Du VIe au XIIIe siècle : épanouissement et standardisation
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Culture |
Mieux comprendre l’architecture traditionnelle chinoise | ||||||||||
Du VIe au XIIIe siècle : épanouissement et standardisation LA prospérité économique et culturelle qui a prévalu au cours des dynasties des Sui (581-618) et des Tang (618-907) a permis de grandes avancées en architecture. En fait, on peut dire que ces dynasties ont constitué la première période au cours de laquelle tous les types de bâtiments chinois ont coexisté : palais, temples bouddhiques, pagodes, tombeaux et ponts. Puis, pendant les Song (960-1279), les styles sont devenus plus artistiques et élégants. Ces sept siècles sont donc une période incontournable de l’architecture traditionnelle chinoise. Du VIe au Xe siècle
La grande pagode de l’Oie sauvage (à g.) Parallèlement, puisque l’architecture était un aspect important permettant de légitimer le pouvoir impérial, l’unité politique de l’époque a accéléré l’émergence d’un style architectural distinctif. En effet, comme la ville et ses habitations constituaient l’endroit où l’empereur pouvait manifester au mieux la richesse et la splendeur de son empire, autant durant les Sui que durant les Tang, des palais imposants et des temples boud-dhistes ont été construits, et des jardins impériaux ont été aménagés. Les Tang ont construit des structures en bois aux plafonds complexes et dont la hauteur était de quelque 20 m plus élevée que toute autre architecture en bois déjà existante; désormais, certains bâtiments étaient même plus hauts que les murs d’enceinte. Pas étonnant que Chang’an (actuelle Xi’an) ait été, à cette époque, la plus grande ville du monde. Tout en respectant le plan avec axe central des anciennes capitales chinoises, la ville impériale des Sui et des Tang a cependant marqué un changement : pour la première fois, le palais impérial et la ville impériale étaient deux entités physiques distinctes. Le concept d’une ville administrative venait de naître.
Durant cette période, la construction des tombeaux s’est aussi démarquée de celle des siècles précédents. La conception était plus extravagante et les dimensions, plus importantes. Situé dans le district de Qianxian du Shaanxi, Qianling, le tombeau du couple impérial Gaozong et Wu Zetian, est souvent considéré comme l’archétype des tombeaux impériaux des Tang. Le plan et les peintures funéraires de l’époque des Tang non seulement décrivent le concept chinois « dans la mort comme dans la vie » et identifient le statut social de l’occupant, mais ils illustrent aussi la disposition architecturale des bâtiments dans lesquels les défunts avaient vécu. Pour ce qui est de la construction des temples bouddhiques, dans la plupart des plans qui ont été suivis, une salle de Bouddha était située dans une cour fermée, à la façon des bâtiments des palais impériaux. La salle des 10 000 bouddhas du temple Zhenguo (Pingyao, Shanxi) et la salle de l’Est du temple Foguang (mont Wutai, Shanxi) en sont les meilleurs exemples. Les consoles complexes de ces deux temples témoignent de leur architecture sophistiquée. Parallèlement, l’architecture des pagodes a continué de prospérer durant les Tang avec un grand nombre de pagodes jumelles. Construites en bois, en pierre ou en brique dans l’enceinte de l’emplacement des temples, la majorité des pagodes avaient quatre côtés. La plus célèbre de la Chine des Tang est la grande pagode de l’Oie sauvage du temple Ci’en, à Xi’an. C’est une architecture dite louge, c’est-à-dire qui combine les caractéristiques chinoises d’un pavillon (ge) et d’une structure à étages multiples (lou). Par contre, située au temple Jianfu, la petite pagode de l’Oie sauvage est une structure de type miyan, c’est-à-dire ayant de nombreux étages d’avant-toits rapprochés les uns des autres et dont la forme évoque une parabole. Des ouvrages importants avaient été construits avant les Sui, mais d’autres d’une envergure sans précédent ont été entrepris durant leur règne. Par exemple, le Grand Canal, qui s’étend sur plus de 2 000 km de Hangzhou, en Chine du Sud, jusqu’au sud de Beijing, est l’une des réalisations d’ingénierie les plus remarquables de l’histoire de la Chine. Ce canal a eu un impact aussi profond sur la société chinoise que la Grande Muraille l’avait eu lors de sa construction. La technologie des ponts a également connu des avancées durant cette époque : l’exemple le plus extraordinaire est le pont Anji (appelé aussi Zhaozhou) qui enjambe la rivière Nanjiao, dans le Hebei. Étant le premier pont à arcs segmentés et pendentifs ouverts à être construit en Chine, il précède de 1 200 ans les ponts du même type en Europe. Finalement, fait important à souligner, l’architecture des Sui et des Tang a exercé une influence au-delà de ses frontières. Le plan des villes, des palais et des temples de la Corée et du Japon en a été fortement marqué. En 794, la construction de Kyoto était l’application parfaite d’une ville chinoise selon le plan des Tang. Le registre Engi-shiki (qui date de l’an 927) précise même qu’on a consulté les règlements administratifs de la Chang’an des Tang pour élaborer ceux de Kyoto. Jamais autant qu’à cette époque l’influence de l’architecture chinoise ne se fera sentir avec une telle force. Du Xe au XIIIe siècle La chute des Tang a donné lieu à trois siècles de conflits entre diverses dynasties qui régnaient dans différentes régions de la Chine : les Liao (916-1125), les Song (960-1279), les Jin (1115-1234) et les Xia de l’Ouest (1038-1227). Malgré tous les conflits, on dit que ces siècles sont souvent considérés comme un haut point de la tradition architecturale. Celle-ci a pu se développer, surtout en raison de la relative prospérité de l’économie et du meilleur niveau d’éducation de la société. Le mécénat des Song et de nouvelles philosophies l’ont également influencée. Mais étant donné les diverses origines ethniques des dirigeants et les interactions entre les différents groupes, peut-on parler de caractéristiques propres à cette période?
La pagode en bois de Yingxian, au Shanxi. En plus d’être la structure en bois la plus haute et la plus ancienne en Chine, elle comporte 54 différents groupes de consoles, plus que tout autre bâtiment chinois. Un changement important s’est produit également en urbanisme : le système rigide des quartiers fermés a été abandonné au profit de villes plus ouvertes où le commerce prospérait jour et nuit. Les établissements commerciaux ont désormais été construits directement sur les rues principales, sans cour ou portes devant eux. Les structures commerciales les plus impressionnantes de l’époque étaient les restaurants, et la capitale des Song du Nord en comptait plus de 70. Dans cet environnement, l’aménagement de jardins a foisonné. On dit que, rien que dans la capitale des Song du Nord, 150 jardins impériaux et privés auraient été créés et que leur beauté était à couper le souffle.
Le cabinet rotatif de soutras du temple Longxing, le seul en son genre de l’époque des Song qui a été préservé jusqu’à maintenant. Les Song ont été d’incroyables bâtisseurs de ponts en bambou, en bois ou en pierre, et quatre d’entre eux – Luoyang (Fujian), Anping (Fujian), Guangji (Guangdong) et Lugou (Beijing) – sont célèbres dans le monde pour leur conception d’ensemble et leurs caractéristiques innovatrices.
Finalement, l’un des points les plus importants de cette période a été l’apparition de standards dans la construction, entre autres grâce à la parution, en 1103, du Yingzao fashi, une codification illustrée complète de la pratique architecturale de l’époque. Cette codification, l’un des manuels faisant le plus autorité en architecture traditionnelle, allait permettre à cette architecture d’être préservée au cours des siècles suivants.
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