ZHU HONG

Exemples de gestes simples qui peuvent contribuer à la résolution d’un problème complexe : la réduction des ordures et la participation du public à cette tâche.

AUX prises avec une quantité phénoménale d’ordures, Beijing est de plus en plus sensibilisée au fait qu’on ne peut résoudre ce problème épineux en ne comptant que sur l’accroissement de la capacité de les traiter. Il faut agir à la source, bref, diminuer les ordures. Pour aider à mieux atteindre l’objectif d’inculquer aux citadins l’idée de participer à la protection de l’environnement et à la réduction des déchets, depuis le 11 avril dernier, la ville a décidé que le jeudi serait la journée hebdomadaire de réduction du volume des ordures.

Diminuer les ordures, une nécessité absolue

Dès 1994, Beijing a commencé à aménager des sites d’enfouissement des ordures. À la fin de 2008, la production journalière d’ordures à Beijing avait atteint 18 400 t, soit 8 % de plus qu’en 2007. Avec un tel rythme d’augmentation, les actuels sites d’enfouissement de la ville devraient être tous remplis d’ici quatre ans. Il est donc évident que la solution du problème des ordures ménagères, dont le volume augmente de jour en jour, ne peut absolument pas dépendre uniquement de l’enfouissement. « La diminution des ordures est une nécessité absolue », déclare M. Wang Weiping, ingénieur supérieur du Comité d’aménagement de l’aspect urbain de la municipalité de Beijing. Il y a plusieurs façons de les diminuer. Les exemples des pays développés peuvent servir de référence : interdiction du suremballage; enlèvement de toute partie non consommable des légumes avant de les laisser entrer en ville; commerce des articles d’occasion; récupération; et tri des ordures. À ce propos, M.Wang explique : « L’interdiction du suremballage et le recyclage des emballages pourront diminuer de 7 à 8 % le volume des ordures, faisant ainsi économiser de 9,5 à 11 millions $US par année. De plus, dans notre pays, le volume des ordures générées au cours du traitement des produits agricoles et subsidiaires est stupéfiant. Environ cent tonnes de légumes peuvent produire vingt tonnes de déchets végétaux. Actuellement, 60 % des ordures ménagères produites chaque jour dans la ville de Beijing sont de source végétale. Le volume des ordures pourrait diminuer considérablement si on limitait le suremballage et exigeait que les légumes soient parés avant d’entrer en ville. »

Compter sur la participation des gens

« En enfouissant les feuilles inutilisables des légumes et la peau des fruits dans des pots de plantes ou en les déposant dans des contenants fermés hermétiquement pour qu’elles fermentent pendant un certain temps, ces feuilles deviennent de l’engrais organique. C’est une façon de diminuer le volume des ordures et de faire pousser de plus belles plantes; on fait ainsi d’une pierre deux coups, nous explique, avec volubilité, M. Wang Wenli, un employé à la retraite. Chaque jour, pour faire ses achats, il faut utiliser des articles recyclables et réutilisables, par exemple le sac réutilisable au lieu des sacs plastiques; on peut aussi apporter soi-même des bouteilles d’eau au lieu d’acheter de l’eau minérale déjà embouteillée, ou encore utiliser le moins possible les baguettes jetables. De cette façon, on évite le gaspillage et diminue le volume des ordures. »

« La population est le moteur de la lutte contre la pollution par les ordures et pour la diminution de leur volume. Il est nécessaire de renforcer la conscience du public sur ce sujet », déclare M^me Chen Ling, directrice adjointe du Comité d’aménagement de l’aspect urbain de la municipalité de Beijing. Dans les rues principales et autres lieux publics de Beijing, des affiches sur la diminution du volume des ordures et sur leur tri sont omniprésentes. Dans certains quartiers, on distribue aux résidants un guide leur expliquant les façons de faire pour réduire les ordures. Certains restaurants conseillent aussi aux clients de ne pas commander de plats au-delà de leurs besoins. « Changer une habitude qu’on a prise il y a longtemps n’est pas facile. Il faut faire des efforts pendant un certain temps pour diminuer efficacement le volume des ordures. Nous devons faire comprendre aux citadins quels avantages en retirent l’environnement, la ville et eux-mêmes », explique M^me Chen. À Beijing, diverses activités sur le thème de la diminution du volume des ordures et de leur tri ont été organisées. L’année 2009 a été la première où le volume annuel des ordures a diminué par rapport à l’année précédente, et au cours des deux premiers mois de cette année, le volume des ordures a aussi baissé par rapport à la même période de l’année dernière.

À Beijing le travail de diminution des ordures a commencé en 1996. Or, quatorze années ont passé, et les résultats ne sont pas aussi satisfaisants que prévu.

« Les ordures sont le dernier maillon de la chaîne de circulation des marchandises dans la société. Pour diminuer les ordures, il faut commencer dès le début de cette chaîne en contrôlant et en gérant tout le parcours d’utilisation des ressources : de la production à la mise en marché, de la consommation à l’action de jeter les marchandises », indique l’ingénieur Wang.

Prenons l’exemple des légumes que l’on « prépare » avant de les transporter en ville. Au début des années 1990, les gouvernements de l’échelon local ont mis en vigueur une série de règlements concernant l’entrée de ces légumes en ville. Or jusqu’aujourd’hui, peu de gens connaissent l’existence de ces règlements, et encore moins les mettent en application. Cette situation embarrassante est principalement due à l’absence de règlements nationaux ou sectoriels. Les entreprises et les supermarchés ont le dernier mot quant à la propreté des légumes, et la plupart des légumes sont parés après être entrés en ville. Cela n’aide en rien à diminuer le volume des ordures de source végétale.

Au supermarché de Ganjiakou (Beijing), M^me Liu, une cliente, se plaint : « Le choix de ce genre de légumes n’est pas très varié et l’emballage est rudimentaire. Leurs prix sont relativement élevés et ils ne sont pas très frais. »

M. Yang Weimin, vice-président de la Fédération des fabricants d’emballage de Chine, s’exprime sur le sujet : « Le fait que le suremballage ne soit pas encore enrayé tient au manque actuel de sanctions en vertu des lois et règlements. Par exemple, pour une marchandise suremballée, quelle responsabilité chaque maillon de la chaîne doit-il assumer, par exemple le fabricant, le fournisseur de l’emballage et le vendeur des marchandises? Il n’y a pas de clauses à ce sujet dans les lois et règlements existants. Il faut absolument élaborer des lois qui peuvent servir de référence aux producteurs, vendeurs, consommateurs et organes responsables de l’application de la loi. » Malgré tout, depuis le deuxième semestre de 2009, Beijing incite fortement les gens à pratiquer la collecte et le tri des ordures, et la ville a affecté une somme spéciale dans la transformation du Centre de traitement des ordures. En mai dernier, les autorités municipales ont décidé de faire avancer cette affaire en faisant voter une loi pour diminuer les ordures ménagères, pour de bon et à la source.