CHINAHOY

29-December-2014

Xiaohe : diffuser le parfum de la musique traditionnelle chinoise

 

L'orchestre Xiaohe a participé au 10e Festival artistique des étudiants de Beijing. (PHOTOS FOURNIES PAR L'ORCHESTRE XIAOHE)

 

L'histoire d'un musicien chinois, Li Yong, qui transmet aux enfants son savoir, sa passion et son goût pour l'effort.

WANG WENJIE, membre de la rédaction

C'est tôt un lundi matin que j'ai interviewé Li Yong. Extrêmement occupé tout au long de la semaine, il n'était disponible que ce jour-là.

Vice-président du Comité du pipa relevant de la Société des orchestres nationaux de Chine, principal professeur de musique au Centre jeunesse de l'arrondissement Shijingshan, Li Yong poursuit une carrière de musicien et d'enseignant depuis maintenant une trentaine d'années. Outre ces nombreuses casquettes, il est également le « chef de l'orchestre traditionnel chinois Xiaohe », statut sans nul doute le plus représentatif de son esprit battant et le plus évocateur de son parcours de vie. D'ailleurs, les enfants membres de Xiaohe et leurs parents l'appellent amicalement « chef Li ».

De l'idée à la pratique

L'orchestre traditionnel chinois Xiaohe (littéralement « petite fleur de lotus ») a été fondé au mois de décembre 2002. « Nous avions longtemps réfléchi au nom à choisir pour notre groupe, a indiqué Li Yong. Premièrement, le lotus, qui pousse en Chine, fait référence à des morceaux populaires, et par là même, à la culture traditionnelle chinoise. Deuxièmement, tout comme le décrivait si bien Zhou Dunyi (penseur et écrivain de la dynastie des Song du Nord) dans À propos de la prédilection pour la fleur de lotus : "La fleur de lotus reste totalement pure quel que soit le limon dont elle est issue." Il s'agit d'une fleur élancée et gracieuse, très appropriée pour la troupe musicale d'un établissement destiné aux enfants. » Bien sûr, le logo du groupe Xiaohe est une fleur de lotus à peine éclose, avec deux feuilles vertes à l'arrière plan créant un charmant contraste.

Au début, la compétence des professeurs en matière de musique traditionnelle chinoise était relativement faible dans le Centre jeunesse de Shijingshan. Pour rehausser au plus tôt le niveau de l'établissement à cet égard afin que les enfants soient capables de jouer ensemble, Li Yong a décidé d'engager des professionnels extérieurs au centre pour que ceux-ci dispensent des cours aux petits. Après avoir cherché ça et là les indispensables instruments de musique pour l'orchestre, la première phase de recrutement des jeunes musiciens a commencé. « Pour ce faire, nous avons prospecté dans presque toutes les écoles de l'arrondissement. Et ce sont majoritairement des élèves primaires qui ont été admis, en raison de leur emploi du temps moins chargé », raconte Li Yong.

« Xiaohe est un orchestre professionnel régulier, il est nécessaire que chacune des familles (cordes, bois, cuivres, percussions) soit au complet. Heureusement, les instruments de premier ordre, tels que pipa, erhu et guzheng, sont très populaires, de sorte qu'il n'est pas difficile de trouver des débutants assez doués. Mais pour d'autres instruments moins courus, comme le suona, le sheng et le ruan, c'est une autre histoire ! Nous avons dû chercher des enfants désireux de s'initier à ces instruments à partir de zéro », commente M. Li.

En 2003, à l'occasion de la Journée internationale de l'enfant, Xiaohe a joué en concert au théâtre Wuyi (qui n'existe plus aujourd'hui) dans la Capital Iron and Steel Company, concert où avaient été conviés beaucoup d'experts membres du réseau des centres jeunesse de Beijing. C'était la première fois que l'orchestre se produisait devant un public. En août la même année, Xiaohe a décroché le deuxième prix lors de la 2e édition du Challenge de Beijing des jeunes troupes de musique traditionnelle chinoise, organisée par la Société des orchestres nationaux de Chine. Ainsi, moins d'un an après sa création, Xiaohe a déjà montré son remarquable potentiel.

 

Li Yong, chef de l'orchestre Xiaohe

 

Du bourgeonnement à l'épanouissement

Premier orchestre de jeunes jouant de la musique traditionnelle chinoise dans l'arrondissement Shijingshan, Xiaohe a depuis traversé douze printemps et automnes. « Au cours des dernières années, notre groupe a fait l'expérience de brillantes réussites, comme de difficultés. Mais dans l'ensemble, notre initiative s'est développée favorablement, même si parfois, nous devons faire face à une "saison morte" en termes de recrutement. En principe, tous ceux qui ne sont pas encore entrés à l'université peuvent être membres de Xiaohe, mais à franchement parler, la plupart des enfants quittent le groupe à leur arrivée au collège, car leur charge scolaire est très lourde. Parmi la soixantaine de musiciens composant notre groupe actuellement, très peu sont des lycéens. Quant au plus jeune, il vient d'entrer à l'école primaire », précise Li Yong.

Évoquant les divers prix gagnés par les enfants, Li Yong ne peut dissimuler sa joie : « La Commission municipale de Beijing pour l'éducation organise tous les deux ans une compétition dans le cadre du réseau des centres jeunesse. Cette activité attire 25 à 30 orchestres traditionnels chinois à chaque édition. Xiaohe y a participé à cinq reprises et y a remporté le premier prix par quatre fois. Aujourd'hui, Xiaohe est devenu un succès phare du Centre jeunesse de Shijingshan ! Non seulement, le groupe s'est produit dans diverses villes de la partie continentale de la Chine, ainsi qu'à Hong Kong et à Macao, mais il s'est également rendu en Malaisie et en Corée du Sud, pays dans lesquels il a mené des échanges culturels avec les locaux et présenté le charme des instruments traditionnels chinois. »

Sous l'influence de Xiaohe, l'enthousiasme envers l'apprentissage de la musique traditionnelle a émergé silencieusement et n'a cessé de se diffuser parmi les plus jeunes. Aujourd'hui, plusieurs écoles dans l'arrondissement Shijingshan possèdent leur propre orchestre traditionnel chinois, dont l'École primaire de Yinhe et l'École secondaire de Tongwen. « Maîtriser des instruments de musique traditionnelle chinoise est moins difficile, moins cher et plus rapide que pour les instruments de musique occidentaux, tels que le piano ou le violon. Ainsi, de plus en plus de parents chinois poussent leurs enfants à se tourner vers cette musique folklorique, ce dont je me réjouis », explique Li Yong.

Dans un avenir proche, ce dernier a l'intention de créer, si les conditions le permettent, quatre « copies » de Xiaohe, qui seront réparties dans deux écoles primaires et deux écoles secondaires. « Ce sera une solution non seulement pour régler le problème du manque occasionnel de jeunes musiciens au sein du Centre jeunesse de Shijingshan, mais également un moyen d'éveiller toujours plus l'envie d'apprendre à jouer de la musique traditionnelle chinoise dans l'arrondissement », présente Li Yong.

De musicien à professeur

Né en 1964 à Bengbu (province de l'Anhui), Li Yong a débuté le pipa à l'âge de 9 ans. À 14 ans, il a intégré la Troupe artistique du département politique de l'Armée de l'air chinoise, commençant dès lors sa carrière musicale, qui dure depuis 18 ans.

Son entrée réussie dans cet ensemble militaire a résulté non seulement de facteurs prédestinés, mais également de ses efforts inlassables. L'été 1978, Li Yong est allé seul à Beijing pour préparer ses examens au Conservatoire central, programmés un mois plus tard. « J'habitais temporairement chez un ami, également originaire de l'Anhui. Pour ne pas le déranger dans son travail, tous les matins, je sortais avec mon pipa. J'emportais mon déjeuner et restais alors toute la journée dans le parc de Jingshan pour m'exercer à jouer. Au cours de cette période, j'ai rencontré de nombreux Pékinois bien sympathiques, qui m'ont charitablement donné quelques conseils. Plus tard, j'ai déménagé et me suis installé chez un ami de mon précédent hôte. Par chance, mon nouveau voisin connaissait un membre de la Troupe artistique du département politique de l'Armée de l'air chinoise, et m'a présenté à lui. C'est ainsi que je suis devenu un "soldat des lettres et des arts" ! Puis, cinq ans plus tard, j'ai même accédé au groupe des cadres », se rappelle Li Yong. Il commente cette expérience : « C'est certainement cela, la vie ! Un mélange de bonne fortune et des efforts. »

Par rapport à la plupart des musiciens professionnels, Li Yong a emprunté un chemin de vie différent. « Après être devenu chef d'orchestre pour Xiaohe, je me sentais très fatigué. En 2007, soit cinq ans après la fondation du groupe, j'étais vraiment hésitant et songeais à tout arrêter. Je me souviens qu'à ce moment-là, une vingtaine de parents étaient venus voir mon supérieur, lui demandant de ne pas me laisser partir. À leurs yeux, je suis tel la "bannière" de Xiaohe. Ces regards pleins d'espérance que ces enfants et leurs parents m'avaient lancés m'avaient finalement redonné courage. Ces gens sont pour moi la force qui me pousse à continuer », raconte Li Yong.

En 2013, il a été classé parmi les « professeurs éminents de la capitale ». Grâce à son esprit dévoué et ses efforts soutenus, Li Yong a mené son orchestre traditionnel chinois Xiaohe sur le chemin du succès, bénéficiant du soutien et de l'encouragement de tous. Mais outre les répétitions de Xiaohe tous les samedis matins, Li Yong a bien d'autres activités à préparer, comme par exemple ses leçons de pipa et la direction de l'orchestre traditionnel chinois de l'École secondaire de Tongwen. Malgré un emploi du temps toujours très chargé, il donne toujours le meilleur de lui-même, au travail comme dans la vie quotidienne.

 

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