La ville de Beijing s’est dotée de nombreux équipements sportifs ces dernières années, afin d’accueillir dignement les Jeux olympiques 2008. Mais que deviennent tous ces lieux après la compétition ? Beijing a beaucoup d’idées pour rentabiliser ses installations.
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Jouant sur un piano en forme de Nid d’oiseau, la célèbre chanteuse Song Zuying s’est produite au Nid d’oiseau. |
Cette année, pendant les vacances d’été, le prix du ticket de quelques sites olympiques de Beijing a presque réduit de moitié pour accueillir des élèves et des touristes.
L’intérieur du Stade national (Nid d’oiseau) est en train d’être transformé. Le troisième étage, bientôt aménagé en restaurant panoramique au thème olympique, montre au public, à travers des images et des présentations audiovisuelles, la préparation des JO et la construction des sites olympiques, notamment le processus de la construction du Nid d’oiseau.
Le plan de transformation des installations commerciales d’une superficie de plus de 100 000 m2 est en cours d’élaboration. Il comprend entre autres un magasin de produits des ethnies minoritaires et un magasin de sport. Depuis juin 2009, les sites olympiques comme le Palais national des sports et le Parc forestier ont été transformés, explique un responsable du Bureau du tourisme de l’arrondissement Chaoyang.
Avec la réduction du prix du ticket des sites olympiques de Beijing, le problème de leur exploitation après les JO et de leur nouvelle fonction fait l’objet une fois de plus de l’attention publique.
Les multiples fonctions des sites olympiques
« En fait, au moment de la conception des sites olympiques, nous avons décidé de construire, en tenant compte de la densité des habitants, des palais des sports dans des quartiers à population concentrée et dans des universités dans le but de faciliter la visite du public et l’utilisation de ces installations sportives après les JO », explique M. Lin Xianpeng, conseiller permanent du Centre de recherche sur l’économie des Jeux olympiques à Beijing.
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Le Centre national de natation (Cube d’eau) a organisé un grand concert intitulé « Le Cube d’eau féerique ». C’était la première fois que ce centre tentait une opération commerciale. |
Les sites olympiques, qui se concentrent principalement dans le nord et l’ouest de la ville de Beijing, sont répartis dans quatre zones : la zone centrale (Parc olympique), le quartier d’habitation de l’ouest, la zone touristique du nord et le quartier des universités. La zone centrale regroupant les principaux palais des sports sera transformée en un quartier rassemblant en son sein le parc des expositions, les installations de sport, le parc de loisirs et les magasins. Le centre sportif de Wukesong, à même de fournir ses services aux habitants des quartiers environnants, a comblé le manque d’installations sportives dans l’ouest de Beijing. La zone touristique du nord est déjà devenue un site important pour les touristes. Les gymnases dispersés dans six universités peuvent non seulement continuer à jouer leur rôle après les JO, mais également améliorer les installations sportives de ces universités, voire résoudre le problème du manque de centres de sports dans certains campus universitaires.
Pour le bon fonctionnement des sites olympiques, on a introduit des méthodes d’investissement diversifiées afin d’éviter au mieux les risques; cela réduira en outre la charge gouvernementale pour l’exploitation de ces sites après les JO. En 2003, la société CITIC, choisie comme soumissionnaire par adjudication, est devenue partenaire des travaux du Nid d’oiseau. Avec la Beijing State-owned assets management Co. Ltd., elle a fondé une société chargée de collecter des fonds pour la construction, le fonctionnement, l’entretien et le transfert des sites olympiques, jouissant du droit de gestion de trente ans accordé par le gouvernement. Cette société a adopté deux méthodes pour construire et entretenir ces sites olympiques. La première stipule que le gouvernement et l’entreprise assument ensemble la responsabilité de la construction et de la gestion. La seconde consiste à ce que l’investisseur assume la charge totale de la conception, de la construction et de la gestion; après avoir récolté le profit, il doit livrer ces installations sportives au gouvernement à la date d’échéance. Le Nid d’oiseau dépend de la première méthode; le Palais national des sports, le Centre national de conférences de Chine, ainsi que d’autres sites olympiques relèvent de la deuxième méthode. Ces méthodes définissent bien la responsabilité des constructeurs et des gestionnaires, leur permettant de procéder en même temps à la construction et à la planification de la gestion des sites olympiques. C’est sans conteste une grande initiative de charger une entreprise d’achever la récupération des investissements en 30 ans au lieu de laisser un département sportif dépourvu de spécialistes s’occuper de la réutilisation de ces installations sportives.
Représentations commerciales et compétitions sportives
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Le prix du ticket d’accès pour quelques sites olympiques de Beijing a presque réduit de moitié pour accueillir des élèves et des touristes. |
La passion des gens pour les JO s’est atténuée, mais la zone centrale du Parc olympique est encore un site important pour les touristes. Pourtant, l’exploitation du tourisme n’est qu’un mode de réutilisation des sites olympiques après les JO et l’affluence des visiteurs n’est pas leur futur moyen de survie. Le montant total du Nid d’oiseau (investissement, intérêts et frais de fonctionnement) est de 3,6 milliards de yuans; en gagnant au moins 30 millions $US par an, il faudra 35 ans pour récupérer la somme investie. Un ticket d’entrée pour visiter le Nid d’oiseau coûte 50 yuans. Le nombre journalier de visiteurs est passé de 80 000 personnes pendant les périodes d’affluence à 5 000 ou 6 000 aujourd’hui. « La recette des tickets diminue rapidement avec le départ de la passion pour les JO, parce que peu de personnes veulent dépenser 50 yuans pour visiter le Nid d’oiseau à plusieurs reprises », exprime M. Wang Chun, directeur adjoint du comité d’administration du Parc olympique.
L’organisation des représentations commerciales et des compétitions sportives constitue une autre source de revenus essentielle. Au cours de la « Semaine d’or » de la fête nationale de l’année dernière, le Centre national de natation (Cube d’eau) a organisé, à l’aide d’effets d’eau et d’effets acoustiques et lumineux, un grand concert intitulé « Le Cube d’eau féerique ». C’était la première fois que ce centre tentait une opération commerciale. Selon M. Kang Wei, P.-D.G de la société du Centre national de natation, lors de la construction du centre, on songeait déjà au projet post-olympique. L’idée de l’organisation du concert s’est formée petit à petit. On voulait qu’il soit un « miracle audiovisuel » présentant « une haute technologie et un art raffiné ». La plupart des spectateurs étaient des touristes venus d’autres provinces, qui ont fait d’une pierre deux coups. Ils ont pu à la fois visiter le Cube d’eau et admirer le spectacle. Actuellement, le Cube d’eau accueille des représentations du ballet Le Lac des cygnes.
En outre, le Palais national des sports, le Centre national de conférences de Chine, le Palais des sports de la Capitale et le Palais des sports des ouvriers de Beijing, pour ne citer qu’eux, reçoivent de plus en plus de représentations commerciales d’envergure.
Le Palais national des sports a été ouvert au public l’année dernière. Vers fin mars cette année, 22 activités commerciales y avaient déjà été organisées, totalisant un revenu de 20 millions de yuans. Les travaux de réaménagement du Centre national de conférences seront terminés en novembre. Selon les prévisions, environ 70 réunions et expositions s’y dérouleront en 2010. Des activités y sont déjà planifiées jusqu’en 2016.
Évidemment, le Nid d’oiseau est plus prudent que les autres sites olympiques dans sa reconversion commerciale. Huit mois après les JO de Beijing, le 1er mai 2009 en soirée, le premier grand concert commercial s’est tenu au Nid d’oiseau sous le nom de « Jacky Chan et ses amis ». La présence de cette vedette internationale du kung-fu a attiré plus de 50 000 spectateurs. Le stade était plein à craquer et le concert a nécessité 700 agents de sécurité. Le 30 juin, le concert d’été nommé « Chine-le charme 2009 » s’est déroulé au Nid d’oiseau. La célèbre chanteuse chinoise Song Zuying, le grand maître international d’opéra Placido Domingo, le célèbre pianiste chinois Lang Lang et l’idole des jeunes chinois Zhou Jielun étaient sur scène. Le 9 juin, l’entraîneur de l’Inter de Milan José Mourinho a déclaré à Beijing que le 8 août à 8 heures du soir, date du premier anniversaire de l’ouverture des Jeux olympiques de Beijing, se tiendrait au Nid d’oiseau la Super coupe d’Italie. D’après le comité d’organisation, les billets pour ce match qui opposerait les deux grandes équipes italiennes ont été vendus très rapidement.
Le programme du Nid d’oiseau pour cette année est déjà plein. D’après M. Yang Weiying, directeur adjoint de la société de gestion du Nid d’oiseau, le seuil du stade ne peut être franchi facilement. « Cette grande sélection n’a pas de rapport avec les billets d’entrée. Les compétitions et les représentations artistiques s’y déroulant doivent être de bonne qualité, sinon ce ne serait profitable à personne. Le Nid d’oiseau subit une grande pression concernant sa gestion. »
L’exploitation des biens incorporels
Cocnernant la gestion des installations sportives après les Jeux olympiques de Beijing, beaucoup d’experts prônent l’union des biens corporels et incorporels. « Le succès de la gestion des stades et des palais des sports après les JO de Beijing dépend de l’efficacité de l’exploitation des biens incorporels », nous explique M. Lin Xianpeng. « Les stades et gymnases sont là, immobiles; il est vrai qu’on peut les utiliser rationnellement ou augmenter le prix des billets d’entrée pour avoir plus de recettes. Cela dit, les biens incorporels et l’effet du label, entre autres, représentent une plus grande valeur d’exploitation. Les expériences des pays développés dans ce domaine montrent que la méthode la plus efficace pour élargir le rendement de ces installations et équipements sportifs est justement d’augmenter la valeur des biens incorporels de ces derniers. Sans exagérer, l’exploitation des biens incorporels, représentés par l’utilisation du label et l’installation de loges de luxe, constitue le plus grand canal des recettes des palais des sports de grande envergure. »
Le 3 juin 2008, le Centre national de natation a déclaré que l’eau glaciaire Shuilifang, premier produit utilisant le label « Cube d’eau », allait entrer sur le marché. Puis, la société China Kweichow Moutai Distillery Co., Ltd et le Centre national de natation ont coopéré pour baptiser, avec le Cube d’eau, un alcool haut de gamme. Par ailleurs, l’utilisation du label « Nid d’oiseau » a aussi fait parler de lui. Selon les reportages de certains médias, une dizaine de grandes entreprises chinoises et étrangères ont participé au concours pour l’utilisation du label « Nid d’oiseau », dont le prix a atteint presque 1 milliard $US.
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L’eau glaciaire Shuilifang, après avoir été commercialisée, ne s’est pas vendue si bien qu’on l’avait imaginé. PHOTOS : CFP |
Pourtant, la voie de l’exploitation des biens incorporels des sites olympiques n’est pas facile. L’eau glaciaire Shuilifang, après avoir été commercialisée, ne s’est pas vendue si bien qu’on l’avait imaginé. Elle est presque introuvable dans les supermarchés à Beijing. À 11,8 yuans la bouteille, elle est trop chère pour les Chinois qui sont habitués à boire de l’eau minérale à 1 ou 2 yuans la bouteille. L’affaire de l’utilisation du label « Nid d’oiseau » fait toujours l’objet de discussions du public. Certaines personnes pensent que les sites olympiques sont la fierté de l’État. Si on donnait le label à quelques entreprises, cela froisserait la psychologie nationale.
Pourtant M. Chen Jian, président du Centre de recherche sur l’économie des Jeux olympiques à Beijing, fonde de grandes espérances sur l’exploitation et l’utilisation des biens incorporels des sites olympiques. « Pour ce qui est de l’envergure ou de la qualité, les sites olympiques de Beijing ne cèdent en rien à ceux des pays développés. Ils ont des avantages dans la mise en valeur de leur label. D’une part, l’économie chinoise se développe rapidement et de nombreuses sociétés internationales se sont implantées à Beijing. Pour une entreprise souhaitant voir élever sa rayonnance, l’utilisation d’un bon label est une bonne méthode. D’autre part, Beijing ayant la réputation d’avoir bien organisé les JO, ses installations recevront certainement un grand nombre d’activités artistiques et sportives », conclut M. Chen Jian. |