中文 | English | عربي | Español | Deutsch
Économie
La mode, fugitive et tenace à la fois

Vous est-il jamais arrivé de dépenser une petite fortune sur un article de mode puis d’en être si honteux que vous refusez d’y penser ou, pis encore, de confesser votre faute à un conjoint sourcilleux ? Après tout, votre achat semblera vieillot dès la saison prochaine, n’est-il pas vrai ? Nous savons tous en effet que la mode est la plus fugitive des choses, et tient donc un peu de la déraison. Encore que…

 J’ai voulu vérifier sur Wikipédia, cet oracle des demi-vérités suspendu dans l’éther. L’expérience vous surprendrait sans doute si vous deviez suivre mes pas à la poursuite de ce charme particulier que l’on nomme glamour – un terme anglais, oui, et dont le français n’offre pas le pendant. J’aurais cru pourtant, et je tentais de le vérifier, que tout cet éphémère, toute cette prodigalité que je voulais voir dans la mode nous venait de la France, puisque bien sûr la mode est un peu la chasse gardée des Français. Mais il n’en va pas ainsi, semble-t-il.

Un des plus grands noms de la mode est celui de Coco Chanel. Elle a démarré son entreprise en 1910, voici déjà plus d’un siècle, ce qui met à mal mes préjugés sur le caractère éphémère de la mode. Gucci a fait ses débuts en 1921 en Italie et Hugo Boss trois ans plus tard, tous deux au sortir de la Grande Guerre. Cela sans doute aiguille notre attention vers l’un des traits durables du monde de la mode : tout comme elle offre un réconfort après les horreurs des conflits armés, elle apporte aussi une forme de soulagement aux hommes et aux femmes dans les périodes de stress. Elle promet un peu de bien-être, et tant pis pour le prix ! Soignez votre apparence et laissez les soucis glisser de vos épaules.

Au Royaume-Uni pendant ce temps, sur cette terre de marchands flegmatiques et taciturnes, à la lèvre supérieure imperturbable, comme le veut l’image, une industrie de la mode toute britannique a vu le jour au XIXe siècle. C’était une industrie enracinée dans une longue tradition d’élevage du mouton, mais qui répondait essentiellement aux besoins pratiques des citoyens. L’Écosse a frayé la voie en 1815 avec la marque Pringle (une fois encore à la fin d’un important conflit européen, les guerres napoléoniennes), qui offrait aux résidents du Nord de fins chandails de laine pour affronter les vents glaciaux venus de la mer voisine. Le fait que Pringle ait survécu jusqu’à nos jours est un éloquent témoignage de la qualité de ses produits, mais aussi du fait que l’entreprise répond au besoin constant de chaleur que nous éprouvons tous. C’est donc dire que la mode n’est pas nécessairement frivole, elle a aussi son côté pratique. Un autre entrepreneur britannique, le Dr Gustav Jaeger, l’a bien compris quand il a créé en 1884 la marque Jaeger, qui met l’accent sur l’utilisation de fibres traditionnelles dans le vêtement.

Mais n’allons pas croire que la mode britannique ne jure que par le fonctionnel. Les tissus de la laine la plus fine sont aussi utilisés pour les complets de Savile Row. Tout près de là, la rue Jermyn évoque immanquablement les fabricants de chemises et leur clientèle d’aristocrates et de nobles qui, dans cette nation où la conscience de classe est vivace, se voulaient habillés selon leur rang. Les chapeaux melon gardaient au chaud la tête des banquiers de la City, avant de devenir si populaires qu’ils en furent adoptés par toutes les couches de la société, chez les riches comme chez les pauvres et jusque chez les clochards, si l’en on croit bien sûr les comédies de Charlie Chaplin. Cela fait chaud au cœur de voir que, comme bien d’autres articles classiques, le melon fait aujourd’hui un retour comme article rétro, offert dans les couleurs les plus percutantes.

Dans la panoplie des tissus, toutefois, deux tiennent une place à part dans l’histoire de la mode : la soie et le velours. La soie, dit-on, aurait été en usage en Chine voici plus de cinq mille ans. Tissu d’une beauté spectaculaire, elle a aussi des propriétés inhabituelles en ce qu’elle est très solide, tient au frais en été et se prête à de chaudes doublures pour les jours froids de l’hiver. La convergence de toutes ces qualités lui a permis de connaître une popularité et une longévité extraordinaires. Bien longtemps plus tard, voici à peine mille deux cents ans, les Cachemiris exportaient leurs fins velours dans tout le monde civilisé. Les entreprises modernes auraient beaucoup à apprendre de ces produits à la durabilité sans pareille qui ont marqué l’histoire de la mode.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car l’on s’est aperçu que la mode pouvait, au delà du vêtement, s’étendre aux accessoires. Dès 1830, la maison Christofle produisait de l’argenterie pour les résidences des bien nantis de France. Peu après, c’était la fondation de Hermès, créateur d’onéreux produits en cuir pour clientèle avisée. Louis Vuitton s’est taillé une niche similaire en 1854 avec ses valises faites main. Puis, en 1908, deux des marques de commerce les plus recherchées d’aujourd’hui ont fait leur apparition : Rolex et Montblanc. Tous ces grands noms sont toujours en affaires et génèrent des revenus dans les milliards de dollars, littéralement. Le luxe est un segment très profitable du marché de la mode.

J’apprécie autant que quiconque les articles de bon goût. J’admire la créativité et je m’émerveille d’un cycle d’innovation qui fait que, aux côtés des grands classiques, l’on voit apparaître chaque année, comme par magie, des produits neufs. Par-dessus tout, je chéris l’individualisation et l’expression personnelle qui sont implicites dans la mode. Dites que je suis excentrique si vous le souhaitez, mais je suis Anglais et c’est pour nous un compliment !

*STEPHEN R.R. BOURNE est directeur général des Cambridge University Press.

查查法语在线翻译
Panorama de Chine
Les 60 ans de la RPC
Du petit magasin aux boutiques sur Internet
Les changements de la vie nocturne
Toit du monde
Le Tibet a accueilli 2,25 millions de touristes au cours du premier semestre de 2011
Tendance
Semaine de la mode de Chine (FANGFANG,TRIES MAN et WHITE COLLAR)
Semaine de la mode de Chine: un défilé de créations de NE-Tiger
Semaine de la mode de Chine (GIOIA PAN)
Semaine internationale de la mode de Chine : Défilé Qi Gang
À la chinoise
Bonne année du Tigre
Admirez-moi cet objet…
L'art du canard laqué
Des poupées… et leur secret
Mots clés pour comprendre la Chine
Shufa
Laoshi
Lian 脸
Chi, ou le plaisir de manger
Livre
Forêts de Chine
Proverbe
San ren cheng hu 三人成虎
Beijing Information CHINAFRIQUE La Chine Éditions en langues étrangères
China.org.cn Xinhuanet Quotidienn du peuple CCTVfr RCI
À propos de nous | Service de publicité | Nous contacter

Conseiller juridique | Abonnement

Droits d’auteur : La Chine au présent