ZHAO YAYUAN

Face aux problèmes que posent les changements climatiques, la communauté internationale se mobilise pour proposer des mesures concrètes. La jeunesse chinoise se distingue comme particulièrement motivée pour relever les défis.

UNE compétition pour les énergies propres (The Great Power Race) se tient en septembre parmi les étudiants de la Chine, des États-Unis et de l’Inde. Le gagnant sera désigné selon le degré d’innovation et le nombre de projets soumis par les étu-diants. Jusqu’à la fin juillet, plus de 500 universités étaient inscrites à la compétition, dont 177 chinoises. Cela montre bien que les jeunes Chinois accordent de l’attention au changement climatique, aux économies d’énergie et à la réduction de la pollution.

La voix des jeunes Chinois

Zhao Xiangyu est l’initiateur de la première délégation non officielle composée de jeunes Chinois qui ont participé à la quinzième session de la Conférence des Parties (COP15). Lors de ses études dans une université américaine, ce jeune homme d’une vingtaine d’années a pris conscience de la vive attention des jeunes Occidentaux sur les changements climatiques. « Ils expriment souvent leurs idées sur des problèmes internationaux importants comme le réchauffement climatique. Pour moi, les jeunes en tant que partie importante de la société, ont une responsabilité importante. Bien que la Chine soit confrontée aux mêmes défis que les États-Unis, les jeunes Chinois ont beaucoup moins pris part que les Américains. »

Pour lui, la COP15 constitue une bonne occasion de s’exprimer à l’international. Interrompant ses études pour un an, il est retourné en Chine. Grâce aux efforts d’organisations non gouvernementales (ONG) comme le Réseau d’action de la jeunesse chinoise pour le climat (CYCAN), Golden Bridges et l’Association verte des étudiants de l’université Tsinghua, 40 jeunes Chinois ont été élus parmi plus de 200 candidats pour partir à Copenhague.

Lors de la sélection des candidats, en plus des compétences linguistiques et de la spécialité professionnelle, une place très importante a aussi été donnée à leur compréhension des changements climatiques et de leur responsabilité. Avant leur départ pour Copenhague, les membres de la délégation ont reçu une formation approfondie sur beaucoup de sujets, dont la situation actuelle du climat planétaire, les négociations sur le climat, la communication médiatique et l’expression de ses idées.

À Copenhague, la délégation a bien montré la conception traditionnelle chinoise d’harmonie entre l’homme et la nature à travers des activités comme « sauver la planète par la médecine traditionnelle chinoise » ou « Chine verte, réaction des jeunes ». Elle a participé activement aux activités organisées par d’autres ONG. Zhan Yufeng a marché avec neuf autres membres de la délégation pendant six heures lors de la manifestation des ONG, en portant une pancarte indiquant « PAS D’AUTRES FAÇONS! MAINTENANT! ». « Nous avons vu peu de visages asiatiques, c’est donc plus de responsabilités pour nous », a rappelé M. Zhan. Pour l’instant, il travaille à temps complet comme responsable de la coordination et de la conception du projet de CYCAN.

Bâtir un pont de communication

Ce qui a impressionné Zhao Xiangyu à Copenhague, c’est la discussion entre jeunes Chinois et Américains organisée par Golden Bridges. Cinquante jeunes Chinois ont discuté avec cinquante jeunes Américains des réactions de la Chine et des États-Unis sur le changement climatique, ainsi que sur la transparence de la Chine à propos de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Après ce débat, les deux parties ont chacune envoyé cinq représentants pour s’entretenir avec Gary Faye Locke, secrétaire au Commerce des États-Unis. « Chacun partage ses expériences et idées sur les problèmes dans un cadre égal et constructif, c’est donc appréciable », a commenté M. Zhao. Des problèmes sur lesquels les deux gouvernements ne peuvent dialoguer sont à la portée des jeunes de ces deux pays. « Puisqu’ils représentent l’avenir du pays, leurs voix sont très importantes. »

En tant que membre du conseil de CYCAN, Li Lina, 26 ans, est en train de chercher les membres clés de la délégation pour COP16. Lors du COP15, elle était correspondante pour la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC YOUNGO). D’après elle, la délégation au COP 16 connaîtra un changement : moins de personnes, mais plus portée sur les interactions avec les ONG et les jeunes du pays. « Nous poursuivrons notre voie dans la COP, et cette année, nous diffuserons la voix de plus de jeunes Chinois au COP16 à Cancun. »

Li Lina a pris part à plusieurs projets sur le changement climatique depuis 2008, et elle a ses propres idées sur la responsabilité des jeunes dans ce domaine : « Nous pouvons réfléchir sur ce que nous pouvons faire. En tant que membre de la société chinoise, nous pouvons servir de pont de communication avec l’extérieur; en tant que citoyens du monde, nous ne pouvons pas garder le silence en voyant les efforts des jeunes des autres pays. » Elle a souligné à maintes reprises que la délégation des jeunes Chinois se prononcera tout au long de la COP 16.

Certains ont mis en doute les actions de Zhao Xiangyu : plutôt que d’aller à la COP, il aurait été, selon eux, plus réaliste de planter des arbres. « Personnellement, c’est un progrès indéniable pour un jeune de participer à la communauté des citoyens et à une discussion internationale. C’est vraiment moins réaliste que de planter des arbres, mais ça produira plus d’effets. Les jeunes ont la responsabilité de suivre de près ce domaine et de s’exprimer », explique ce militant.

Laissez réagir plus de jeunes

Le CYCAN est en train de faire une enquête sur la consommation d’énergie des universités chinoises en coopération avec l’université de Beijing. Cette enquête vise à fournir des arguments scientifiques pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre à travers l’analyse de l’efficacité énergétique. En sélectionnant des groupes d’étudiants compétents dans toute la Chine, le CYCAN forme des responsables qui mèneront cette enquête dans leur université.

Le 12 juillet, le deuxième Sommet international des jeunes sur l’énergie et le changement climatique, organisé par le Club des mécanismes de développement durable de l’université de Beijing, l’Association verte des étudiants de l’université Tsinghua, le CYCAN et co-organisé par l’Association de la voie verte de l’université Tongji, s’est tenu dans le Parc de l’Exposition universelle 2010 à Shanghai. Autour du thème « Les jeunes et l’écologie », cette rencontre visait à établir une tribune de communications pour les jeunes, le gouvernement, les entreprises et les médias.

En Chine, les activités organisées par les groupes d’étudiants et par les ONG sur la protection de l’environnement sont chaque jour de plus en plus nombreuses. Liu Wei, employée de 23 ans dans une entreprise, se rappelle bien sa première participation à l’activité « Une heure pour la planète » en 3e année d’université : « Cette activité était annoncé sur le forum. À 20 heures, la moitié des lampes des dortoirs des garçons ont été éteintes. Et beaucoup ont crié : “ Éteignez la lumière pour la planète pendant une heure ”, à l’intention des dortoirs où la lumière était toujours allumée. »

Bien qu’elle soit déjà diplômée, Liu Wei accorde encore beaucoup d’attention aux problèmes du changement climatique. « Cette année, le climat en Chine est un peu bizarre, il neigeait encore en avril. » Lors du COP 15, plutôt que les reportages télé, elle a préféré les articles des ONG sur Internet. « L’article de Li Yan, directeur climat et énergie de Greenpeace, intitulé “Constat d’échec du COP 15”est bien apprécié par les internautes. Les ONG peuvent plus attirer l’attention des jeunes, parce que leur position neutre est plus réaliste. »

D’après Li Lina, pendant longtemps, les jeunes Chinois n’ont pas suivi de près ces questions. « C’est un sujet large qui ne semble pas avoir de relation étroite avec la vie de tous les jours. Mais la COP 15 constitue un tournant important, à partir duquel les ONG et les groupes d’étudiants attentifs à ce domaine sont devenus plus nombreux. Néanmoins, leur capacité d’organisation doit se renforcer », confie-t-elle.

Zhao Xiangyu a sa propre opinion sur les moyens de faire réagir les jeunes: « D’un côté, les jeunes doivent tout d’abord faire ce qu’ils peuvent pour protéger l’environnement, par exemple, prendre l’autobus, économiser l’électricité et l’eau; d’un autre côté, le gouvernement doit chercher un nouveau mode de développement afin de lutter ensemble contre les changements climatiques et d’encourager les économies d’énergie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. »

Beaucoup de membres d’ONG participent à ces activités en dehors de leur temps de travail. Li Lina révèle : « Je suis heureuse de voir qu’en Chine, à part les examens et leur futur travail, les jeunes prêtent aussi beaucoup d’attention à leurs responsabilités et à leurs droits; ce qui compte encore plus, c’est qu’ils ont envie de les mettre en action. »