TOUTES les mamans veulent que leur enfant reste loin des informations érotiques sur Internet. En janvier dernier, un organisme a été créé à Beijing : le Groupe des mamans qui contrôlent. Les mamans examinent, évaluent et dénoncent les mauvaises informations sur Internet afin de « protéger les principaux intérêts des enfants ».
Un effort pour les enfants
Selon les statistiques, les internautes chinois sont très jeunes. Parmi ces 384 millions de personnes, les enfants de moins de 10 ans occupent un pourcentage de 1,1 %; les jeunes de 10 à 19 ans, 31,8 %. Les nombreuses informations néfastes disponibles sur Internet inquiètent la société.
Pour protéger les enfants des mauvaises informations, dès le mois de janvier dernier, des logiciels de filtrage ont été installés sur les serveurs et ordinateurs des écoles primaires et secondaires, afin de filtrer et supprimer les contenus vulgaires, érotiques et violents.
Depuis plusieurs années, Zong Chunshan, responsable du Centre de consultation sur les lois et la psychologie des adolescents, se consacre à l’éducation psychologique, à la prévention du crime et à l’autoprotection des adolescents. S’inspirant des organismes de parents en Occident, il a proposé de créer un « groupe des mamans qui contrôlent ». Cette idée a été approuvée par l’Association des médias d’Internet de Beijing.
Le 19 janvier, M. Zong, d’autres experts en éducation de la jeunesse ainsi que des personnes se consacrant au bien-être public ont été nommés par l’Association des médias d’Internet de Beijing comme premiers membres du Groupe des mamans qui contrôlent. Leurs tâches consistent à examiner et dénoncer les mauvaises informations sur Internet, envoyer des rapports aux administrations de contrôle et surveiller l’exécution des décisions administratives.
Selon les statuts du groupe, l’ensemble des membres doit couvrir tous types de professions et toutes les couches sociales; on peut trouver des éducateurs, des personnes travaillant dans le domaine de la loi, des personnes sans travail fixe, des femmes au foyer, etc. Le taux de parents d’adolescents ne doit pas être inférieur à 70 %.
Dès l’ouverture de l’enrôlement de volontaires dans le Groupe des mamans qui contrôlent, le nombre de dossiers de volontaires a atteint 200. Pour le moment, le groupe compte 50 membres officiels. Il accepte en permanence l’inscription de volontaires, mis en réserve pour d’éventuels remplacements de membres officiels.
La mise en place du filtrage
Huang Lu est enseignante dans un collège de Beijing. Sa fille est en deuxième année d’école primaire. Elle explique : « Les enfants d’aujourd’hui commencent à se connecter à Internet dès leur enfance. Ils suivent des cours d’informatique à l’école primaire. Beaucoup de devoirs doivent être faits à l’aide de l’ordinateur. Il est impossible de ne pas s’inquiéter des informations néfastes. » Mme Huang dit qu’elle inspecte souvent l’écran quand sa fille est sur Internet. « Je crains qu’elle ne clique sans s’en apercevoir sur des accès à des sites néfastes. »
Huang Lu soutient le Groupe des mamans qui contrôlent. Elle veut s’inscrire à cet organisme. Elle indique :
« C’est humain de donner aux parents le droit d’évaluer les informations sur Internet. Je crois que les autres parents sont pareils à nous : ils s’inquiètent de leurs enfants et ne leur souhaitent que de réussir. »
Quand on lui demande pourquoi « Groupe des mamans » et pas « des papas », Zong Chunshan répond : « Quand les femmes examinent quelque chose, elles y apportent plus de soin. Leur intuition est plus subtile. » En souriant, il ajoute : « La création du Groupe des mamans qui contrôlent ne signifie pas qu’il n’y aura pas de tâches pour les papas. L’assainissement d’Internet et des SMS sera effectué par toute la société, qui comprend tous les parents. »
Pour le moment, le groupe juge les informations selon les « Treize règles d’assainissement des mauvaises informations sur Internet ». Ce document répertorie notamment les actions suivantes : « Montrer ou dépeindre directement des organes génitaux, manifester franchement ou de manière détournée des relations sexuelles, mettre en ligne des contenus aguicheurs, sexuels, violents ou des dessins animés pornographiques, diffuser des informations confidentielles à propos d’autrui. »
Le groupe est en train de construire une station de travail sur Internet. Dans le futur, les « mamans » pourront communiquer, dénoncer et évaluer les informations sur cette plateforme qui s’apparente à un forum.

Les doutes
Pour Xu Zhiyong, 15 ans, le plus intéressant sur Internet sont les jeux. Pendant les vacances, il passe plus de quatre heures par jour sur Internet. Il craint qu’il n’y ait un problème de fossé des générations à propos du contrôle des informations d’Internet par les mamans. « Les mamans sont nées pendant les années 1960 ou 1970. Il y a une grande différence de point de vue entre elles et les jeunes. Par exemple, pour les jeux sur Internet, elles jugent dogmatiquement qu’ils nous sont néfastes et qu’ils présentent un mauvais contenu. Mais en réalité, elles ne connaissent pas ces jeux et ne veulent pas les connaître. »
Beaucoup de personnes doutent encore du fonctionnement du Groupe des mamans et de son effet.
Sun Xiaoyun, responsable adjoint du Centre de recherche sur les adolescents, croit qu’il faut aussi écouter les enfants. Il explique : « Le Groupe des mamans qui contrôlent ne représente que les idées des mamans, sans celles des enfants. La société doit écouter non seulement les mamans, mais aussi les enfants. C’est le droit des enfants que nous devons respecter. »
Zong Chunshan pense par ailleurs que le filtrage des mauvaises informations est un bon choix seulement dans un contexte où l’on manque d’un système de classement. Si on pouvait administrer Internet avec un système de classement, cela pourrait considérablement améliorer l’environnement Internet des jeunes Chinois.