En Chine, l’épouse du président du pays a un jour été accusée injustement et emprisonnée pendant 12 ans. Après avoir purgé sa peine, cette femme était encore confiante en l’avenir et avait la passion de vivre. Dans l’histoire de la Chine, elle est la seule femme à avoir vécu une expérience si incroyable. Elle n’a pas été le seul personnage important de sa famille; il y a eu aussi un vice-président du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale de la Chine nouvelle, un vice-ministre de l’Industrie électronique de la Chine nouvelle, le secrétaire à l’économie du président et le directeur d’un département de l’armée de l’air du Guomindang. Malgré leurs divergences de vues, les frères et sœurs de cette famille ont toujours conservé leur affection fraternelle.
 |
|
Wang Guangmei, à 2 ans, en 1923 | Cette femme légendaire, c’est Wang Guangmei (1921-2006), la femme de Liu Shaoqi (1898-1969), qui a été président de la République populaire de Chine de 1959 à 1969; elle était une mère très attentive. Sa vie remarquable est intimement liée à l’histoire du pays et du Parti communiste chinois.
|
 |
|
Wang Guangmei, à l’université; elle rêvait d’être la « Marie Curie de Chine ». |
À la fin des années 1940, la lutte fratricide entre le Parti communiste et le Guomindang n’était pas encore terminée. Titulaire d’une maîtrise en physique, Wang Guangmei a tout de même choisi de laisser tomber sa chance d’aller étudier aux États-Unis pour participer à cette lutte, en se rangeant du côté du Parti communiste, qui était alors cantonné à Yan’an (Shaanxi). C’est à cette époque qu’elle a rencontré Liu Shaoqi et qu’elle en est tombée amoureuse.
Après l’établissement de la Chine nouvelle, logeant à Zhongnanhai (la résidence officielle du président du pays), Mme Wang s’est occupée de sa famille nombreuse; elle s’y est aussi consacrée à aider son mari et à bien éduquer leurs enfants. Elle a accompagné son mari dans ses tournées d’inspection au pays et lors de ses visites à l’étranger; durant cette période, elle a toujours représenté l’élégance de la femme chinoise et son charme oriental. Quand son mari a été accablé de calomnies et a fait l'objet de complots, elle est toujours restée fidèlement à ses côtés, n’a jamais trahi son amour pour lui et son idéal. Durant sa vieillesse, malgré sa santé précaire, elle s’est engagée dans des œuvres charitables pour aider les mères dans le besoin. Pendant toute sa vie, elle n’a jamais cessé de faire des efforts pour tenter d’établir une société équitable, juste et fraternelle.
|
 |
|
Wang Guangmei, en compagnie de ses frères ; (de g. à dr.) :Wang Guangjie, Wang Guangfu, Wang Guangying et Wang Guangmei |
|
 |
|
Wang Guangmei, durant sa jeunesse |
Malgré sa renommée, Mme Wang était d’une grande modestie et n’acceptait jamais d’interviews de la presse; elle refusait également l’offre de gens qui auraient voulu écrire sa biographie. C’est ainsi que son histoire est toujours restée inconnue. Après son décès, Luo Haiyan a écrit la biographie Wang Guangmei si ren xiang ce (L’album personnel de Wang Guangmei) qui présente en détail la vie remarquable de cette femme. Il a aussi publié plus de 400 de ses photos personnelles; parmi ces dernières, la plupart étaient inédites.
Mme Wang était très amie avec Soong Ching Ling (madame Sun Yat-sen, présidente honorifique de la RPC et fondatrice de La Chine au présent). Dans la biographie, plusieurs histoires impressionnantes concernent l’amitié de ces deux femmes remarquables. Voilà pourquoi, à partir de ce numéro, notre revue publiera des extraits de ce livre pour évoquer le souvenir de ces deux grandes femmes de la Chine.
Abandonner sa voie,
comme Marie Curie
 |
|
Wang Guangmei et Liu Shaoqi, à Xibaipo (Hebei) |
Wang Guangmei est née dans une famille riche et noble. Son père, Wang Zhichang, avait étudié au Japon dans sa jeunesse, et après être rentré en Chine, il a fait partie du gouvernement du Beiyang (1912-1928); il y était ministre intérimaire de l’Agriculture et du Commerce. Durant ce mandat, à titre de délégué du gouvernement, il a participé à la Conférence de Paix de Paris, en 1919, ainsi qu’à la Conférence de Washington, en 1921. Née aussi dans une famille noble, Dong Jie, mère de Wang Guangmei, a été l'une des premières femmes à avoir obtenu un diplôme universitaire en Chine.
Wang Guangmei a reçu une bonne éducation et obtenu un diplôme d’études supérieures. Elle nourrissait l’ambition de devenir une scientifique, comme Marie Curie. En 1945, après avoir obtenu une maîtrise en physique de l’Université catholique Fu Jen, elle a réussi l’examen de physique atomique de l’Université Stanford et de l’Université de Chicago, ce qui lui permettait de poursuivre des études de doctorat aux États-Unis.
Cependant, la vie de Mme Wang allait prendre un tout autre tournant. En 1946, pour mettre fin à la guerre entre le Parti communiste et le Guomindang, ces deux parties ont conclu un accord auquel les États-Unis ont été associés, en vue d’établir un organisme de contrôle des affaires militaires. Mme Wang a alors été invitée à y travailler comme interprète pour le Parti communiste. En octobre 1946, la lutte entre les deux Partis a recommencé, et sans écouter les conseils de ses parents, Wang Guangmei a alors décidé de participer à cette guerre aux côtés du Parti communiste. La jeune femme s’est donc rendue à Yan’an, et dès ce moment-là, sa vie a été liée à la révolution chinoise; son rêve de devenir une scientifique a été remplacé par un rêve politique. Elle y a rencontré Liu Shaoqi et a été immédiatement attirée par cet homme élégant, sérieux et franc. Les deux se sont mariés le 21 août 1948; elle avait alors 27 ans et Liu Shaoqi, 50. Le couple va alors vivre une histoire d’amour émouvante.
 *LUO HAIYAN est rédacteur principal à l’Agence de presse Xinhua et directeur adjoint de la Maison d’édition Xinhua.
|
