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Personnalité

Liao Xiaoyi :

Être écolo, c’est un style de vie

ZHOU YIYAN*

Liao Xiaoyi, une des Heroes of the Environment 2009 du magazine Time

Profil d’une femme d’exception qui, un jour, a choisi de réorienter sa carrière d’enseignante pour se consacrer à la cause de l’environnement dans son pays.

EN octobre dernier, Liao Xiaoyi, 55 ans, a été sélectionnée par le magazine Time comme l’une des Heroes of the Environment 2009. Ce n’était toutefois pas la première fois qu’elle recevait un prix. En 2000, elle a été la première lauréate chinoise à recevoir, à titre individuel, le Prix Sophie, surnommé le prix Nobel de l’environnement. Un an plus tard, elle a remporté le Banksia International Award, le prix le plus prestigieux dans le domaine de l’environnement en Australie. En 2008, elle a reçu le Global Citizen Award des mains de l’ex-président Bill Clinton, et la même année, elle a été invitée à être conseillère en environnement pour le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Beijing.

En 1996, Liao Xiaoyi a renoncé à la possibilité qu’elle avait de faire un doctorat aux États-Unis, et elle est revenue en Chine pour y fonder une ONG en environnement : Village global du Centre d’éducation environnementale de Beijing ou plus simplement, Village global (Beijing). Depuis ce moment-là, elle se consacre à promouvoir la protection de l’environnement en Chine.

En ce moment, elle applique son concept de « collectivité verte » en participant activement à la reconstruction des secteurs frappés par le séisme de Wenchuan (Sichuan). Depuis le lancement, en septembre 2008, de son projet LOHO (inspiré du Lopez Housing Option, un organisme de bienfaisance des États-Unis), elle passe la majeure partie de son temps dans le village de Daping où elle habite sous une petite tente, et elle n’est revenue à Beijing qu’en de rares occasions.

« C’est réalisable d’avoir un mode de vie qui protège l’environnement », professe Liao Xiaoyi.

Un mode de vie écologique

Ces dernières années, le manque de fonds a été le plus gros obstacle qu’ont dû surmonter les ONG. Un jour, une grosse compagnie s’est montrée intéressée à investir des centaines de milliers de yuans dans son organisme, en échange du droit d’apposer son nom, mais Mme Liao a catégoriquement rejeté l’offre. « Je ne serai pas une quelconque porte-parole d’une entreprise, dit-elle, on ne peut pas nous acheter. »

En règle générale, on divise les ONG en environnement en deux catégories : lutte contre la pollution et construction écologique. Mme Liao en a inventé une troisième : mode de vie écologique. Afin d’encourager et de faire connaître un « mode de vie écologique et un mouvement vert », elle est déterminée à établir des « collectivités vertes » modèles. Elle encourage l’adoption de modes de vie qui protègent l’environnement, notamment le tri sélectif des déchets, le réglage de la température du climatiseur à 26 °C en été et à 18 °C en hiver, ainsi que l’emploi de sacs à provisions recyclables.

Il y a plusieurs années, un expert en environnement des États-Unis l’avait mise en garde : « Ce n’est pas le genre de travail auquel les gens veulent participer. Les États-Unis sont engagés dans le tri sélectif depuis plus de 30 ans et pourtant, la collecte sélective ne s’applique encore qu’à 30 % des déchets. À moins que votre gouvernement y accorde un puissant soutien, cette activité ne réussira pas en Chine. » Mme Liao n’a jamais songé à revenir sur sa décision.

Dachengxiang (arrondissement Xicheng, Beijing), la première collectivité pilote en tri sélectif, le pratique depuis plus de dix ans. Sous les conseils de Liao Xiaoyi, Jiangongnanli (arrondissement Xuanwu, Beijing) est devenue la première collectivité écologique. En 2000, lors du dépôt de sa candidature aux Jeux olympiques de 2008, Beijing avait promis d’établir des collectivités vertes, et la ville a effectivement promulgué et appliqué des règlements et politiques à cet effet. Ces derniers incluent les normes de température que Mme Liao et ses collègues avaient préconisées pour la climatisation, ainsi que l’interdiction d’offrir gratuitement des sacs plastiques.

Depuis plus d’une décennie, Mme Liao a toujours continué de travailler aussi dur qu’au premier jour où elle a commencé sa carrière en environnement, et beaucoup de personnes sont impressionnées par sa vigueur et son enthousiasme. « D’où vient votre passion ?», lui a un jour demandé une journaliste. « Ce que votre cœur veut faire, faites-le », a-t-elle répondu sans hésitation.

Au site de construction du projet LOHO du village de Daping: l’avenir se trouve dans les collectivités rurales chinoises. PHOTOS : CFP

« Une entrepreneure philanthrope »

Selon Mme Liao, le séisme de Wenchuan a marqué un tournant pour sa carrière ainsi que pour les ONG chinoises en environnement.

« Dans les faits, les activités de Village global (Beijing) dépendent des dons, dit-elle. Quand nous prenons notre petit-déjeuner, nous devons chercher notre prochain repas. Si les fonds sont épuisés, le projet devra être suspendu. » Aujourd’hui, sa fonction de chef du programme de construction de logements LOHO, qui fait partie du travail de secours aux victimes du séisme du Sichuan, lui a valu un nouveau titre : entrepreneure philanthrope. Sa tâche est d’aider les habitants locaux à trouver les moyens d’assurer un développement durable et à bâtir une civilisation écologique. Elle les aide à développer l’écotourisme, l’artisanat, l’agriculture biologique, ainsi que des modes de vie écologiques.

En juillet 2008, Liao Xiaoyi est arrivée dans le village en amenant avec elle un groupe de spécialistes en construction venus de Xi’an, de Kunming et d’autres régions. Deux mois plus tard, elle y apportait un fonds de construction de 3,8 millions de yuans qui avait été versé par la Fondation de la Croix-Rouge et la Narada Foundation.

« Un montant de 3,8 millions est tout juste suffisant pour acheter une villa dans n’importe quelle grande ville chinoise. Ici, au Sichuan, nous avons construit 80 logements écologiques et deux cliniques médicales de 120 m2, en plus des quelques autres projets qui sont en cours, dont un atelier de 150 m2, 80 fours qui économisent l’énergie, deux salles de village de 400 m2, ainsi que des installations de traitement du biogaz et de tri des déchets. »

Mme Liao croit que l’avenir de la Chine et la protection de son environnement dépendent des collectivités rurales. « Nous n’allons pas enseigner quoi faire aux villageois, mais plutôt chercher les éléments positifs qui y ont toujours existé. Nous ne faisons que réactiver ces choses et créer une synergie. » Du Village global (Beijing) au village de Daping, Mme Liao indique qu’elle a trouvé sa voie et celle de la protection de l’environnement en Chine.

Selon elle, pour s’occuper du changement climatique, c’est à partir des villages ruraux que la Chine devrait aborder sa transition d’un développement à forte consommation de carbone vers un type de développement à consommation plus faible de cet élément; en effet, le travail est plus facile et on obtient un meilleur rapport coûts/bénéfices que dans les villes qui se sont industrialisées depuis des décennies. « La Chine est différente des pays développés, puisque la majorité de sa population vit dans des régions rurales. Si nous ignorons la pression potentielle de la campagne qui suit l’exemple des villes, la consommation d’énergie et les émissions de carbone seront désastreuses », indique Mme Liao. Voilà pourquoi elle poursuivra son exploration en faisant la promotion des écovillages LOHO.

De philosophe à écologiste

Liao Xiaoyi n’a pas toujours été écologiste. Avant de fonder l’ONG Village global (Beijing), elle était professeure de philosophie. C’est durant la période où elle a été chercheuse à l’Académie des sciences sociales de Chine qu’elle a découvert le concept d’« obéir à la nature ». «J’ai été très surprise et bouleversée par cette idée, se rappelle-t-elle. Tout ce qu’on m’avait enseigné jusqu’alors était que l’homme peut et doit conquérir la nature, et que cela est perçu comme une loi de la nature. » Elle s’est ensuite mise à lire des livres importants sur l’environnement, dont Printemps silencieux de Rachel Carson.

En 1993, Mme Liao est partie avec sa fille pour rejoindre son mari qui faisait des études de doctorat aux États-Unis. Elle y a travaillé comme chercheuse invitée à la North Carolina State University et y a tourné A Daughter of the Earth, un documentaire sur l’environnement. Cette expérience lui a permis d’entrer en contact avec un grand nombre d’ONG en environnement de ce pays. Elle a été impressionnée par le rôle que jouaient ces organismes dans la promotion du mouvement de protection de l’environnement. C’est alors qu’est née sa détermination à revenir au pays pour mettre en place un modèle semblable. En 1998, elle a abandonné sa carte verte des États-Unis en signant une « renonciation volontaire » et en expliquant de façon très simple la raison : prendre part à la cause de la protection de l’environnement de la Chine.

Liao Xiaoyi croit qu’en tirant des leçons de sa sagesse ancienne, la Chine pourrait trouver des solutions aux divers problèmes écologiques qui ont surgi au cours de la rapide modernisation du pays.

Elle confie qu’elle n’achètera jamais de voiture. Elle s’impose également d’autres règles de conduite : elle utilise le transport public et ne prend pas de taxi, à moins que cela ne soit absolument nécessaire; elle ne fait jamais fonctionner le climatiseur, quelle que soit la température; elle évite d’utiliser les ascenseurs; enfin, elle ne mange jamais de viande d’animaux sauvages et n’utilise pas de produits fabriqués à partir de ces animaux.

Elle fait également de son mieux pour que les gens autour d’elle acceptent ses idées et elle tente de donner l’exemple. Sur ce dernier point, elle est d’avis que, lorsqu’on éprouve moins de désir pour les choses matérielles et davantage pour la richesse spirituelle, une autre vie est possible.

*ZHOU YIYAN est journaliste au magazine illustré The Bund.

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