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Culture
L’art au féminin

 WU BING

Notre article fait place aux femmes peintres qui, en dépit de la suprématie des hommes dans l’art pictural chinois, ont su se tailler une place distincte dans le milieu des arts, obtenu la reconnaissance de leurs pairs et suscité les éloges des critiques d’art et des amateurs de peinture.

 
Tournesols, Shi Lan
 

SI vous pensez à un peintre chinois, il est fort probable que l’image qui vous vient à l’esprit est celle d’un homme. On croit généralement que le monde chinois de l’art n’a été dominé que par des peintres masculins prolifiques. Or, autant dans l’histoire lointaine qu’à l’époque contemporaine, certaines femmes peintres ont réussi brillamment. Jeter un coup d’œil sur l’histoire et sur les succès des femmes peintres d’autrefois nous fait réaliser combien les peintres féminines d’aujourd’hui apportent une contribution unique à l’art contemporain. Les biographies et les œuvres de ces femmes sont un reflet de la condition féminine au cours de l’histoire et durant l’époque exaltante que la Chine vit actuellement.

Guan Daosheng, une femme aux talents multiples

Guan Daosheng (1262-1319), de la dynastie des Yuan, est l’une des femmes peintres les plus célèbres de la Chine ancienne. On l’a hautement louangée pour ses délicats lavis de bambous et pour sa calligraphie de style libre; toutefois, sa polyvalence s’est exprimée au mieux dans sa peinture de paysages et de visages du Bouddha, ainsi que dans sa poésie et sa prose.

À 28 ans, elle a épousé Zhao Meng-fu (1254-1322), accomplissant ce que l’on appellerait aujourd’hui une union d’« âmes sœurs ». Son mari était un homme cultivé et excellait dans la rédaction de poèmes et d’essais, mais c’est en calligraphie et en peinture qu’il a connu ses plus grandes réalisations. Pendant toute la durée de leur heureux mariage, Guan Daosheng a été la compagne de la quête artistique de son mari et son soutien moral.

Les bambous créés sous le pinceau de Guan sont agréables à regarder et impressionnants; certains sont aussi gracieux que des fées en vol, alors que d’autres sont aussi solennels et dignes que des guerriers. Ses œuvres lui ayant survécu touchent la calligraphie, la peinture et la broderie, et toutes sont considérées comme des trésors nationaux.

Il y a une histoire intéressante concernant la dévotion particulière de ce couple. Après deux décennies de mariage, Zhao a été attiré par une tendance de l’époque qui était de plus en plus populaire : celle d’avoir de jeunes et belles femmes comme concubines. Comme il était trop embarrassé pour en discuter avec son épouse, il a donc encodé ses désirs dans un poème, mais Guan a compris le sens qui y était caché. Au lieu d’affronter son mari, elle lui a donc répondu par ses vers : « Façonner un vous et un moi dans l’argile, les pétrir à nouveau ensemble, puis les recréer; votre boue en moi et ma boue en vous, nous partageons un lit dans la vie et une tombe après la mort. » Profondément ému par la ténacité de Guan, Zhao n’a pu que retenir son esprit errant. Plus tard, il l’a effectivement rejointe dans leur dernière demeure; elle était décédée trois ans avant lui.

Pan Yuliang, bénie et maudite

Pan Yuliang (1889-1977) a acquis la renommée pendant les années 1930. À ce moment-là, on parlait d’elle comme d’une « âme hantée par la peinture ». Durant sa jeunesse, torturée par les nombreuses frustrations de la vie, elle s’est prostituée et a gardé ce triste renom de prostituée jusqu’à sa mort.

À 14 ans, la jeune fille a été vendue à un bordel. Des années plus tard, un officier du nom de Pan Zanhua (1885-1959) a acheté la liberté de la jeune fille et l’a prise comme deuxième épouse. Avec l’aide de son mari, elle a passé les examens d’entrée à l’École des beaux-arts de Shanghai. Après avoir obtenu son diplôme, elle est allée en France pour poursuivre des études à l’École nationale supérieure des Beaux-arts. En 1928, elle est revenue en Chine et on lui a offert un poste d’enseignante à l’École des Beaux-arts de Shanghai. Bien que sa renommée ait été confirmée par des expositions solos tout à fait réussies, elle restait inacceptable pour la première épouse de son mari. Pour se tirer de cette humiliation constante, elle est repartie à Paris et y a continué son étude de la sculpture et des techniques de peinture chinoises et occidentales. Pendant les quatre décennies qui ont suivi, elle a survécu grâce à la vente de ses œuvres et en donnant des leçons. Finalement, après avoir vécu dans la pauvreté dans la capitale française, la peintre a tranquillement quitté ce monde.

Des Occidentaux avaient repéré son talent, et pendant les années qu’elle a passées à l’étranger, Pan Yuliang a souvent été invitée à exposer ses œuvres en France, aux États-Unis, en Angleterre et en Belgique. Dans les années 1960, le Musée du Louvre a acheté certaines de ses huiles, faisant d’elle la première artiste chinoise dont les œuvres avaient été sélectionnées par ce musée.

Elle a laissé plus de 2 000 pein-tures. En présentant de façon vivante une combinaison parfaite de traits et de couleurs, un coup de pinceau libre et agréable, des teintes exubérantes et un rendu osé, ses huiles intègrent audacieusement les styles chinois et occidental. Quelques livres sur sa vie ont été publiés, et ils ont servi de référence pour des films et plusieurs feuilletons.

Shi Lan, un penchant pour les couleurs gaies

En Chine contemporaine, un grand nombre de femmes peintres exceptionnelles ont su réconcilier divers styles. Shi Lan est l’une d’elles. Elle est née en 1958 dans une célèbre famille d’intellectuels de la province de l’Anhui, en Chine de l’Est. Ses parents n’approuvaient pas ses études en arts, parce que, selon la politique de l’époque, être ouvrière procurait plus d’honneur. Elle a persisté à aller à l’encontre de la volonté de ses parents et a étudié assidûment la peinture. Après avoir rapidement connu la renommée dans sa ville natale, la déterminée Shi Lan est partie pour Beijing. Elle y a rendu visite à un grand nombre de peintres célèbres et est devenue disciple de Guo Yizong (né en 1940), un peintre très connu.

Son penchant pour les couleurs gaies et fraîches vient de son caractère enjoué qui est exprimé de manière vivante dans un grand nombre de ses œuvres. Un jour, pour l’expérience et l’inspiration, elle suivi les conseils de son maître qui lui avait suggéré de passer du temps dans la préfecture autonome dai du Xishuangbanna (province du Yunnan). Cet environnement d’une remarquable vitalité lui convenait bien et l’a inspirée. Alors qu’elles font ressortir le contraste frappant entre différentes couleurs, ses œuvres sont exécutées dans un style qui prête peu d’attention aux détails : une caractéristique qui convient bien à l’exposition dans de grandes salles, là où leur puissance peut être ressentie de loin.

En octobre 2007, Shi Lan a été artiste invitée à la Cité internationale des Arts de Paris où elle a passé trois mois. Elle y a participé à une exposition de dix jours sur les peintures chinoises de fleurs et d’oiseaux. Affichant leur caractère chinois distinctif, ses peintures ont reçu les éloges d’artistes et d’autres gens du milieu des arts de divers pays.

En 2009, elle a voyagé aux États-Unis où le chaud soleil et les vastes champs de fleurs ont de nouveau attisé sa passion de la création. En septembre de cette année-là, elle a tenu une exposition solo au Silicon Valley Asian Art Center (Californie). Avant même le vernissage, les commandes affluaient de la part des collectionneurs étatsuniens. Le critique d’art Shu Jianhua a déclaré : « Les peintures de Shi Lan comportent toujours des couleurs lumineuses et un style élégant, exprimant sa philosophie de vie positive et optimiste. »

La peintre croit que, s’ils ont le cœur en paix, les gens peuvent toujours voir la beauté. Elle donne le conseil suivant : « Toujours regarder le bon côté de la vie et essayer d’en profiter en tout temps et en tout lieu. »

Liu Manwen, l’œil sur le quotidien

Contrairement à Shi Lan, sa contemporaine Liu Manwen (1962- ) se sert de ses peintures comme d’un objectif de caméra qui capte uniquement les préoccupations des femmes et le sens de la vie ordinaire.

Liu Manwen est née et a grandi à Harbin, en Chine du Nord, un lieu fortement marqué par la culture russe. Dès son jeune âge, elle a commencé à étudier la peinture occidentale, et depuis la vingtaine, elle profite d’une vaste reconnaissance dans les milieux artistiques chinois. Ses premières œuvres célèbres sont des huiles qui présentent surtout le paysage nordique de la Chine, mais après les années 1990, son expérience de la vie a réorienté son attention sur la condition humaine, cette muse généreuse. Les miroirs et les produits de beauté – deux accessoires importants dans la vie quotidienne des femmes – constituent souvent des éléments importants dans ses compositions. La série Common Life (vie ordinaire) présente des femmes d’âge moyen devant leur coiffeuse, le visage recouvert d’un masque. Elle-même et ses amies bien éduquées servent de modèles pour la plupart des peintures de cette série, et ces dernières reflètent leur conception du monde dans lequel elles vivent.

Common Life comprend 17 huiles dépeignant la vie de famille de l’artiste et de ses amies. Parmi celles-ci, cinq concernent ses relations avec sa famille immédiate. La série a recours à des scènes quotidiennes de la vie à la maison, et le thème dominant de chacune des peintures est le reflet dans un miroir du visage d’une femme où toute expression semble absente. La peinture 4 illustre la peintre vêtue d’un peignoir et qui a l’air d’être esseulée et impuissante, alors que son jeune fils, portant une paire de lunettes teintées, joue dans la baignoire. La 14 se compose de trois parties : la partie supérieure gauche est un oiseau en cage; la supérieure droite montre de l’eau qui coule d’un robinet; et au centre en bas, une femme porte un masque blanc, ses lèvres gonflées et les yeux maquillés de rouge foncé.

Pour certains critiques, cette série est un regard étonnamment honnête sur la vie intérieure des femmes (et parmi elles, surtout des artistes) et constitue un jugement grave sur la société contemporaine. Selon ces critiques, pour certaines femmes, les miroirs sont comme une autre paire d’yeux; de plus, par son art, l’artiste se reflète sur la société. Par les miroirs, une femme ou une artiste non seulement se regarde et s’améliore, mais également observe et juge ses semblables.

Le classicisme moderne de Gao Qian

Née en 1973, c’est du jour au lendemain que Gao Qian a obtenu la renommée, avec une peinture de facture très raffinée : Duality. Ses œuvres ne peuvent pas facilement être associées à des catégories telles que paysage, fleurs et oiseaux ou personnages; elles ne ressemblent pas non plus à des natures mortes de la peinture occidentale, un genre dépeignant des objets inanimés. Bien au contraire, une nature « morte » de Gao Qian est souvent animée de papillons colorés.

La peintre a grandi à Nanjing et, pendant sept ans, elle a étudié la peinture traditionnelle chinoise à l’Institut des arts de cette ville. Une éducation conservatrice et son étude approfondie des peintures de la dynastie des Song (960-1279) ont constitué une base solide pour sa technique classique de peinture de lettrés. Ses toiles comportent souvent un style libre et naturel, des traits bien ordonnés et un panorama plus large qu’une nature morte classique. De plus, ses œuvres sont imprégnées de la douceur et de la grâce caractéristiques des femmes. Dans un grand nombre de ses peintures, on peut voir un vase chinois antique débordant de fleurs pleinement épanouies autour duquel virevoltent des papillons et des libellules. L’aspect statique et le mouvement se marient parfaitement.

Ses œuvres suggèrent parfois un érotisme subtil. Dans Flowers with a Shoe (fleurs avec un soulier), une tige de fleur de poirier, délicate et élégante, est placée tout près d’une chaussure à talon haut. Gao Qian combine et interprète parfaitement le classique et le moderne, l’Occident au sein de l’Orient et le contraste dans l’harmonie. Sa technique et sa conceptualisation originale forment un style distinct dans l’art chinois contemporain.

 

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