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Dossier
Améliorer le sort de la main-d’œuvre

LIU QIONG

La Chine change, et avec elle, les classes socioprofessionnelles les moins favorisées. Après avoir pris conscience de la discrimination dont ils faisaient l’objet, les travailleurs migrants commencent à bénéficier d’un meilleur traitement, en particulier de leur patron.

ZHANG Haojun essuie une larme après la projection de After Shock, un nouveau film à gros budget. Il n’est pas le seul dans ce public composé, non pas d’anonymes, mais de collègues de travail, de travailleurs sur la même chaîne de production. Le film, ayant pour sujet le tremblement de terre de Tangshan, en 1976, est projeté non pas dans un cinéma haut de gamme du centre-ville, mais dans la salle intégrée de la Zhejiang Jinpan Mechanic and Electric Industry Co. Ltd.

Le 20 mai 2010, la Shanghai Urban Construction Group a organisé une visite du Parc de l’Expo pour ceux qui avaient participé à sa construction.

 

La vie après le travail

Cette société axée sur l’export fabrique des appareils mécaniques et électriques et emploie plus de 1 000 salariés venus de différentes régions de la Chine. Zhang Haojun, 32 ans, a quitté l’Anhui, il y a douze ans; depuis, il a travaillé dans le Fujian, le Jiangsu et le Zhejiang. Comme la plupart de ceux qui laissent famille et foyer derrière eux pour aller gagner leur vie dans des villes inconnues, le temps libre de Zhang est généralement passé à dormir et à bavarder. L’éblouissante vie métropolitaine ne semble pas faite pour des gens comme lui.

Grâce à un collègue venu de la même province, Zhang Haojun a décroché un travail à la chaîne de montage Jinpan, il y a deux ans. Il découvrit rapidement que les employés avaient accès à un cinéma gratuit, une bibliothèque et une salle de karaoké, mais également à des installations sportives telles que terrain de basket-ball et salles de ping-pong.

Comme il l’admet volontiers, ses horizons étaient très limités : il était pratiquement coupé du monde extérieur, hormis les prévisions météo sur son téléphone cellulaire. « Maintenant, dès le travail terminé, je peux profiter des installations de la société pour regarder la télévision, lire des livres, jouer au basket ou aux échecs chinois. Je peux aussi regarder un film gratuitement chaque semaine. C’est génial. »

Quand on lui demande comment elle a eu l’idée de construire une salle de cinéma, Wu Mingfang, présidente du conseil d’administration de Jinpan, explique que la plupart des ouvriers ont un faible niveau de scolarité et sont donc cantonnés au travail occasionnel. Leur mode de vie est en décalage avec la modernité urbaine, des faits susceptibles d’entraîner une discrimination à leur encontre et un sentiment d’isolement.

« Le temps libre des employés peut sembler ne pas être une préoccupation importante pour la société, mais si quelque chose de mauvais arrivait, ça pourrait nuire aux employés et avoir un impact néfaste sur la société elle-même. » Wu Mingfang estime qu’offrir aux travailleurs un endroit pour aller enrichir leurs loisirs augmente leur confiance dans l’entreprise et leur capacité au bonheur.

Cette façon de penser reflète les inquiétudes d’autres chefs d’entreprise. Ces dernières années, de nombreux patrons ont trouvé que la Chine, où ils bénéficiaient d’un approvisionnement quasi illimité de main-d’œuvre bon marché, fait actuellement face à une pénurie de travailleurs.

« Dans le passé, les entreprises pouvaient faire la fine bouche devant les ouvriers qu’elles voulaient embaucher. Mais la situation a changé, et maintenant ce sont les travailleurs migrants qui commencent à choisir les sociétés pour lesquelles ils veulent travailler, déclare Zheng Hong, spécialiste en ressources humaines et cofondateur du cabinet de conseils en gestion Adfaith. Puisque l’excédent de la main-d’œuvre rurale s’est progressivement déplacé vers les secteurs urbains non agricoles, cette main-d’œuvre est maintenant en baisse dans les campagnes. Si les entreprises n’améliorent pas les salaires et les avantages, ce phénomène de pénurie va se faire sentir d’une manière de plus en plus aiguë. »

Zheng rappelle que le Japon a connu une situation similaire à la fin des années 1960. À l’époque, environ la moitié de la population active du Japon travaillait dans l’agriculture. La pénurie d’ouvriers a entraîné l’échec des constructeurs japonais qui dépendaient de cette main-d’œuvre bon marché.

Il suggère donc que les entreprises fournissent, gratuitement ou pour une somme modique, des installations sportives et récréatives aux ouvriers. Ce peut être une séance de cinéma en plein air, des soirées festives ou des spectacles qui enrichiraient leur vie personnelle, et susciteraient un sentiment d’appartenance.

Aide psychologique

Jinpan compte parmi le nombre croissant d’entreprises chinoises qui ont l’impression qu’elles doivent se concentrer non seulement sur les bénéfices que les employés génèrent pour eux, mais aussi sur leurs conditions de travail, leur santé mentale et leur qualité de vie, en particulier celles des travailleurs migrants.

Dans le Zhejiang, les statistiques montrent que 90 % de la main-d’œuvre vient des autres provinces, l’âge moyen étant de 24 ans, et la plupart des travailleurs sont nés dans les années 1980 et 1990. Il y a trois ans, Soima, une jeune Tibétaine originaire du Qinghai, a commencé à travailler sur une chaîne de poinçonnage du groupe Kangnai, un fabricant de chaussures en cuir basé à Wenzhou (Zhejiang). À 23 ans, Soima a traversé il y a peu une période difficile. Une histoire d’amour ratée l’avait plongée dans une dépression dont elle était incapable de sortir, conduisant à une diminution de la quantité et de la qualité de sa production. Remarquant cela, la chef de l’atelier Jin Rongqiu a interrogé ses collègues et est allé discuter en tête-à-tête avec elle. En fait, Jin a une autre activité : elle est l’une des premières conseillères psychologiques à travailler dans le « Centre de communication émotionnelle pour nouveaux arrivants à Wenzhou ».

Mis en place par le Groupe Kangnai en mai 2007, ce centre permet aux migrants d’exprimer ce qu’ils ressentent dans le cadre d’une consultation psychologique, soit par l’intermédiaire d’une ligne directe au téléphone, soit en face-à-face. Afin d’aider Soima, Jin l’a poussée à se joindre au groupe de chant et de danse qui prépare le spectacle de gala du personnel.

À sa grande surprise, la performance de la jeune fille a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part de ses collègues. Dès lors, elle était lancée : après avoir rejoint la troupe artistique de l’entreprise, elle a réçu un accueil enthousiaste durant la nuit de gala offerte par la compagnie pour le Nouvel An chinois. C’est ainsi que Soima a non seulement consolé son cœur brisé, mais aussi augmenté sa confiance en elle.

Jin Rongqiu remarque que, par rapport à l’ancienne génération de travailleurs migrants, la nouvelle est plus instruite, plus capable d’apprendre de nouvelles techniques et plus réactive devant le renouvellement de l’équipement de pointe. Cependant, à son avis, leur endurance est plus faible. La plupart ont eu une enfance assez douce, de sorte qu’ils n’ont pas été à la bonne école en ce qui concerne la résilience. C’est pourquoi l’échec, qu’il soit professionnel ou affectif, prend des proportions énormes, entraînant le désespoir et des comportements extrêmes. « C’est précisément pour cela, dit Mme Jin, que le centre a été créé. »

Peng Ruilin, conseiller en chef du Centre de soutien psychologique Shenguang à Shanghai, nous a déclaré que certains jeunes se mettent à travailler en usine tout de suite après leur diplôme d’études secondaires techniques ou leur formation professionnelle, alors qu’ils ne sont encore qu’adolescents. Certains souffrent de dépression ou d’anxiété en raison de leurs difficultés d’adaptation ou des relations interpersonnelles. Peut-être l’exemple du groupe Kangnai peut nous apprendre quelque chose.

Après la fête du Printemps 2010, des filles venues de Fuyang (Anhui) se rendent travailler dans une usine de vêtements à Beijing. PHOTOS : CFP

Responsabilités sociales

Améliorer les conditions de travail, enrichir les loisirs et faire attention à la santé psychologique des employés sont la base des responsabilités sociales des entreprises.

Les sociétés européennes et américaines ont commencé à mettre l’accent sur la responsabilité des entreprises dans les années 1980, alors que la mondialisation entrait en vitesse de croisière. Certaines compagnies célèbres ont payé le prix du mépris des responsabilités sociales. Levis a été le premier à être mis sur la sellette par les médias qui se sont émus du sort des enfants employés par ses sous-traitants d’Asie du Sud. La nouvelle a déclenché un torrent de critiques envers Levis de par le monde. D’autres entreprises transnationales ont affronté des accusations similaires concernant des ateliers de misère, véritables « usines à sueur ».

Liang Xiaohui, chercheur en chef du Bureau de la responsabilité sociale, membre du Conseil national du textile et de l’habillement de Chine (CNTAC), nous a parlé de cas similaires durant les années 1990, dans les usines du sud-est de la Chine. Un certain nombre de patrons d’usines textiles étaient tellement obsédés par les bénéfices économiques qu’ils ont négligé leurs responsabilités envers les employés et les consommateurs.

« En 2005, le CNTAC a sorti le CSC 9000T et le RSE-GATES qui ont été les premiers documents d’orientation et de standardisation en matière de responsabilité sociale pour les entreprises chinoises. » Liang a ajouté que ces normes donnaient à l’industrie du textile, dont celle du vêtement, une approche efficace pour le développement social à travers des moyens économiques.

Liang indique également que, sous la direction de la RSE-GATES, les entreprises attachent de plus en plus d’importance à ces responsabilités et se constituent une bonne image auprès de la chaîne d’approvisionnement internationale.

Au sujet de la responsabilité sociale, Song Kechun de Adfaith indique qu’on ne doit pas négliger un changement important dans la répartition par âge de la main-d’œuvre industrielle. La principale force était composée de ceux qui sont nés dans les années 1960 et 1970, mais ils ont cédé la place à ceux nés dans les années 1980 et 1990. Ce renouveau générationnel est accompagné d’une nouvelle conception du travail et des valeurs : alors que les travailleurs plus âgés voyaient dans le travail un moyen de subsistance, les jeunes trouvent qu’il devrait être un plaisir et un épanouissement. Les mécanismes de motivation en entreprise devraient prendre en compte ces tendances et suivre une stratégie radicalement différente : améliorer les salaires, les avantages sociaux et les possibilités de promotion interne.

De l’avis du professeur Zhou Xiaozheng de l’Université du Peuple de Chine, les entreprises chinoises font face à un changement radical. Dans la mise à niveau industrielle, certains facteurs sociaux devraient être considérés – à savoir, créer un bon environnement de travail qui permette une vie décente, augmenter le salaire minimum légal, établir des moyens de négociation salariale – de sorte que, pour citer le premier ministre Wen Jiabao, « le soleil de l’équité et de la justice illumine toutes les âmes ».  

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