QIAO TIANBI

Depuis le séisme qui a frappé Wenchuan (Sichuan) le 12 mai 2008, des provinces et municipalités d’autres régions de la Chine prêtent main-forte aux travaux de reconstruction en fournissant aide matérielle et personnel qualifié. Un exemple inspirant d’aide humanitaire, mais aussi un projet où toutes les parties sortent gagnantes.

«ILS ne sont peut-être que de passage ici, mais pour nous, ils seront à jamais nos bienfaiteurs », commente M. Jiang Zhihui, chef du bourg de Miansi (district de Wenchuan), concernant l’aide qu’offre la ville de Zhuhai (Guangdong) à ce bourg.

Reconstruction à pas de géant des infrastructures

Le nouveau bourg de Miansi en construction

C’est ainsi que la province du Guangdong donne du soutien ciblé au district de Wenchuan. Treize villes du Guangdong fournissent de l’aide ciblée à treize bourgs de Wenchuan, pour un montant total de 8,2 milliards de yuans.

Miansi, dont les infrastructures ont pratiquement été entièrement détruites, profite du soutien ciblé de Zhuhai. Cette ville fournit un capital de 340 millions de yuans pour des programmes touchant 55 domaines, dont 88 % sont liés aux services publics.

D’après M. Chen Renfu, chef du groupe de reconstruction de Zhuhai, les principaux programmes de leur aide ciblée sont ceux liés aux services publics de base, dont l’école, l’hôpital, l’assistance sociale, les installations culturelles publiques, le centre d’activités du village, l’approvisionnement en eau potable, la construction des routes, l’irrigation des champs cultivés et la construction de nouveaux logements. « Notre objectif consiste à rétablir sur tous les plans la vie des sinistrés et à les encourager. » Déjà maintenant, les projets liés à ces programmes de soutien sont pratiquement tous achevés, et ils ont aidé les sinistrés à sortir de la détresse psychologique ressentie à la suite du séisme.

M. Li Xupeng, dircteur du Département général du groupe de reconstruction de Zhuhai, raconte que, le lendemain de son arrivée à Miansi, il a commencé à faire des enquêtes dans des villages de montagne; sur le total des quatorze villages que compte Miansi, huit sont dans les montagnes. À ce moment-là, les routes étaient impraticables. Pour se rendre dans tous les villages, les membres de son groupe devaient marcher chaque jour une dizaine de kilomètres dans des conditions de marche éprouvantes, souvent même au-dessus de précipices. Dans le but de construire des installations d’approvisionnement en eau potable, ils se sont engagés dans la localisation des sources de la région; la plus proche se trouvait à 2 km du village, et la plus éloignée, à 10 km. Le levé topographique de tous les projets liés directement aux villageois, notamment la construction des routes et des installations d’eau potable, s’est entièrement fait à pied.

Il y a désormais une expression qui est populaire dans les différents bourgs de Wenchuan : « Réaliser avant terme un développement de 10, 20 ou même 50 ans grâce à l’aide ciblée. » D’après un officiel local de Wenchuan, l’expression plus précise devrait être : « Réaliser un développement à pas de géant dans la construction des infrastructures. »

Nouvelles connaissances sur les régions de l’Ouest

Les transferts directs à partir de ses propres fonds constituent toujours le principal moyen qu’a l’autorité centrale pour secourir les sinistrés. Pourtant, dans le cas de la reconstruction postséisme de Wenchuan, l’aide ciblée s’y est ajoutée. Cette aide est une mesure importante adoptée par le gouvernement central à la fin des années 1970 et elle a pour objectif que les provinces et villes économiquement développées de l’intérieur du pays aident les régions frontalières et celles peuplées d’ethnies minoritaires dans leur effort pour développer leur économie.

« Étant donné la puissance du pays, l’autorité centrale est tout à fait en mesure de secourir les sinistrés sans avoir recours à l’aide ciblée. En réalité, l’aide ciblée revêt une signification plus profonde », souligne M. Zhang Tong, directeur du Département des travaux, relevant du groupe de reconstruction de Zhuhai.

C’est au cours de l’assistance à la reconstruction que M. Li Xupeng a peu à peu ressenti la signification profonde de l’aide ciblée. Miansi est un passage stratégique menant à l’Ouest, lieu des sources d’eau de la Chine. « Le gouvernement central souhaite non seulement remettre sur pied cette région, mais aussi l’améliorer; des autoroutes et des chemins de fer y seront construits, et cette décision repose sur sa position stratégique. Par conséquent, pour assurer notre passage vers l’Ouest et nos sources d’eau, tout le pays se voit dans l’obligation de venir en aide à cette région », explique-t-il.

Quant à M. Zhang, il a des vues originales sur l’Ouest : « L’Est apporte sa contribution économique, et l’Ouest, une contribution stratégique. Conclusion : la question d’aider ou non ne se pose pas, puisque c’est notre propre jardin arrière. »

Apprendre les idées
directrices et les méthodes de travail de l’Est

Selon un officiel du district de Wenchuan, ce qui a touché le plus l’esprit des gens locaux, c’est l’efficacité de ceux qui sont venus les aider. « Pour nous, il se peut que “tout de suite” signifie “dans une heure ou deux”, alors que pour les gens du Guangdong, il ne s’agit que de quelques minutes. »

« L’aide ciblée a aussi contribué à une intégration plus étroite entre l’Est et l’Ouest et a exercé un grand impact sur chacune de ces deux régions, non seulement sur le plan matériel, mais aussi sur le plan des conceptions et des idéologies », souligne M. Xu Minggui, directeur du Département de coordination des travaux, relevant du groupe de reconstruction de Guangzhou.

Le bourg de Weizhou, chef-lieu du district de Wenchuan, a bénéficié d’une aide ciblée de Guangzhou. Dès le début, Guangzhou s’était fixé l’objectif non seulement d’aider le bourg à rebâtir des édifices, mais aussi d’enseigner aux habitants locaux des méthodes et des systèmes de gestion.

M. Chen Renfu (à g.), chef du groupe de Zhuhai, montre au journaliste le plan de reconstruction du bourg de Miansi.

Un jour, au cours d’une interview d’un secrétaire adjoint du comité du Parti du district de Wenchuan, un journaliste a posé la question suivante : « Si Guangzhou donnait tout l’argent à la localité et que cette dernière se chargeait de la construction, cela serait-il différent de la situation où Guangzhou dirige une équipe pour aider à la construction ? » La réponse a été la suivante : « Si les choses se passaient de cette façon, il est certain que nous ne pourrions pas faire aussi bien que le font les gens de Guangzhou; la façon actuelle de faire nous fait réaliser notre insuffisance dans le travail, et cela nous a aussi permis d’améliorer nos conceptions et notre niveau de gestion. »

Pour leur part, le groupe de Zhuhai et les autorités du bourg de Miansi sont animées d’un sentiment de fierté, car au cours du processus d’aide ciblée, les deux parties ont été les seules à adopter la construction conjuguée, soit le partage des responsabilités dans tous les travaux.

« L’une des raisons pour lesquelles l’État a mis en œuvre l’aide ciblée dans la reconstruction postséisme a été de créer une interaction entre l’Est et l’Ouest : les habitants locaux apprennent davantage de techniques auprès de nous, et nous, on apprend davantage de leur culture », conclut M. Zhang Tong.

L’aide aux zones sinistrées après la reconstruction

La reconstruction des infrastructures de Miansi étant pratiquement achevée, Zhuhai aide maintenant ce bourg à mettre en place un projet dans différents secteurs. Par ailleurs, les terres cultivables ont été gravement endommagées par le séisme, et la reconstruction a également pris une autre partie des terres. Aujourd’hui, les habitants ne disposent que de moins d’un demi-mu (un mu = 1/15 ha) de terre par personne et affrontent le problème de poursuivre le développement.

D’après le projet actuel, l’écotourisme et l’agriculture biologique constitueront des secteurs piliers. Selon M. Zhang Tong, si l’on prend le tourisme comme secteur pilier à Miansi, c’est bien sûr parce que le bourg possède d’abondantes ressources touristiques. Cependant, c’est aussi pour y réhabiliter l’écosystème et parce que les habitants ont besoin d’un objectif auquel s’identifier. « Je pense que la durée de ce projet dépasse déjà celle qui avait été prévue pour la reconstruction, et que, grâce à lui, l’aide ciblée de certaines provinces et villes aux régions sinistrées deviendra une affaire à long terme. La réalisation du développement commun Est-Ouest est le but de la politique d’aide ciblée lancée par le gouvernement central », nous confirme M. Zhang.

M. Jiang Zhihui, chef du bourg de Miansi, parle ainsi aux gens de ce bourg: « Ce que l’on fait maintenant est de vous aider à établir une bonne base; toutefois, de façon générale, c’est vous qui développerez votre économie en comptant sur vos propres forces. »

La nouvelle école primaire de Miansi     PHOTOS : ZHAO XI

Avec la volonté d’accomplir en deux ans des travaux qui devraient en prendre trois, la plupart de ces travaux seront achevés au cours du deuxième semestre de cette année. On commence à se pencher sur le développement qui suivra la période de reconstruction des zones sinistrées. M. Wang Yang, secrétaire du comité provincial du Parti communiste chinois du Guangdong, a déclaré clairement que la province coopérera à long terme avec les zones sinistrées.

M. Guo Xiaoming, directeur adjoint de l’Académie des sciences sociales du Sichuan, exprime toutefois certaines réserves sur cette coopération à long terme. Pour ce qui est de l’aide ciblée lors de la reconstruction, ce que peut offrir le donateur ne correspond pas toujours à la demande des bénéficiaires. Il se peut que le donateur s’intéresse plutôt aux grands travaux de construction d’infrastructures, alors que les projets de petite envergure concernant directement la vie des villageois n’ont pas été envisagés. Pour la coopération à long terme, il faudra bien réfléchir aux besoins des bénéficiaires et écouter l’opinion des gens locaux, sinon des erreurs se produiront dans l’exécution de ces projets.

Actuellement, les travaux d’aide aux zones sinistrées sont pratiquement bénévoles. Cependant, dans le cadre d’une coopération à long terme, il faut avoir un système de compensation. C’est très important, sinon cette coopération ne pourra pas durer longtemps, indique le directeur adjoint Guo. La complémentarité de la région Est et de la région Ouest, de même que la coopération gagnant-gagnant sont des choses envisageables.

Cependant, il faut l’encouragement des politiques du gouvernement central pour que l’on puisse passer du bénévolat à une véritable coopération dans le développement des différents secteurs d’activités.

Liste des régions fournissant de l’aide ciblée aux zones sinistrées du Sichuan
pour la reconstruction