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Société
Protéger la prairie du haut plateau du Qinghai-Tibet, une mission de portée mondiale

 

– Interview de M. Shi Peili, chercheur à l’Institut de recherche des sciences géographiques et des ressources naturelles (IGSNRR) à l’Académie des sciences de Chine

LI YUAN

Un texte qui donne à réfléchir sur l’importance de protéger une ressource qui est en quelque sorte un véritable patrimoine de l’humanité.

 

LE haut plateau du Qinghai-Tibet jouit d’un climat typique, d’une localisation particulière et d’un écosystème dont les ressources sont abondantes et diverses, de sorte qu’il est une banque génétique d’organismes vivants et un régulateur du climat de l’Asie, voire de l’hémisphère Nord. Il est également la source de grands fleuves.

Son paysage naturel est varié : prairie, désert, buisson, forêt, lac et marécage. Les zones agricoles et pastorales se caractérisent principalement par une végétation herbacée. En 1993, dans le district de Dagzê, près de la ville de Lhasa, on a établi une station expérimentale d’agriculture écologique; elle relève de l’IGSNRR de l’Académie des sciences de Chine. Depuis que cette station a joint le Réseau chinois de recherche sur l’écosystème (CERN, en anglais), en 2002, et le Réseau national de recherche en plein air de la Chine, en 2005, elle occupe une position importante dans la recherche sur l’environnement du haut plateau et dans celle sur le développement durable de la culture et de l’élevage.

Directeur adjoint de cette station, M. Shi Peili déclare : « Pour l’élevage, la prairie est la source de fourrage la plus économique; c’est d’ailleurs là où les bestiaux herbivores prennent la plus grande partie de leurs éléments nutritifs et de leur énergie. Voilà pourquoi la qualité de son environnement affecte directement l’élevage de cette région. »

Chaque année, pendant au moins trois à quatre mois, M. Shi conduit son équipe de recherche dans la prairie où ils y recueillent des données de première main qui vont permettre d’aider à rétablir l’écosystème de la prairie.

Dégradation de la prairie tibétaine

« L’écosystème de la prairie est fragile en raison de la simplicité de sa chaîne biologique. La dégradation de la prairie naturelle du Tibet est due à l’effet combiné des facteurs naturel, humain et environnemental », explique M. Shi.

Depuis quelques années, le Tibet enregistre un net changement de son climat : réchauffement; déséquilibre des précipitations annuelles; fréquence accrue des désastres naturels; plus grand nombre de tempêtes de neige; et plus de 30 jours par année avec vent de force 8 et plus.

Au cours de la dernière décennie, dans le nord du Tibet, la température moyenne a augmenté de 0,4 °C et l’évaporation a été en moyenne 4,5 fois plus élevée que les précipitations. De telles conditions climatiques ne sont pas favorables à la croissance de l’herbe et au rétablissement de l’écosystème de la prairie.

De plus, le surpâturage a aggravé la dégradation de cette prairie. Au début des années 1970, il y avait peu de bestiaux au Tibet et les conditions de pâturage étaient relativement bonnes : on avait encore une certaine marge pour développer l’élevage en augmentant le nombre de bestiaux. Toutefois, dès le milieu des années 1970, la capacité de la prairie a peu à peu atteint la saturation ou s’en est approchée. De plus, les pasteurs tibétains conservaient une conception traditionnelle selon laquelle la richesse d’une famille dépend du nombre de chèvres et de bovins. Sur le haut plateau du Qinghai-Tibet, l’état de l’herbe n’est pas le même selon les saisons, et les pasteurs manquaient de mesures scientifiques pour utiliser rationnellement les ressources des prairies. Le déséquilibre entre l’élevage et la quantité d’herbe s’est donc aggravé.

Les désastres naturels constituent aussi un nouveau problème qu’affronte la lutte contre la dégradation de la prairie. D’après M. Shi, ces dernières années, quantité d’espèces d’herbes toxiques et nuisibles sont apparues, alors que l’herbe de bonne qualité a beaucoup diminué.

La dégradation de la prairie a aussi fait apparaître un autre fléau : les rats. Ils rongent les racines des plantes et entassent du sol sur l’herbe, ce qui forme de nombreuses buttes et entraîne une déperdition du sol et de l’eau. Les rats creusent les trous en formant des réseaux, et cela produit l’écroulement du tapis herbeux et endommage plus gravement encore l’écosystème de la prairie.

Revitaliser la prairie

Confronté à ces problèmes, pour contenir la tendance de la prairie à se dégrader, le Tibet a pris différentes mesures : mise au repos de pâturages, amélioration du système d’exploitation forfaitaire de la prairie et réaménagement de l’environnement.

En 2003, pour les contrées où la prairie était gravement dégradée, surtout celles ayant un écosystème fragile et celles situées à la source des grands fleuves, l’État a effectué des mises au repos de pâturages et fixé le principe suivant : cesser l’élevage et laisser reposer la prairie, mais sans demander aux pasteurs de quitter le pâturage ni de réduire le nombre de têtes de leur bétail. Grâce au subventionnement des fourrages et à l’aménagement de pâturages artificiels, ainsi qu’à diverses autres mesures prises dans le domaine de l’élevage, les structures de l’élevage ont été améliorées et la prairie a retrouvé son état naturel. Le Plan de protection et de construction de l’environnement du Tibet (2008-2030), mis en œuvre en 2009, stabilisera sans contredit le résultat des travaux de mise au repos de pâturages et protègera mieux l’écosystème du Tibet.

« Avec les données obtenues à la suite de la mise au repos des pâturages, les chercheurs évaluent la capacité des pâturages, leur température et leur capacité d’absorption d’eau. Ils informent alors les pasteurs du maximum de têtes de bétail qu’un pâturage peut nourrir et quelle est la meilleure période pour les envoyer paître. Après que le pâturage a été mis au repos pour une certaine période, il fournit plus d’herbes et le contenu en eau du sol augmente beaucoup », déclare M. Shi.

L’application du système d’exploitation forfaitaire du pâturage a également changé la conception traditionnelle des pasteurs. Ils ont constaté que leur ancienne façon de faire nuisait au pâturage et ils ont commencé à le protéger. « Maintenant, nous devons beaucoup discuter avec les villageois pour réquisitionner une parcelle de terre à des fins d’expérimentation », dit M. Shi, en riant.

Finalement, le long du chemin de fer Qinghai-Tibet, on a installé beaucoup de nids pour attirer les aigles, ennemis naturels des rats.

Fixation du CO et diminution des émissions

Malgré les efforts déployés, contrôler la dégradation de la prairie reste une mission difficile. Selon M. Shi, cela concerne non seulement la vie des pasteurs de cette région, mais aussi la qualité de l’environnement et même le changement climatique au niveau mondial. « La vaste prairie du Qinghai-Tibet est un puits de carbone non négligeable. Le carbone qui y est stocké est extrêmement important dans le cycle du carbone de la planète. Le réchauffement climatique et un mode d’élevage inapproprié accélèrent la dégradation de la prairie et augmentent les émissions de CO2, influençant ainsi le cycle du carbone et le climat du monde entier », indique M. Shi.

La séquestration du carbone est le processus d’absorption des gaz à effet de serre et leur fixation dans des puits de carbone, notamment la végétation et les sols. Selon M. Shi, la prairie du haut plateau du Qinghai-Tibet représente 40 % de la superficie totale des prairies du pays. À cause de la basse température de la région, les racines et les tiges des plantes, qu’elles soient à la surface ou enfouies dans le sol, ne se décomposent pas facilement, de sorte que l’écosystème peut absorber du CO2 dans les racines et le sol pendant une assez longue période. Par conséquent, en Chine, l’écosystème de la prairie du haut plateau est un lieu important de séquestration du carbone et il influe donc sur le cycle du carbone du pays et de l’ensemble de la planète.

À cause du changement climatique, et spécialement de la détérioration de la qualité des prairies des zones froides, qui a été causée par un élevage abusif, la séquestration du carbone risque de se transformer en source de carbone. À l’opposé, si l’on réaménage et rétablit les prairies, l’écosystème des vastes prairies du haut plateau du Qinghai-Tibet aura un fort potentiel de fixation du carbone.

La tendance au réchauffement climatique de notre planète a déjà des répercussions négatives sur l’écosystème du Tibet. D’après M. Shi, le changement climatique particulièrement marqué au Tibet cause la fonte des glaciers, la dégradation de la prairie et la désertification. Région sensible au changement climatique, le plateau du Qinghai-Tibet doit prendre les mesures nécessaires pour absorber plus de carbone et réduire ses émissions.

« La prairie constitue un grand barrage biologique de notre pays contre la désertification. Elle est aussi un lieu de conservation et d’amélioration de la qualité des eaux. La valeur biologique du haut plateau du Qinghai-Tibet est bien plus grande que sa valeur économique, et renforcer la protection de son écosystème est devenu une nécessité non seulement pour lutter contre le réchauffement climatique, mais également pour améliorer les conditions de vie et de production de ses zones agricoles et pastorales et garantir un développement socioéconomique sain et rapide de l’ensemble de la région », conclut M. Shi.

 

 

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