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Dossier
Les travailleurs de la récupération

LI WUZHOU

 

Récupérateurs, chiffonniers, trieurs, quel que soit leur nom, ils s’affairent tous au même travail : recycler l’énorme quantité d’objets usés dont les citadins se débarrassent. Malgré l’aspect pénible de leur tâche, certains semblent tout de même pouvoir amasser un petit pécule.

 

En 2008, en Chine, le volume du plastique récupéré était de 9 millions de tonnes, alors que l’importation de plastique usé représentait 7,07 millions de tonnes, pour un volume total d’un peu plus de 16 millions de tonnes. On peut dire que la Chine est le plus grand marché de plastique recyclé dans le monde.
 

À moins d’un kilomètre du palais d’Été, à proximité des espaces verts du canal Jingmi, il y a une petite ruelle. Après y être entré, on a l’impression de ne plus être à Beijing: dans une cour de quelques dizaines de mètres de long, les objets récupérés sont omniprésents. Des armoires, électroménagers et vêtements y sont entassés, sans parler du papier, métal et bouteilles plastiques vides... On peut y trouver de tout. Des hommes sont en train de faire le tri, des enfants jouent entre les tas d’objets, alors que les femmes s’affairent à laver les vêtements et le riz sous le robinet. Tout est tranquille.

Ce ne sont que quelques-uns des centaines de milliers de récupérateurs qui sont venus à Beijing pour gagner de l’argent. Ils collectent les vieux objets, les classent et les revendent. « Les vieux objets sont des ressources mal utilisées. S’ils étaient bien utilisés, on en retirerait un grand avantage économique et environnemental », indique Pr Wang Canfa, de l’Université des sciences juridiques et politiques de Chine.

Acheter en attendant de revendre

D’un côté de cette cour, il y a une rangée de vieilles maisons. Il y a quelques dizaines d’années, ces bâtiments servaient à entreposer les légumes. Nous entrons dans une pièce d’un peu plus de 20 m2 qui est divisée en trois : à gauche, une cuisine étroite; au centre, un salon qui peut recevoir au maximum six ou sept personnes assises; et à droite, une chambre avec un grand lit, une armoire et un téléviseur. C’est la maison de la famille de M. Chen Liguo, locataire de la cour. À le voir, rien ne peut laisser supposer que cet homme est millionnaire.

M. Chen vient de Luohe (province du Henan). Il y a plus de dix ans, sa tante est venue à Beijing pour travailler comme récupératrice. Ayant trouvé que c’était un métier qui rapportait bien, elle a fait venir son neveu. Il a immédiatement demandé et obtenu un permis commercial et a loué cette cour. Par la suite, il en a sous-loué une partie à une dizaine de personnes qui sont devenues ses premiers employés. Le travail est bien organisé; une personne est désignée pour s’occuper d’une catégorie déterminée de produits : métal, plastique, verre, papier, bois, et même semelles usées. Chacun a sa tâche, personne ne se mêle des affaires de l’autre.

M. Chen récupère les fenêtres, portes, certains meubles en bois et les vieilles planches. À la fermeture d’une entreprise, par exemple un restaurant, il peut récupérer toutes ses armoires. Une chaise dont la valeur à neuf est de plus de 100 yuans se vend 10 ou 20 yuans. En une seule fois, il peut gagner de 8 000 à 10 000 yuans. La vente de bois réutilisable aux usines d’armoires peut rapporter plusieurs fois le prix payé à l’achat. C’est le bois jeté aux ordures qui rapporte le moins.

On dit que les gros récupérateurs comme M. Chen gagnent leur argent principalement en louant des terrains et en faisant des affaires avec les clients importants. « Il y a deux ans, il a pris le contrat d’une démolition de bâtiment. Il a alors gagné plus de 100 000 yuans en vendant les armatures d’acier, les tuyaux, les fils en cuivre et les fenêtres », déclare un homme qui connaît bien l’histoire de M. Chen.

Ce dernier indique que son entreprise est petite si on la compare aux autres centres de récupération de l’arrondissement Haidian. Dans les grands centres de récupération, plusieurs dizaines ou parfois plus d’une centaine de familles s’occupent de ce travail. Selon lui, le potentiel du marché de la récupération de Beijing est extrêmement important. Nombreux sont ceux qui ont enrichi leur famille en récupérant les déchets. Dans la cour de M. Chen, le récupérateur qui s’occupe du cuivre et du plomb en a pour au moins 1 million de yuans. « Si ce n’était pas le cas, il ne pourrait pas faire ce commerce », confirme M. Chen.

M. Chen a un fils, Chen Yang, âgé de 20 ans. Le jeune homme fait des études de gestion hôtelière dans une université de Beijing. Bien que M. Chen gagne beaucoup d’argent, il ne veut pas que son fils devienne récupérateur. « Les récupérateurs ne sont pas respectés et c’est un travail éreintant. Pour le public, nous sommes seulement des récupérateurs de vieux objets, quel que soit notre niveau de succès », confie-t-il. Il souhaite donc que son fils puisse trouver un travail respecté à Beijing.

Un récupérateur en train d’empiler de vieux cartons dans une station.  PHOTOS : CFP

En marchant dans les rues et les ruelles

Dans la cour de M. Chen, les familles appartiennent presque toutes au maillon intermédiaire de la filière du recyclage. Elles collectent de vieux objets, les classent et les revendent aux gros marchés de recyclage ou directement aux usines. En amont de cette filière, il y a deux types de gens : les chiffonniers et les récupérateurs à tricycle. Les chiffonniers ramassent de vieux objets et les vendent aux récupérateurs à tricycle pour gagner un peu d’argent.

Originaires du district de Gushi (Henan), Zhang Damin et sa femme achètent de vieux objets dans les rues, les transportent avec leur tricycle à plateforme et les revendent au centre de M. Chen, après les avoir classés. « Nous avons presque tous été amenés à Beijing par des amis ou des proches pour travailler comme récupérateurs. Nous sommes entre 100 000 et 200 000 à provenir de notre district. La plupart des gens des centres de récupération du quartier sont de Gushi », confie M. Zhang.

« Notre famille de trois personnes possède près de six mu (1 mu = 1/15 ha) de terre dans Gushi. Nous cultivons du blé et du maïs. En comptant les dépenses d’engrais et d’insecticide, le salaire des employés et les frais de location des machines aratoires, il ne reste que l’argent gagné par une récolte de maïs. C’est suffisant pour manger et s’habiller, mais insuffisant pour épargner en prévision des soins de santé, des frais de mariage de mon fils ou pour la construction d’une maison », révèle M. Zhang, pour prouver qu’il a bien raison d’être venu travailler à Beijing.

Gushi est le district le plus populeux du Henan. Ses 1,6 million d’habitants manquent de terres. Plus de 500 000 personnes de l’endroit travaillent à l’extérieur du district; plusieurs vont travailler dans le Sud, mais tous les autres sont récupérateurs à Beijing ou à Shanghai. Selon les médias locaux, l’argent que ces gens envoient à leur famille restée à Gushi représente plus de la moitié du PIB total du district.

Selon M. Zhang Damin, un récupérateur doit savoir distinguer les matériaux : « Il faut non seulement savoir distinguer la qualité des vieux objets, mais aussi saisir les vraies bonnes occasions. » Cet homme fait sa ronde dans les rues. Parfois aussi, il attend des clients dans les quartiers d’habitation ou devant les écoles. Son revenu varie entre 1 000 et 2 000 yuans par mois. Il envie les récupérateurs qui ont une clientèle permanente, celles des hôtels, des restaurants et des magasins. « Si on arrive à être le récupérateur exclusif d’un quartier d’habitation en payant quelques milliers de yuans, on gagnera 3 000 ou 4 000 yuans par mois. C’est un travail stable», ajoute-t-il.

Le monde des chiffonniers et autres récupérateurs

Appartenant à la filière de la récupération, Zhang Damin est satisfait. Dans ce domaine, à Beijing, on dit : « Les gens du Sichuan sont des chiffonniers, ils n’achètent pas. Ceux du Henan récupèrent les objets, ils ne sont pas des chiffonniers. Ceux du Hebei ne vont pas au centre-ville. Ils attendent les objets en banlieue. »

Les récupérateurs du Hebei achètent de vieux objets et les transportent par camion. À Beijing, il y a six grands marchés de récupération, et quelque 10 000 récupérateurs du Hebei y font quotidiennement des affaires. Par exemple, alors que les récupérateurs du Henan achètent des semelles à 1 yuan et les revendent à 1,2 yuan, ceux du Hebei les transportent et les vendent aux usines. Ils peuvent ainsi gagner beaucoup plus.

Les chiffonniers du Sichuan cherchent des objets réutilisables dans les rues ou dans les dépotoirs. Ce travail est dur, et l’environnement de travail est très malpropre. Ils gagnent environ 1 000 yuans par mois. En 1989, Du Maoxian et Xu Jicai, deux paysans de Bazhong (Sichuan), sont arrivés à Beijing. Ils se sont adressés au Bureau de l’environnement de Beijing pour demander la permission de travailler comme chiffonnier dans les dépotoirs.

« Pourquoi pas? S’ils prennent tous les déchets, cela sera mieux », commente M. Wang Weiping, ingénieur supérieur du Comité d’aménagement de l’aspect urbain de la municipalité de Beijing. La réception, le transport et le traitement d’une tonne de déchets coûtent 150 yuans. MM. Du et Xu ont commencé immédiatement à travailler comme chiffonniers. Ils se sont rendus au plus grand centre de traitement des déchets et ont amené avec eux 500 chiffonniers du Sichuan. Par la suite, ces derniers ont fait venir plus de 4 000 autres chiffonniers de la préfecture de Bazhong et du district de Yilong (Sichuan).

Certains habitants de Beijing travaillent aussi comme chiffonniers. Ce sont principalement des gens à la retraite. À la porte du palais d’Été, un vieux monsieur cherche des bouteilles en plastique et les met dans son sac. Selon lui, au début de sa retraite, comme il trouvait qu’il n’avait rien à faire, il s’est montré intéressé à faire la même chose que les chiffonniers qu’il avait observés. Chaque jour, il parcourt 10 km depuis sa maison pour se rendre au palais d’Été. Il vend les bouteilles vides aux récupérateurs en tricycle et en obtient 0,1 yuan chacune. M. Wang gagne donc de 20 à 30 yuans par jour. « Grâce à la carte de transport pour personnes âgées, le transport en bus et l’entrée des parcs sont gratuits », explique-t-il, en souriant.

Combien de personnes font de la récupération à Beijing? L’Institut des sciences sociales de Beijing a compilé des statistiques en 2006. Il y avait alors 300 000 récupérateurs qui, ensemble, ont gagné trois milliards de yuans par an. Selon d’autres statistiques, en 2009, le volume d’objets recyclés à Beijing a atteint quatre millions de tonnes. Ce volume est deux fois plus gros que la colline de Charbon qui se trouve derrière la Cité interdite.

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