Tout comme l’Occident a Adam et Ève pour premières créatures de l’humanité, de nombreuses légendes chinoises parlent d’une déesse, Nü Wa, qui serait à l’origine des humains. Découverte de cette femme et de sa légende.

SUR l’origine de l’humanité, les différentes nations, cultures et religions possèdent leurs propres légendes. En Chine, la légende la plus connue est la suivante: Pan Gu (symbole de la force) créa le Ciel et la Terre, fabriqua le Soleil, la Lune, les étoiles, le vent, la pluie, le tonnerre, les éclairs, les montagnes et les rivières, les plantes et les animaux. Après sa mort, la terre devint un désert sans population où la déesse Nü Wa s’ennuyait beaucoup.

Créer l’homme avec de la terre

Selon une légende, un jour, alors que la déesse Nü Wa se promenait le long du fleuve Jaune, elle trouva un étang. Elle s’accroupit pour se laver le visage. Imprudente, elle faillit tomber par terre tellement le sol était glissant. Elle regarda autour d’elle et découvrit de la boue jaune. Soudain, une idée étrange lui vint en tête. D’après sa propre silhouette reflétée dans l’eau, elle fabriqua un bébé avec de la terre jaune. Au contact du sol, ce bébé devint vivant. Très excitée, la déesse continua son œuvre. Peu après, des foules d’hommes et de femmes commencèrent à danser autour d’elle. Elle les répartit dans différentes régions de la terre. Depuis ce moment-là, la terre fut remplie de vie et la déesse ne s’ennuya plus jamais.

Telle est la légende chinoise : Nü Wa créa l’homme. Nü Wa est considérée comme la déesse de la Procréation et la première femme de Chine.

Une tête de femme et un corps de serpent

D’autres légendes chinoises disent aussi que la déesse Nü Wa était faite d’une tête de femme et d’un corps de serpent. Elle avait un frère aîné nommé Fu Xi qui fut aussi son mari. Dans l’antiquité lointaine, après une grande inondation, il ne resta dans le monde que Nü Wa et Fu Xi. Après de multiples vicissitudes, ils se marièrent suivant l’ordre du ciel. On dit que les Chinois sont leurs descendants.

En Chine, des peintures rupestres datant du IIIe siècle av. J.-C. jusqu’au IIIe siècle de notre ère offrent de riches images sur l’union de Nü Wa et Fu Xi. À Jianyang (province du Sichuan), on a découvert un dessin gravé sur un cercueil en pierre de la dynastie des Han de l’Est (25-220), sur lequel deux personnages ayant un corps de serpent s’accouplent. D’après les noms qui apparaissent dans le titre du dessin, des chercheurs ont déduit que la légende du couple Nü Wa et Fu Xi existait déjà sous la dynastie des Han.

L’origine du guiju

Pour les Chinois, le guiju signifie l’ensemble des règlements et des lois guidant les gens dans leur vie quotidienne.

On peut voir, dans le dessin découvert à Jianyang, que Fu Xi tient le ju (l’équerre) à la main et Nü Wa, le gui (le compas). Ce gui, instrument de travail du menuisier, sert à fabriquer des fenêtres, des tables ou des chaises rondes. Dans la lointaine antiquité, les menuisiers savaient déjà dessiner les ronds avec le gui. Le ju, l’équerre, est un autre outil du menuisier, avec lequel on fabrique des portes, fenêtres, tables et chaises de forme carrée.

Pourquoi l’homme tient-il le ju et la femme, le gui ? Parce que la tradition chinoise veut que l’homme agisse de manière droite et honnête et que la femme fasse preuve de souplesse. Fangzheng (carré et droit) et yuanrong (rond et harmonieux) représentent les vérités profondes de la culture chinoise. Pour être un homme, on doit les comprendre, avoir un cœur droit et traiter les affaires de manière flexible. Même la forme de la pièce de l’ancienne monnaie chinoise reflète ce concept : un trou carré au milieu d’une pièce ronde. Les Chinois disent souvent que sans le gui et le ju, il n’y aurait ni carré ni rond. Cela veut dire que dans la vie, les gens doivent toujours suivre des règles.

Encore d’autres légendes

Beaucoup d’autres légendes existent sur Nü Wa, par exemple celle où Nü Wa répare le ciel.

Un jour, il y eut une grande catastrophe naturelle dans le monde. Le ciel et la terre s’écroulèrent. Les animaux féroces et sauvages attaquèrent les gens. À ce moment-là, Nü Wa répara le ciel avec de la terre de cinq couleurs et tua les animaux féroces. La paix revint dans le monde.

Autres légendes : Nü Wa est considérée comme la déesse de la Musique parce qu’elle créa un instrument de musique nommé shenghuang. Elle est aussi appelée déesse du Mariage parce qu’elle fonda le système matrimonial pour les humains.

Différentes interprétations existent sur le lieu de naissance de Nü Wa. En voici une : elle s’appellerait en fait Feng et serait née dans le bourg de Longcheng de la ville de Tian-shui, district de Tai’an (actuelle province du Gansu). On peut encore trouver dans ces lieux deux temples et une grotte de Nü Wa. Dans l’un des temples, des sculptures montrent de façon très vivante comment Nü Wa a réparé le ciel et créé l’homme.

Il existe aussi des temples de Nü Wa dans les montagnes environnant la ville de Tianshui. Un temple de Nü Wa, construit au IIIe siècle de notre ère dans la montagne Fengtai, a été détruit et reconstruit plusieurs fois.

Nouvelle découverte de la valeur de Nü Wa

On trouve des légendes de Nü Wa dans les livres de littérature de toutes les dynasties chinoises. Par exemple, le célèbre roman chinois Le Rêve dans le Pavillon rouge a emprunté la légende où Nü Wa répare le ciel.

Actuellement, ces légendes sont déjà entrées dans des feuilletons télévisés et des jeux sur Internet. Dans la Chine actuelle, on est en train de redécouvrir la valeur culturelle de ces légendes.

Le tombeau de Nü Wa, situé dans le village de Houcun du district de Hongtong (province du Shanxi), date au moins de 3 000 ou 4 000 ans. Il constitue, tout comme le tombeau de l’empereur Huangdi, un lieu de vénération des personnages des différentes époques historiques. Chaque année, vers le dixième jour du troisième mois du calendrier lunaire, on organise dans cet endroit des foires et des cérémonies pour offrir un sacrifice à Nü Wa pendant sept jours.

Selon un reportage du Lanzhou Chenbao (Journal du matin de Lanzhou), en avril 2006, le gouvernement de Tianshui a organisé pour la première fois une grande cérémonie à la mémoire de Nü Wa. Au début de la cérémonie, tout le monde est resté debout pendant l’exécution de la musique rituelle. Une troupe artistique locale a donné un grand spectacle de chants et de danses intitulé Ode à Nü Wa.

Au Shandong, les vestiges de Nü Wa sont devenus des ressources touristiques. Une autre légende veut que la réparation du ciel par Nü Wa ait eu lieu dans la ville de Rizhao de cette même province. Même la terre de cinq couleurs avec laquelle Nü Wa a réparé le ciel proviendrait de cette ville. La terrasse utilisée par Nü Wa pour réparer le ciel serait située dans les hautes montagnes de cette ville.

À part les provinces du Shanxi, du Gansu et du Shandong, beaucoup d’autres endroits déclarent posséder des vestiges de Nü Wa. Certains médias et chercheurs ont mis en valeur de nouvelles légendes à ce sujet et ne cessent d’organiser des activités à la mémoire de Nü Wa. Dans le Sud de la Chine, certaines ethnies minoritaires prennent encore Nü Wa pour leur première ancêtre et lui vouent un culte.