LI WUZHOU
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Le 26 avril 2009, environ 30 000 étudiants du Jiangsu participent à l’examen écrit pour devenir cadre de village. |
Après la fin de leurs études et devant un marché du travail en crise, de nombreux étudiants se tournent vers des postes d’étudiant-cadre de village. Mais que font-ils lorsqu’ils ont fini cette mission ?
CES dernières années, des étudiants diplômés sont recrutés par les comités de village pour travailler comme cadres de village. « Étudiant-cadre de village » est devenu une expression qu’on emploie beaucoup. Embaucher des étudiants comme cadres de village constitue l’un des moyens pour résoudre le pro-blème d’emploi des étudiants diplômés. Aujourd’hui, ces étudiants sont environ 130 000. Les perspectives qui les attendent attirent l’attention de tout le monde.
Un choix à court terme
Au printemps 2009, la presse chinoise a publié une information : Yang Shengmin, étudiant-cadre de village du district de Sanjiang, au Guangxi, est devenu fou, car il n’avait pas réussi l’examen de sélection des fonctionnaires après avoir travaillé quatre ans à la campagne. Yang Shengmin a reçu des soins médicaux. Son cas a toutefois posé, d’une façon radicale, la question de l’avenir des étudiants-cadres.
Pour accélérer la construction de la nouvelle campagne et former plus de cadres en milieu rural, pendant les années 1990, les comités de village ont essayé de recruter des étudiants diplômés. Depuis 2006, un grand nombre d’étudiants-cadres ont été embauchés par les comités de village.
En réalité, parmi ces étudiants-cadres, beaucoup acceptent cet emploi, car ils apprécient les conditions favorables promises par le gouvernement (l’une de ces conditions est l’octroi de points supplémentaires au résultat de l’examen de sélection des fonctionnaires et de celui de master), mais ils ne comptent pas s’enraciner à la campagne.
Selon une enquête auprès des étudiants-cadres de village de Beijing qui ont terminé leur mandat en 2009, sur 1 603 répondants, la moitié a choisi de participer aux concours de sélection des fonctionnaires. Une autre enquête, effectuée auprès des étudiants-cadres de village en fonction, révèle que 62,55 % espèrent entrer dans la fonction publique par les concours de sélection des fonctionnaires. Hao Xiaolei, un étudiant-cadre de village du district Zuoquan, explique que, tout comme la plupart des étudiants-cadres de village du district Zuoquan, son but en acceptant ce poste est de participer aux concours de sélection des fonctionnaires. « Je crois que l’État va tenir compte de l’avenir des étudiants-cadres de village », estime-t-il avec optimisme.
La situation des étudiants-cadres de village sortants a confirmé cette attente: parmi les 2 000 étudiants-cadres de village de Beijing ayant terminé leur mandat en 2009, 20 % sont devenus des fonctionnaires et 20 % sont entrés dans des établissements publics. Il n’y en a que 7 % qui ont choisi de continuer à travailler à la campagne. En outre, peu de personnes souhaitent créer leur propre entreprise en milieu rural.
Aider les paysans à s’enrichir
Jeune diplômée de Beijing, Wang Lina a choisi de rester au village de Ertiao à la fin de son mandat en 2009. Il y a trois ans, sur son conseil, les villageois ont créé une zone pour la culture des fraises. Afin d’apprendre les techniques de cette culture, elle est allée étudier dans un institut de fruticulture et a visité des bases importantes de culture de fraises. Avec ses connaissances, elle a réussi à faire doubler le revenu des cultivateurs de son village.
Jie Tongbin, âgé de plus de 30 ans, est cadre d’un village dans la province du Henan depuis 7 ans. Sa spécialisation en élevage a permis non seulement aux paysans de deux villages de se débarrasser de la pauvreté en élevant des porcs, mais aussi à ses propres biens immobilisés d’atteindre presque 100 millions de yuans.
D’après les informations fournies par les villes de Hebi (Henan) et de Suqian (Jiangsu), un grand nombre d’étudiants-cadres ont établi des centaines de projets et créé des entreprises, employant quantité de main-d’œuvre excédentaire. Dans tout le pays, de tels exemples sont très nombreux. Bien que l’intention initiale de ces jeunes cadres ruraux ne soit probablement pas de s’enraciner à la campagne, les faits montrent que les étudiants peuvent y déployer leurs talents.
Il faut encourager les étudiants à s’enraciner à la campagne
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Le 17 mai 2009, Mlle Chen Li, étudiante-cadre de village du district de Yuechi (Sichuan), apprend aux paysans les techniques de la culture en serre des citrouilles géantes. PHOTOS : CFP |
Parmi les 1,3 milliard de Chinois, 800 millions vivent en région rurale. Alors que peu de diplômés d’université acceptent d’aller travailler à la campagne, la plupart des jeunes villageois vont chercher du travail dans les villes.
D’un côté, les régions rurales ont besoin de personnel qualifié, de l’autre, des diplômés d’université éprouvent, depuis déjà quelques années, de la difficulté à trouver un emploi, bien que les étudiants d’université ne représentent que 5 % de la population totale de Chine.
En fait, ce sont les unités de la base et surtout la campagne qui ont le plus grand besoin des diplômés d’université; paradoxalement, la plupart d’entre eux veulent seulement travailler dans les grandes villes et dans des organisations gouvernementales.
Pour résoudre ce problème, l’État encourage les diplômés d’université à aller assumer des postes de direction à la campagne. Cela peut à la fois remédier au manque de personnes qualifiées dans les régions rurales et soulager les pressions du marché de l’emploi pour les diplômés d’université. Ceci étant, certains jeunes diplômés considèrent ces mesures comme un tremplin pour « trouver du travail », ce qui rend la concurrence pour ces postes bien acharnée.
Par exemple, à Beijing en 2009, ces postes, au nombre de 1 600, étaient disputés par environ 20 000 concurrents, c’est-à-dire douze personnes pour un seul poste, un record historique. Entre 2006 et 2008, on comptait six personnes pour un poste.
Face à cette situation, des experts proposent, dans l’application de la politique d’encourager les jeunes diplômés à travailler à la campagne, de moins accentuer les conditions favorables de ces postes pour attirer les jeunes réellement déterminés à s’enraciner à la campagne afin de participer à son développement et d’aider les paysans à sortir de la pauvreté. Pour les jeunes cadres de village ayant déjà obtenu de bons résultats, les gouvernements locaux doivent les promouvoir à des postes de direction de l’échelon supérieur. Seuls ces étudiants-cadres pourront devenir les forces principales de la campagne et donner à cette politique une vraie signification.