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Culture

Les messages transmis par les peintures de fleurs et d’oiseaux (Partie II)

 

WU BING

En plus d’une facture soignée, la peinture chinoise traditionnelle a ajouté un profond symbolisme à ses œuvres. Voici l’occasion d’en apprendre davantage.

 

Fleurs blanches au lac Jasper, Li Kuizheng 

EN Occident, les roses rouges sont le symbole de l'amour, et les roses jaunes, celui de l’amitié. Dans la Chine ancienne, les fleurs symbolisaient également des sentiments. Par exemple, des fleurs de lotus jumelles sur une seule tige, tout comme deux arbres avec des branches entrelacées, évoquaient des couples fidèles. La fleur de lotus symbolisait également la noblesse, alors que la pivoine évoquait richesse et statut. Pendant des milliers d’années, ces fleurs ont été des éléments importants dans la composition des peintures de fleurs et d’oiseaux.

Fleurs de lotus : élégance et pureté

Dans la Chine ancienne, la fleur de lotus était admirée pour son élégance et sa pureté, comme l’a décrit le penseur néo-confucéen Zhou Dunyi (1017-1073) de la dynastie des Song (960-1127) dans son essai Conte de l’amoureux du lotus. Zhou Dunyi se comparait lui-même à un lotus, car il se tenait éloigné de la politique et de la quête des biens matériels. Depuis lors, cette fleur est devenue l’une des favorites des artistes chinois, et plus particulièrement l’un des thèmes les plus courants dans la peinture de fleurs et d’oiseaux. Les changements que cette fleur subit au cours des saisons et en vingt-quatre heures font qu’on la perçoit comme une fleur qui porte chance.

Dans les années 1950 et 1960, Yu Zhizhen (1915-1995) était l’artiste la plus connue pour son rendu des fleurs de lotus. Elle excellait à dépeindre ces fleurs en pleine floraison. De 1971 à 1984, à la demande de la résidence des hôtes d’État Diaoyutai, elle a travaillé à une gigantesque peinture de fleurs et d’oiseaux en utilisant la technique méticuleuse du gongbi. Les fleurs de lotus en constituent le thème principal. En 1983, pour la salle des Lumières pourpres de Zhongnanhai, siège du Parti communiste chinois et du gouvernement central, elle a exécuté l’énorme peinture intitulée L’étang de lotus charme encore. Les œuvres de Yu Zhizhen servent désormais de modèles pour les étudiants en beaux-arts.

Li Kuizheng (1942- ) est un disciple de Yu Zhizhen. Après des décennies d’exploration, ce peintre a formé son propre style de peinture de fleurs de lotus. Il se considère comme un homme du peuple dont les désirs égoïstes altèrent la pureté de l’âme. Selon lui, peindre des fleurs de lotus est justement une manière de purifier l’âme. Avant de commencer à peindre le lotus, Li Kuizheng pratique un certain rituel : il prend d’abord un bain et revêt des vêtements propres, puis il fait le ménage de son studio, allume un bâtonnet d’encens et écoute de la musique traditionnelle douce et légère; finalement, il s’assoit, tranquille, et ferme les yeux pour éloigner les distractions de son esprit. Ce n’est qu’après qu’il commence à dérouler le papier et à frotter son bâton d’encre. Fleurs blanches au lac Jasper (lieu légendaire, habitat de la Reine Mère des Contrées occidentales) est une grande peinture représentative de sa peinture de fleurs de lotus. Dans cette œuvre, les feuilles vertes du lotus frémissent sous la brise et forment une grappe autour de gracieuses fleurs blanches. En produisant cette œuvre, Li Kuizheng a adopté des techniques étrangères, notamment celle de certains néo-impressionnistes français.

Puisque les fleurs de lotus sont souvent associées au siège en lotus du Bouddha, un grand nombre de personnes considèrent les feuilles de lotus flétries comme des symboles du nirvana.

La valeur esthétique du lotus flétri était reconnue par les artistes chinois d’autrefois. Il y a eu des artistes qui excellaient particulièrement à représenter le lotus flétri. Zhu Da (1626-1705), de la dynastie des Qing, était l’un d’eux. À cause de leur composition unique et de l’atmosphère de désespoir qu’ils dégagent, ses lotus flétris sont fortement impressionnants. Fleurs de lotus et oiseaux est l’une de ses œuvres les plus représentatives. Dans cette peinture longue et étroite, il y a des feuilles de lotus défraîchies et un petit oiseau perché en solitaire sur une roche aux formes étranges; le blanc des yeux de l’oiseau y est très évident. Zhu Da était un survivant de la famille impériale de la dynastie des Ming (1368-1644) qui a vécu caché, en ermite, dans les montagnes. Les Ming lui manquaient et il détestait les Qing, des Mandchous qui avaient renversé et remplacé les Ming. Incapable de changer la situation, il ne pouvait qu’exprimer ses émotions complexes à travers son art.

Qi Baishi (1864-1957), un grand artiste du XXe siècle, a lui aussi dépeint des lotus flétris. Son œuvre est totalement différente de celle de Zhu Da, car dans son cas, bien que les feuilles de lotus soient défraîchies, les réceptacles des graines se dressent bien droits, symbolisant le bonheur que procure une bonne moisson.

 Feuilles de lotus flétries, Jia Mian

Étang de lotus, Zhu Da 

Pivoine : grande richesse et position élevée

Les gens aiment la pivoine pour sa noblesse et sa distinction. Elle est connue en Chine comme la « beauté nationale au parfum divin ». Ouyang Xiu (1007-1072), éminent lettré de la dynastie des Song, aimait profondément les pivoines, tel qu’on peut le constater dans son œuvre Registre des pivoines de Luoyang. Pour sa part, Zhou Dunyi a comparé la pivoine à la fleur de lotus dans son Conte de l’amoureux du lotus. Selon lui, les motifs de pivoine convenaient aux maisons des familles impériales et celles des hauts dignitaires. Comme pour venir appuyer cette assertion, la parure de tête des femmes de la noblesse mandchoue prenait la forme d’une pivoine pleinement épanouie.

La peinture de pivoine est pratiquement un cours obligatoire pour chaque artiste qui veut se consacrer à la peinture de fleurs et d’oiseaux. Li Tang, un peintre de la dynastie des Song du Sud (1127-1279) n’a pas peint de pivoines dans sa jeunesse, mais il a composé un poème sur ce thème, une fois âgé : « Si j’avais su que mes œuvres ne seraient pas appréciées par mes contemporains, j’aurais acheté plus de rouge pour peindre des pivoines. » Quand la pivoine est combinée à d’autres fleurs et à des oiseaux, elle ajoute beauté et complexité au symbolisme. Par exemple : la combinaison d’une pivoine et de fleurs de pommier sauvage chinois se dit man tang fu gui (richesse et noblesse remplissent votre pièce); celle d’une pivoine et d’une fleur de lotus, rong hua fu gui (gloire, splendeur, richesse et statut); et celle d’une pivoine et d’un bulbul de Chine, fu gui dao bai tou (grande richesse et statut élevé jusqu’à la vieillesse).

 

Pivoines après la pluie, Wang Daozhong 

La pivoine est souvent choisie par les débutants en peinture de fleurs et d’oiseaux à cause de sa grande corolle et de son aspect monochrome et distinctif. Elle n’est toutefois pas facile à peindre. En faisant des croquis de pivoines, Yu Fei’an (1887-1959) a constaté que le printemps est la meilleure saison pour capter l’essence de la pivoine, parce qu’elle est alors en pleine floraison et que ses feuilles sont minces et clairsemées. L’été, les feuilles sont grosses, vertes et brillantes, mais les fleurs sont défraîchies. En été, l’extrémité des feuilles épaisses ombrage les tiges, de sorte que les compositions semblent être un amoncellement de feuilles vertes. En automne, quand une partie des feuilles sont tombées, les tiges apparaissent, quoique de manière indistincte, et la fleur prend des proportions poétiques. Après des années de recherche, ce peintre a trouvé un mode d’expression qui s’est distingué de celui des artistes des générations précédentes. Afin de présenter les meilleures caractéristiques de la pivoine dans une seule peinture, Yu Fei’an a finalement combiné la corolle du printemps, les feuilles de l’été et les tiges de l’automne.

Wang Daozhong (1931- ) est un disciple de Yu Fei’an. Il excelle tellement à la peinture de pivoines qu’il est connu sous le surnom de « Wang la pivoine ». Dans sa jeunesse, il vivait à proximité de la Cité interdite, à Beijing, et il se rendait souvent au temple des Ancêtres impériaux (l’actuel Palais de la culture des travailleurs) pour y faire des croquis de pivoines en pleine floraison. Il a appris l’art de la peinture de pivoines auprès de son maître, mais au moment où il était sur le point d’affirmer pleinement ses ambitions, il a été qualifié de « droitiste » par le mouvement politique de cette époque. Envoyé dans la ville septentrionale de Mudanjiang (Heilongjiang) pour être rééduqué à l’usine d’impression et de teinture de la ville, il s’est tout de même accroché à son rêve d’être un bon artiste et s’est consacré à la conception de motifs pour des couettes et des taies d’oreiller. Il a ainsi constaté que la pivoine attirait autant les gens de lettres que le commun des mortels. Après avoir maintes fois retravaillé ses modèles, il a conçu une série complète de pivoines à imprimer sur les tissus. Dans les années 1970 et 1980, à peu près chaque famille chinoise avait une couette portant des motifs de pivoines roses sur fond rouge, conçus par Wang Daozhong.

Les réalisations artistiques de Wang Daozhong n’ont pas surpassé celles de son maître. Cependant, il a eu une contribution inestimable en combinant la technique de peinture gongbi zhongcai (trait fin au pinceau et couleur prononcée) avec l’imprimerie et la teinture industrielles; il a aussi beaucoup contribué à vulgariser cette combinaison.

Les artistes chinois de diverses générations se sont creusé la tête pour créer des variations de l’image de la pivoine symbolisant la grande richesse et le statut élevé. Zhang Daqian (1899-1983) pensait qu’une grosse corolle et des couleurs lumineuses ne pourraient pas exprimer au mieux l’opulence et le statut élevé; il a donc eu recours à la poudre d’or pour tracer les contours de la corolle. Ses pivoines dorées scintillent sur les murs.

Pivoine d’or, Li Kuizheng 

Li Kuizheng (1942- ) ne s’est pas contenté d’utiliser la poudre d’or pour tracer les contours des fleurs. En plus, il a adopté des façons modernes de peindre et emprunté les techniques occidentales de l’aquarelle; ainsi, pour créer la peinture Pivoine d’or, il a remplacé les couleurs originales par de l’or. S’inspirant de la peinture Fleurs de lotus hors de l’eau (dynastie des Song), il n’a peint aucune tige, ne laissant qu’une grosse fleur et quelques feuilles. Ce faisant, il a simplifié les éléments au maximum et laissé le spectateur s’imprégner du motif principal en un coup d’œil. Il a également employé une composition en rayonnement, ayant un peu l’effet des rayons de soleil, ce qui s’est avéré un franc succès lorsqu’il a peint la Pivoine d’or.

Hémérocalle : pour oublier les soucis et donner naissance à des garçons

Dans la peinture chinoise traditionnelle, l’hémérocalle est souvent combinée avec des roches ornementales taihu ou des pins, et on y ajoute fréquemment des inscriptions comme « plante pour oublier les soucis » ou « naissance de garçons », car aux yeux des Chinois, l’hémérocalle est une plante ayant des pouvoirs magiques et à laquelle on peut adresser ses souhaits. Selon le Livre des Odes (la plus ancienne collection de poésies en Chine), une femme dont le mari effectuait une expédition au loin aurait, un jour, commencé à cultiver une hémérocalle dans sa cour. La fleur dorée était agréable à regarder et comestible, et la femme tenta d’oublier ses soucis avec cette plante.

Dans les Registres d’une myriade de choses (Bowu Zhi), de la dynastie des Jin de l’Ouest (265-316), Zhang Hua (232-300) a écrit : « Consommer de l’hémérocalle peut aider les gens à oublier leurs soucis. En portant cette plante, les femmes enceintes donneront certainement naissance à des garçons. »

Dans les peintures chinoises traditionnelles, la combinaison de l’hémérocalle avec des roches et des pins symbolise la longévité et une progéniture nombreuse. Fleurs et Papillons, une peinture de Ma Quan (dynastie des Qing, 1644-1911), présente une telle combinaison : aux côtés d’une roche aux formes étranges, il y a des hémérocalles et des pavots en fleur, et un papillon virevolte au-dessus des fleurs, alors qu’un autre est posé sur l’hémérocalle. Cette œuvre exceptionnelle inspire l’harmonie et la paix.

Finalement, dans les peintures chinoises traditionnelles, les pins, les fleurs de prunier et le bambou sont appelés les « trois amis du froid hiver », la meilleure combinaison qui soit pour symboliser l’intégrité inflexible des lettrés.

 

 

 
 
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