Les nouveaux marchés de l'externalisation représentent une des principales sources des nouvelles retombées économiques de la mondialisation. La Chine saura-t-elle relever les défis de ce marché?
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Économie |
Les sous-traitants ne doivent pas subir le sort des manufacturiers |
LIU QIONG Les nouveaux marchés de l'externalisation représentent une des principales sources des nouvelles retombées économiques de la mondialisation. La Chine saura-t-elle relever les défis de ce marché? ALORS que des dizaines de millions de spectateurs de par le monde sont fascinés par Avatar, le film oscarisé, peu de gens savent que l'exoplanète Pandora, ainsi que ses félins habitants à peau bleue, les Navis, portent tous l'étiquette « Fabriqué en Chine ». Depuis le Seigneur des Anneaux, sorti il y a neuf ans, plusieurs superproductions américaines ont utilisé pour la conception et la modélisation de leurs personnages des dessins issus des studios chinois. C'est maintenant une pratique courante à Hollywood : le scénario provient des États-Unis, le prototype est construit en Chine, le tournage a lieu en Nouvelle-Zélande et la musique est composée en France. À la fin du processus, un film hollywoodien est né. Créateurs de héros portés à l'écran comme Spiderman ou King Kong, les cinéastes chinois restent cependant en marge de ce partenariat international, reniés par ceux qui disposent de la matière grise et des technologies de pointe, mais également des sources de financement. Cela rappelle beaucoup la position de la Chine comme « atelier du monde » où tout a longtemps reposé sur le bas d'une échelle formée d'un très grand nombre d'ouvriers peu spécialisés. Tandis que le marché de la sous-traitance s’élargit, la Chine est soucieuse de ne pas répéter les errances de son secteur secondaire et garde l'œil rivé sur les marchés à forte valeur ajoutée.
Les connaissances l'emportent sur la technique Tout le monde sait qu'IBM est une entreprise informatique, mais seule une minorité est au courant qu'elle offre ses services à une banque chinoise basée dans le Guangdong afin de déterminer l'emplacement et la taille des futures succursales. Vendant initialement des ordinateurs, puis des services et maintenant des concepts, IBM initie une transition dans son modèle commercial afin de maintenir sa dynamique économique. Son évolution est une source d'inspiration pour les sous-traitants chinois. Au classement des services d'externalisation à forte valeur ajoutée, la maintenance, l'assistance technique et les services organisationnels occupent les dernières places, tandis que les cabinets de conseil et le développement de logiciels sont au sommet. Des décennies après que l’atelier du monde s’est installé en Chine, ses usines n'ont toujours pas réussi à faire preuve de suffisamment d'innovation pour faire leur place dans les sommets de la chaîne de fabrication. Par conséquent, elle souffre encore de marges bénéficiaires faibles. Zhu Xiaoming, président de la China Europe International Business School, avertit les fournisseurs de services d'externalisation qu’ils pourraient bien être exclus de l'élite industrielle s'ils se contentent de travailler sur des schémas fournis d'avance, à l'instar de leurs homologues manufacturiers. Les statistiques du ministère du Commerce montrent qu'en 2009, l’impartition des technologies de l’information (ITO) représentait 62,5 % de la valeur totale des contrats d'externalisation en Chine, celle des processus d'affaire (IPA) 26,6%, alors que celle des processus de connaissance (IPC) atteignait seulement 10,9 %. « Lorsque nous adoptons les concepts des autres, nous devons insister sur les innovations, a déclaré Zhu Xiaoming. À cet égard, l'Inde peut nous donner trois leçons : de nouvelles technologies, de nouvelles procédures d'entreprise et de nouvelles planifications de solution. » L'Inde fait également des débuts prometteurs dans l'industrie de l'externalisation, gravit l’échelle de la valeur ajoutée et édifie une position mondiale dominante. Avec 30 ans d'expérience en services conseils en gestion, Guo Xin, président d'IDC (International Data Corporation) Chine, a remarqué la hausse de la demande mondiale pour des compétences en matière d’IPC : « Par le passé, les clients venaient nous voir pour réduire les coûts, maintenant ils s'attendent à ce que nous soyons leur nouveau générateur de profit. » Être compétent apporte du profit Pour IsoftStone, un sous-traitant de services de technologies de l’information basé à Beijing, la moitié de ses activités viennent de l'étranger. À ses débuts, il ne voyait rien de mal à répondre systématiquement aux besoins de ses clients, qui sont essentiellement la réduction des coûts et l'amélioration de l'efficacité. « Dans ce métier, la priorité c'est d'être bon marché, ensuite d'être rapide, et l'exigence de qualité passe en dernier », définit Peng Qiang, vice-président de l'entreprise. Comme les opérations externalisées sont conçues pour les différents bureaux d'une organisation, comme par exemple ceux de l'agent technique en chef, du directeur des informations et du directeur financier, chacun a des exigences différentes. Naturellement, la meilleure optimisation des coûts et des délais peut être atteinte si le sous-traitant se concentre sur un seul service. C'est pourquoi les missions d'externalisation sont réparties entre des équipes spécialisées qui se consacrent à leurs domaines respectifs, sans nécessairement communiquer et collaborer les unes avec les autres. « C'est encore ainsi que nous procédons. Nous savons bien qu’on ne pourra pas toujours faire comme ça. Un changement est nécessaire et les préparatifs doivent commencer dès maintenant », avoue Peng Qiang. IsoftStone compte sur Accenture, un sous-traitant multicarte en management et en services technologiques, pour anticiper son avenir. Avec un effectif de 180 000 salariés, Accenture a un chiffre d’affaires annuel de 23 milliards de yuans, une somme qui exige en Chine un million ou plus d'employés et environ un demi-million en Inde, compte tenu de l’efficacité de leurs entreprises à l'heure actuelle. « Les modèles de croissance s'appuient sur la compétitivité des prix, ou alors la force de travail ne fonctionne plus », analyse Wang Xiaoyan, directeur commercial d'Accenture Chine. Peng Qiang estime que ce qui est essentiel pour augmenter la rentabilité des sous-traitants, c’est d'abord un changement de mentalité : inverser l'ordre de priorité pour leurs services « d’abord faire bien, ensuite faire vite, et enfin être bon marché ». Les clients ne sont pas opposés à cette transformation. « Nos clients sont plutôt impatients de profiter de services qui couvrent la totalité du processus-produit, du positionnement à la conception de solution, à la mise en œuvre et jusqu’à la gestion. Les services conseils en prestation de solutions formulent une approche globale et transversale plutôt qu’un système qui se limiterait à quelques phases de l'ensemble du processus », explique Wang Xiaoling, directeur général du centre de livraison accélérée de Capgemini en Chine. Selon lui, Capgemini, une des plus importantes compagnies mondiales de conseil en management, de services de technologies de l’information, ainsi que de services professionnels et d’externalisation, a radicalement transformé sa relation client, passant du dialogue entre groupes isolés à un échange entre coéquipiers. En refusant d’être cloisonné, chacun est sensibilisé au fait que les deux parties peuvent conjointement créer plus de valeur. Hausse des délocalisations en Chine L'externalisation n'a pas sauvé sa peau durant la crise économique mondiale, puisqu’on a enregistré une baisse sans précédent par rapport aux cinq dernières années. De tous les secteurs, celui des technologies de l’information a été le plus durement touché, plongeant dans la croissance négative. Et si celle d’IPA est en augmentation de 2,42 %, c’est cependant la plus mince de son histoire. Parmi toutes ces ombres au tableau, la Chine apparaît comme exceptionnellement lumineuse. Selon le Rapport 2009 sur le développement des services d'externalisation en Chine, ceux-ci ont fait une très belle performance en augmentant de 20 %. La valeur des contrats de délocalisation mis en œuvre a atteint 10,09 milliards $US, en hausse de 151,9 % par rapport à l'année précédente, et devrait encore grimper de 40 % en 2010 avec 14 milliards $US. La sous-traitance des logiciels et des services informatiques est devenue la tête de pont des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) en Chine. « La Chine est en bonne position pour l'externalisation des services, a déclaré Zhang Tianbing, vice-président et partenaire du cabinet en gestion internationale A.T. Kearney. Il y a une grande réserve de gens bien éduqués, avec l’avantage d’un moindre coût par rapport aux États-Unis et au Japon, et la Chine a commencé très tôt parmi les pays d'Asie-Pacifique. De plus, elle se trouve dans une région avec un énorme potentiel sur le marché local de l'externalisation. » L'appui du gouvernement chinois est également un facteur à ne pas négliger. Dans la seule année 2009, onze directives encourageant l’industrie de ce secteur ont été édictées par différents ministères et organisations gouvernementales, couvrant un large éventail de questions comme la fiscalité, les investissements, le financement et les ressources humaines. Le résultat est le doublement du nombre de fournisseurs de sous-traitance : ils sont passés à 8 950 à la fin 2009, avec 4 175 ayant été fondés dans l'année. La réponse rapide et efficace du gouvernement attire l'attention des cadres de sociétés transnationales, comme le groupe Eni S.p.A. Son P.-D.G., Gianluigi Castelli, a admis qu’en Europe les prises de décision du gouvernement se font avec une telle lenteur et avec de tels compromis que lorsque l'accord est finalement conclu, il n’a en fait que peu d'effet. Malgré tous ces compliments, les initiés sont conscients que ce développement soutenu doit tenir compte de certaines faiblesses sous peine d’être stoppé. Parmi celles-ci, notons les médiocres compétences en langues étrangères, la faible protection des droits sur la propriété intellectuelle et la prédominance économique du secteur manufacturier. Prenant en compte tous les éléments, Zhang Tianbing en conclut que l'Inde reste pour le moment le chef de file mondial de l’externalisation. Celle-ci a en effet consolidé sa position dans le secteur au cours des dix dernières années. Commençant son implantation en offrant des services traditionnels de sous-traitance à faible coût pour des compagnies américaines de NTIC, l’Inde a progressivement remonté vers des domaines plus complexes comme la gestion des connaissances et les services juridiques. En attendant, elle a étendu son pré carré à davantage de pays à travers le monde. Mais le pays a aussi ses défauts, tels que la crise de crédibilité provoquée par le scandale financier de la Satyam, les inquiétudes en matière de sécurité à la suite d’une série d'attentats et l'instabilité de sa monnaie. « La réputation des compagnies indiennes subit une érosion après un certain nombre de différends portant sur les contrats et les livraisons. De plus en plus de clients détournent leurs commandes vers la Chine », estime Wang Xiaoliang. Son opinion est que la Chine d’aujourd'hui est plus aguerrie et mieux préparée pour l'externalisation; il est donc presque certain d’assister prochainement à un remaniement au niveau mondial.
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