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Société
Le retour des cerfs du père David

 

TANG YUANKAI

Le 16 avril 2008, le premier cerf du père David conçu par fécondation artificielle a réussi à passer la période critique de cinq jours, sous l’observation attentive des chercheurs.  

 

Après avoir traversé plusieurs périodes fort dangereuses pour toute l’espèce, un animal rescapé des aléas de l’histoire s’est enfin réapproprié son territoire natal.

C’EST au pavillon collectif d’organisations internationales de l’Expo 2010, dans la zone dédiée au Fonds mondial pour la nature, qu’on a pu voir le cerf du père David (elaphurus davidianus) ou en chinois milu. À l’instar du panda, c’est un animal emblématique de la Chine, et il a bien failli disparaître complètement avant de revenir dans son pays natal.

Lors d’une rencontre entre Hu Yaobang, alors secrétaire général du Parti communiste chinois, et Margaret Thatcher, alors premier ministre du Royaume-Uni, celle-ci avait déclaré: « Il y a deux événements importants dans l’histoire de nos relations diplomatiques : la rétrocession de Hong Kong et le retour des cerfs du père David. »

Après leur retour en Chine, ces animaux se sont rapidement reproduits, surtout dans la réserve naturelle de Dafeng (Jiangsu) où vit le plus grand troupeau de cette espèce.

Un exil forcé

La Chine est riche en cervidés : plus de la moitié de la population mondiale. Parmi eux, le cerf du père David est le plus précieux. Ce mammifère herbivore est appelé aussi sibuxiang (qui ne ressemble à rien), parce qu’il a les bois d’un cerf, le visage d’un cheval, le sabot d’une vache et la queue d’un âne. Vieille de trois millions d’années, cette espèce a évolué en parallèle avec l’être humain et était considérée par les anciens Chinois comme un symbole de vitalité, de bonheur et de protection occulte. Beaucoup d’écrivains connus, et même des empereurs, s’en sont fait l’écho.

Cependant, au cours des millénaires passés, à cause de la chasse abusive, ces cerfs ont été à plusieurs reprises menacés de disparition. Voilà une centaine d’années, ces animaux sauvages avaient pratiquement disparu de la terre chinoise. Moins de 300 spécimens étaient conservés au parc impérial de chasse de Nanhaizi, dans l’actuelle banlieue sud de Beijing.

C’est le père Armand David, naturaliste et missionnaire français, qui a mentionné le premier cet animal inédit en 1865. Après avoir soudoyé les gardiens, il a envoyé la peau et le squelette d’un mâle adulte en Europe où le zoologiste Milne-Edwards a rebaptisé le milu, cerf du père David, en l’honneur de son découvreur.

Lors de l’invasion des forces coalisées des huit puissances en 1900, la harde impériale fut finalement massacrée. L’espèce venait alors de disparaître totalement de la Chine et ne subsistait plus qu'en captivité dans différents zoos européens. De plus en plus rare, l’animal avait besoin de retrouver un habitat plus adéquat. Le vice-président du parc de Nanhaizi, Guo Geng, connaît bien les préférences de ce mammifère de zone humide : « Il aime être près des forêts, non loin d’une rivière ou d’un lac, là où il peut pâturer l’herbe et les plantes aquatiques. L’étroitesse d’un zoo ne lui convient pas, d’autant plus qu’il vit en large troupeau. »

D’octobre 1894 à mars 1901, le 11e duc de Bedford s’est beaucoup activé pour regrouper les 18 spécimens en âge de procréer dans son domaine de Woburn Abbey, au nord de Londres (Royaume-Uni).

Le retour au pays natal

En 1983, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a proposé de les faire revenir dans leur pays d’origine, et c’est avec le soutien du Fonds mondial pour la nature et celui des gouvernements chinois et britannique qu’en août 1985, vingt-deux membres du troupeau né à Woburn Abbey sont arrivés par avion spécial au parc de Nanhaizi, remis à neuf sur 60 ha.

La réintroduction est une des mesures essentielles à la protection des espèces en voie de disparition. Ce retour aux origines doit leur permettre de reprendre leurs activités naturelles. C'est le cas pour les cerfs du père David qui, depuis plus de 20 ans, se sont réadaptés à leur environnement originel à Nanhaizi. Trois ans après leur retour, dix petits étaient nés, et maintenant, le troupeau comporte plusieurs centaines d’animaux. En avril 2009, une fécondation artificielle a été tentée avec succès.

En août 1984, ce sont trente-neuf cerfs de plus qui ont été offerts par le parc zoologique de Londres. Les experts internationaux ont cherché une nouvelle « maison » pour eux en allant inspecter leurs anciens habitats dans les régions côtières, et ils ont finalement choisi Dafeng, la plus large zone marécageuse de l’ouest du Pacifique. Celle-ci est formée par le Yangtsé, le fleuve Jaune, la mer Jaune et plusieurs milliers de rivières. Ses bancs de sable et de vase qui s’étendent sur une dizaine de milliers d’hectares sont semi-naturels, renfermant une riche faune. On y a déterré plusieurs fossiles de cette espèce de cerf.

En août 1986, la première réserve naturelle de cerfs du père David y a été établie. C’est aussi la plus grande, sa surface étant passée de 1 000 à 78 000 ha pour une population actuelle de 1 600 cerfs, soit 40 fois plus qu’à ses débuts.

L’empreinte de la nature

« Sous la tutelle de l’homme, dans un habitat aux dimensions limitées, le troupeau ne pouvait ni se développer, ni retrouver son mode de vie naturel. Donc, on ne pouvait pas vraiment sauver cet animal de l’extinction », a indiqué Ding Yuhua, un responsable de la réserve naturelle de Dafeng.

Pendant l’automne 1998, les chercheurs ont fait un essai en relâchant huit individus (deux mâles, quatre femelles et deux faons) qui avaient été élevés d’une façon semi-sauvage.

Les cerfs du père David vivent dans leur milieu naturel, la réserve de Daxing (Beijing). 

« Quand ils sont sortis en toute hâte de leur enclos, nous avions le cœur gros. C’était comme voir partir ses enfants sans qu’ils jettent un regard derrière eux... Mais l’homme les a emprisonnés pendant plus d’un siècle et ils sont désormais libres », a confié M. Ding.

Peu après, il s’est inquiété de la survie de ses « enfants » grâce à une surveillance radio et des inspections sur place. La tribu a passé sans problèmes son premier hiver dans cette zone humide, et le 18 mars 1999 naissait un nouveau membre de la famille, concluant ainsi heureusement l’absence d’animal autochtone pendant plus de 100 ans et renouvelant son arbre généalogique. En effet, en 2003, ce jeune spécimen a mis bas à son tour. Les passionnés, comme M. Ding, se sont sentis rassurés.

Après avoir été rétablis dans leur biotope et leur mode de vie, les cerfs du père David ont maintenant récupéré toute leur autonomie, et pendant ces trois ans, tous les faons nés dans l’environnement naturel ont survécu. C’est l’essentiel si on veut revoir un jour un troupeau dans la nature.

Trois autres réintroductions (juillet 2002, octobre 2003 et octobre 2006) ont eu lieu à Dafeng, ajoutant respec-tivement 6, 18 et 21 individus sur le site. Selon M. Ding, l’accroissement naturel du troupeau est de 13,2 %, ce qui le maintient désormais hors de danger.

Le 20 juillet 2010, l’Association chinoise de conservation de la faune a annoncé que la population de cerfs du père David était de 1 618 individus, dont 156 à l’état sauvage.

« Normalement, si des animaux domestiqués se reproduisent pendant deux générations sans intervention humaine, l’opération de retour à l’état sauvage est considérée comme réussie. Nous en sommes à la troisième génération à Dafeng », a expliqué le chercheur en chef de l’Institut zoologique de l’Académie des sciences de Chine. Ce scientifique, qui a gagné le prix Whitley, le plus prestigieux prix d’Angleterre à propos de la protection de la nature, a participé à deux essais de réintroduction de cerfs du père David. « Le succès de ces opérations nous offre l’expérience nécessaire à la réintroduction d’autres animaux rares. L’élevage en milieu clos n’est pas la meilleure solution. La méthode pour réellement les sauver est de les laisser vivre et se développer dans la nature. »

Dans un biotope, ceux qui ont une masse corporelle importante et une large population ont le plus d’influence. Tout comme l’antilope tibétaine de Hoh Xil, le cerf du père David joue un rôle important à Dafeng. Protéger cet animal, c’est faire renaître beaucoup d’autres êtres vivants, et rendre l’écosystème plus riche et plus apte à se défendre contre les perturbations.

Dans cette zone de protection naturelle, 5,5 millions de yuans ont été investis et on en voit rapidement les résultats. Ce projet doit rétablir le système typique des bancs de sable et de vase du nord du Jiangsu, enrichir la biodiversité, renforcer le contrôle écologique des zones humides ainsi qu’améliorer le système hydrologique, le réseau d’eau courante et celui d’électricité.

Pendant ces 25 ans, les chercheurs de Dafeng ont trouvé une recette de foin spécialement conçue pour les cervidés et qui est utilisée jusqu’à présent. « L’ajout de fourrage en hiver et au printemps est important. Cela permet d’assurer la reproduction en aidant à la formation du fœtus et à la parturition. C’est aussi une réserve d’énergie pour les mâles en attente de la saison des amours », a expliqué Ding Yuhua. Mais Nanhaizi et Dafeng ne sont pas les seuls endroits où trouver des cerfs du père David. Lors de l’inondation provoquée par le Yangtsé en 1998, ceux qui vivaient dans la réserve naturelle de Shishou (Hubei) se sont réfugiés à l’est du lac Dongting où ils sont restés depuis. Contrairement à leurs congénères de Dafeng qui ont été aidés par l’homme dans le choix de leur environnement, ils se sont déplacés et multipliés de façon autonome. Ils sont donc tout à fait sauvages.

En septembre 2008, la collaboration entre la réserve naturelle de la rivière Luanhe (Hebei) et le parc de Nanhaizi a permis le déplacement de dix spécimens au parc Mulan Weichang, un site où leurs ancêtres avaient vécu. En juin 2010, six d’entre eux ont été relâchés dans la nature, équipés d’un système de surveillance GPS conçu en Chine afin de collecter à tout moment des informations qui aideront les chercheurs.

La question de la reproduction consanguine

Une question reste en suspens : l'actuelle population mondiale de cerfs du père David, estimée à plusieurs milliers d’individus, étant issue du petit groupe du manoir Woburn Abbey, comment cette descendance peut-elle se multiplier en restant pour la plupart en bonne santé?

La réponse tient en deux concepts : l'évolution naturelle et l’intervention humaine. D’une part, cette espèce a évolué depuis suffisamment longtemps pour que ses gènes soient stables. D’autre part, durant la période cruciale de sa reconstitution, ce n’est que lorsqu’il a compté au moins 250 membres que le troupeau a commencé à être dispersé, et dès que celui-ci a atteint 600 membres, une sélection sur ascendance a débuté afin d’éliminer les individus les moins adaptés à la procréation. Seuls les meilleurs reproducteurs ont donc été conservés pour assurer la préservation de l’espèce.

Selon Zhang Linyuan, responsable du Centre d’expérimentation écologique de Milu à Beijing, quand les cerfs sont arrivés en Europe, la consanguinité du groupe était très importante, causant de graves problèmes d’affaiblissement génétique. « Après beaucoup d’importations et d’exportations, beaucoup de gènes nocifs ont été éliminés, et les avantages ont été gardés. Cet animal n’est donc plus dans une situation difficile. Et puis, la tolérance à la consanguinité a été renforcée et un troupeau sain a été recréé. Après cinq ans d’études, on a réparti la progéniture de deux générations successives, ceci pour éviter la reproduction consanguine. » M. Jiang a indiqué qu’on trouve déjà des différences entre les cervidés de Beijing, de Dafeng et de Shishou, une variation probablement favorable pour la diversité génétique de l’espèce.

Bien que le cerf du père David ne soit plus menacé d’extinction, plus de 70 experts du Royaume-Uni, des États-Unis, du Canada, d’Allemagne et de Chine ont appelé à un séminaire. Dans le but d’élargir et de multiplier les sites protégés, il faut étudier de près la reproduction, l’organisation et l’hérédité des troupeaux, mais aussi créer un organisme qui échantillonnerait et conserverait leur sang.

 

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