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La Chine championne de la pollution ?
(France) CHRISTOPHE TRONTIN
Dans l'article Alerte rouge chinoise sur la carte mondiale de la pollution, Le Monde décrit une « gigantesque chape de pollution qui s'est abattue sur Beijing ». La Croix renchérit avec un article intitulé La pollution étouffe et gangrène la Chine, tandis que Le Point « s'émeut des affections respiratoires qui frappent la population ». Selon RFI qui pointe le récent rapport de Greenpeace, « 74 % des principales villes ne respectent pas les normes nationales de qualité de l'air ».
Pourtant des mesures sont prises, et elles sont radicales. Depuis 2008, la gestion des questions d'écologie est centralisée dans le ministère de la Protection de l'Environnement. Lors de la Conférence sur le climat de Copenhague, en 2009, la Chine fut la seule, parmi les principales puissances économiques, à annoncer des solutions et des plans d'investissement concrets, dont on a pu constater l'avancement lors de la COP21 à Paris six ans plus tard, alors que les autres principaux pays pollueurs, comme l'Inde et les États-Unis, continuaient de jouer l'Arlésienne et que l'UE campait sur des positions plus que modestes. Le XIIIe Plan quinquennal (2016-2020) fait d'un assainissement de l'environnement une de ses priorités. Une campagne de reboisement à grande échelle se poursuit depuis des années dans les zones menacées de désertification. Des premiers résultats sont d'ailleurs enregistrés : l'année 2016, et malgré une croissance économique qui reste forte, a vu pour la première fois une baisse des émissions de CO2.
Une loi adoptée fin 2016 prévoit la création d'une sorte de « fonds carbone » qui tire les leçons des avantages et des points faibles de la « bourse carbone » européenne. Après avoir expérimenté plusieurs solutions, la Chine a finalement opté pour un système national de quotas échangeables. Un « marché du CO2 » qui sera mis en place d'ici à la fin de l'année et qui concernera plus de 8 000 grandes entreprises des huit secteurs les plus polluants. Cette loi qui concerne aussi bien l'air que l'eau, les sols ou le niveau sonore, fixe ainsi un prix de 1,2 yuan (0,16 euro) par unité d'émission polluante, par exemple 950 grammes de dioxyde de soufre. De même, une usine devra s'acquitter d'une taxe variant entre 350 et 11 200 yuans par mois (entre 48 et 1 542 euros) en fonction des décibels émis, alors que le prix des déchets solides ira jusqu'à 1 000 yuans par tonne (138 euros). Ce qui fait dire à Atlantico, citant la promesse du premier ministre Li Keqiang de « rendre aux citoyens un ciel plus bleu », que la Chine est en pleine « révolution verte ». Le journal donne ainsi la parole à Matthieu Timmerman, de l'ONG Planète Urgence, qui affirme, en parlant des blocages « ce n'est pas la mauvaise volonté du gouvernement, c'est simplement qu'il y a des freins. Des freins au niveau des entités locales et surtout des grandes entreprises qui n'ont pas forcément envie de se voir appliquer des lois sur l'environnement ». Ce spécialiste déplore en outre que l'urbanisation de la Chine se fait pour l'instant sur un modèle occidental (étalement urbain, motorisation à outrance) qui n'est pas adapté au contexte chinois et très dommageable sur le plan environnemental.
Pourtant des progrès sont indéniables.
Non contente de dénoncer les problèmes, la presse libre minimise aussi les progrès, pourtant spectaculaires, enregistrés par les autorités en matière de tournant énergétique, de reforestation, de dépollution et d'investissement dans les énergies durables. « Ces dernières années, la quantité des particules fines dans l'air a baissé en moyenne de 6,6 % seulement » affirme ainsi RFI, sans préciser que ces chiffres s'inscrivent dans le contexte d'une croissance économique forte et surtout d'une explosion du nombre des véhicules personnels. En termes de tournant écologique, la Chine fait bien mieux que les pays occidentaux qui pourtant ont l'avantage d'une économie stagnante, d'un taux de motorisation qui n'augmente plus et de délocalisations qui déplacent vers d'autres pays leurs problèmes environnementaux.
L'écologie est certes une question politique, et le gouvernement chinois a montré sa volonté d'améliorer les choses. Mais c'est aussi l'affaire des citoyens. En Chine et ailleurs, c'est maintenant à eux de passer des paroles aux actes. Les slogans « réduire son empreinte carbone », « sauver la planète », « penser global, agir local » ont bien été assimilés par les consommateurs qui ont adopté avec bonne volonté le tri des ordures. Mais un long chemin reste à parcourir avant qu'ils ne renoncent à l'automobile (qu'elle soit électrique ne fait que déplacer le problème), aux supermarchés, aux gadgets jetables et aux fruits et légumes venus de l'autre bout du monde. Les consommateurs du monde entier se complaisent dans l'hypocrisie, consommant toujours plus et rejetant la responsabilité de la pollution sur l'industrie et les gouvernements. Il est temps de comprendre que le développement durable, ce n'est pas que l'affaire des autres.
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