LIU YI
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Tourisme |
Mukeng : une mer de bambous |
LIU YI Un lieu qui célèbre le bambou et le fait découvrir à tous ceux qui veulent s’inspirer de ses vertus. C’est aussi un site touristique pour les autres qui sont tout simplement à la recherche de repos.
![]() Le lieu du tournage de Tigres et Dragons a apporté la célébrité à ce petit village de montagne où pousse le bambou. EN 2001, Tigres et Dragons a été le film-choc lors de la 73e cérémonie annuelle de remise des Oscars. Alors que personne ne s’y attendait, il en a remporté quatre : Meilleur film en langue étrangère; Meilleure photographie; Meilleure musique originale; et Meilleure direction artistique. Du jour au lendemain, le réalisateur sino-étatsunien Ang Lee a connu une renommée internationale, et la beauté renversante de Mukeng, un des lieux de son tournage, a été présentée au public de partout dans le monde. Situé dans le district de Yixian (province de l’Anhui), le village de Mukeng se trouve dans une vallée de 6 km de long. Il est à 25 km au sud des célèbres monts Huangshan et à 5 km à l’est de Hongcun, un petit village classé au patrimoine culturel mondial pour son architecture et sa culture populaire. Couverte d’une forêt de bambous, la vallée ressemble à une émeraude géante. Parfois, le vent fait ployer la cime de ses arbres vers le plus profond de la vallée, tels des vagues dans une mer verte. Dans le film, une forêt de bambous est le lieu d’un combat décisif : deux hommes se battent à l’épée à la cime des arbres. Cette scène a impressionné beaucoup de cinéphiles et a attiré à Mukeng de plus en plus de touristes, de peintres et de photographes. La vie des gens au milieu des bambous Un petit village tranche au milieu des bambous. Vues de loin, avec leur extérieur d’un blanc immaculé, les maisons ressemblent à des roches blanches dans la mer. Seulement vingt-quatre familles habitent à Mukeng, et tout le monde porte le nom de famille Fu. Ce clan y vit depuis des générations. Contrairement aux goûts des gens de Hongcun pour des maisons aux décorations élaborées, les familles Fu semblent préférer des habitations modestes aux lignes simples. Des dalles de pierre pavent les rues qui serpentent au flanc d’une colline, reliant chaque famille à ses voisins situés au-dessus et en dessous. Pour les nouveaux venus, le village ressemble à un labyrinthe. L’eau des sources coule dans les pentes et va alimenter l’étang à poissons de chaque ménage et irriguer les espaces cultivés en légumes et les plantations de thé du village. Les canalisations sont souvent faites de troncs de bambou coupés en deux, desquels on a enlevé les nœuds et dont on a par la suite relié les extrémités; elles acheminent l’eau directement dans les cuisines du village. « Vivre dans la montagne, vivre de la montagne. » Ce dicton chinois ancien nous rappelle que les gens de la montagne peuvent vivre des choses produites localement. Les villageois mangent avec des baguettes en bambou et font le ménage avec des balais fabriqué de ce matériau. Quand il pleut, ils portent un chapeau en feuilles de bambou, alors que par beau temps, ils s’assoient dans des chaises en bambou pour se faire dorer au soleil. Chaque jour, ils peuvent voir la mer de bambous et entendre le bruissement des feuilles quand le vent souffle. S’ils manquent d’argent, ils peuvent couper quelques bambous pour les vendre au marché. À Mukeng, le bambou fait inextricablement partie de la vie. Le tourisme a commencé à se développer dans ce petit village après que celui-ci a été présenté au monde par le film Tigres et Dragons. Les villageois ont alors réaménagé leur maison pour accueillir des touristes. Loger chez l’habitant permet aux visiteurs de découvrir à quel point les gens sont autosuffisants. Ils mangent les mêmes aliments que leur famille d’accueil, découvrent comment couper des bambous, arracher ses pousses, cueillir des feuilles de thé et élever des poulets. La plus grande auberge peut accueillir cinquante visiteurs, alors que dans les familles, il n’y a qu’une ou deux chambres qui sont disponibles. Dans la plus grande auberge, la Villa des bambous, une chambre ne coûte que 10 $US la nuitée (petit-déjeuner non inclus). D’autres auberges sont encore moins chères, et la qualité des services d’hébergement est variable. Comme il n’y a qu’une seule épicerie, les gens qui prévoient séjourner pendant deux ou trois jours devraient apporter les choses qu’ils considèrent avoir absolument besoin et qu’ils ne pourront acheter localement. Malgré l’arrivée de visiteurs curieux, si on le compare aux monts Huangshan et à Hongcun, situés à proximité, Mukeng est encore un lieu tranquille. On y voit rarement des groupes de touristes. La plupart des visiteurs sont des randonneurs, bien que quelques familles viennent également y passer un week-end. Quand les touristes descendent de l’autocar au bout d’une route de montagne sinueuse, ils doivent marcher pendant environ dix minutes avant d’apercevoir la première maison du village.
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Divers types de délices À Mukeng, les humbles pousses de bambou seront bientôt traitées en ami par les visiteurs, puisqu’elles font partie de presque tous les plats, particulièrement en hiver et au printemps. Les pousses de bambou sont un véritable délice lorsqu’elles sont cuites avec du jambon, à la marmite ou sont tout simplement sautées avec de la viande de porc. Les pousses de bambou qu’on ne consomme pas l’année même sont habituellement séchées et utilisées l’année suivante. Mijotées avec des côtes de porc, les pousses séchées sont populaires auprès des gens qui habitent la montagne. En Chine, le bambou constitue bien plus qu’un élément du menu. Le jus qu’on en extrait est un médicament traditionnel contre la toux et le mal de gorge. Le Zhuyeqing est un vin célèbre qu’on a commencé à fabriquer il y a 2 000 ans. Les feuilles de bambou donnent à ce vin un arôme spécial et un goût exquis. Le champignon du bambou, un genre de parasite vivant en synergie à la base du bambou, est délicieux et nutritif. Surnommé le « roi des champignons », il était jadis un tribut pour les empereurs. La période du solstice d’hiver est le temps idéal pour arracher des pousses de bambou. Les cueilleurs travaillent du lever au coucher du soleil, et même quelquefois tard dans la nuit. Comme les pousses de bambou se cachent sous terre durant tout l’hiver, il faut de l’expérience pour les trouver et les déraciner doucement à l’aide de houes. Les novices reviennent habituellement bredouilles, tandis que les fermiers vétérans peuvent en ramasser jusqu’à 50 kg par jour. Durant la période de la récolte, non seulement les pousses de bambou déterrées se retrouvent dans les marmites et dans les magasins, mais de les enlever assure aussi une meilleure récolte l’année suivante. En effet, même si les pousses de bambou semblent petites et assez inoffensives durant l’hiver, si on les laisse toutes, un grand nombre de pousses se feront concurrence pour sortir au printemps et cela limitera la croissance de la plante. En les éclaircissant, celles qui resteront vont pousser mieux. Les pousses de bambou sont tirées de leur sommeil au printemps par les pluies abondantes et elles commencent à sortir de terre. Elles se développent alors si rapidement qu’en une dizaine de jours, elles peuvent être aussi hautes que les vieux bambous. Au milieu de la nuit, on peut même entendre clairement le bruit des bambous qui croissent et produisent plus de nœuds. La hauteur d’un bambou adulte varie généralement entre 10 et 20 m. En trois mois, son diamètre sera celui d’un bol de riz, et après un an de croissance, il pourra être employé comme matériau de construction. De nos jours, avec le déclin de la couverture forestière, cette plante est devenue une ressource alternative importante; on agrandit donc les plantations de bambous, particulièrement dans les zones montagneuses. Des lieux touristiques appelés « mer de bambous » ont fait leur apparition dans beaucoup de provinces du Sud, dont le Jiangxi, le Fujian, le Zhejiang et le Sichuan. Il y a bambou et bambou. Ceux qui croissent à Mukeng sont des bambous maozhu, le type de bambous utilisé le plus largement en Chine. Autrefois, on l’utilisait pour fabriquer des armes et des outils pour cultiver et pêcher. Dans les provinces chaudes et humides du Sud-Ouest, il constitue un matériau de construction important, créant des maisons confortables ayant une ventilation naturelle. En Chine du Sud que traversent de nombreux cours d’eau, les radeaux en bambou sont un moyen de transport courant. Aujourd’hui, le bambou sert à la fabrication de planchers et de meubles. Ses fibres peuvent même être employées pour confectionner des vêtements ou une variété d’objets d’artisanat. En Chine, les produits d’artisanat en bambou ont une longue histoire, et cet artisanat est encore populaire dans des villes et villages. Le bambou est tranché en lamelles, de la largeur du petit doigt, par l’artisan qui les tisse ensuite en nattes ou en jouets. Les lamelles dansent entre ses mains, et en une demi-journée, elles deviennent un nouveau sac d’emballage, une cage ou tout type de panier. Souvent, l’artisan écrira solennellement son nom et la date de production à la base de ses œuvres. L’aspect culturel du bambou Couramment employé dans la société chinoise, le bambou a été un thème important en musique, poésie, calligraphie et peinture. Un grand nombre d’instruments traditionnels de musique sont fabriqués en bambou, notamment des instruments à vent comme le dizi et le xiao, et des instruments à corde comme le zheng. Depuis toujours, le bambou est également employé comme diapason. Dans la Chine ancienne, le bambou était synonyme de musique, de sorte que les artistes se servant d’un instrument étaient surnommés les « gens du bambou ». Dès 600 av. J.-C., les Chinois ont commencé à écrire au pinceau sur des lamelles en bambou. Ces lamelles étaient ficelées ensemble pour faire une sorte de livre. On a utilisé ce matériau pour consigner des données historiques ainsi que les pensées de Confucius et celles d’autres philosophes anciens. Le bambou a été employé jusqu’au IVe siècle apr. J.-C., et par la suite, il a cédé la place au papier. Cependant, la demande de bambou n’a pas décliné, car il était la matière première dans la fabrication du papier et constituait un composant clé des pinceaux. Le bambou lui-même symbolise la civilisation chinoise. Ses caractéristiques incarnent des vertus longtemps célébrées dans l’empire du Milieu. Par sa tige creuse et ses feuilles tombantes, il représente la modestie; se dressant bien droit, il symbolise l’intégrité. Comparer un homme au bambou, c’est faire le plus grand éloge qui soit de son caractère. Au IIIe siècle apr. J.-C., sept lettrés ont choisi de s’installer dans une forêt de bambous pour mener une vie recluse. Déçus du gouvernement et de la société, ils passaient leurs journées à écrire de la poésie, à enseigner et à boire. On les a appelés les Sept Sages de la forêt de bambous. Les siècles suivants ont vu beaucoup de personnes se comparer au bambou, notamment les peintres célèbres Zhao Mengfu (1254-1322) et Zheng Banqiao (1693-1765). Depuis des millénaires, de nombreux mythes, poèmes, œuvres calligraphiques et peintures ont le bambou pour thème. Le grand auteur Su Shi (1037-1101) a pris plaisir à le peindre, mais ses amis trouvaient étrange qu’il prît plus de temps à les observer qu’à les peindre. « Je peins les bambous dans ma tête, puis je couche cette image sur le papier », leur expliquait-il. Plus tard, cette anecdote est devenue une expression qui est employée pour désigner un plan bien mûri. Selon un poème de cet auteur, il est possible de se passer de viande au dîner, mais impossible de vivre sans bambou. Il croyait qu’une pénurie de viande donnerait simplement des personnes plus minces, tandis qu’une absence de bambou autour de la maison les rendrait vulgaires. Le quatuor formé du bambou, de la fleur de prunier, de l’orchidée et du chrysanthème est appelé les Quatre Nobles. À cause de leur résistance aux conditions atmosphériques difficiles, le bambou, le pin et la fleur de prunier sont appelés les Trois Amis de l’hiver. Quand vous vous réveillerez un matin d’été à Mukeng, le son léger de la brise dans les feuilles de bambou atteindra vos oreilles en même temps que le gargouillement des sources : c’est le plus beau réveil-matin que vous n’aurez jamais entendu, mais simplement un jour de plus dans le paradis des habitants de Mukeng.
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