中文 | English | عربي | Español | Deutsch
Aux quatre coins du pays
Changzhou : un flot de mystères

 

WU MEILING

Une ville aux racines plurimillénaires sort de sa torpeur pour réveiller votre curiosité; venez goûter à la véritable saveur des légendes.

UNE fine bruine sur de la végétation suspendue a transformé la ville d’eau qu’est Changzhou en un rêve poétique, lorsque je m’y suis rendue cet été. Comme d’autres villes du Sud, l’ancien centre-ville est doté d’un solide système de canalisations qui comprend le Grand Canal, le fleuve Yangtsé, le brumeux lac Taihu et une extension de réseaux de canaux, grands et petits.

 

 

Yancheng 

Ce n’est pas seulement un ancien territoire de la culture urbaine chinoise, mais aussi un centre de fabrication moderne, bourdonnant d’équipements électroniques, de nouveaux matériaux, de nouvelles énergies, de projets de protection de l’environnement, de recherches en biotechnologie et en pharmacie. Située dans le sud de la province du Jiangsu, la ville est un membre important de la communauté d’agglomérations qui guide la prospérité du delta du Yangtsé, proche de Suzhou et de Wuxi, et à égale distance des villes de tête de Nanjing et de Shanghai. Changzhou a été classée au neuvième rang de la liste Forbes 2008 des meilleures villes commerciales de la partie continentale de la Chine et au premier rang du Livre bleu 2009 de la compétitivité urbaine chinoise, dans la catégorie « capacité d’innovation du gouvernement ».

Héroïsme et fidélité
bien ancrés

On peut faire remonter l’histoire de Changzhou à la préhistoire. Des fossiles d’Eosimias sinensis ont été découverts dans la montagne Shuimu, près de Liyang, une ville sous la compétence administrative de Changzhou. L’espèce est censée avoir vécu il y a 45 millions d’années, 8 à 10 millions d’années avant l’apparition supposée des primates supérieurs d’Afrique du Nord. L’Eosimias sinensis était minuscule, sa taille atteignant un peu plus de dix centimètres et son poids quelque cent grammes. Jia Lanpo, l’un des fondateurs de l’anthropologie chinoise et l’un des responsables de l’excavation de l’Homme de Pékin, a fait remarquer que l’Eosimias sinensis a été une découverte dont l’importance pour la paléontologie du XXe siècle peut être comparée à celle de l’Homme de Pékin.

Les recherches effectuées par l’ancien savant Jizha (576—484 av. J.-C.) indiquent que Changzhou a été établie il y a au moins 2 500 ans. Jizha était le quatrième fils de Shoumeng, roi de l’État de Wu, au cours de la période des Printemps et Automnes (770—476 av. J.-C.). On dit qu’il a refusé à trois reprises la couronne et a finalement été fait duc de Yanling (l’actuelle Changzhou). Jizha était reconnu comme un érudit de renom qui était, et reste encore, populairement appelé Yanling Jizi, ou Ji le maître de Yanling. Son caractère noble a eu une grande influence sur les règles de la civilisation chinoise, et Confucius est censé avoir écrit sur sa tombe « le troisième homme le plus vertueux sous le ciel ». Certains historiens pensent que son refus d’être intronisé a changé le cours de l’histoire en donnant lieu à des luttes intestines pour le pouvoir qui se sont conclues, une décennie après la mort de Jizha, par l’extinction de l’État de Wu en faveur de l’État de Yue.

Néanmoins, les gens de Changzhou attribuent l’origine de leur civilisation humaniste et intellectuelle à Jizha, et ils reconnaissent en lui l’ancêtre de leur culture et continuent à respecter l’ensemble des normes morales qu’il a établies. L’histoire suivante, transmise dans les familles locales de génération en génération, est typique de la noblesse du personnage. Un jour que Jizha passait par l’État de Xu, il a rencontré son roi qui lui a exprimé son admiration pour son épée. Lors de son retour, Jizha s’est arrêté dans l’État de Xu et a appris la mort du roi. Il a alors accroché son épée sur un pin à côté de la tombe du défunt. Son valet lui a demandé : « Le roi est mort, alors à quoi bon suspendre l’épée ici? » Jizha a répondu : « Je me suis promis de la donner au roi. Puis-je duper mon cœur sous prétexte de sa mort? »

Le peuple de Changzhou est influencé non seulement par l’héritage moral de Jizha, mais aussi par le patriotisme et l’héroïsme de son sang, celui d’un invincible « peuple de fer venu d’une ville de papier ». Vers la fin de la dynastie des Song du Sud (1127-1279), la cavalerie mongole avait balayé la Chine du Nord et poursuivait son expédition vers le sud, atteignant Changzhou en 1275. Les citoyens locaux se sont battus aux côtés des troupes de la garnison, surpassée en nombre par les envahisseurs, faisant tenir la ville assiégée pendant des mois. Selon les historiens, la bataille de Changzhou fut l’une des plus épiques de la campagne de Lin’an (l’actuelle Hangzhou, la capitale des Song du Sud), l’une des cent opérations militaires les plus importantes de l’histoire chinoise. La bataille a duré pendant six mois, et le sang teintait les rivières et les cours d’eau en rouge. Les cadavres étaient partout dans la ville jusqu’à ce que, finalement, seuls dix-huit foyers résistent encore. L’héroïque Wang Anjie, capitaine de la garnison de Changzhou, était couvert de sang et, appuyé contre les murs de la cité, se tenait debout, malgré que l’ennemi lui ait coupé les pieds, pour exhorter ses troupes et sa famille à continuer le combat. Les envahisseurs n’avaient pas du tout prévu de rencontrer une telle résistance dans cette ville à peine fortifiée, et des années après cette sanglante bataille, le commandant mongol Boyan s’émerveillait encore de ce « peuple de fer venu d’une ville de papier ».

 

Vue du Grand Canal  

Fenêtre sur une civilisation ancienne

Il est généralement admis que Beijing est le meilleur endroit pour apprendre l’histoire des dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), tandis qu’on conseille à ceux qui étudient les dynasties des Sui (581-618) et des Tang (618-907) d’aller à Xi’an. Et Yancheng, dans la banlieue sud de Changzhou, est l’endroit où on en apprendra le plus sur la période des Printemps et Automnes ou sur les époques antérieures.

Les trois sections de Yancheng sont délimitées par trois douves. Avant d’y aller, je pensais que le meilleur moment pour voir ce site serait un crépuscule d’hiver : la même heure que j’avais choisie pour voir le palais d’Été à Beijing; c’est à l’heure la plus solitaire d’une journée déserte que se révèle le mieux la beauté d’une ruine historique. Mais j’ai été surprise par la verdeur de la végétation et par la vitalité de Yancheng où beaucoup d’endroits récemment rénovés ont revitalisé un ancien art de vivre : le jardin des Anciens Philosophes, la rue de la Médecine traditionnelle chinoise, le Paradis culturel et spirituel, la rue des Gourmets, le Parc du folklore...

La ville possède un vieux puits de bois et de bambou; sa paroi interne est tapissée par un treillis en bambou et on peut voir des piliers de bois au fond. Des études archéologiques ont montré qu’il est vieux d’au moins 2 500 ans, pourtant l’eau claire n’y manque pas.

L’histoire donne des versions différentes quant au fondateur de Yancheng. On dit que la ville a été construite par le roi de Yan autour du XIe siècle av. J.-C., à la fin de la dynastie des Shang (XVIe s. — XIe s. av. J-C.) ou au début de celle des Zhou (XIe s. — 221 av. J-C.). Son royaume était à l’origine situé à l’est de l’actuelle Qufu (province de Shandong). Mais ce roi s’est révolté contre le gouvernement central, et s’est enfui vers le sud, à Changzhou, après avoir été défait par le monarque de la dynastie des Zhou. Il a fait creuser des fossés et déplacer la terre pour construire sa ville : Yancheng, la ville de Yan. Parce que celle-ci était si bien gardée par des douves, comme si elle était inondée, le nom officiel de la ville a été progressivement remplacé par un homonyme, « yan » ou « inonder ».

Une autre version veut que la ville ait été construite par Jizha, dont nous avons déjà parlé, tandis que d’autres croient encore qu’il s’agissait d’une forteresse militaire de l’État de Wu.

La disposition unique de la ville continue d’inviter à la curiosité. Comment les trois douves et les deux villes extérieures entourant la ville centrale ont-elles pu être formées? Il n’est guère crédible de penser que cela s’est fait naturellement, mais il est non moins incroyable d’y voir la main de l’homme, compte tenu de la technologie de l’époque. Comment les anciens auraient-ils pu creuser à la pelle trois rivières artificielles d’une telle taille et d’une telle pérennité ?

Une autre énigme concerne trois monticules. Il y avait autrefois des centaines de monticules de terre de toutes tailles dans un périmètre d’un kilomètre autour de Yancheng. Actuellement, il n’en reste plus que 70, les trois plus importants sont nommés respectivement tête, ventre et pieds. Le folklore a gardé trace d’une histoire qui raconte que le roi de Yan avait une très belle fille nommée Bailing et que ses parents adoraient. À vingt kilomètres au nord-est de la ville se trouvait la cité de Liu dont le prince sournois avait réussi à obtenir, par la ruse, la main de la belle princesse. Alors qu’un jour le roi était absent, son beau-fils réussit à obtenir, au nom de la princesse Bailing, la clé du jardin arrière. Il s’empara alors de la tortue de jade blanc que le roi conservait comme gardien du pays. Quand le roi furieux apprit que sa fille était mêlée au vol, il la fit exécuter sans autre forme de procès. Lorsque la vérité éclata, le père contrit de culpabilité lui prépara des obsèques fastueuses, et de multiples trésors furent enterrés avec elle afin d’adoucir sa vie dans l’au-delà. Afin de tromper les pilleurs de sépultures, le roi fit construire deux autres tumulus. Pendant des siècles, les autochtones prêtèrent à la princesse de grands pouvoirs et vinrent prier devant ses trois tombeaux.

Apogées politiques
et culturels

Changzhou a atteint son apogée politique au cours des Dynasties du Sud et du Nord (420-589), après que Xiao Zheng et sa famille s’y sont installés. En 311, sous le règne de Yongjia, à la fin de la dynastie des Jin Occidentaux (265-316), des groupes ethniques ont envahi la Chine du Nord, forçant les habitants à fuir vers le sud. Xiao Zheng comptait parmi les réfugiés. Il a dirigé l’exode de son clan depuis le district de Lanling (actuellement aux environs de Cangshan et de Zaozhuang de la province du Shandong), dans la préfecture de Donghai. Ils ont traversé le Yangtsé et sont arrivés dans le district de Wujin, à Jinling (aujourd’hui Changzhou). Le riche réseau fluvial et les terres fertiles les ont fait s’arrêter, et les colons se sont fait appeler les Xiao du sud de Lanling. Le clan Xiao a prospéré rapidement dans ce riche territoire agricole, et bientôt, il a pris place sur le plan politique au cours des périodes de désordre. Les Xiao fondèrent deux dynasties – les Qi (479-502) et les Liang (502-557) – qui ont dominé successivement la Chine du Sud grâce à 15 empereurs pendant 78 ans.

Le premier a été Xiao Daocheng (427-482) qui a créé la dynastie des Qi ou, selon l’appellation des historiens, des Qi du Sud. Il a excellé aussi bien par ses compétences militaires que littéraires, et on a retenu sa phrase : « J’installerai une dynastie Qi partout où l’or est le prix de la terre. » Deux décennies plus tard, une autre branche du clan Xiao a renversé les Qi et a fondé la dynastie des Liang. Le fondateur, Xiao Yan, est resté sur le trône 48 ans, aussi incroyable que cela puisse paraître. Il a été un souverain clément et un homme de lettres. Il a défendu le confucianisme et encouragé l’éducation. Son fils aîné, Xiao Tong, appelé le prince héritier Zhaoming, a compilé la première anthologie littéraire existante en Chine, Wenxuan, maintenant connue sous le nom de Zhaoming Wenxuan. Elle a eu une influence directe sur un ouvrage de son temps, le Wenxin Diaolong (Le Cœur de la littérature et la sculpture des dragons), qui est célébré comme le plus grand travail de l’esthétique littéraire chinoise. Xiao Gang, troisième fils de Xiao Yan, était un géant dans les cercles de poésie. En tant que membres de la famille impériale, les trois Xiao ont eu une grande influence politique et littéraire au cours de la période des Qi et des Liang. Ils sont comparés aux trois Cao de la dynastie des Wei durant la période des Trois Royaumes (220-280).

Un autre sommet de l’histoire de Changzhou a eu lieu au temps des Ming et des Qing, quand un actif groupe de lettrés a voulu adapter l’apprentissage classique à la promotion du progrès politique et social. L’école de Changzhou a fait sensation, en particulier vers la fin de la dynastie des Qing, lorsqu’elle a contribué au mouvement de réformes qui a déclenché la chute du régime impérial et marqué le début de la Chine moderne.

Personnalités célèbres

Dans les premiers jours de l’histoire chinoise moderne, les réformistes ont lancé quelques 30 entreprises industrielles, dont un tiers par Sheng Xuanhuai (1844-1916), né et élevé dans la ruelle Qingguo à Changzhou. Ses aventures ont donné une solide assise industrielle à la ville et ont fait de Changzhou un pionnier dans la révolution industrielle du pays. Dans les années 1980, cette ville a conquis une nouvelle renommée lors des réformes et de l’ouverture du pays, devenant un modèle industriel pour les petites et moyennes villes.

En fait, la plupart des célébrités de Changzhou proviennent de deux endroits : la ruelle Qingguo et le ruisseau de Baiyun. Le premier était une communauté compacte habitée par des familles aristocratiques et des célébrités du temps des Ming et des Qing. Le second est un cours d’eau qui coule en ville, parallèlement au Grand Canal. Dans les temps anciens, les foyers vivant le long de ses rives ont donné naissance à quatre zhuangyuan (lauréats des examens impériaux au plus haut niveau) et à sept fonctionnaires d’échelon ministériel et plus. Le grand poète Su Dongpo a également emménagé ici dans ses dernières années et est décédé dans sa maison au bord de l’eau.

La personnalité contemporaine la plus célèbre pourrait être Liu Haisu (1896-1994), artiste et professeur d’art issu d’une famille féodale. Dans les années 1920, Liu a fait un pied de nez à la morale traditionnelle en utilisant des modèles féminins nus pour les cours de peinture occidentale et s’est fait connaître comme l’artiste le plus controversé en Chine. Le moment le plus émouvant de son histoire est celui où sa jeune cousine, Yang Shouyu, a brodé pour lui un nu féminin selon son style particulier. Elle était profondément amoureuse de son cousin, et l’a soutenu en silence à sa manière.

Leur romance a été tragique. Ils ont grandi ensemble et sont tombés amoureux, mais leurs familles ont donné du crédit aux oracles qui les avaient mis en garde parce que leurs constellations respectives étaient incompatibles. Lorsque Liu Haisu a soulevé le voile de son épouse et a constaté que ce n’était pas sa cousine Yang, il s’est enfui à Shanghai et n’est pas revenu à la maison pendant 70 ans. Pendant tout ce temps, Yang Shouyu est restée dans leur ville natale, mais a changé son nom « jade élancé » pour « chasteté éternelle ».

En réalité, elle était une femme pleine de ressources aux multiples talents, notamment dans la broderie pour laquelle elle a consacré toute sa vie. Le « style irrégulier » qu’elle a créé est reconnu comme une grande contribution artistique, et malgré sa renommée de maître brodeuse, elle est toujours restée d’un caractère modeste et effacé. Elle aurait eu l’occasion de revoir Liu Haisu lorsque celui-ci l’a invitée à son atelier de broderie spécialement lancé à Shanghai, mais elle a refusé parce que son cousin était marié et avait des enfants. Selon la femme de celui-ci, Xia Yiqiao, Yang Shouyu tremblait de tous ses membres quand elle a posé les yeux sur lui lors de sa visite, après 70 ans d’exil, et elle est morte peu de temps après cette rencontre. Personne ne sait quels furent les derniers mots échangés par le couple, ni s’ils ont apaisé son cœur brisé.

Sites de tourisme et points d’intérêt

Le tourisme s’est développé rapidement à Changzhou, et plusieurs zones touristiques ont été créées ces dernières années : le Centre de vacances du lac Tianmu, les panoramas des montagnes Maoshan et Tianning, la Zone touris-tique moderne de Changzhou, le Centre de loisirs du lac Taihu et le Parc des ruines de Yancheng. La ville fait actuellement la promotion de quatre itinéraires possibles : le premier se concentre sur les paysages, le second sur les personnes célèbres et l’architecture qui leur est liée, le troisième sur les anciens temples, les pagodes et le Grand Canal, et le quatrième sur la culture des dragons.

Changzhou possédait 480 temples durant la période des Dynasties du Sud, mais le temple bouddhique de Tianning est le seul à avoir survécu aux guerres et à l’érosion du temps, malgré 1 350 ans. La ville a été la demeure de nombreux maîtres accomplis et a été maintes fois visitée par des poètes et des écrivains.

En outre, le Parc des dinosaures de Changzhou est un lieu où les adultes comme les enfants pourront s’amuser tout en y apprenant des choses. Les spécialités locales, comme la sculpture sur bambou, la broderie et la fabrication de peignes, donnent des exemples d’un artisanat local prisé par les collectionneurs et les chasseurs de souvenirs.

 

查查法语在线翻译
Panorama de Chine
Les 60 ans de la RPC
Du petit magasin aux boutiques sur Internet
Les changements de la vie nocturne
Toit du monde
Le Tibet a accueilli 2,25 millions de touristes au cours du premier semestre de 2011
Tendance
Semaine de la mode de Chine (FANGFANG,TRIES MAN et WHITE COLLAR)
Semaine de la mode de Chine: un défilé de créations de NE-Tiger
Semaine de la mode de Chine (GIOIA PAN)
Semaine internationale de la mode de Chine : Défilé Qi Gang
À la chinoise
Bonne année du Tigre
Admirez-moi cet objet…
L'art du canard laqué
Des poupées… et leur secret
Mots clés pour comprendre la Chine
Shufa
Laoshi
Lian 脸
Chi, ou le plaisir de manger
Livre
Forêts de Chine
Proverbe
San ren cheng hu 三人成虎
Beijing Information CHINAFRIQUE La Chine Éditions en langues étrangères
China.org.cn Xinhuanet Quotidienn du peuple CCTVfr RCI
À propos de nous | Service de publicité | Nous contacter

Conseiller juridique | Abonnement

Droits d’auteur : La Chine au présent