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Dossier |
L’avis d’un expert sur la stratégie de mise en valeur de l’Ouest |
LU RUCAI
M. Wei Houkai est directeur du Centre d’études sur le développement de l’Ouest relevant de l’Académie des Sciences sociales de Chine. À ce titre, il se penche depuis dix ans sur les problèmes de cette région et sur le choix de stratégie de développement qui a été fait. Sous sa direction, ce Centre conseille l’État sur les politiques de développement régional.
Que pensez-vous des résultats obtenus depuis l’application de la stratégie de mise en valeur de l’Ouest, il y a dix ans? Grâce aux politiques de l’État, la mise en valeur de l’Ouest se poursuit de façon active et continue. Les investissements augmentent, la construction des infrastructures et l’aménagement de l’environnement naturel réalisent de grands progrès et le rythme de la croissance économique s’accélère progressivement. Depuis l’application de cette stratégie, le PIB de l’Ouest augmente d’année en année : sa croissance annuelle est passée de 7,3 % en 1999 à 14,5 % en 2007. En 2008, malgré la crise financière, le taux de croissance y a atteint 12,4 %. De plus, le niveau du développement socioéconomique s’améliore. En 2008, le PIB moyen par habitant de cette région était de 15 900 yuans, soit 3,7 fois supérieur à celui de 1999. De même, le revenu des habitants des villes et des campagnes augmente rapidement. De 2000 à 2008, les investissements dans les immobilisations sociales y ont augmenté en moyenne de 23,4 % par année, un taux supérieur à la moyenne du pays.
Où en est l’application de cette stratégie? Nous projetons de prendre 50 ans pour développer l’Ouest et de réaliser l’objectif de développement en trois étapes. Les tâches principales de la première décennie (2000-2010) comprennent : la construction des infrastructures et l’aménagement de l’environnement naturel afin de maîtriser pour l’essentiel la tendance à la dégradation; l’amélioration de l’environnement d’investissement; et la mise en place d’un cycle économique sain. Le niveau de partage des biens publics entre les habitants ruraux et les citadins approche peu à peu de la moyenne nationale. Nous prendrons environ 20 ans (2011-2030) pour réaliser une économie locale dotée d’avantages compétitifs. Pendant cette période, certaines régions achèveront leur industrialisation avant les autres, le taux d’urbanisation moyen dépassera 50 % et le niveau de vie de la plupart des habitants s’approchera de la moyenne nationale. De plus, la dégradation de l’environnement naturel sera totalement neutralisée et les fonctions de l’écosystème se rétabliront progressivement. Sur cette base, nous aurons besoin d’encore 20 ans (2031-2049) pour réaliser la modernisation dans tous les domaines. Une nouvelle région Ouest apparaîtra : elle se caractérisera par une économie prospère, une société progressiste, un paysage agréable et une vie aisée pour la population. Dix ans, c’est bien peu dans la mise en valeur de l’Ouest. Cette région a obtenu certains résultats dans la construction des infrastructures, l’aménagement de l’environnement naturel et la capacité d’autodéveloppement, mais les bases de son développement sont encore très faibles. Les infrastructures tirent encore beaucoup de l’arrière, les conditions d’autodéveloppement ne sont pas encore formées et l’écart entre le niveau de développement de l’Ouest et celui de la région côtière est encore très grand. Beaucoup de chemin reste à parcourir.
Peut-on considérer cette stratégie comme une « aide aux pauvres »? Non. Bien qu’on y trouve beaucoup de zones pauvres, la région n’est pas totalement démunie. Il y existe aussi des grandes villes. La stratégie a pour but de construire un Ouest nouveau dont le modernisme sera basé sur la prospérité économique, le progrès social et un écosystème sain, ainsi que de renforcer sa capacité d’autodéveloppement.
Quels problèmes le développement de l’Ouest affronte-t-il? Il y en a beaucoup : Premièrement, une restructuration industrielle « inversée » y est apparue : la proportion de l’industrie de la transformation diminue et celle des industries d’exploitation des minerais et autres matières premières augmente. Ce n’est pas favorable à l’optimisation de la structure industrielle. Deuxièmement, selon nos recherches, depuis 2003, les PIB par personne de cette région et de la région côtière se rapprochent de plus en plus, et depuis 2007, il en va de même pour le revenu par habitant; l’écart d’industrialisation se comble aussi. Or, le problème est que l’écart d’urbanisation augmente entre ces deux régions. Il n’y a pas de doute que cette situation est nuisible. Troisièmement, dans l’Ouest, l’offre d’emploi augmente lentement. La plupart des investissements sont allés dans les industries lourde, chimique et énergétique, et en règle générale, ces secteurs demandent beaucoup d’investissements, mais ne créent pas suffisamment d’emplois. Cette situation est encore plus grave dans le Sichuan (Sud-Ouest) où la main-d’œuvre surnuméraire est abondante. Quatrièmement, le problème de la pauvreté y est toujours aussi grave. En 2008, le nombre de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté a atteint 26,488 millions, soit 9,3 % de la population totale de l’Ouest. En Chine, la plupart des gens pauvres du milieu rural se concentrent dans l’Ouest. Finalement, l’industrie de cette région émet toujours beaucoup de carbone dans l’atmosphère. En 2008, la consommation énergétique par tranche de 10 000 yuans du PIB y a été de 2,02 t de charbon standard, et la consommation énergétique de la valeur ajoutée industrielle par tranche de 10 000 yuans a atteint 3,43 t de charbon standard. C’est respectivement 83,6 % et 56,6 % de plus que le niveau moyen du pays, et 117 % et 126 % de plus que celui de la région de l’Est.
Actuellement, quels défis les politiques de mise en valeur de l’Ouest affrontent-elles? L’État a déjà promulgué des politiques préférentielles pour l’Ouest, mais celles-ci n’ont ni une orientation particulière par sous-région ni un traitement différencié pour chacune de celles-ci. Les conditions géographiques, de même que le niveau de développement socio-économique des diverses sous-régions sont très différents. Il existe des grandes villes – comme Xi’an, Chongqing, Chengdu et Lanzhou – qui sont rela-tivement puissantes dans les domaines scientifique et économique, mais aussi beaucoup de zones qui sont d’accès difficile et qui tirent de l’arrière (anciennes bases révolutionnaires, régions peuplées d’ethnies minoritaires, régions frontalières et régions pauvres), et même certaines zones désertiques ou montagneuses qui sont impossibles à mettre en valeur. Étant donné que les politiques ne reflètent pas ces différences, on n’obtiendra pas l’effet espéré. Après la stratégie de mise en valeur de l’Ouest, l’État a aussi lancé des politiques sur le redressement du Nord-Est et sur le rétablissement du Centre. De plus, il a aussi élaboré de nouveaux plans et des mesures s’adressant à un grand nombre de régions et villes. Dans ce contexte, l’effet « préférentiel » de la stratégie de l’Ouest est devenu de plus en plus faible. En outre, pour nous attaquer au problème du changement climatique, nous encourageons une économie moins consommatrice de carbone. C’est aussi un grand défi pour le développement de l’Ouest, car cela signifie que les normes de protection de l’environnement seront de plus en plus élevées, faisant grimper d’autant les coûts du développement. Y-a-t-il encore d’autres freins au développement de cette région ? Selon moi, le plus important frein, c’est la mentalité des gens. D’après nos enquêtes, leur mentalité est en retard d’au moins dix à quinze ans par rapport à celle des gens de la région côtière. En plus, dans l’Ouest, les entreprises publiques occupent une grande part du total; l’économie privée est donc encore faible. Le manque de personnel qualifié est un autre obstacle. Ce n’est pas seulement un problème de quantité, mais un problème de structure; ce personnel est fortement concentré dans les organismes gouvernementaux, les entreprises publiques et les quelques grandes villes. De même, la structure professionnelle est relativement déséquilibrée : un grand nombre de personnes sont spécialisées en littérature, histoire et philosophie, mais très peu ont de bonnes connaissances en techniques de pointe, langues étrangères ou commerce extérieur.
D’après vous, sur quels points devrons-nous mettre l’accent lors de l’élaboration des futures politiques pour l’Ouest? Le Conseil des affaires d’État est en train de rédiger un document dans lequel il va pousser plus avant la stratégie de mise en valeur de l’Ouest. Selon moi, ce document doit mettre l’accent sur les points suivants : 1. Avoir une orientation particulière par sous-région et un traitement différencié pour chacune de ces dernières. En d’autres mots, pour accroître les effets de cette politique, il faut appliquer des politiques différentes selon le type de sous-régions, soit les villes centrales, les régions riches en ressources, les anciens centres industriels, les régions pauvres et les régions frontalières. 2. Établir des zones pilotes d’échelon national pouvant accueillir les industries que l’on délocalise dans l’Ouest et leur accorder des soutiens sur le plan du budget, des biens fonciers, des investissements et de l’emprunt. Ce faisant, ces industries ne doivent pas venir polluer l’Ouest. 3. Promouvoir l’égalité des services publics entre tous et la construction de projets en éducation, sciences et techniques, culture, sport, médecine, santé publique, reboisement, protection de l’environnement et sécurité sociale. 4. Continuer les politiques fiscales relatives à la mise en valeur de l’Ouest. La politique fiscale préférentielle arrive à son terme en 2010; il faut la reconduire pour 10 à 20 ans. De plus, on peut songer à diminuer le taux d’imposition. Pour stimuler le développement économique des régions pauvres de grande étendue, on peut même créer des zones exemptes de taxes. 5. Perfectionner le mécanisme d’un paiement compensatoire pour la consommation des ressources et la réhabilitation de l’environnement. En plus, ce document doit permettre de travailler également sur les points suivants : renforcer le soutien à l’aide aux personnes déshéritées; élever la capacité d’auto-développement des régions pauvres; accélérer le rythme de mise en valeur et d’ouverture des régions frontalières de l’Ouest; établir des voies de communication reliant l’Ouest avec les régions du Centre-Est et du Nord-Est, ainsi qu’avec les pays voisins; et stimuler encore plus le développement économique de l’Ouest. |
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