CHINAHOY

27-January-2014

La Chine a évité une croissance démographique incontrôlée

 

En Chine, il est commun pour les grands-parents de prendre soin de leurs petits-enfants. (CFP)

 

DANG XIAOFEI, membre de la rédaction

Lors de la première session plénière de la CCPPC (Conférence consultative politique du peuple chinois) organisée le 21 septembre 1949, Mao Zedong a déclaré que la population chinoise avoisinait les 475 millions. Le 30 juin 1953, ce chiffre avait déjà dépassé les 600 millions. En 1970, comme chaque couple chinois avait en moyenne cinq enfants, le chiffre total de la population chinoise avait atteint 830 millions...

Réduction du taux de natalité

Depuis 1953, pour ralentir la croissance démographique, le gouvernement chinois a successivement proposé des politiques encourageant « la contraception » et « le contrôle des naissances planifié ». En 1982, « le planning familial » a été entériné dans la Constitution comme une politique fondamentale du pays, demandant aux couples de l'ethnie han, qui représente plus de 90 % de la population chinoise, de ne donner naissance qu'à un seul enfant. En cas de situation particulière, le deuxième enfant nécessite une autorisation administrative. Quant aux couples issus d'ethnies minoritaires, ils bénéficient d'un assouplissement politique, bien qu'on leur propose également le planning familial.

La politique du planning familial a ainsi permis à la Chine d'éviter un accroissement incontrôlé de sa population. Pourtant, on a bien permis aux femmes dans les régions rurales d'avoir deux enfants dès 1984. Les couples issus d'ethnies minoritaires dont la population est inférieure à 10 millions de personnes, sont quant à eux autorisés à avoir deux, voire trois enfants.

« En raison de l'application de la politique du planning familial, on a compté une réduction de 400 millions de naissances au cours des 40 dernières années », a indiqué Mao Qun'an, porte-parole de la Commission nationale de la santé et de la planification familiale (CNSPF). Le taux d'accroissement naturel de la population chinoise est passé de 25,8 ‰ en 1970 à 4,95 ‰ en 2012, ce dernier chiffre équivaut à la moitié du niveau moyen mondial.

En 2012, la population totale chinoise a dépassé 1,35 milliard de personnes, dont 16,35 millions de nouveau-nés, contre 27,39 millions en 1970.

« Sans la politique du planning familial, la terre arable disponible ainsi que les céréales, les forêts, les ressources en eau douce et l'énergie par personne seraient réduites de 20 % », fait remarquer Mao Qun'an. En effet, les ressources en bois, en prairie et en eau douce par personne en Chine ne représentent déjà respectivement que 1/9, 1/3 et 1/4 du niveau moyen mondial.

Le modèle de la famille composée de trois membres (père, mère et enfant) pourrait bien être changé. (CFP)

Effets négatifs

Bien sûr, la politique du planning familial a également provoqué des effets négatifs. Premièrement, le dividende démographique qui supportait la croissance économique chinoise disparaît petit à petit. En 2012, la population en âge de travailler dont l'âge est inférieur à 60 ans a connu une réduction de 3,45 millions de personnes par rapport à l'année précédente. En réalité, c'est la première fois que ce chiffre baisse après une très longue période. Le directeur de la CNSPF, Li Bin a indiqué qu'après 2023, la population active connaîtrait une réduction de huit millions de personnes par an. Avec l'accélération du vieillissement de la population, le nombre de personnes âgées atteindra 400 millions au début de 2030, leur proportion passera de 1/7 à 1/4 de la population.

D'après Zhang Yi, directeur adjoint de l'Institut de la sociologie relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine, le nouveau changement dans la politique familiale est que les couples chinois dont un seul membre est enfant unique peuvent dorénavant avoir deux enfants. C'est un outil d'importance pour réajuster la structure démographique. Mais selon Cai Fang, directeur de l'Institut de recherches sur la démographie et l'économie du travail relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine, le rôle positif du réajustement de la politique effectué pourra se faire sentir sur le taux de croissance potentiel seulement après que la génération née grâce à l'assouplissement de la politique de l'enfant unique sera entrée sur le marché de la main-d'œuvre.

Deuxièmement, le problème des personnes âgées dont l'enfant unique est déjà décédé s'aggrave de jour en jour. Ce problème est lié à la société chinoise qui veut que les enfants s'occupent des parents dans leur vieillesse. Les maisons de retraite ou autres centre de soins gériatriques ne sont pas bien vus par les Chinois pour qui la piété filiale est une des valeurs fondatrices de la société. Il est très mal vu encore aujourd'hui en Chine d'envoyer ses parents dans une maison de retraite. Les parents de la première génération des enfants uniques commencent à entrer dans le troisième âge. En 2010, le nombre des familles dont l'enfant est décédé et dont l'âge des couples est supérieur à 50 ans, a malheureusement dépassé un million de personnes. De plus, on compte une augmentation de 76 000 familles de ce genre chaque année. C'est pourquoi beaucoup de Chinois ne sont pas favorables à la politique de l'enfant unique.

Points de vue partagés

Après l'assouplissement de la politique du planning familial, combien de jeunes couples veulent avoir deux enfants finalement ?

Âgé de 32 ans, Li Lei travaille dans une entreprise IT à Beijing, il a une fille de 18 mois. « Il est certain que je voudrais un autre enfant. J'espère que ma fille pourra avoir un frère ou une sœur. C'est mieux pour la formation de sa personnalité et pour sa santé psychologique. Parce que sinon un enfant unique est très solitaire. »

Selon une enquête initiée par Zhai Zhenwu, directeur de l'Institut de société et population relevant de l'université Renmin de Chine, presque 50 à 60 % des couples dont un membre est enfant unique veulent donner naissance à deux enfants.

Bien que sa femme et lui soient tous deux enfant unique, Cheng Gang, également âgé de 32 ans, fait partie des jeunes qui trouvent qu'un seul enfant est déjà suffisant. « Avoir un autre enfant nécessite beaucoup plus d'argent et d'énergie, ce qui fera baisser la qualité de notre vie et affectera notre travail », explique-t-il.

« Bien que l'assouplissement de la politique du planning familial permette de créer un rebond du taux de natalité sur une période courte, à long terme, il n'y aura pas de forte variation », déclare Yin Zhigang, directeur adjoint de l'Institut de recherche démographique de Beijing. En raison de la contrainte exercée par l'environnement social et l'augmentation des dépenses pour l'éducation des enfants, beaucoup de jeunes se posent encore la question d'avoir plus d'un enfant.

 

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