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Économie
Ce que coûte un enfant en Chine

ZHAO YAYUAN

Un article qui cite des chiffres sur un phénomène de la société chinoise actuelle : la perception des parents de ce que sont les besoins de leur enfant, et ce que cela représente pour le budget familial.

DANS les villes chinoises de premier échelon comme Beijing, Shanghai et Guangzhou, seuls les ménages ayant des revenus mensuels combinés dépassant 8 000 yuans peuvent oser songer à avoir un enfant. Ce constat troublant provient du rapport Attentes des résidants urbains et ruraux chinois en matière de procréation, résultat d’une enquête qui a été publié le 15 juin dernier et qui avait été effectuée par Horizon, un groupe de consultation et de recherche. Ces résultats peuvent informer beaucoup de personnes sur ce qu’il en coûte pour élever un enfant en Chine.

Les enfants expérimentent le travail des cuisiniers en préparant des hamburgers au Monde Beyou. CFP

Tant d’occasions de dépenser

Sun Xiaozhen et sa fille de 4 ans ont visité le Monde Beyou, un nouveau centre de jeu intérieur à Beijing dont elle avait entendu parler par l’entremise d’amis. Ce centre est conçu pour les 3-12 ans et constitue la plus grande « Ville d’expérimentations » pour enfants. « Il ressemble à un parc thématique où les enfants peuvent s’essayer à divers types de travail, donc jouer à être un adulte. Ce jour-là, ma fille a travaillé comme chef cuisinier et a confectionné des sushis », déclare Mme Sun, en souriant. Pour un enfant et l’adulte qui l’accompagne, il en coûte 280 yuans pour entrer au Monde Beyou; ce coût représente près du tiers du salaire mensuel minimum à Beijing (en juillet 2010, le salaire mensuel minimum pour cette ville a augmenté à 960 yuans).

Ce n'est pas une récompense très rare. À chaque Journée des enfants ou lors de l’anniversaire de sa fille, Mme Sun lui organise une sortie, par exemple, une pièce de théâtre ou une visite dans un parc d’attractions pour enfants; à chaque occasion, elle dépense toujours plus de 200 yuans. Chaque fois qu'elle entend parler d'un endroit intéressant, elle ne peut s’empêcher d’y aller avec sa fille. Comme elle le fait remarquer : « À mesure qu’ils grandissent, les enfants ont des besoins différents, et c’est toujours l’occasion de nouvelles dépenses pour les parents. Pour les nourrissons et les bébés, les principales dépenses sont le lait maternisé et les soins à leur donner, mais une fois qu’un enfant commence à fréquenter le jardin d'enfants, les frais de scolarité prennent la part du lion. Puis, une fois à l'école primaire, les principales dépenses touchent les cours extrascolaires. » Selon elle, l’ampleur des frais liés à l’enfant va bien au-delà des dépenses courantes pour l’habillement, la nourriture, les jouets et l'éducation. Un abonnement de saison dans une piscine voisine coûte 600 yuans, et Mme Sun y amène sa fille trois ou quatre fois par mois. L’enfant suit également plusieurs cours individuels de natation qui coûtent 100 yuans la leçon.

Mme Sun travaille dans l'administration d’une école primaire de Beijing, et elle gagne 5 000 yuans par mois, alors que son mari, un homme d'affaires, en gagne plus de 10 000, un revenu qui classe la famille dans la tranche des « revenus moyens » à Beijing. Par rapport à certains parents du voisinage qui dépensent plus de la moitié de leur revenu pour leur enfant, Mme Sun se considère comme une mère relativement raisonnable. En incluant les frais mensuels de jardin d'enfants de près de 1 000 yuans, elle peut garder le total des dépenses pour sa fille à moins de 2 000 yuans par mois. Le remboursement mensuel de l’hypothèque représente la plus grosse part des dépenses de leur ménage. Pour d’autres parents, certaines dépenses liées au fait d’avoir un enfant s’ajoutent même parfois : par exemple, la location d’un plus grand appartement ou une aide ménagère durant les premiers mois après l’accouchement.

Donner à son enfant le meilleur début possible

Luo Lei n'oubliera jamais sa première réunion annuelle parents-professeur, alors qu’elle a eu les larmes aux yeux en entendant les paroles du professeur de sa fille. « Le professeur m'a demandé, devant tous les autres parents, si ma fille avait suivi des cours de maternelle, parce qu’elle ne semblait pas prête à étudier. » Cette question a humilié Mme Luo, puisque sa fille était la seule parmi les 31 élèves du groupe à avoir été identifiée de cette façon. Donner à son enfant le meilleur début possible dans un monde concurrentiel est devenu un impératif pour beaucoup de parents chinois.

Âgée maintenant de 7 ans, la fille de Mme Luo est en première année dans une école primaire de Beijing. Cette école accepte des pensionnaires et est renommée pour son excellence. Comme sa fille n'a pas de carte de résidence de Beijing en tant qu’enfant originaire de l’extérieur de la ville, Mme Luo doit faire un versement supplémentaire de 15 000 yuans, l'équivalent du revenu mensuel de la famille. Elle est cependant entièrement satisfaite du choix d'école qu’elle a fait.

Chaque semestre, Mme Luo doit verser à l'école 7 000 yuans de plus pour couvrir les frais de pension, les programmes parascolaires et les dépenses diverses. Si sa fille fréquentait une école publique du district de Qiyang, au Hunan, d'où est originaire Mme Luo, les frais de scolarité seraient seulement de quelques centaines de yuans par semestre. « La qualité de l'éducation dans les petites villes tire beaucoup de l’arrière par rapport au niveau dans les grandes villes. Jamais je ne laisserais ma fille au Hunan ou l'enverrais dans une école de catégorie moyenne de Beijing », affirme cette mère. Selon elle, puisque la famille vit maintenant dans la capitale, donner à sa fille l'occasion de recevoir une meilleure éducation est de l’argent bien utilisé.

Mme Luo paie aussi les frais d’un tuteur à la maison pour aider sa fille à améliorer son niveau d’anglais. C’est un étudiant universitaire qui vient deux heures par semaine et qui demande de 30 à 40 yuans l’heure. Mme Luo prévoit aussi envoyer sa fille suivre des cours de danse et d'art. Ces cours coûtent de 1 000 à 2 000 yuans. Elle et son mari travaillent tous les deux dans la vente publicitaire, et leurs revenus varient selon le nombre de publicités qu’ils vendent. Selon une évaluation conservatrice, Mme Luo reconnaît que les six années d'éducation primaire et les cours parascolaires coûteront quelque 160 000 yuans, beaucoup plus que quatre ans à l'université.

Ne lésiner sur rien

Environ 200 yuans pour une boîte de lait maternisé importé, 120 yuans pour une poupée fabriquée à l’étranger et 400 yuans pour une paire de chaussures d'enfant… Au cours de la dernière année, il y a eu une nette augmentation du prix des marchandises pour enfants. Attirées par la perspective d'avoir leur part de la mine d’or du marché de 250 millions d’enfants, de plus en plus de marques internationales pour enfants ont établi des succursales en Chine.

Mise en vigueur vers la fin des années 1970, la politique de planification des naissances a eu pour répercussion un grand nombre de familles à enfant unique dans les zones urbaines. Aujourd'hui, la première génération d’enfants uniques a atteint l'âge d’être parent. Leur enfant sera le seul descendant de six adultes : son père, sa mère et ses quatre grands-parents. En plus des niveaux plus élevés de revenu disponible, cette structure familiale « 4-2-1 » est une cause importante des dépenses accrues faites pour les enfants. Parmi la dizaine de parents interviewés pour cet article, aucun ne dépense cet argent à contrecœur. « Nous n’avons qu’un seul enfant. Qu’y a-t-il de mal à lui donner ce qu’il y a de mieux? », demande Mme Luo.

À cause de cette mentalité, les enfants, qui ne sont pas créateurs de valeur économique, sont pourtant devenus un moteur de la consommation de la société, commente M. Zhang Yaohui, président de l'Association pour l’économie d'innovation du Guangdong. Lors de son discours au premier Sommet d'économie de l'innovation pour enfants en 2010, il a mentionné que le secteur lié à la jeunesse représente un énorme potentiel d’expansion.

Récemment, M. Yao Jingyuan, économiste principal du Bureau national des statistiques, a fait remarquer : « Les enfants ont toutes sortes de besoins, allant de la nourriture, à l’habillement, aux jeux et aux études. Sous l’aspect de l'offre et de la demande, ils représentent un marché fantastique. “L'économie de l’enfant” est un composant important de l'économie et est un moteur important de la croissance de l'économie nationale. »

Dans le cadre de la politique gouvernementale actuelle, les parents qui sont eux-mêmes tous les deux des enfants uniques ont le droit d'avoir un deuxième enfant sans être pénalisés. Cependant, l'enquête du groupe Horizon a montré que seulement 40 % des gens qui correspondent à ces critères expriment le désir d’en avoir un deuxième. La mère de Mme Luo avait pris l’habitude d’inciter sa fille à profiter de son droit d’avoir un autre enfant, mais elle a toujours refusé. « Le coût de la vie à Beijing est trop élevé. Nous n'avons pas encore acheté d’appartement, et probablement que dans deux ou trois ans, nous serons des “esclaves de l'hypothèque”. Si nous avions un autre enfant, nous serions par surcroît des “esclaves des enfants”. »

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