sur ses travaux de thangka, afin de transmettre cette technique ancienne menacée d'extinction et de perpétuer les couleurs éclatantes du thangka.

 

Les pigments minéraux et les minerais (PHOTOS : YU JIE)

 

Promouvoir l'art du thangka sur la scène internationale

 

« Je veux contribuer par mes efforts à diffuser l'art du thangka à travers le monde pour faire connaître l'essence de la culture tibétaine ancienne. Chaque année, j'organise une ou deux grandes expositions de thangkas et plusieurs expositions thématiques pour répandre l'art pictural tibétain », raconte M. Wang. Sa tournée à Malte est celle qui l'a impressionné le plus. « En 2015, j'ai apporté mes œuvres à Malte. Elles ont attiré l'attention de tout le pays et des pays voisins. J'ai accordé une interview exclusive à leur télévision. Je n'avais jamais imaginé qu'ils auraient un si vif intérêt pour l'art du bouddhisme tibétain », s'émerveille-t-il encore. Il y a vu l'espoir de diffuser la culture du thangka sur la scène artistique internationale, et a été plus sûr que jamais de l'épanouissement de cet art dans le monde.

 

Wang Rui s'attache à la promotion internationale du thangka depuis six ans. Il est allé dans de nombreux pays, dont les États-Unis, l'Australie, le Royaume-Uni, Malte, la Turquie, l'Inde et le Népal. Avec le lancement de l'initiative des Nouvelles Routes de la Soie, Wang Rui voit plus d'occasions de transmettre l'art du thangka à l'international. « La voie dans laquelle nous promouvons cet art est dans l'axe de l'ancienne Route de la Soie, observe-t-il. Tout le monde sait que le bouddhisme provient de l'Inde, et que c'est grâce à l'ancienne Route de la Soie qu'il est arrivé au cœur de la Chine. Cette route a non seulement fait découvrir l'art et la porcelaine de Chine à l'Occident, elle a aussi apporté la culture étrangère à la Chine, dont l'art bouddhiste. »

 

Wang Rui constate que de nombreux amis internationaux accordent une grande attention à l'art du thangka, et que des experts étrangers ont mené des études spécifiques sur les caractères de l'art bouddhiste transmis sur la Route de la Soie.

 

À la fin du mois de mars 2017, un noble français décoré et sa femme ont visité la salle d'exposition des thangkas de Beijing ouverte par Wang Rui. La femme était la nièce du premier ministre indien Narendra Modi. Avec la visite de ce couple, Wang Rui a ressenti une nouvelle fois l'importance des rencontres culturelles entre l'Orient et l'Occident, mais aussi la multiplication des échanges entre les peuples favorisés par la Route de la Soie.

 

Wang Rui a désormais une collection de milliers de thangkas, y compris un Abhiseka d'une taille d'une boîte d'allumettes, un Ensoleillement du Bouddha haut de 28 m, des œuvres datant du royaume de Gugé (du Xe siècle au milieu du XVIIe siècle), ainsi que des thangkas de la période de la République de Chine (1912-1949). Transmettre et développer l'art du thangka sont les ambitions de sa vie.

 

 

 

La Chine au présent

 

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