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Culture |
L’architecture multiculturelle des Qing |
![]() Le portail du Dragon et du Phénix des tombeaux de l’Est des Qing, un exemple des décorations funéraires élaborées de cette époque
APRÈS des siècles de traditions architecturales ayant laissé un héritage considérable, les Qing (1644-1911, la dernière dynastie impériale de la Chine) ont-ils réussi à imposer une tradition qui leur est propre? Il semble que oui. L’architecture lamaïste en est le premier composant. En effet, sous les Qing, la structure et le style de décoration des lamaseries se sont développés et ont inspiré la création de nouveaux éléments pour la construction d’autres bâtiments religieux. Par ailleurs, comme la société était multiculturelle, l’ethnicité et sa gestion étaient une préoccupation du temps, et cela a donné lieu à la formation du deuxième composant de la tradition architecturale des Qing : le régionalisme. Parallèlement à leur fonction de lieu d’habitation, les maisons sont devenues des signes identitaires, et on a ainsi vu apparaître des résidences qui donnaient d’abord la priorité au style régional d’architecture, avant de respecter les grands principes de l’architecture traditionnelle chinoise. Ses aspects techniques La dynastie des Qing a connu un boom de construction sans précédent, ce qui a exercé une très forte pression sur les ressources en bois. Les constructeurs se sont donc tournés vers la brique, la tuile ou la pierre, et dans certaines régions, ils ont aussi eu recours au bambou et au roseau, ce qui a entraîné des modifications dans la façon de construire : les consoles sont devenues plus compactes, les piliers et les poutres ont été remplacés par des perches tenues ensemble à l’aide de bandes de fer et enveloppées d’une fibre de chanvre. Grâce à cette méthode, connue sous le nom de « lier pour économiser », le résultat final ressemblait à des poutres faites de gros troncs d’arbres, mais elle permettait d’économiser du bois et de faciliter la construction. Les matériaux de décoration se sont également diversifiés : bois durs, bronze, or, soie, jade, coquillages, laques et porcelaines sont venus ajouter des touches artistiques aux bâtiments publics ou privés. On a aussi commencé à importer du verre pour les fenêtres. L’aspect extérieur des bâtiments a également grandement changé : les styles traditionnels des Song (960-1279) et des Yuan (1271-1368) sont devenus moins fréquents, et l’élégance de la structure n’a plus été considérée comme l’objectif principal d’une construction. L’apparence d’un groupe d’éléments architecturaux, c’est-à-dire leurs formes différentes et leur décoration, a été accentuée. Et cette dernière a été particulièrement exceptionnelle : peintures décoratives, balustrades, gravures, poudre de plomb et feuilles d’or appliquées aux peintures décoratives, fenêtres aux styles diversifiés, cloisons richement ornées, auvents, tous ces éléments ont concouru à exprimer la puissance d’imagination des constructeurs de la dynastie des Qing. Finalement, cette époque a aussi marqué la publication, en 1734, du deuxième manuel officiel d’architecture, le Gongbu gongcheng zuofa zeli. Ce manuel est venu remplacer le Yingzao fashi, qui avait été publié au XIIe siècle.
![]() La capitale et les tombeaux des Qing La disposition de la capitale des Qing a été passablement la même que sous les Ming (1368-1644), mais il y a eu un gros développement des banlieues et des espaces résidentiels. Les Qing ont cependant maintenu la disposition avec axe central, et ils ont continué à construire les bâtiments en respectant une symétrie avec cet axe central. La Cité interdite des Qing a donc conservé l’image du pouvoir impérial que suggère cet axe depuis les temps les plus anciens. De la même façon, la disposition des tombeaux des Qing a été, dans une certaine mesure, une continuation de l’architecture funéraire des Ming : chaque tombeau avait une seule voie des Esprits. Notons toutefois certaines choses qui ont changé : les sépultures des empereurs, impératrices et concubines étaient individuelles plutôt qu’en groupe, et des architectures hors terre plus élaborées ont été développées, marquant la volonté de faire sentir la présence impériale, même après la mort de l’empereur. Aux Tombeaux de l’Ouest des Qing et à ceux de l’Est, le nombre de bâtiments et leurs décorations très élaborées constituent un bon exemple des changements. Par ailleurs, les chambres funéraires étaient creusées à une plus faible profondeur qu’au temps des Ming, mais leurs décorations étaient particulièrement somptueuses. Par exemple, le palais souterrain de l’empereur Qianlong occupe seulement 372 m2, mais toute la surface, jusqu’au moindre centimètre, est recouverte de marbre vert pâle. De plus, les murs, plafonds et portes sont gravés de sculptures bouddhiques ou de passages de soutras. Il y a tellement de gravures qu’on dit que le travail pour les compléter représente plus de 50 000 jours/personne. L’intérieur du tombeau de l’impératrice douairière Cixi est tout aussi extravagant: bois noble, nombreuses gravures et feuilles d’or. La conception des jardins Durant cette dynastie, le nombre de jardins impériaux a augmenté considérablement, et les classes les plus riches ont instauré une mode : incorporer l’art des jardins impériaux dans leur propre résidence. Dans ce contexte favorable, la conception paysagère a atteint des sommets sans précédent. Les jardins impériaux étaient si extraordinaires qu’on disait qu’ils étaient des extensions de la Cité interdite et de son architecture. En créant des jardins, les empereurs voulaient qu’ils soient à la fois beaux et fonctionnels, entre autres en aidant à sécuriser l’approvisionnement en eau de la capitale. C’est en 1703, sous l’empereur Kangxi, qu’a eu lieu la construction du superbe Hameau pour fuir la chaleur, à Chengde (Hebei), le jardin impérial par excellence. Par la suite, sous le règne de Qianlong, on y a ajouté 36 autres sites et temples. Parmi les autres jardins dignes de mention, on peut noter les suivants : le Changchunyuan, un véritable jardin botanique; le Yuanmingyuan, surnommé le « jardin parmi une myriade de jardins », aujourd’hui détruit, mais qui occupait plus de 350 ha et abritaient plus de 120 bâtiments; et le Qingyiyuan, le summum de l’architecture paysagère des Qing, qui sera par la suite rebaptisé Yihehuan (le célèbre palais d’Été). Parallèlement à la construction de jardins impériaux, celle de jardins privés est devenue populaire parmi les nobles, les officiels, les propriétaires terriens, les riches marchands, ainsi que pour les temples bouddhiques et les temples taoïstes. En Chine du Nord, ces jardins privés étaient concentrés à Beijing et dans ses environs; à un moment donné, il y en a eu plus de 150 dans la capitale et ses banlieues. Le plus célèbre est le palais du prince Gong. En Chine du Sud, ils étaient regroupés près de Yangzhou (Jiangsu), et le plus renommé est le petit lac de l’Ouest. Les jardins du Sud avaient la réputation d’être particulièrement gracieux et plus ouverts sur l’extérieur, grâce à l’utilisation d’un plus grand nombre de yuedong (grosses ouvertures circulaires dans les murs). Les jardins privés des Qing ont profité des percées que les Song et les Ming avaient faites dans l’aménagement des jardins. Ils diffèrent cependant sur un point : la combinaison d’une résidence et d’un jardin. En regroupant des architectures ayant deux fonctions différentes, les Qing ont construit des résidences pour que les sites pittoresques des jardins puissent être appréciés de l’intérieur des maisons et que la promenade d’agrément puisse faire partie de l’espace de la résidence. Étant donné l’espace limité des jardins privés urbains, les concepteurs ont rivalisé d’imagination pour y créer les paysages les plus divers et les plus intéressants.
![]() La lamaserie Yonghe (Beijing) est de style han. L’architecture résidentielle et religieuse La multiplicité des groupes ethniques qui ont peuplé l’empire des Qing est particulièrement manifeste dans l’architecture de cette période. On dénombre pas moins de 40 styles architecturaux de résidences, sans inclure l’architecture occidentale qui a aussi été introduite à ce moment-là. Les styles les plus connus sont les suivants : maison avec cour (un style hérité des Ming, qui est alors devenu populaire de la frontière du Nord-Est jusqu’au Yunnan, dans le Sud-Ouest); habitation troglodytique (l’une des formes architecturales les plus anciennes); maison sur pilotis (surtout dans les régions subtropicales); yourtes (populaire chez les Mongols, les Kazakhs et les Tadjiks); ainsi que maisons tibétaines (en blocs de pierre) et ouïgoures (en terre avec toit plat). Appelée siheyuan, la maison avec cour était la plus répandue, surtout dans le Nord et même parmi les ethnies minoritaires, et elle se définissait par la cour elle-même qui était entourée de bâtiments sur trois côtés. Le bâtiment résidentiel principal était habité par les plus âgés de la famille et était flanqué d’ailes à l’ouest et à l’est; ces dernières étaient habitées par les autres membres de la famille. Les hutong de Beijing sont particulièrement renommés pour cette architecture de maisons avec cour. L’accroissement de la population a aussi été un facteur influençant la construction résidentielle. Puisque la superficie de terrain disponible n’avait pas augmenté, il y a eu de plus en plus de maisons à étages. De plus, on a assisté à l’inclusion d’une boutique et une résidence dans un même bâtiment; dans cette structure, la boutique s’ouvrait sur la rue, alors que la résidence était à l’arrière. Par ailleurs, le dynamisme de l’artisanat a influencé la décoration des résidences et la gravure est devenue encore plus raffinée. Dans l’architecture religieuse, ce sont les lamaseries (bouddhisme) qui ont été les bâtiments les plus importants de la Chine des Qing; même s’ils étaient moins importants, l’islam et le taoïsme ont tout de même construit des architectures qui leur étaient propres. Les lamaseries ont ainsi procuré une nouvelle expérience visuelle aux paysages urbains et ruraux de la Chine. Une lamaserie incluait une salle de prières, des zhacang (lieu d’étude), un centre administratif, un terrain pour débattre des soutras et des bâtiments fonctionnels pour la vie courante (dortoirs, cuisines, etc.). On connaît six caractéristiques principales des lamaseries : grande dimension et structure élevée; adaptation facile à la topographie montagneuse; formes variées, tant rondes que rectangulaires; défi à la tradition de construction chinoise (par ex. poutres sans consoles); créativité; et intérieur très élaboré, avec images recouvertes de feuilles d’or, gravures, tanka, etc. Sur le plan architectural, les lamaseries tirent leur origine des maisons tibétaines, avec murs en brique et en pierre, toit plat et petites fenêtres. Parmi celles représentant la forme la plus pure du style tibétain, on peut noter, entre autres, le Potala (sur le plan architectural, l’une des structures les plus exceptionnelles du monde et les monastères Tashilhunpo (Xigazê), au Tibet, et Labrang, au Gansu. D’autres sont une combinaison du style tibétain et de l’architecture traditionnelle locale de la Chine du Nord. Par exemple, l’architecture des Huit Temples extérieurs, à Chengde, est très étroitement associée à la Chine sous le règne des Qing (qui étaient des mandchous). Certaines autres lamaseries suivent les normes de construction typiquement han, notamment la lamaserie Yonghe de Beijing, avec sa structure en forme de palais. Que conclure sur l’architecture de la dernière dynastie de la Chine? Bien qu’il soit difficile de cerner l’architecture propre à une époque, surtout lorsque celle-ci est le fruit d’une longue tradition et d’influences culturelles diverses, on peut dire qu’aujourd’hui encore, celle des Qing modèle le paysage chinois contemporain, évidemment parce qu’elle est la plus récente, mais probablement aussi parce qu’elle correspond bien au multiculturalisme que favorisent les sociétés d’aujourd’hui.
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