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Société
Ma propriétaire française

HU XIAOWEN

Une histoire de relations locataire-propriétaire entre une Chinoise et une Française qui, malgré son côté anecdotique, nous en apprend beaucoup sur les valeurs qui rassemblent ou séparent des individus d’origine différente.

L’auteure (à dr.) profite de la vie au Disneyland Paris avec une amie.

SE loger est important, et chercher un appartement à Paris n’est pas de tout repos. Contacter un propriétaire, se rendre sur place pour voir la condition du logement et signer le bail est un processus qui met parfois la patience à l’épreuve. C’est cependant la relation avec le propriétaire qui est la plupart du temps au cœur du processus. Si quelqu’un a la chance de rencontrer un propriétaire qui est d’accord pour tenir compte des besoins du locataire, les choses se dérouleront alors avec moins de difficultés; malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.

Mon expérience en France s’est passée de façon plutôt heureuse. J’ai rencontré ma propriétaire par l’entremise de l’agence Entreaide qui sert d’intermédiaire entre les étudiants et les propriétaires. Lors de ma visite, le responsable m’a présenté de façon particulière l’offre d’une propriétaire qui venait d’inscrire son logement le matin même. « Il vaut mieux être la première sur place. Vite! Allez-y! », m’a-t-il suggéré.

C’est ce que je fis. Pendant les dix mois qui ont suivi, j’ai donc habité un studio du dixième arrondissement, trois étages au-dessus du logement de ma propriétaire. Cette proximité me permettait d’avoir plus de contacts avec elle, une vraie Française fière de l’être. Durant les dix mois que j’y ai passés, j’ai donc profité de cette proximité pour mieux connaître la mentalité des Français, et bien sûr, comparer le mode de pensée des Chinois avec celui des Français. J’ai été étonnée d’y trouver plus de similarités que de différences. Beaucoup de valeurs traditionnelles constituent des points communs entre les deux pays.

« Je suis ta grand-mère en France »

Trouver un toit après des jours de recherche m’avait tellement soulagée que je me suis endormie rapidement le premier soir dans ce studio. Dès le lendemain matin, j’ai croisé ma propriétaire au rez-de-chaussée.

« J’ai regardé ta carte de séjour : tu as deux ans de plus que ma petite fille. J’ai 77 ans, peut-être plus ou moins le même âge que ta grand-mère, donc, je suis ta grand-mère en France. Si jamais tu as des soucis, n’hésite pas à me le dire », m’a-t-elle immédiatement offert. À vrai dire, j’ai été émue par son expression « grand-mère en France ». Cela m’a évoqué la scène où tous les membres de ma famille étaient attablés et où ma grand-mère (qui a actuellement 79 ans) allait nous servir la soupe. Tel un mot magique, ce que m’avait dit ma proprio a immédiatement eu l’effet de me rapprocher d’elle. Une relation jusque-là purement d’affaire allait désormais pouvoir être plus personnelle et chaleureuse.

À travers mes contacts avec elle, je me suis tout de suite rendu compte que la notion de famille occupe toujours une place centrale dans la vie des Français; puis, au fil des mois, cette impression n’a été que confirmée. Par exemple, ma propriétaire recevait ses trois petites- filles tous les samedis, tout juste comme ma grand-mère qui, chaque semaine, réunissait toute la famille à dîner, malgré la fatigue d’avoir à préparer le repas. Ce genre de pratiques de sa part a modifié la perception de la famille française que j’avais auparavant : des parents plus ou moins proches de leurs enfants, puisque les jeunes, quand ils ont 18 ans, préfèrent la plupart du temps louer leur propre appartement et s’éloigner des parents.

Cette notion d’importance de la famille était renforcée quand j’allais payer mon loyer : chaque fois, ma propriétaire m’offrait des biscuits ou du chocolat. « Ma petite-fille aime le chocolat », me disait-elle, en me montrant une photo sur le mur, où on la voyait en train de jouer avec ses petites filles, quand elles étaient plus jeunes. Je n’ai jamais eu l’occasion de voir en personne ces trois petites-filles, mais j’ai pu avoir une image de leur vie, parce que leur grand-mère gardait toujours le souvenir de certains détails de leur enfance, même si elles-mêmes les ont probablement oubliés.

Vues de mon studio du dixième arrondissement  PHOTOS : HU XIAOWEN

« Pour profiter de la liberté, il faut aussi respecter des règles »

J’ai eu l’occasion de discuter de différents sujets avec ma propriétaire : entre autres religion, mariage et culture. Ces discussions m’ont permis de constater que, tout comme la société chinoise, la société française a connu des changements, mais que certains principes fondamentaux demeurent.

En général, en France, les gens sont maintenant plus libres de prendre leurs propres décisions et l’influence de la religion a diminué. « À l’église, ma mère avait un banc où était inscrit son nom. Maintenant, les jeunes ne vont plus à l’église », déplorait cette dame, qui a encore un sentiment religieux. Comme elle aimait le dire, le mariage n’est plus aussi sacré qu’avant; les gens divorcent facilement, et les couples vivent ensemble avant le mariage...

J’ai été un peu surprise de découvrir qu’en France, comme en Chine, les relations sexuelles avant le mariage semblaient préoccuper les gens. « Tout a commencé en mai 1968, affirmait ma propriétaire, les jeunes se sont rebellés contre toute tradition, et après cela, la société a beaucoup changé. » Pourtant, révolution et rébellion ne sont-ils pas des mots familiers aux Français, vu que la notion de liberté les caractérise bien? Jusqu’où la liberté peut-elle conduire les gens? Peut-on tout faire au nom de la liberté? Voilà des questions que je posais à ma « grand-mère » française.

« Pour profiter de la liberté, il faut aussi respecter des règles », telle est la réponse qu’elle m’a un jour donnée. J’ai trouvé que cela ressemblait beaucoup à une phrase que l’on entend souvent en Chine : « Pas de liberté sans règles. » Si cette phrase décrit bien la mentalité des Chinois, elle nous montre aussi qu’après tout, ces deux pays partagent certaines valeurs.

« Je suis honnête. Il faut me faire un peu confiance »

La « confiance » est sans doute le mot clé dans la relation locataire-propriétaire. Un incident m’a fourni l’occasion de découvrir un autre visage de ma propriétaire.

Un jour, la cuvette de mon studio était défectueuse. Ma propriétaire a toujours maintenu que ce dysfonctionnement ne pouvait être dû qu’à quelque chose que j’y avais jeté par inadvertance. Elle m’a donc réclamé des frais de réparation. Certaine que je n’avais rien à me reprocher, j’ai refusé de payer. Elle s’est même mise en colère après que je lui ai demandé de me montrer la facture du plombier. « Je suis honnête. Le plombier est honnête aussi. Il faut me faire un peu confiance », s’est-elle alors écriée. « Mais je suis honnête aussi. Ce n’est pas ma faute si la cuvette ne fonctionne pas », lui ai-je rétorqué. Son ton sévère m’a appris comment les Français distinguent clairement la relation personnelle et les affaires. Quand il s’agit d’argent, tout devient plus compliqué. Les Chinois sont parfois gênés de réclamer de l’argent à un proche, mais les Français ne semblent pas l’être.

Même si aujourd’hui, je n’habite plus ce studio, ma propriétaire m’a proposé de garder mes valises jusqu’à ce que je revienne en France pour y poursuivre mes études. Cette propriétaire m’a beaucoup appris sur la société française. La mémoire de son sourire quand elle m’a dit qu’elle était ma grand-mère en France est tout aussi vive que celle de son visage empourpré quand elle s’est mise en colère. Je lui suis surtout reconnaissante de m’avoir permis de mieux connaître la France.

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