L'Europe présente maintenant les caractéristiques de l'éclatement d'une double crise.
D'une part, le fait prouve que l'aide apportée à la Grèce, au lieu d'atténuer la crise de la dette, pourrait compromettre l'Allemagne et le France, les deux plus importants pays de la zone euro. D'autre part, outre le risque du défaut de paiement, le secteur bancaire européen est dans la tempête. 46 grandes banques européennes ont vu leurs actions chuter. Le 14, Moody's a abaissé la note de la Société Générale et du Crédit Agricole.
À l'occasion du 3e anniversaire de la faillite de Lehman Brothers, la Chine attire encore une fois les regards du monde. Par exemple, une nouvelle non attestée concernant l'achat d'obligations italiennes par China Investment Corporation a enthousiasmé les marchés boursiers en Europe et aux États-Unis. Après que des dirigeants italiens eurent néanmoins nié un quelconque accord, les marchés boursiers ont connu une chute.
Depuis l'éclatement de la crise financière, la Chine est considérée pour la première fois dans l'histoire contemporaine comme le sauveur de l'économie mondiale. Cependant, le fait prouve que bien que la Chine ait davantage de poids dans le domaine financier international, elle ne peut pas changer les règles financières existantes. Après que les organismes financiers américains eurent connu une amélioration préliminaire, des tensions croissantes sont apparues dans les zones géopolitiques et commerciales dont la Chine se préoccupe. Les expériences des trois années passées montrent que celui qui préconise l'ordre politique et économique traditionnel du monde veut que la Chine agisse en tant que prêteur, non en tant que celui qui élabore et amende les règles. La crise de l'Europe et des États-Unis offre à la Chine des opportunités d'importance tactique, mais non stratégique.
Il est certain que l'Europe est heureuse de voir la Chine acheter davantage d'euros et d'obligations européennes, mais ce qu'elle peut payer en retour ne dépassera pas les limites du taux de bénéfice de la monnaie et de la créance. Quant aux problèmes d'importance stratégique tels que la reconnaissance à la Chine du statut d'économie de marché, la levée de l'embargo sur les armes, l'accès des entreprises chinoises au marché européen et les réformes de l'Union européenne et de la zone euro, il est peu probable que les progrès soient notables.
Il importe que la Chine, en comptant sur ses propres forces, soit incapable de jouer le rôle de sauveur. D'une part, de l'éclatement de la crise financière à la période de l'après-crise, beaucoup d'affaires prouvent que l'investissement de la Chine à l'étranger laisse à désirer. Il faut étudier et tirer les leçons. Par exemple, l'investissement aveugle de grande envergure pourrait éventuellement causer d'énormes pertes. D'autre part, il faut être conscient que la Chine a beaucoup à faire dans les domaines de la restructuration industrielle, du renouvellement économique, de la transformation du mode économique, de la sécurité sociale, des services publics, etc. D'ailleurs, le risque de la gestion des moyennes et petites entreprises reste encore très important.
Sous cet angle, la double crise de l'Europe n'offre pas une opportunité à la Chine pour connaître un rebond. Pour faire face à cette crise parsemée d'écueils, on ne peut ni peser le pour et le contre simplement à travers les intérêts à court terme, ni comprendre par « le devoir international » de type extensif. Pour faire face à la crise de façon adéquate, il faut développer le marché intérieur, améliorer le cadre juridique et créer des opportunités commerciales que le monde entier pourra partager. Seule une Chine en bonne santé sur le plan économique et social pourrait devenir pendant une longue période le moteur et l'appareil servant à stabiliser les tensions de l'économie mondiale.