En ce qui concerne la finance internationale, Shanghai a encore un long chemin à parcourir pour retrouver son statut d’autrefois. La réussite de la coopération économique régionale va certainement l’aider à le retrouver.

PRINCIPAL centre financier, économique, commercial et ma-ritime de la Chine, Shanghai a longtemps été une voie de passage vers le monde pour les compagnies transnationales. Parmi les 500 plus importantes multinationales, plus de 200 y ont installé leur siège régional de Chine ou d’Asie. En 2009, le gouvernement chinois a proposé un plan pour développer davantage Shanghai en un centre mondial des finances et de l’expédition. De plus, l’Expo 2010 a amélioré le rôle de modèle de la métropole pour d’autres villes du delta.

Comme les villes situées dans le delta du Yangtsé tentent de raccourcir la distance qui les sépare de Shanghai et de l’atteindre en une ou deux heures, une série d’autoroutes et de lignes ferroviaires est actuellement en construction dans le delta. Ces villes croient qu’avec un transport rapide et sûr vers la capitale régionale, elles amélioreront leur propre compétitivité comme centres urbains. Nanjing et Hangzhou, respectivement capitale du Jiangsu et du Zhejiang, ont déjà atteint cet objectif. Même Ma’anshan, ville moyenne de l’aval du Yangtsé, ne fait pas exception. Elle accélère la construction d’un pont sur le Yangtsé, tout comme celle d’autoroutes qui la relieront à Shanghai, Nanjing et Hangzhou.

En fait, Shanghai attire non seulement ses villes voisines dans le delta, mais également les gens et les entreprises de partout dans le monde. Récemment, elle a été classée deuxième ville « la plus attirante dans le monde », juste après Londres.

Publiée le 21 février par Paris-île de France Capitale Économique et KPMG, cette liste se base sur une enquête effectuée auprès de 500 hommes d’affaires de différents pays et sur des données d’investissement de 2009. Elle montre que, dans plusieurs catégories, Shanghai a réellement dépassé Londres, entre autres pour le nombre de centres de recherche et d’immeubles à bureaux modernes qu’elle peut offrir.

Métropole internationale en croissance, Shanghai attire toutes les villes grandes ou petites, en particulier celles du delta; celles-ci considèrent Shanghai comme la porte vers le marché mondial et espèrent se placer sous son aile.

Réémergence d’une place financière mondiale

Shanghai ne montre aucun signe de vouloir ralentir sa cadence. Selon le Bureau national des statistiques, son PIB était de 1 369,8 milliards de yuans en 2009, une augmentation annuelle de 9,7 % par rapport à l’année précédente. Cette ville continue de mener l’économie du pays, suivie par Beijing et Guangzhou qui ont respectivement un PIB de 1 048,8 milliards et de 821,5 milliards de yuans.

Mais être au premier rang pour le PIB n’est pas l’objectif à long terme de Shanghai. C’est plutôt de devenir une véritable place financière mondiale, à la mesure de la puissance économique de la Chine et de l’influence internationale du yuan.

« Après une année de construction, le cadre de cette place financière mondiale a pris forme, explique le vice-maire de Shanghai, Tu Guangshao. Elle exerce une influence positive sur le développement de la Chine et sur sa restructuration économique. »

En effet, le développement a stimulé l’ensemble du secteur financier de Shanghai. En 2008, la valeur de production du secteur financier représentait 10 % du PIB de la ville; en 2009, il avait dépassé 12 %. De plus, la construction de cette place financière a eu des impacts positifs sur le secteur tertiaire de la Chine, le développement de ses entreprises et la reprise après la crise financière mondiale.

Mais ce n’est pas un rôle nouveau; dans les années 1930, la ville était la place financière internationale en Extrême-Orient.

Pourtant, en raison de facteurs historiques, elle ne se classait, selon la dernière enquête, qu’au trente-cinquième rang des places financières mondiales.

« Ce classement signifie que la ville a encore beaucoup de chemin à parcourir avant qu’elle puisse vraiment être qualifiée de place financière internationale importante », déclare Piter de Jong, président d’ING Shanghai et membre du conseil de la Chambre de commerce de l’Union européenne à Shanghai. Et il ajoute que pour ce qui est de la capacité des infrastructures, le niveau international devrait être atteint d’ici cinq à dix ans, mais qu’en matière de puissance souple, notamment la stabilité de son environnement légal, sa mentalité et sa culture d’entreprise, elle a besoin d’au moins dix à vingt ans.

Dai Xianglong, ancien gouverneur de la banque centrale de Chine, croit également que cela constitue un véritable défi : « Nous devons être sensibilisés aux idées et aux réflexions qui sont nécessaires pour faire de Shanghai une place financière mondiale. Nous devons, dans toute la région du delta, promouvoir un marché plus ouvert et améliorer l’interaction avec l’Asie de l’Est. Parallèlement, des percées sont nécessaires dans certains domaines importants, notamment en renforçant la capacité de capitalisation de la Chine et en stimulant dans les deux directions les flux d’investissement internationaux par l’intermédiaire des marchés financiers de Shanghai. »

Le soutien de l’économie satellite

Shanghai ne peut réussir sans le soutien économique fort des villes satellites du delta du Yangtsé. Au cours des vingt dernières années, cette région a fait figure d’étoile montante de l’économie nationale en représentant environ le quart du PIB chinois. Parallèlement, en tant que pionnier des politiques d’ouverture, le delta a développé une économie orientée vers l’exportation. Les statistiques montrent qu’en 2009, le volume total de son import-export a atteint 804,3 milliards $US, soit 36,4 % du total du pays.

Un groupe concurrentiel de districts et de villes est l’un des principaux facteurs permettant un développement rapide et soutenu de la région. En 2009, plus de la moitié des cent principaux districts de la Chine étaient situés dans le delta du Yangtsé, et sur la liste Forbes 2009, les dix meilleures villes de taille moyenne en Chine se trouvaient dans les provinces du Zhejiang et du Jiangsu.

Prenons Ningbo (Zhejiang) en exemple. La prospérité de son commerce et de son industrie a permis à cette ville portuaire de devenir l’une des villes exportatrices les plus concurrentielles du pays. Jusqu’ici, plus de 10 000 compagnies y entretiennent des relations commerciales directes avec quelque 200 pays. Deux d’entre elles ont un volume d’import-export qui représente des milliards de dollars; dix ont des volumes d’échange qui dépassent 500 millions $US; et 98 font partie de la catégorie des 100 à 500 millions $US. Ces villes forment le meilleur avantage comparatif du pays sur le marché international.

En utilisant les ressources du delta, Shanghai accélère sa reconstruction de place financière mondiale, alors que les secteurs privés florissants du Zhejiang et du Jiangsu attendent vivement de pouvoir profiter de ses services financiers efficaces et meilleurs.

Pour Shanghai et le delta du Yangtsé, l’Expo 2010 a été une opportunité. Pendant les huit années de sa préparation, la ville a achevé plus de 850 projets d’amélioration des infrastructures et a entraîné une croissance annuelle de 30 % de l’investissement dans le delta. On s’attend à ce que cette croissance dépasse 50  % cette année ; de plus, on croit que la croissance de l’investissement est une occasion d’améliorer le niveau industriel de toute la région du delta.