Les
quelque 1,3 milliard de Chinois et la candidature de Beijing aux
jeux Olympiques
LE
4e périphérique, récemment construit, a diminué
les bouchons de circulation; des entreprises hautement polluantes
ont déménagé à l'extérieur ;
le ciel est plus bleu, l'eau est plus limpide et le vert l'est beaucoup
plus ; des quartiers d'habitation modernes ont remplacé les
maisons délabrées. Depuis que Beijing a présenté
sa candidature aux jeux Olympiques l'année dernière,
ses habitants ont commencé à vraiment remarquer les
changements survenus dans leur entourage. Ils espèrent que
Beijing réussira, non seulement pour l'honneur, pour le développement
de la Chine et des jeux Olympiques, mais aussi pour eux-mêmes.
Tout
comme l'a déclaré Meng Jingshan, un chauffeur de Beijing
: " Si Beijing réussit, les communications, l'emploi
et le tourisme connaîtront un grand changement. Les Pékinois
souhaitent tous que Beijing l'emporte. Quant à ma famille,
comme nous habitons dans le sud de la ville, il se peut que nous
devions être déplacés pour permettre l'aménagement
de terrains, et nous pourrons ainsi habiter une maison à
étages. "
Meng
Jingshan est la première personne à s'être fait
remarquer en Chine à cause de la candidature de Beijing.
Un simple chauffeur de taxi est devenu, en un jour, l'orgueil de
tous les Chinois. En juillet dernier, un reporter américain
faisant une interview sur la candidature de Beijing est monté
dans sa voiture ; Meng Jingshan, qui n'était pas au courant
de l'identité de son passager, parlait avec aisance avec
lui et il a tenu les propos rapportés plus haut. Ces paroles
ont été publiées dans un journal d'Atlanta
et lues par des officiers du gouvernement chinois qui suivent de
près les médias étrangers. Ils ont cherché
Meng dans presque toutes les compagnies de taxi à Beijing
et ont fini par le trouver.
Immédiatement,
la télé et les journaux ont effectué des reportages
à son sujet, et l'ont qualifié de héro et d'exemple.
Ses paroles sensées laissent à penser qu'il a affirmé
la volonté des Chinois. En même temps, son histoire
a permis à l'homme du commun de Beijing de se rendre compte
que ses paroles et ses actions ont également une portée
positive pour la candidature de Beijing.
Les
activités populaires ont attiré l'attention du public.
Quelque 500 couples de nouveaux mariés ont tenu leur cérémonie
nuptiale sur le tronçon Juyongguan, et ils ont écrit
leur nom sur une longue banderole suspendue le long de la Grande
Muraille pour exprimer leur soutien à la candidature de Beijing.
Des dizaines de milliers de citoyens ont participé à
une course cycliste autour de la ville ; certaines ONG de protection
de l'environnement de Beijing ont lancé des campagnes publiques
de propagande sous multiples formes et au contenu riche, de même
que des activités sportives populaires, des activités
de reboisement, d'enseignement et de vulgarisation afin de présenter
de manière scientifique et civilisée le thème
de la candidature de Beijing. Village global, une ONG du domaine,
a profité de cette occasion pour organiser une activité
appelée " Ouvrage des anges verts ", espérant
obtenir ainsi la participation des enfants, et ensuite de leurs
parents, afin de protéger en commun l'environnement. Jusqu'aujourd'hui,
on compte 830 000 élèves relevant de 1 150 écoles
qui ont répondu à cet appel.
Des
compagnies de taxi ont ouvert des écoles du soir et engagé
des maîtres pour enseigner l'anglais aux chauffeurs. La compagnie
de taxi à laquelle appartient Meng Jingshan l'a également
fait. " Heureusement qu'il y avait un interprète, sinon,
comment aurais-je pu parler avec le reporter américain ?
Maintenant, je pense vraiment que l'anglais soit important. Que
je sois fatigué ou non, chaque jour, je trouve sans faute
une heure pour apprendre l'anglais. " Où qu'il aille,
Meng Jingshan apporte son volume d'anglais. Son objectif est d'apprendre
cent dialogues courants cette année. Si jamais, un jour,
un étranger monte dans sa voiture, il pourra communiquer
avec lui.
De
plus en plus de gens ont réalisé l'importance de l'anglais
et ont déclenché à Beijing la vogue de l'étude
de cette langue.
Wang
Ying, une personne âgée du centre de loisirs du comité
de quartier Chunshuyuan de Beijing, m'a confié : " Autrefois,
souvent, des étrangers nous demandaient la route. Même
si nous parlions avec beaucoup de gestes, nous étions incapables
de leur indiquer clairement la voie. Aujourd'hui, comme Beijing
a présenté sa candidature aux jeux Olympiques, nous
devons faire connaître aux étrangers l'esprit de cette
candidature et notre vraie puissance. Maintenant, une simple vieille
femme comme moi peut parler l'anglais. Beijing réussira à
décrocher l'organisation des jeux Olympiques de 2008. "
La
SARL de sondage Gallup de Chine a mené un sondage d'opinion
publique sur la candidature de Beijing. Lorsqu'elle a demandé
à un sondé s'il voulait offrir ses services, cet interrogé,
un aveugle, a dit qu'il trouvait bien dommage de ne pas voir les
matchs ; cependant, si la flamme olympique est allumée à
Beijing, il s'assoiera tous les jours comme tout le monde devant
la télé ou la radio pour écouter les matchs
jusqu'à la fin des jeux Olympiques.
Cet
aveugle n'est qu'un des millions de citoyens de Beijing qui soutiennent
sa candidature. Parmi les 1 626 habitants interrogés, 94,9
% y sont favorables.
Selon
Sun Si, responsable de cette enquête, un taux de réussite
de 30 % dans le cas d'enquêtes commerciales, dont elle avait
autrefois la charge, est assez élevé. Pourtant, cette
fois-ci, le taux est si élevé qu'il atteint 50 %,
c'est-à-dire, cinq personnes sur dix ont accepté la
visite ; l'absence de réponses des autres personnes dépend
de circonstances incontrôlables, c'est-à-dire personne
n'était à la maison ou les adultes n'y étaient
pas. De plus, le taux de coopération a atteint 100 %, c'est-à-dire
que personne n'a refusé la visite inopinée. Pour compléter
le questionnaire, il fallait en général dix minutes,
mais bon nombre de personnes interrogées étaient intarissables
en répondant à chaque question, elles parlaient quelquefois
une demi-heure ou plus. Elles s'empressaient de donner des suggestions
à la candidature de Beijing.
Cette
société de sondage a ensuite détaillé
les résultats du sondage d'opinions et a remarqué
que le taux de soutien était pratiquement le même dans
toutes les couches de la société et tous les domaines.
Selon la répartition de la structure d'âge, le taux
de soutien était de 95 % parmi les 18 à 30 ans, de
94 % chez les 31 à 60 ans et de 99 % chez les plus de 61
ans. Ce taux était le même (95 %) pour la ville et
la campagne. Il était de 94 % pour les hommes et de 96 %
pour les femmes.
En
février dernier, cette société a poursuivi
l'enquête et elle a découvert que les taux sur le soutien
et le degré de participation étaient presque les mêmes,
la différence se maintenant dans les limites de la marge
d'erreur. Le seul changement légèrement évident
était que le taux de connaissance et de compréhension
avait augmenté de 4 % à 5 %, ce qui montrait que la
candidature de Beijing était connue de tous et avait gagné
leur cur.
Toutefois,
l'ombre de la défaite de la candidature de Beijing en 1993
n'a pas encore été totalement effacée de l'esprit
des gens. De nombreuses personnes ont clairement évoqué
l'amertume qu'elles avaient éprouvée, passant en un
rien de temps d'une grande joie à l'abattement. Cette défaite,
considérée comme celle d'un pays économiquement
faible malmené par des puissances économiques, restera
à jamais gravée dans la mémoire du peuple.
Malgré eux, elle a fait rappeler aux Chinois, que dans l'histoire
moderne, la Chine avait subi des humiliations.
Sur
le site Web du Comité de candidature de Beijing aux jeux
Olympiques, des internautes ont laissé leurs impressions.
L'un a écrit : " Il y a huit ans, je pleurais avec Beijing,
aujourd'hui, je vis au même rythme et partagerai le même
sort qu'elle, comme par le passé " ; Un autre a déclaré
: " Il y a eu une occasion d'organiser les jeux Olympiques
qui s'est présentée à nous et nous avons fait
des efforts pour l'obtenir. Néanmoins, les choses ne sont
pas allées comme nous le voulions et nous en avons été
désolés. Si le Ciel nous donne encore une occasion,
nous allons dire que nous pouvons et que nous voulons organiser
les Jeux. S'il faut absolument ajouter un délai à
cette promesse, nous espérons que celui-ci soit 2008 ! "
Un autre encore a noté : " Plus de 2,6 milliards de
yeux fixent leurs regards sur toi, Beijing, et plus de 1,3 milliard
de curs battent avec toi. Plus de 2,6 milliards de mains te
soutiendront, Beijing, en 2008. "
S'il
n'y avait que les habitants de Beijing qui étaient enthousiastes
au début, la ferveur s'est répandue par la suite à
l'échelle nationale. Les internautes de tous les coins du
pays ont spontanément collectionné des signatures
sur la candidature de Beijing par Internet ; une compagnie de Shenzhen
a tenu un " match de montée des escaliers pour la candidature
de Beijing aux jeux Olympiques ", auquel des gens ont participé
à qui mieux mieux ; un patient atteint de cancer du Sichuan
partira à vélo de Chengdu et traversera 21 villes
pour arriver à Beijing, apportant avec lui une banderole
avec les signatures d'un million de gens. Il a expliqué:
" Bien que je sois une malheureuse victime du cancer, la mort
ne peut me priver de ma confiance ferme et de mon enthousiasme débordant
pour soutenir la candidature de Beijing. " Durant son trajet,
il franchira des montagnes et des montagnes à vélo
et sera confronté au manque d'oxygène et à
la prolifération de ses cellules cancéreuses, et même
au grand défi de la mort. Quant à lui, il a ajouté
: " La force spirituelle est infinie. Moi et ma famille sommes
pleinement préparés mentalement. Je n'aurai pas de
rancune ni de regrets si je peux transmettre les vux des 80
millions d'habitants du Sichuan aux 21 moyennes et grandes villes
et les transmettre ensuite à Beijing ! "
"
Par rapport à 1993, les Chinois semblent plus raisonnables
cette fois-ci ", indique Li Qing, docteur en psychologie sociale,
le point de vue des gens sur la candidature de Beijing n'est plus
teinté de fortes couleurs politiques et nationalistes. On
traite davantage la candidature sous l'angle des facteurs humains,
du développement, ainsi que de la nature des jeux Olympiques
et de l'esprit olympique. "
Yu
Shunye, âgé de 41 ans, se passionne depuis sa tendre
enfance pour le sport, et il possède une excellente maîtrise
du vélo et de la moto, pouvant mettre ses deux mains dans
son dos, sans tenir les guidons, son corps et sa tête en sens
inverse et conduire sans se retourner. En 1981, en utilisant ce
savoir-faire, il a parcouru 28 km en 24 minutes à une vitesse
de 70 km/h, et il a établi un record du monde inscrit au
Guinness, devenant ainsi le premier personnage à faire ainsi
de la moto dans le monde.
Yu
Shunye est maintenant chef de la troupe de représentations
de sauts en véhicule relevant du groupe touristique de Lüshun
et de Dalian. Il sautera à moto, le corps en sens inverse
des guidons, le tronçon Jinshanling, un tronçon de
la Grande Muraille entre Beijing et le Hebei, afin de réaliser
son désir longtemps caressé de " défier
la limite ultime et de prendre son envol vers Beijing en l'honneur
de sa candidature. " Sur une piste de la hauteur d'un édifice
de dix étages, il doit sauter à moto une brèche
de 20 m. Selon la présentation, effectuer un tel saut de
la Grande Muraille est la cascade la plus difficile, puisque la
moindre imprudence peut projeter le conducteur hors de sa moto.
En outre, la vélocité du vent atteint souvent une
force 4 à 5 aux environs du tronçon Jinshanling. Tout
cela constitue des défis pour Yu Shunye.
Il
m'a confié que le saut de la Grande Muraille est son rêve
d'enfance. " A ce moment-là, je vais sauter du côté
de Chengde vers Beijing, ce qui représente le soutien du
peuple chinois pour la candidature de Beijing et aussi un exemple
permettant de révéler au monde l'esprit olympique
des Chinois", dit-il.
LI
YU
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