JIAO FENG
Cet endroit était autrefois un bassin d’eau du village de Haizi (canton de Benggu); maintenant, des villageois ont planté du maïs dans son lit asséché et transportent des seaux d’eau pour l’arroser. JIAO FENG
DEPUIS des années, Lei Bihong et son frère vivent d’une plantation de pseudo-ginseng qui est située près du village de Niupeng dans le département de Wenshan. Le revenu annuel total qu’ils se partagent est d’environ 100 000 yuans.
Le pseudo-ginseng est une plante herbacée vivace qui constitue une matière première importante des médicaments traditionnels chinois qui sont vendus prêts à consommer. Sa croissance nécessite un environnement exceptionnel : versant ombragé ainsi qu’altitude et humidité bien précises; or, la localisation de Wenshan et son climat sont favorables à cette culture. D’ailleurs, des documents révèlent que 90 % du pseudo-ginseng chinois y est produit.
L’année dernière, les Lei en ont cultivé sur 12 mu (1 mu = 1/15 ha). Ils s’attendaient à un rendement stable comme les autres années, sauf qu’une sécheresse rarement enregistrée au cours du dernier siècle s’est abattue sur la région.
Pour le pseudo-ginseng, il faut habituellement trois ans de la plantation à la récolte. Dans le champ des Lei, les jeunes plants ont déjà 2 ans, mais ils ne font que 20 cm de haut, la taille qu’avaient les plants d’un an dans les années avant la sécheresse.
« Dans ces conditions, il est certain que la récolte sera diminuée du tiers, et le revenu, de moitié, par rapport aux années passées », s’inquiète Lei Bihong. « C’est dès le deuxième semestre de 2009 que la diminution de la production a fait flamber le prix du pseudo-ginseng sur le marché, mais cette augmentation de prix ne signifie pas forcément de gros gains, affirme Su Mingqian, un agent de vente de pseudo-ginseng. Étant donné son prix élevé, il y a désormais moins de gens de l’extérieur du département qui en achètent. Si l’on ne comptait que sur la vente au détail, sans tenir compte des gros clients (par exemple, fournisseurs désignés pour les usines pharmaceutiques), on risquerait une diminution de plus de 20 % des profits cette année. »
Selon les données fournies par les autorités du département de Wenshan, au 4 mars 2010, tous les 65 cantons ou bourgs où l’on cultive du pseudo-ginseng avaient été atteints par la sécheresse; la superficie affectée représentait 53 906 mu, soit 83 % de la superficie totale cultivée. On s’attend donc à ce que la production globale soit réduite de 30 % cette année, entre autres parce qu’en plus, pour minimiser les risques, de nombreux producteurs ont récolté plus hâtivement.
Et bien sûr, il n’y a pas seulement le pseudo-ginseng qui est affecté. En effet, selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, pour les denrées dont la récolte doit se faire en mars et en avril (le colza et les pois par exemple), 80 % des superficies cultivées n’ont donné aucune récolte. Actuellement, les pertes économiques en agriculture (cultures et élevage), en sylviculture et en fruiticulture ont atteint plus de 2 milliards de yuans.
Étant donné la pénurie de céréales dans certains foyers ruraux, les autorités du département ont commencé à en distribuer. Dans le district de Maguan, une ligne téléphonique spéciale a même été créée pour que les gens puissent avertir quand ils manquent de céréales. |