CHINAHOY

27-February-2015

« Un jour, je serai sinologue ! »


Photo de groupe au Concours international de chinois 2014.

 

SÉBASTIEN ROUSSILLAT, membre de la rédaction

David a 21 ans et est originaire d'une petite ville dans le sud de la Russie, près de la Géorgie. Au départ, rien ne laissait présager qu'un jour il ferait ses études en Chine, ni qu'il abandonnerait son projet de devenir architecte pour se lancer dans l'étude de la culture chinoise.

Cette année, il a participé au Concours international de chinois pour les étrangers de la CCTV internationale et en a obtenu le premier prix. Ce n'était pas la première fois que David participait à ce type de compétition. En 2012, il avait été éliminé du même concours à la première manche, ce qui lui avait laissé le goût amer de la revanche et lui avait donné envie de retenter sa chance. En sa faveur cette fois-ci.

Mais David est également connu en Chine sous le titre du « plus beau président de comité d'étudiants de Chine », grâce à une photo d'identité de lui postée par l'université sur le Weibo officiel de celle-ci. Il est devenu la coqueluche de son école en l'espace d'une nuit et compte des fans un peu partout en Chine aujourd'hui.

Beau, oui, mais cela ne suffit pas ! Car David préfère étudier, on ne se déconcentre pas ! Il étudie beaucoup, tellement qu'il prend l'accent docte de ses professeurs pour parler lorsqu'il vous explique quelque chose. Des connaissances livresques, David en possède énormément et ne manque pas une occasion de vous en apprendre sur la langue ou la culture chinoise. Il essaie même de coller les Chinois, mi-admiratifs, mi-agacés par ce show-off érudit.

Supériorité de l'esprit

Depuis son enfance, David parle plusieurs langues, sauf l'anglais qu'il est en train d'apprendre. Parmi celles-ci : le russe, l'allemand, l'italien, le japonais et le chinois. Son intérêt pour le chinois lui est venu dès son enfance lorsqu'il jouait avec des jouets estampillés en chinois « Made in China ». Il voulait savoir ce que les caractères signifiaient.

Puis, il s'est mis au japonais, qu'il parle très bien. Et naturellement, avec les kangji japonais, il s'est penché vers le chinois et a découvert que la culture antique chinoise l'intéressait aussi. Alors pendant ses années de lycée, au lieu de bien réviser pour entrer dans l'école d'architecte où il voulait aller, il s'est consacré à l'étude du chinois en autodidacte et a raté son examen. Depuis, il récite à tout-va du Confucius et des poèmes du Classique des Odes... Un mal pour un bien.

Avoir autant de connaissances sur la Chine, c'est en grande partie ce qui lui a permis d'entrer dans le concours : car dans la version de cette année, il était question uniquement de culture et de connaissances sur la Chine. Dans la nouvelle version, plus de performance artistique. C'est donc devenu un concours d'érudition « à la chinoise ». David en a le profil parfait au premier comme au second degré selon les Chinois, puisqu'il ne peut pas s'empêcher de citer des proverbes chinois, de faire appel à ses connaissances pour parler et de s'adresser d'une façon doctorale à ses amis. Il se dit même capable de corriger les fautes des Chinois lorsqu'ils utilisent du vocabulaire à mauvais escient...

 

David Kolosov.

 

Un besoin de revanche

À l'époque de l'édition 2012 du concours, David avait subi un échec, et comme qui dirait, un « traumatisme post-concours ». Il n'avait pourtant qu'un an de chinois derrière lui. Mais voyant tous ces autres candidats parlant mieux chinois que lui et connaissant mieux la Chine, l'esprit diabolique de la revanche a commencé à germer en lui et il s'est donné comme objectif de repasser le concours quelques années plus tard et de le gagner !

S'en sont suivies des études fièvreuses pendant deux ans en licence de chinois-japonais à la BLCU, une excitation mentale intense pour rattraper son retard et dépasser si possible les autres. Il a donc acheté une palanquée de livres sur la Chine, sur la langue chinoise, rattrapé son retard en chinois classique, en poésie chinoise, a mis les bouchées doubles et a finalement dépassé la majorité des candidats du concours. Un peu dans le style d'un Tanguy (film français traitant d'un jeune Français de 27 ans, professeur de chinois très érudit utilisant sans cesse des proverbes chinois pour parler) mais russe, il fait montre de ses connaissances dès qu'il le peut et impressionne les Chinois qui tantôt l'admirent tantôt sont gênés par ce M. Je-sais-tout qui les reprend sur leur mandarin.

Une vie bien remplie

Il mène une vie bien remplie à l'université, où, en plus de ses cours, il est la « mascotte » de la BLCU. Célébrité inopinée, mais qui lui a bien servi, puisque même sans avoir gagné le concours de 2012, il a été invité à des émissions de télé de divertissement dont le taux d'audience dépasse même celui de la CCTV internationale. Même s'il le dit lui-même : « Je préfère participer à des émissions culturelles, où je peux parler de mes connaissances ».

Il participe également tous les ans au concours de débat de son université et avec toute sa science et sa façon doctorale de s'exprimer, il écrase littéralement les autres. Peu étonnant donc, que pendant le Concours international de chinois, ce jeune Russe ait finalement remporté la victoire, car très confiant en lui-même et connaissant tout par cœur.

Aujourd'hui, conscient de son statut de champion du concours de chinois, et parce qu'il veut devenir un incontournable de la sinologie, il dit ne vouloir participer qu'aux émissions culturelles désormais, en tant que spécialiste ou intellectuel.

Un rêve à la mesure de ses ambitions

Son rêve dans la vie : « devenir sino-logue ». Espèce rare, un peu particulière que le sinologue : personnage éminent du monde chinois, mandarin de la culture chinoise. C'est cela que David veut devenir. Et il ne veut pas devenir n'importe quel sinologue : il veut devenir LE sinologue. Celui dont tout le monde parle, ou dont tout le monde a besoin pour commenter la Chine et la culture chinoise. Voilà pourquoi il fait de l'anglais. Non, ce n'est pas une blague... Car il a l'intention d'aller faire un doctorat dans une université américaine, là où, selon lui, la sinologie est la meilleure, et de remplacer « les vieux sinologues décatis de Russie » comme il le dit lui-même...

La fougue de ce jeune Russe impressionne, laisse parfois perplexe. Sera-t-il à même de réaliser un jour ce rêve un peu grandiloquent ? Le futur nous le dira. Et peut-être que dans quelques années, nous irons écouter les conférences de David Kolosov, éminent sinologue de la BLCU. éminent, oui ! Mais beau en plus !

 

La Chine au présent

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