SELON les administrations environnementales, plus de la moitié des sept principaux fleuves chinois sont pollués. L’eau de 90 % des villes est gravement polluée et les sources de 50 % des villes et bourgs ne sont pas conformes au standard de l’eau potable. En fait ce sont 40 % des sources qui ne sont plus buvables. Les problèmes de la sécurité de l’eau potable de la Chine sont très graves.
Pour trouver des solutions à ces problèmes, le Forum 2010 sur la sécurité de l’eau et la santé des deux rives du détroit de Taiwan a eu lieu au Centre international de conférences et d’expositions de Xiamen (Fujian). Ce Forum est tenu par le groupe Xiamen Water et par le comité d’organisation de la 14e Foire internationale d’investissement et du commerce en Chine. C’est la première grande opération de communication sur le sujet entre les deux rives. Rassemblant des dirigeants de sociétés des eaux potables, des experts chinois et étrangers, ainsi que des responsables d’entreprises, plus de 150 personnes y ont participé.
Le directeur général de Xiamen Water, Wu Candong a déclaré : « À l’occasion de ce Forum, je souhaite que les sociétés de service des eaux puissent faire plus attention à la sécurité de l’eau potable et à la santé, en améliorant la qualité de leurs services et en favorisant la coopération et la communication entre les deux rives sur ces sujets. Il serait préférable qu’ait lieu chaque année une conférence entre la partie continentale de la Chine, Macao, Hong Kong et Taiwan pour établir de bonnes bases pour la construction de systèmes urbains de distribution d’eau sans pollution. »

Partage des expériences de l’épargne de l’eau
Selon les chiffres, environ 400 des 655 villes de la partie continentale de la Chine manquent d’eau, dont 200 de manière grave. Donc économiser l’eau est un sujet essentiel du Forum.
« Nous devons veiller au développement et à l’utilisation des ressources en eau pour satisfaire la demande actuelle et ne pas menacer la pérennité de celles-ci », a expliqué Weng Zibao, ancien directeur du service des eaux du district de Jinmen. Dû à des raisons topographiques, le manque d’eau crée quatre problèmes dans la région : l’offre en eau ne peut pas satisfaire la demande; la qualité des eaux du lac et du réservoir n’est pas bonne; les nappes phréatiques sont surutilisées; l’impuissance face à la sécheresse. « En 2021, Jinmen manquera de 5 000 m3 d’eau quotidiennement », a-t-il ajouté.
Selon M. Weng, économiser l’eau est devenu la principale solution au manque d’eau à Jinmen. À cette fin, différentes méthodes ont été utilisées : changement des vieilles canalisations, utilisation d'un système d’information de l’offre d’eau publique, recyclage des eaux, etc.
« On a généralisé les économies d’eau par tous les moyens, explique M. Weng. Des formations continues ont été organisées pour renforcer cette idée et enseigner au public les techniques pour une utilisation plus efficace de l’eau. Des écoles ont été invitées à visiter les stations d’épuration pour que les enseignants et les élèves en apprennent plus. »
Procéder au changement des vieilles canalisations et des installations connexes était aussi une action importante qui a permis une économie de 85,51 millions de NT$.
« Le remplacement des équipements domestiques donne aussi de bons résultats, a indiqué Liao Tsung-Shen, ancien président du conseil d’administration de la Taiwan Water Corporation. Si on utilise des toilettes et des machines à laver économiques, on peut économiser 50 % de sa consommation d’eau. » Pour inciter le public à s’équiper, les autorités proposent des subventions. Pour une machine à laver officiellement certifiée économe en eau, c’est 2 000 NT$ offert. « Encourager les gens avec de l’argent, ça marche très bien », confie M. Liao en riant.

Une technique d’amélioration de la qualité de l’eau
Hormis ces échanges d’expériences sur les économies d’eau, l’amélioration de la qualité de celle-ci a également attiré l’attention. C’est un défi que les services des eaux en Chine n’ont toujours pas relevé. D’une part, les sources sont pour la plupart gravement polluées, mais les normes utilisées pour l’eau potable sont d’autre part beaucoup plus strictes. Le standard d’hygiène d’eau potable GB5749-2006 comporte 106 articles au lieu de 35 auparavant. Pour le moment, la plupart des entreprises utilisent toujours la méthode habituelle. Mais actuellement, cela ne suffit plus pour être en conformité avec le nouveau standard. Il faut donc améliorer le système de traitement.
Au Forum, le docteur Dong Bingzhi de l’université Tongji a fait un rapport sur la technique de traitement de l’eau par membrane d’ultrafiltration. L’eau potable à l’Expo de Shanghai a été traitée par cette méthode. Le filtre ne demande pas une grande pression, celle de l’eau courante est suffisante. Au cours du traitement, c’est seulement l’aseptisation par ultraviolet qui consomme de l’électricité. Au final, la qualité de l’eau est non seulement conforme aux normes nationales, mais aussi supérieure à celles de l’Union européenne.
Une technique analogue est utilisée dans le système de l’eau potable à Xiamen. Pour le moment, les distributeurs installés dans les lieux publics de Xiamen fonctionnent bien, rien que le long de la principale ligne de bus elles fournissent 1,2 m3 d’eau potable par jour, soit plus de 2 100 bouteilles d’eau minérale de 550 ml. Dans trois ans, un millier de ces machines sera implanté dans toute la ville. Pour assurer la sécurité de l’eau et la santé de ses consommateurs, Xiamen Water Treatment Technology Co., Ltd procédera régulièrement à l’entretien des machines et au changement des filtres. Travaillant en collaboration avec le centre de contrôle sanitaire de l’arrondissement Siming, des échantillons sont envoyés au laboratoire au moins deux fois par mois et les résultats sont affichés sur chaque machine afin de rassurer les consommateurs.
Jiang Yangzi qui travaille pour une entreprise de commerce extérieur à Xiamen approuve la généralisation de ce système : « En appuyant sur le bouton, on peut boire facilement une eau propre, plus la peine d’acheter de l’eau minérale en bouteille. Cela permet d’économiser l’argent des citoyens, de diminuer le nombre de bouteilles en plastique et de renforcer une utilisation parcimonieuse de l’eau. »
Le directeur général de la SARL des eaux de Fuzhou (Fujian), Cheng Ming, qui a participé au Forum, est intéressé par la technique de traitement avec membrane. Il a déclaré : « Le marché de l’eau potable a un fort potentiel. Cette technique est la tendance du traitement de l’eau. Je vais suivre le développement de celle-ci afin de l’utiliser au plus vite, pour qu’un système d’eau potable puisse être mis en place dans des lieux publics comme les centres de conférence et d’exposition, les parcs, etc. »
Sécurité des réserves d’urgence
Cette année, les fuites accidentelles dues à des orages qui ont touché les bassins de décantation d’industries minérales ont attiré l’attention sur les réservoirs d’eau d’urgence. Des experts présents au Forum ont lancé une discussion sur les mesures d’urgence à prendre en cas de pollution. « Les dégâts environnementaux provoqués par les accidents industriels et les catastrophes naturelles sont très dangereux pour les sources d’eau. La Chine traverse une période durant laquelle les accidents relatifs à l’environnement sont fréquents, étant donné que la pollution des sources d’eau dans le système de distribution urbain ne cesse de surgir », a expliqué Yu Xin, chercheur de l’Institut de recherches sur l’environnement urbain de l’Académie des Sciences de Chine.
M. Yu a ajouté : « Les moyens de pallier ces situations d’urgence doivent être prêts. Il faut renforcer à l’avance la capacité de traitement pour réduire au maximum les dommages. Chaque type de matières polluantes doit faire l’objet d’un plan d’urgence préétabli. » À propos des principes de précaution, il a estimé : « L’efficacité du résultat, la compatibilité avec les méthodes habituelles, le coût, la facilité et les délais de mise en application sont les plus importants critères pour choisir les nouvelles techniques. »
Il y a beaucoup de séismes et de typhons à Taiwan, donc les besoins d’urgence en eau potable sont un enjeu important. Selon Liao Tsung-Shen, qui a participé à la reconstruction après le séisme de magnitude 7,6 du 21 septembre 1999, les Taiwanais ont beaucoup d’expérience en ce domaine. « Pour un système de distribution d’eau efficace, un seul plan n’est pas suffisant, il en faut plusieurs. Le système de soutien est aussi important », confie-t-il en exprimant sa conviction que les besoins en eau potable de Taipei seraient couverts en cas de catastrophe.
« En prévision de séismes, on a construit avec le matériel adéquat de grands bassins sous les installations publiques, surtout les parcs, pour qu’ils puissent résister aux secousses. » Selon M. Liao, ces réserves seraient suffisantes pour trois jours pour toute la ville en cas de catastrophe naturelle.