JIAO FENG
Luo Zhengwen, 21 ans, devant la porte de sa maison, avec son fils
LUOJIAZHAI, un village de neuf familles, se trouve à une altitude de plus de 1 600 m, dans le district de Malipo, relevant du département autonome zhuang et miao de Wenshan. Dans ce district, 99,9 % des terrains appartiennent au relief karstique. Luo Zhengwen, un Miao de 21 ans, indique que c’est un réservoir pouvant contenir 50 t d’eau qui était la source d’approvisionnement du village, et quand il pleuvait normalement, l’eau des montagnes coulait jusqu’à ce réservoir. Après avoir été stérélisée sommairement, cette eau alimentait tout le village. Aujourd’hui, ce réservoir est vide, et le jeune Luo confie : « Il faut aller chercher l’eau dans les montagnes, à deux heures de marche d’ici. »
Luojiazhai est situé à proximité d’une route où des camions peuvent transporter l’eau, mais la famille Luo n’a pas de réservoir pour la conserver. Sa femme doit même marcher deux heures pour atteindre le ruisseau où elle fait la lessive.
Ce jeune homme a commencé à travailler à 13 ans. Pour construire sa maison, il a emprunté 6 000 yuans, dont 4 000 ne sont pas encore remboursés. Il y a deux ans, pour aider à acquitter son prêt, il est parti travailler dans une usine de lampes du Zhejiang (Chine de l’Est). Son travail lui permet d’accumuler annuellement entre 5 000 et 6 000 yuans qu’il consacre à acheter de l’engrais, des insecticides, des semences et des produits pour la vie courante. À la naissance de son fils, il est rentré dans son village pour prendre soin de sa femme, mais il veut maintenant retourner au Zhejiang, car s’il ne travaille pas, il n’aura pas suffisamment d’argent pour acheter l’engrais nécessaire pour le mu (1/15 ha) de champs que cultivent sa femme et sa mère et qui permet d’assurer leur subsistance.
Dans le district de Malipo, travailler à l’extérieur est courant; la moyenne de la superficie de terres cultivables disponible par personne n’est que de 1,04 mu. De plus, les terrains ne sont que des petites parcelles avec une mince couche de sol où la culture mécanisée est impossible. Les paysans y vivent en dépendant du ciel, car c’est la quantité de précipitations qui décide de la récolte. Bien que le gouvernement central ait annulé l’impôt agricole, les paysans sont encore pauvres. Dans ce contexte, travailler à l’extérieur du village est la principale source de revenus de la plupart des familles.
Pour lutter contre la sécheresse, le gouvernement du district a organisé des activités d’assistance aux pauvres, mais la situation reste difficile, justement parce qu’il y a pénurie d’eau. Par exemple, dans le nord-est du district, on ne trouve que treize sources d’eau potable sur 700 km2. De plus, le transport de l’eau est difficile et cher dans les régions montagneuses. Comme la subvention du gouvernement du district n’est pas suffisante, les paysans doivent payer de 30 à 50 yuans la tonne pour le transport de l’eau, ce qui, pour la moyenne des familles, constitue une lourde charge. M. Liao Yunhua, vice-chef du Service de presse du département de Wenshan, indique : « À cause de la sécheresse, certaines zones sont retombées dans la pauvreté. » Avant cette calamité, il y avait 200 000 pauvres ayant besoin d’aide. Depuis la sécheresse, il y en a 180 000 de plus. « Le gouvernement encourage les habitants à travailler à l’extérieur pour combler les pertes économiques et la pénurie alimentaire causées par ce malheur », ajoute-t-il. |