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Économie
L’investissement des entreprises chinoises en Afrique

LIU QIONG

Portrait de la place que peuvent occuper les entreprises chinoises dans le marché africain, souvent considéré comme un eldorado, et réflexions sur les bonheurs et malheurs de ces entreprises et sur le rôle qu’elles devraient y jouer.

DEPUIS la Coupe du monde de football qui s’est tenue en Afrique du Sud, le continent africain constitue l’un des souvenirs communs des passionnés de foot du monde entier. Il est aussi un pôle d’attraction pour beaucoup d’investisseurs, dont les entreprises chinoises.

La compagnie chinoise en énergie verte Yingli était un sponsor de la Coupe du monde de football 2010. CFP

Retour élevé sur investissement

Un rapport de recherche de la McKinsey & Company, publié récemment, a montré que, dans les pays africains, le retour sur investissement était en moyenne supérieur de 60 % à celui dans les pays asiatiques, dont la Chine, l’Inde et le Vietnam. L’Afrique compte donc parmi les régions les plus rentables du monde.

Le rapport financier annuel 2009 de l’entreprise chinoise de télécommunication ZTE Corporation confirme les résultats de cette recherche menée par Paul Collier, professeur en sciences économiques de la University of Oxford. Cette année-là, les recettes brutes de cette compagnie étaient de 33,02 % en Chine, et en moyenne de 22,32 % dans certains autres pays asiatiques, tandis que celles en Afrique atteignaient 53,51 %, bien que ses activités sur ce continent n’aient représenté que 11,38 % de ses activités principales.

Cette compagnie est installée en Afrique depuis 1995. Malgré l’instabilité sociale de l’époque, elle y a réalisé des performances remarquables. Aujourd’hui, ses revenus à l’étranger occupent 60 % de ses recettes brutes, et elle a fait de l’Afrique son plus important marché, après celui de l’Asie-Pacifique.

Huawei Technologies Co. Ltd, qui se spécialise aussi dans les télécommunications, a débuté ses activités en Afrique dès 1998.

Aujourd’hui, elle a des bureaux de représentation dans une dizaine de pays de ce continent, dont l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya. Avec un investissement en Afrique qui totalise plus de 1,5 milliard $US, elle se classe au 3e rang parmi les fournisseurs d’équipements de télécommunication sur ce continent.

Les entreprises chinoises ont également investi dans d’autres domaines que les télécommunications, et les exemples sont légion. En 2004, la Hazan Shoes Co. Ltd de Wenzhou, au Zhejiang, a créé une usine au Nigeria; c’est maintenant la plus grande entreprise de fabrication de chaussures en Afrique. Le 19 mars dernier, la China FAW Group Corporation a signé un contrat de coopération avec le Fonds de développement Chine-Afrique pour implanter un centre de production d’automobiles en Afrique, un investissement commun de 100 millions $US. C’est le plus gros projet du secteur automobile chinois sur ce continent.

Pour promouvoir les investissements en Afrique et appliquer l’une des huit mesures adoptées dans le cadre du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique, la Chine a mis sur pied six zones de coopération économique et commerciale dans cinq pays africains, dont la Zambie, l’Éthiopie et le Nigeria. Tout en profitant des expériences accumulées en Chine, ces zones constitueront des grappes d’entreprises chinoises qui y effectueront une transformation plus poussée des ressources locales; elles entraîneront aussi le développement des entreprises de fabrication de ces pays.

En octobre 2008, le Fonds de développement Chine-Afrique et Tianjin Teda ont signé un contrat pour exploiter conjointement la Zone de coopération économique et commerciale de Suez, en Égypte. CFP

D’ailleurs, afin de soutenir les entreprises chinoises en Afrique et leurs projets d’investissement là-bas, la Chine a spécialement mis en place le Fonds de développement Chine-Afrique, dont le capital total actuel est de 5 milliards $US.

Au début de cette année, Chen Mingde, ministre du Commerce, a révélé que les investissements des entreprises chinoises en Afrique ont connu un essor rapide, ce qui n’empêche pas un grand potentiel de développement d’y exister.

Wei Jianguo, secrétaire général du Centre pour les échanges économiques internationaux de Chine (sigle anglais, CCIEE), a travaillé en Afrique pendant deux décennies. Selon lui, il n’y a jamais eu de moment plus approprié que maintenant pour investir en Afrique. Selon ses sources, on y compte actuellement 2 180 entreprises chinoises et près de 8 000 projets de coopération touchant de nombreux aspects : centrales électriques, ports, aéroports, autoroutes, soins médicaux, de même qu’énergies solaire et éolienne. Ces entreprises se répartissent en trois catégories : grandes entreprises d’État et privées qui s’engagent dans de gros travaux et ouvrages; entreprises manufacturières transférées en Afrique à cause du plus faible taux d’imposition et du coût de la main-d’œuvre; et gens d’affaires se livrant à divers types de commerce.

Lu Shaye, directeur du Département Afrique du ministère des Affaires étrangères, est du même avis que le ministre Chen. Selon ce directeur, le potentiel du marché africain est énorme, et les occasions d’affaires, illimitées. Il estime que la plupart des pays africains réalisent désormais l’importance d’attirer les capitaux étrangers, et que, pour améliorer l’environnement d’investissement, bon nombre d’entre eux ont adopté des mesures, notamment la simplification des formalités, l’application de taux d’imposition préférentiels et le renforcement de la construction d’infrastructures.

Malgré l’essor rapide des investissements des entreprises chinoises en Afrique depuis le début du XXIe siècle, ces entreprises représentent une faible proportion du volume global des investissements, et leurs capitaux disponibles sont de loin inférieurs à ceux de certains pays d’Europe et d’Amérique. « Certains pays développés ont des intérêts traditionnels en Afrique. De nombreuses entreprises occidentales, notamment celles qui se consacrent à l’exploitation des ressources, y investissent sans cesse. C’est le cas de Shell, qui a des installations depuis plus d’un demi-siècle dans le delta du Niger », explique le Pr Li Anshan, directeur du Centre Asie-Afrique de l’Institut des relations internationales de l’université de Beijing, qui s’est rendu en Afrique à plusieurs reprises pour ses recherches.

Le 21 octobre 2009, des gens des milieux de l’industrie et du commerce de 15 pays africains anglophones participent à la Foire Chine-Afrique sur les échanges d’informations commerciales, à Wuhan (Hubei).CFP

Les secteurs émergents, plus d’occasions

Dès 1993, Lu Chunming, directeur général de la Beijing Holley-Cotec Pharmaceuticals Co. Ltd, s’est rendu personnellement en Afrique pour y faire connaître un nouveau médicament contre le paludisme, produit par sa compagnie. En moins de huit mois, il a visité quelque 2 000 médecins du Kenya qui comptait alors plus de 2 300 médecins inscrits. Ce médicament, qui dispose de ses propres droits de propriété intellectuelle, a par la suite été introduit sur le marché africain et a reçu l’approbation du marché local et de l’OMS.

Ayant habité en Afrique pendant des années, M. Lu est d’avis qu’il est vraiment difficile de percer dans le marché africain, mais que celui-ci est très rentable. « Bien que l’industrie de l’extraction constitue toujours un secteur traditionnel important de l’Afrique, ce continent offre nombre d’autres opportunités aux entreprises chinoises », souligne-t-il.

Selon le Pr Li, les investissements qui sont faits en Afrique pour la mise en valeur des ressources rapportent beaucoup; pourtant, il arrive que les entreprises soient confrontées à de grands risques à cause des délais nécessaires. Le Pr Collier estime aussi que les ressources naturelles ne sont pas le seul facteur qui stimule les investissements en Afrique. Avec la croissance économique rapide et l’augmentation du niveau de consommation, ce continent de 860 millions d’habitants deviendra un marché considérable.

Au cours de ses enquêtes et recherches, Mme Yao Guimei, directrice adjointe de l’Institut de recherches sur l’Asie de l’Ouest et l’Afrique, relevant de l’Académie des sciences sociales de Chine, a aussi remarqué que développer les secteurs autres que le minerai et le pétrole pour diversifier l’économie constituait le plan de développement à moyen et à long terme de bon nombre de pays africains. Certains d’entre eux ont même adressé une demande de coopération à la Chine dans les domaines de la fabrication, ainsi que dans celui des énergies solaire et éolienne.

De nombreuses entreprises chinoises ont su en profiter. Au moment d’effectuer des visites en Afrique, en mai dernier, le Pr Li s’est rendu dans les succursales de Huawei au Cameroun et au Kenya. « Elles m’ont laissé une bonne impression », déclare-t-il. Il a aussi constaté que de nombreuses entreprises chinoises participaient activement aux œuvres philanthropiques du pays où elles ont investi.

Des employés chinois et locaux, dans la filiale de Hisense en Afrique du Sud CNSPHOTO

La prochaine tâche : prévenir les risques

Tout récemment, le Groupe sidérurgique du Shandong a versé 1,5 milliard $US pour acheter le gisement de Tonkolili qui était sous l’administration de l’African Minerals Ltd, de même que 25 % des droits et intérêts des infrastructures connexes.

Sur le plan strictement économique, cet investissement vaut la peine. Cependant, selon l’évaluation de MmeYao, la mine de fer se trouve à au moins 100 km de la côte, de sorte qu’il faut construire une voie ferrée pour transporter le minerai, ce qui nécessitera encore un gros investissement.

En 2009, lors de ses enquêtes en Afrique, elle a entendu dire que certaines entreprises chinoises qui avaient investi dans la production de ciment et dans la culture maraîchère avaient essuyé de grosses pertes, vu les mauvaises conditions de transport. Bien que l’environnement d’investissements se soit grandement amélioré en Afrique, elle propose que les entreprises qui envisagent d’y investir se préparent avec soin.

Selon elle, la situation politique est stable dans l’ensemble sur le continent africain, mais il se peut que des troubles existent dans certains pays, d’où un risque imprévu pour les entreprises. Exemple : jusqu’à présent, la China National Petroleum Corporation n’a extrait aucun baril de pétrole au Nigeria, à cause de l’instabilité du pays.

Mme Yao croit aussi que les entreprises doivent connaître le plus possible la situation réelle du marché africain. Ainsi, elle a eu vent au cours de ses enquêtes d’une verrerie, installée en Afrique grâce aux investissements du Fonds de développement Chine-Afrique qui a vu grossir ses stocks. Pourtant, elle avait effectué préalablement des enquêtes et des promotions sur ce marché; le problème est que beaucoup de maisons construites en terre battue et en bois n’ont pas besoin de vitres.

« Bien que la superficie de terres de l’Afrique soit trois fois plus grande que celle de la Chine, que la population africaine approche le milliard et que son PIB augmente à un rythme annuel de 5 %, la capacité de consommation des habitants locaux reste limitée, étant donné sa base de développement fragile et sa faible capacité économique globale », explique Mme Yao.

Elle croit de plus que les entreprises qui comptent ouvrir des usines en Afrique et y embaucher des travailleurs doivent tenir compte du niveau d’instruction des jeunes locaux. En 2006, la Beijing Holley-Cotec Pharmaceuticals Co. Ltd était prête à fonder une usine pharmaceutique en Tanzanie pour y produire annuellement de 400 à 500 millions de comprimés, mais l’usine n’a pas été mise en exploitation pour diverses raisons, dont l’une était l’impossibilité de recruter des ouvriers qualifiés.

« La plupart du temps, les entreprises chinoises qui investissent en Afrique sont poussées par leur planification stratégique; en effet, il y a peu de possibilités d’y connaître immédiatement un grand développement. D’ailleurs, il existe un gros écart entre certaines régions africaines et la Chine pour ce qui est de l’approvisionnement en eau et en électricité, ce dont on doit également tenir compte », poursuit le directeur Lu.

Pour conclure, Mme Yao pense que les entreprises chinoises doivent assumer leur responsabilité sociale. « Il faut que l’État chinois élabore des politiques qui établissent un seuil ou des limites pour les PME qui souhaitent investir en Afrique; sinon, faute de contraintes, il est possible qu’elles causent de la pollution, ce qui affecterait l’image globale des entreprises chinoises. »

 

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